Citations de Emmanuel Levinas (188)
Seul un moi vulnérable peut aimer autrui.
La responsabilité est ce qui exclusivement m’incombe et que, humainement, je ne peux refuser. [...] Je suis moi dans la seule mesure où je suis responsable.
"Éthique et infini"
[...] la souffrance physique, à tous ses degrés, est une impossibilité de se détacher de l'instant de l'existence. Elle est l'irrémissibilité même de l'être.[...]Toute l'acuité de la souffrance est dans cette impossibilité de recul. Elle est le fait d'être acculé à la vie et à l'être. Dans ce sens, la souffrance est l'impossibilité du néant.
En rattachant la solitude à la matérialité du sujet, la matérialité étant son enchaînement à soi-même, nous pouvons comprendre dans quel sens le monde et notre existence dans le monde constituent une démarche fondamentale du sujet pour surmonter le poids qu'il est à lui-même, pour surmonter sa matérialité, c'est-à-dire pour dénouer le lien entre le soi et le moi.
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Elle [la caresse] va donc plus loin qu’à son terme, elle vise au-delà d’un étant, même futur qui, comme étant précisément, frappe déjà à la porte de l’être.
(Leçon talmudique) : "Que signifie : 'Louez l'Eternel, vous tous les peuples...' (Ps117-1) ? Les peuples de l'univers, qu'ont-ils à y faire ? Voici ce que le texte veut dire : Louez l'Eternel, vous, tous les peuples, pour la puissance et les merveilles qu'Il a manifestées (à la sortie d'Egypte et à travers l'histoire) en votre présence. A plus forte raison nous-mêmes, 'puisque c'est en notre faveur que Sa grâce a été puissante'." (Talmud, Pessah'im 118b)
... Sagesse qui va certainement au-delà du sermon. Elle nous enseigne une merveille du coeur humain : les nations louent Dieu d'une bonté qu'Il eut pour Israël à travers l'histoire sainte, sont capables de ressentir comme une grâce leur condition de simple témoin de cette bonté, d'en rendre témoignage par des chants de gratitude.
Dans chaque mot se trouve un oiseau aux ailes repliées, qui attend le souffle du lecteur.
Quoique il advienne, je suis responsable de la responsabilité de l'autre.
L’irréversibilité ne signifie pas seulement que le Même va vers l’Autre, autrement que l’Autre ne va vers le Même. Cette éventualité n’entre pas en ligne de compte: la séparation radicale entre le Même et l’Autre signifie précisément qu’il est impossible de se placer en dehors de la corrélation du Même et de l’Autre pour enregistrer la correspondance ou la non-correspondance de cet aller à ce retour. Sinon, le Même et l’Autre se trouveraient réunis sous un regard commun et la distance absolue qui les sépare serait comblée.
Etre sans être meurtrier. On peut s'arracher à cette responsabilité, renier le lieu où elle m'incombe, rechercher le salut d'anachorète. On peut choisir l'utopie. Mais on peut au contraire ne pas fuir, au nom de l'esprit, les conditions où son oeuvre puise son sens, rester ici-bas. Et cela veut dire choisir l'action éthique.
La relation à l'infini n'est pas un savoir mais un désir.Le désir ne peut être satisfait, il se nourrit de ses propres faims et s'augmente de sa satisfaction. Le désir est comme une pensée qui pense plus qu'elle ne pense ou plus que ce qu'elle pens.
Dès que le visage de l'autre apparaît, il m'oblige.
L'autre est infiniment autre.
Si l’ontologie –compréhension, embrassement de l’être- est impossible, […] c’est parce que la compréhension de l’être en général ne peut pas dominer la relation avec Autrui.
Une mise en question du Même –qui ne peut se faire dans la spontanéité égoïste du Même- se fait par l’Autre. On appelle cette mise en question de ma spontanéité par la présence d’autrui, éthique.
[…] le fait même de se trouver dans un discours, consiste à reconnaître à autrui un droit sur cet égoïsme et ainsi, à se justifier.
Le moi, ce n’est pas un être qui reste toujours le même, mais l’être dont l’exister consiste à s’identifier, à retrouver son identité à travers tout ce qui lui arrive. Il est l’identité par excellence, l’œuvre originelle de l’identification.
Le corps n'est pas seulement un accident malheureux ou heureux nous mettant en rapport avec le monde implacable de la matière - son adhérence au Moi vaut par elle-même. C'est une adhérence à laquelle on n'échappe pas et qu'aucune métaphore ne saurait faire confondre avec la présence d'un objet extérieur; c'est une union dont rien ne saurait altérer le goût tragique du définitif.
Le désir métaphysique n’aspire pas au retour, car il est désir d’un pays où nous ne naquîmes point.
Ce qui dans l’acte éclate comme essentielle violence, c’est le surplus de l’être sur la pensée qui prétend le contenir, la merveille de l’idée de l’infini.