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Citations de Emmanuel Carrère (1612)


Il y a à l'intérieur de chacun de nous une fenêtre qui donne sur l'enfer, nous faisons ce que nous pouvons pour ne pas nous en approcher, et moi j'ai de mon propre chef passé sept ans de ma vie devant cette fenêtre, médusé.p.432
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Moi, je pense que cette source inconnue, c'est la plupart du temps son imagination, mais est-ce si différent de l'inspiration divine ?
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Un sage indien parle du samsara et du nirvana. Le samsara, c’est le monde fait de changements, de désirs et de tourments dans lequel nous vivons. Le nirvana, celui auquel accède l’éveillé : délivrance, béatitude. Mais, dit le sage indien, « celui qui fait une différence entre le samsara et le nirvana, c’est qu’il est dans le samsara. Celui qui n’en fait plus, il est dans le nirvana ».
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La sagesse, c'est pourtant ce que tout le monde recherche. Même les viveurs, les voluptueux, les esclaves de leurs plaisirs soupirent après la sagesse. Ils disent qu'il n'y a rien de mieux, que s'ils en étaient capables ils seraient philosophes. Paul n'est pas d'accord. Il dit que c'est un but misérable, la sagesse, et que Dieu ne l'aime pas. Ni la sagesse, ni la raison, ni la prétention d'être le maître de sa vie. Si l'on veut connaître l'opinion de Dieu sur la question, on n'a qu'à lire le livre d'Esdras, voilà ce qu'Il y dit en toutes lettres : "Je confondrai la sagesse des sages. Et l'intelligence des intelligents, je la jetterai aux ordures."
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Ce montage fonctionnait assez bien car les supplications du psalmiste sont universelles et les prophètes, objet après coup de la vénération d'Israël, ont dû être en leur temps des énergumènes encombrants dans le genre de Jamie, râlant sans cesse, exhibant leurs plaies de façon indécente, emmerdant le monde avec leurs exigences et leur misère - ce n'est pas pour rien si le nom de Jérémie a dans le langage courant donné le mot "jérémiade". ma grande idée, cela dit, celle qui justifiait le titre, n'était pas seulement de représenter Jamie comme un de ces pauvres, de ces humiliés, de ces pleureurs à qui Jésus promet le Royaume des cieux, mais aussi de me peindre moi-même, vu par elle, et même si j'ai perdu le texte, même si je ne m'en rappelle pratiquement rien, j'imagine sans peine que dans cet exercice mont goût de l'autoflagellation a dû donner toute sa mesure.
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Les églises de Paul souhaitaient plaire aux Romains, et le fait que leur Christ ait été crucifié sur l'ordre d'un gouverneur romain leur posait un sérieux problème. On ne pouvait pas nier le fait brut, mais on a fait tout ce qu'on a pu pour en atténuer la portée. On a expliqué, quarante ans après, que Pilate avait agi à contrecoeur, la main forcée, et que même si formellement la sentence et l'exécution étaient le fait des Romains, l'instruction et la vraie responsabilité étaient celui des Juifs - qu'on a dès lors fourrés dans le même sac. "Les pharisiens et les sadducéens", disent Matthieu, Marc et Luc, comme s'ils allaient tout le temps la main dans la main. "Les Juifs", dit carrément Jean. Le parti ennemi. Naissance de l'antisémitisme chrétien.
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Luc est un Grec instruit qu'attire la religion des Juifs. Depuis sa rencontre avec Paul, un rabbin controversé qui fait vivre ses adeptes dans un état de haute exaltation, il est devenu un compagnon de route de ce culte nouveau, variante hellénisée du judaïsme, qu'on n'appelle pas encore le christianisme. Il est, dans sa petite ville de Macédoine, un des piliers du groupe converti par Paul. A l'occasion de la collecte, il se porte volontaire pour l'accompagner à Jérusalem. C'est le grand voyage de sa vie. Paul a mis en garde ses compagnons : la visite à la maison mère risque de n'être pas de tout repos, mais Luc n'imaginait tout de même pas que cela se passerait aussi mal, que dans la ville sainte des Juifs son mentor était à ce point détesté. Il l'a vu mis en accusation, non par des rabbins orthodoxes comme il s'y était préparé, mais par les dirigeants de sa propre secte. Astreint à une épreuve humiliante, dénoncé, quasi lynché, sauvé de justesse et pour finir emprisonné par les Romains.
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("C'est de toi que tu parles, là, observe Hervé. Tu craignais plus que tout, quand tu étais chrétien, de devenir le sceptique que tu es bien content d'être aujourd'hui. Mais qui te dit que tu ne changeras pas encore ? Qui te dit que ce livre qui te paraît si sensé, tu ne le reliras pas dans vingt ans avec autant de gêne que tu relis aujourd'hui tes commentaires de l'Evangile ?")
P. 266
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La vie d'homme vaut mieux que celle de dieu, pour la simple raison que c'est la vraie. Une souffrance authentique vaut mieux qu'un bonheur illusoire. L'éternité n'est pas désirable parce qu'elle ne fait pas partie de notre lot.
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Il y a des gens que la pornographie gêne, moi pas du tout. Ce qui me gêne, qui me paraît beaucoup plus délicat à aborder, beaucoup plus impudique que des confidences sexuelles, ce sont "ces choses-là" : les choses de l'âme, celles qui ont trait à Dieu. J'aimais dans mon fort intérieur me croire plus familier d'elles que mes camarades du petit monde littéraire, les méditant et les gardant dans mon cœur. C'était mon secret, dont je parle ici pour la première fois.

(P546)
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Est-ce que l'adulte qui fait une grande carrière dans le monde trahit l'adolescent intransigeant qu'il a été? Est-ce qu'il y a un sens à se faire un idéal de l'enfance et à passer sa vie à se lamenter parce qu'on en a perdu l'innocence?
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Résumons: c'est l'histoire d'un guérisseur rural qui pratique des exorcismes et qu'on prend pour un sorcier. Il parle avec le diable, dans le désert. Sa famille voudrait le faire enfermer. Il s'entoure d'une bande de bras cassés qu'il terrifie par des prédictions aussi sinistres qu'énigmatiques et qui prennent tous la fuite quand il est arrêté. Son aventure, qui a duré moins de trois ans, se termine par un procès à la sauvette et une exécution sordide, dans le découragement, l'abandon et l'effroi.
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Sénèque était un chevalier espagnol qui avait fait à Rome une carrière éclatante - ce qui en dit beaucoup sur l'intégration dans l'Empire : il passait pour l'incarnation de l'esprit romain et personne, jamais, n'aurait pensé à lui comme à un espagnol, pas plus qu'on ne penser à Saint Augustin comme à un algérien. Homme de lettres, auteur de tragédies à succès, grand vulgarisateur du stoïcisme, c'était aussi un homme de cour dévoré d'ambition, qui a connu la faveur impériale sous Caligula, la disgrâce sous Claude, la faveur à nouveau au début du règne de Néron. C'était enfin un homme d'affaire avisé, qui a usé de ses prébendes et de ses réseaux pour devenir à lui tout seul une espèce de banque privée et amasser une fortune évaluée à 360 millions de sesterces, soit largement autant de millions d'euros. Quand on savait cela, et tout le monde le savait, on était tenté de rigoler devant ses éloges sentencieux du détachement, de la frugalité, et la méthode qu'il conseillait pour s'exercer à la pauvreté : une fois par semaine, manger du pain grossier et coucher à la dure.
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L'empereur se flattait d'être le premier des sujets de Jésus. Jésus, qui avait échoué trois siècles plus tôt à être le roi des Juifs, est devenu le roi de tout le monde, sauf des Juifs.

P588
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Les dessins, dans le style pochette de disques psychédéliques, sont à la fois mièvres et hideux, mais Jacqueline m'a chapitré sur l'importance en matière d'art de la pureté du coeur et l'étroitesse d'esprit des prétendus connaisseurs : elle assure en souriant que leur châtiment en enfer sera d'êtres entourés par les croûtes qu'ils ont méprisées ici-bas de s'extasier, l'éternité durant, sur leur merveilleuse beauté.

p 82
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Je t'abandonne, Seigneur. Toi, ne m'abandonne pas.
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Je demande : "Comment prier ?
– Comme tu veux, comme ça te vient. La plus grande des prières, à laquelle tu reviendras toujours, c’est celle que le Seigneur lui-même nous a donnée : le Notre Père."
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J'imagine bien Mnason, aussi, mettant en garde les malheureux touristes contre ces novateurs en matière de terrorisme urbain que sont les sicaires. "Ils assassinaient en plein jour, raconte Josèphe, en plein coeur de la ville. Se mêlant à la foule rassemblée pour les grandes fêtes religieuses, ils cachaient sous leurs vêtements de courts poignards dont ils frappaient leurs ennemis. La victime tombée, le meurtrier se joignait aux clameurs d'indignation et d'effroi. Chacun, à tout moment, pouvait craindre d'être tué par un inconnu. On ne se fiait même plus à ses amis."
Ah, et il y a aussi les zélotes. On pourrait les confondre avec les sicaires, mais Josèphe tient à être précis, à distinguer, à classer. Il en parle comme de "coquins qui s'étaient donné ce nom comme s'ils étaient zélés pour la vertu et non pour les actions infâmes". Josèphe est partial, c'est vrai. Il se voit comme un modéré, alors qu'objectivement c'est un collabo, qui tend à présenter tout mouvement de résistance comme un ramassis de voyous.
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Nietzsche est très bon dans le rôle du Tentateur. C'est le meilleur. On a envie d'être avec lui. Il m'horrifie et m'enchante en murmurant à mon oreille que vouloir, comme je me le reproche être glorieux ou puissant, vouloir être admiré de ses semblables, ou être riche, ou séduire toutes les femmes, ce sont peut-être des aspirations grossières mais elles visent au moins des choses réelles.
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(...) la règle fondamentale de la méditation comme de la psychanalyse : consentir à penser ce qu'on pense, à être traversé par ce qui vous traverse. Ne pas se dire : c'est bien, ou c'est mal, mais : cela est, et c'est dans ce qui est que je dois m'établir.
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