Citations de Emily Fridlund (91)
Un vernis luisant recouvrait la surface de la glace et, en fin d'après-midi, on pouvait entendre le lac siffler et craquer.
Ma mère croyait en Dieu, mais à contrecoeur, comme une enfant punie.
Je n’avais pas de destination précise, je voulais simplement partir.
Elle était incapable de décider ce qui importait le plus : les bonnes actions ou la grâce de Dieu.
On pouvait sentir les feuilles en décomposition sous les amocellements de neige dans les ravins.
Les fleurs des pommiers sauvages recouvraient les branches comme la neige quelques semaines plus tôt -- tout aussi blanches, mais plus bombées.
Août arriva. Les jours se firent plus voilés, ils avaient un parfum de cendre. Des feux de forêt brûlaient vivement à quelques lacs de chez nous au nord, et l'air en était imprégné, même si le pire de la fournaise se trouvait à plus de quatre-vingt kilomètres.
Les cerfs prirent une teinte argentée sous la lune. Leurs oreilles roses tressaillirent. Je savais qu'ils allaient prendre la fuite d'un moment à l'autre.
(" Une histoire des loups")
Ce n'est pas ce qu'on pense, mais ce qu'on fait qui compte.
Ce n'est pas qu'il était turbulent. Mais il avait un côté féroce ; quelque part en lui, une frontière très nette séparait l'ordre du chaos. Par exemple il ne supportait pas le moindre accroc dans sa routine. Si je m'attardais après l'avoir ramené chez lui - si Patra sortait une assiette supplémentaire et me montrait comment battre l'huile avec du citron pour faire une vinaigrette -, Paul devenait de plus en plus collant. Possessif. Toute la durée du dîner, il suppliait Patra de le prendre sur ses genoux et finissait par obtenir gain de cause, enfouissant la tête dans le cou de sa mère. Elle mangeait sa salade d'une main, caressait les cheveux blonds de Paul de l'autre.
La pluie de la veille donnait aux bois ensoleillés l'aspect humide et innocent d'un nouveau-né. Ils étaient pétillants, en pleine effervescence, tout miroitait et chatoyait.
"C'était probablement mi- avril.
Je me rappelle qu'un éclat émeraude lustrait déjà les saules au bord de la rivière.
Peu de temps après, les arbres le long des trottoirs déployèrent leurs feuilles --------un jaillissement vert vif partout où se posait le regard--------
Le matin prit la forme d'une strie grise filtrant à travers un interstice dans les stores ......"
C'est exactement ce qu'il me fallait, et le contraire de ce dont j'avais besoin.
« Cette année-là, l’hiver s’écroula sur nous. Il tomba à genoux, épuisé, et ne bougea plus. » (p. 7)
Elle avait des fossettes aux joues, ses tétons pointaient comme deux signes de Dieu sous son pull.
Je laissai le béton me renvoyer la chaleur du soleil et cuire ma peau ; lorsque je rouvris les yeux, la blancheur éclatante de la journée me vida complétement.
On aurait dit les serviteurs d'une minuscule mariée, tournant autour de lui, le couvant. Ils semblaient murmurer quelque chose de très gentil à l'enfant, dont la voix aiguë et apeurée portait par-delà l'eau.
Elle fut parcourue d'un frisson étrange,
j'ai compris que je faisais simplement parti du mal,
qui avait emporté Paul
p 251
On rame en bateau. En canoë, on pagaye.
Pour passer le temps, pour m'occuper, je comptai onze camping-cars (plus un), et onze bateaux (plus un). Je comptai onze canards moins deux sur la rive, onze coups de pagaie jusqu'au portage : il est facile de créer une récurrence en s'arrangeant un peu. On peut prendre onze respirations et se retenir. On peut voir apparaître onze étoiles et cesser de compter.