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Critiques de Enrique Serna (41)
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La double vie de Jesús

Il s'appelle Jesús , il a quarante trois ans, deux beaux enfants et une femme aigre, "le mufle hargneux", avec laquelle son "devoir conjugal” est devenue une corvée des plus difficiles. Cet homme intègre, homme d'honneur, commissaire aux comptes dans un Mexique corrompu jusqu'à la moelle, postule comme candidat à la mairie de Cuernavaca, infestée de requins mafieux aux soldes des narco trafiquants. Pour gagner des alliés dans toutes les couches sociales, il doit se prêter à de stupides mascarades sociales, ne pas s'isoler, flatter des crétins, utiliser à son profit les ambitions des autres.....mais le pire reste à venir. Or Jesús dont la propre femme confond austérité et médiocrité et prend l'argent pour seul paramètre possible pour mesurer succès ou échec, "n'est pas à la hauteur" pour lutter avec cette faune et leurs magouilles. Une constatation, qui suite à un safari nocturne va le foncer droit dans les flammes et lui faire franchir un point de non-retour, "un billet pour l'enfer" et ce n'est que le tout début........arrivera-t-il à changer le cours de son destin ?

Ne lisez pas la quatrième de couverture , lisez le livre, un roman à suspens truculent très fort qui vous embarque sur des montagnes russes avec pour décor un tableau trés noir de la société et de la vie politique mexicaine où les amours, les cadeaux de mariage et les beaux-frères sont particuliers. Une richesse narrative exceptionnelle dont le mérite en partie revient à l'excellente traduction qui reflète pleinement le sel de ce roman, une forte sensualité relevée d'un humour ravageur.

J'avais déjà lu "Amours d'occasion " de lui, beaucoup aimé, avec celui-là je me suis régalée, donc je ne le quitte plus ! Mais comme le dit mon amie Pecosa mieux vaut lire Serna en prenant "des préservatifs ", on ne sait jamais :).





"Nous pouvons parfaitement fuir notre destin le plus authentique, mais c’est pour nous retrouver prisonniers aux étages inférieurs de notre destin."

(José Ortega y Gasset)





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Coup de sang

Dans ce bouquin, nos trois héros masculins sont hors norme, des bêtes de sexe, à côté d'eux je suis un puceau de la luxure, je suis loin de toutes leurs prouesses "siffredienne", et pour le coup ce roman m'a donné plein de complexe....



C'est bien écrit, original, jamais glauque, parfois drôle, un poil de bite vulgaire et souvent bandant, mais jamais transcendant...



Pourtant c'est criant de vérité bordel de cul : les hommes dépendent de leur bite pour affirmer leur pouvoir, qu'ils sont persuadés de détenir, alors que bon hein, je vais pas vous faire pas un dessin...Si tu ne sais pas demande à ta femme tiens.



Enfin bref ça parle de pines, de chattes et de baise...





Quand je me promène avec Choupette :



Moi : eh Choupette, je luis planterais Kiki à celle là



Choupette : tu planterais Kiki dans tout ce qui a des nichons et des cheveux longs...



Moi : Mouais c'est pas faux, ma main au calbute que je pourrais me serrer plein de nénettes si j'étais un putain de célibataire...



Choupette : Mouais mais tu es un putain d'obsédé pas célibataire du tout, donc c'est pas possible... Mais tu peux regarder...



Moi : roooo fais moi un ti bibi d'amour tiens...



Choupette : me touche pas le nibard hein...



Moi : Mais je suis tout excité bordel, allé fais pas ta pute...(une expression très en vogue entre nous)



Petit, mon père, un homme à la culture proche du néant intergalactique m'éduqua d'une manière très particulière qui me marquera à vie :



Ma biche, ma biche (mon père m'appelait ma biche) , viens voir les nichons de la nana à la télé, dépêche, dépêche...



A l'époque, il y avait une meuf à poil qui se trémoussait sous une douche dans une pub sur deux, et à cette époque j'avais 4 ans, donc j'ouvrais grand les yeux, émerveillé par ce spectacle partagé entre un père et son fils...



On oubliera la classe inexistante de mon père et nous nous pencherons sur les effets de son éducation



Bon alors d'après Choupette je suis un obsédé du cul, je plaide coupable j'aime Choupette et Kiki aime les femmes nues ou pas.



Alors comme ça, on dirait que je suis un psychopathe sexuel perpétuellement en rut. Et bien Pas du tout, je suis un homme timide, poli et plutôt discret, Je n'aime pas le vulgaire, le glauque et les endroits trop insolites, je suis très pudique, aucune allusion salace en présence d'une femme, aucune blague à deux balles, je respecte les femmes jusqu'au bout du Kiki, il ne commande que mes envies et mes fantasmes mais pas ma conduite :



j'admire discrètement sans insistance, pas de compliment pathétique ou de plan drague minable



je suis simplement un romantique sans romantisme qui aime le cul et les femmes nues...



A plus les copains
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Amours d'occasion

Hace mucho calor.....chez le Mexicain, âmes sensibles s'abstenir !

Onze histoires originales pleine de vitalité, surtout sexuelle, qui baignent dans l'humour noir.L'humour noir qui permet de surmonter les difficultés de l'existence,comme dit l'auteur, qui le considère comme une philosophie ," Nous autres Mexicains.....nous aimons rire de ce qui fait mal pour survivre."



Un couple de stripteaseurs qui ne carbure qu'aux applaudissements,

Une vieille américaine, de quarante-neuf ans ( "vieille "c'est Serna qui la qualifie, pas moi ), d'Oklahoma, célibataire, qui voudrait adapter un orphelin du tremblement de terre de Mexico, entraperçu au J.T.,

Une vengeance terrible,indécente(aïe,aïe,aïe !),

L'esclavage d'un personnage qui enfant reçoit un tatouage sur le torse exécuté par Picasso,( magnifique satire du rapport art-argent, de succulents détails comme lorsque l'enfant atteint l'adolescence ,le dessin disparaît sous une dense broussaille capillaire et ce qui s'en suit....,truculent et terrible....)

Une famille accro aux visites,

Eufemia, qui avec sa vieille Remington, écrit des lettres pour les analphabètes dans la rue,

La rencontre d'un travesti avec l'actrice de la télévision mexicaine qu'il imite (une identification schizophrénique époustouflante),..........

Deux des nouvelles sont autobiographiques ,dont la dernière où l'auteur ironise sur les débuts de sa propre vie sexuelle, où désirant perdre sa virginité à dix-neuf ans, entre les tantes qu'il fréquente et les filles, il va un peu s'emmêler les pédales.





Des "contes" , les uns plus loufoques que les autres,peuplés de personnages déchirés entre désir et réalité, qui nous entraînent dans des superbes chutes. L'amoralité de certains sont déroutantes , à la limite de la perversité, mais toujours repêchée par l'humour. Serna ne manque pas de lancer aussi de temps à autres des piques assez fortes à la société américaine, qu'il semble peu apprécier.



Pecosa a raison, l'écriture est superbe. Première rencontre avec Serna, une rencontre qui m'a ravie et que je renouvellerai prochainement.

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Coup de sang

Quel est le point commun entre un garagiste mexicain, un hardeur argentin et un puceau catalan de 47 ans? Le coup de sang, celui du sexe, de la déraison, de l'obsession de la performance. Et quand leur sexe les conduit sur les mêmes chemins, la rencontre est détonante.

Bulmaro Diaz était un paisible garagiste de Veracruz jusqu'à ce qu'un soir au club Nereidas son regard se pose sur la sculpturale chanteuse dominicaine du groupe La Tremenda Guaracha. Adieu femme, enfants, affaire prospère...Terrassé par la beauté de la mulâtresse, obsédé par son corps, il suit Romelia à Barcelone où il vend du faux Viagra pour survivre. Sa route va croiser celle de Ferran Miralles, un cadre catalan incapable de faire l'amour et de nouer une relation sentimentale depuis qu'un problème d'érection lui a valu d'être la risée de son collège. Voyant dans la consommation de Viagra un remède à tous ses maux, il se lance dans une course effrénée à la performance, bien décidé à se venger de toutes les femmes. Quant à Juan Luis Kalow, acteur porno argentin connu pour exercer un contrôle absolu sur son pénis et sur ses sentiments, il est à 39 ans nostalgique de ses années d'étudiant en génétique moléculaire et souhaite terminer sa carrière à Barcelone grâce à la société de production Rêves Humides. Sa rencontre avec la belle Laïa va bouleverser sa vie et la relation idyllique qu'il entretenait avec son braquemard.

Comme le mentionne la quatrième de couverture, Coup de sang dépeint les splendeurs et les misères de l'orgueil masculin. Aurais-je lu le roman, s'il n'avait pas été écrit par Enrique Serna? Non. L'aurais-je regretté? Oui. Cette incursion dans la sexualité du mâle hispanique est une satire féroce de la virilité, un dézingage en règle du mythe de la masculinité (et c'est plus amusant que chez Bourdieu). Drôle, délirant, remarquablement écrit, le roman offre évidemment de nombreuses scènes de sexe assez chaudes. Et certaines sont hilarantes. Les dialogues entre Bulmaro Diaz (la raison) et son pénis (les pulsions), alias "le caudillo chauve", qui passe son temps à "bousiller l'élastique du slip" avec sa "tête toute rouge comme une cerise" m'ont bien fait rire et pas mal interpellée (Quelle chance d'être une femme et de ne pas être soumise aux caprices de son service trois pièces!) . Mais le roman montre surtout la souffrance provoquée par l'amour, la peur d'être rejeté, la pression exercée sur les hommes par la tyrannie du plaisir. Avoir un contrôle absolu sur ses érections est illusoire. Quand les personnages débandent, le monde s'écroule, et le doute s'installe: "Il était tellement accablé qu'il s'enferma dans la salle de bain pour pleurer, tel un mutilé de guerre à la sortie de la salle d'opération." C'est par le biais du personnage de Miralles que Serna symbolise le mieux les dérives du sexe et de la domination, quand la course à la performance sexuelle bouleverse les rapports humains jusqu'à la folie. Et les femmes dans tout ça? Mariées, délaissées, divorcées, riches, pauvres, étudiantes, immigrées, touristes, romantiques, cyniques, mutines, elles sont souvent perçues à travers le prisme déformant des obsessions masculines. On retrouve donc tout ce que l'on aime chez l'écrivain mexicain, dont la plume caustique à souhait a déjà provoqué bien des remous dans son pays: la cruauté du trait, l'art consommé de saisir les travers et les bassesses de ses contemporains, l'humour, le goût de la satire mais aussi une grande tendresse pour ses semblables, dépeints tels qu'ils sont et non tels qu'ils devraient être. Avec Coup de sang, Enrique Serna nous embarque dans un voyage déjanté et inattendu, avec une belle surprise en guise de point final. Ne passez pas à côté.
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Quand je serai roi

Jorge Osuna, douze ans, surnommé le Nopal, vit dans la rue, dans le Mexico des pauvres, avec sa bande de copains, inhale de la colle et gagne quelques pesos en lavant les pare-brise des voitures. Sa mère survit comme femme de ménage dans un bar minable, en tentant d'oublier Jorge père, parti en les abandonnant.

Marcos Valladares a fait fortune en créant une station de radio qui sponsorise un concours dont l'objet est de récompenser un enfant héros et sa famille. Il vit en parvenu, entretenant sa femme, son fils Marquitos et l'inévitable maîtresse.

Le Nopal et Marcos n'auraient jamais du se rencontrer. Mais Marquitos tue par imprudence Jorge Osuna père, et tout se dérègle...



Enrique Serna nous emmène à la rencontre d'une métropole où une richesse sans pudeur côtoie la misère la plus sordide, sous l'œil intéressé d'une police et d'une justice corrompues.

Il le fait dans un langage où la poésie et l'humour, la férocité et l'horreur cohabitent et cherchent à embrouiller le lecteur. Il efface certains repères temporels, et estompe la frontière entre rêves délirants, ou hallucinés, et réalité. Le résultat ne se lit pas facilement, mais le plaisir est là.

L'auteur ne cherche pas à rendre ses personnages attachants. Il les décrit dans toute la nudité de leurs sentiments, et plus souvent dans leur cruauté, exprimée ou cachée, que dans leurs amours ou amitiés.

Un roman dur et sans fard qui nous entraîne dans les bas-fonds, physiques ou moraux, de Mexico, dans une ambiance glauque. Et c'est brillamment réussi !
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La double vie de Jesús

Voici un récit passionnant de bout en bout, à l’humour corrosif, au verbe très fort, ponctué de scènes grandioses, de moments de doute et de réflexion, dans la ville de Cuernavaca, au Mexique.

Dans la tradition latino- américaine, l’auteur inscrit ses personnages hauts en couleur, au langage spontané et cru, à la sexualité débridée, dans une histoire violente, bien calibrée, aux péripéties multiples.

La corruption policière déjà dénoncée par l’historien et écrivain Péruvien Mario Vargas Llosa qui qualifiait le Régime du PRI, pouvoir politique au Mexique, pendant 70 ans de « Dictature Parfaite »est décrite sans fards, avec minutie, un récit efficace au suspense parfaitement maintenu, au dénouement digne d’un polar.

L’auteur dresse un tableau effarant de la situation politique du Mexique ;

Un état où la corruption règne en maitresse absolue, où la direction du pays est dictée par des gangs !

Tout est prétexte à enrichissement illégal, que ce soit par l’action délictuelle des cartels ou la déchéance des élus avec moult « pots de vin ».

Cuernavaca est devenue une ville inhospitalière où extorsions, enlèvements, cadavres décapités se multiplient.

Des liens précis unissent les “responsables politiques“ et les édiles à la tête des administrations et le grand banditisme.

Dans ce contexte dantesque, l’auteur dresse le portrait magnifique d’un homme atypique aux convictions enracinées, emporté par un amour fou, qui croit en la justice et rêve d’un état gouverné avec probité et justice.

JESUS Pastrana, militant au parti d’action démocratique depuis 20 ans, commissaire aux comptes, veut sortit sa ville du marasme où elle se trouve, refondre les institutions ;

Il se présente à la Mairie.

Las ! suite à la rencontre d’un travesti, il tombe en amour ! découvre les délices des plaisirs physiques, l’amour de sa vie, un amour interdit, scandaleux, fatal, pour la réputation d’un homme politique.

Cette passion va tout bouleverser, remettre en cause ses principes de vie.

Comment concilier cet amour“amoral“ avec les idéaux de Jésus ?

Comment concilier passion et raison ?

Le romancier illustre à merveille cette complexité.

Jesus est un personnage lunaire, constamment déchiré, pris entre deux, décalé, attachant,

Complexe, dense dans un registre d’une intense richesse narrative, avec une galerie de protagonistes présentée d’une façon objective, de grande qualité.

Une narration contée avec un humour ravageur, un remarquable sens du récit, des images fortes de ces politiques véreux et ces sordides mafieux.

Un roman coup de cœur que l’on ne lâche pas, merci à mon libraire de “La Taverne du Livre “,où tous les points de vue sont exposés avec une qualité rare ;

Un roman éminemment social à côté duquel personne ne doit passer, une comédie cruelle très enlevée, au regard noir, à l’humour ravageur.

Un conseil, lisez- le si vous pouvez !

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La double vie de Jesús

Côté face, on pourrait croire que Jésus Pastrana est un grand naïf. Commissaire aux comptes à l'administration de Cuernavaca, Mexique, il est pressenti pour être désigné par son parti comme candidat à la mairie lors des prochaines municipales. Ce petit fonctionnaire vertueux a la Justice pour idéal, et son dieu se nomme Légalité. Mais à Cuernavaca, rien ne sert d'être plus catholique que le pape, ou, en l'occurrence, plus honnête que le politicien le moins mafieux d'une ville en pleine déliquescence, gangrenée par la corruption, où les fusillades, enlèvements, assassinats et règlements de compte entre gangs rivaux sont, comme le pain, quotidiens. Jésus comprend rapidement que, pour s'imposer, il devra s'asseoir lourdement sur ses convictions puristes, comme si être pourri était le sésame sine qua non pour entrer dans l'arène de la politique mexicaine. Harcelé, menacé tant par le pouvoir corrompu que par les gangs de narcos – qui d'ailleurs s'unissent en choeur dans des jeux d'alliance mouvants et sordides –, notre doux agneau doit, malgré lui et pour sauver sa peau, mettre le doigt dans l'engrenage, puis la main, puis... Puis, comme si gagner la mairie n'était pas un travail suffisamment herculéen, le côté pile de Jésus rend sa vie privée encore plus compliquée. Un soir qu'il errait dans les bas-fonds de la ville, il embarque un travesti prostitué dans sa voiture. Passion interdite, amour honteux dans ce pays machiste, scandale et ruine de sa future carrière si cela se savait. Evidemment, la cloison entre vie publique et privée ne sera pas étanche...



On voudrait que cette histoire ne soit qu'une fiction et ne pas croire que la vie politique au Mexique est à ce point misérable. Pourtant, dans ce roman qui se lit comme un thriller, l'auteur dénonce cette situation d'une invraisemblable... vraisemblance avec un humour noir qui rit jaune, et dézingue avec virulence l'homophobie et le foutoir ravageur et ravagé de la classe (si on peut dire) politique de son pays.



Un roman édifiant, effarant et désespérant, parce qu'il faudra bien davantage qu'une double vie pour remédier à ces « circonstances plus que mexicaines »*.



*expression empruntée à Oscar Benassini dans sa chronique de la Doble vida de Jésus, publiée dans le journal mexicain Excelsior
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La double vie de Jesús

Après deux grosses déceptions, comme c’est agréable de lire un bon livre !



Emprunté tout à fait par hasard à la bibliothèque, alors que je ne connaissais absolument pas l’auteur, la double vie de Jesus d’Enrique SERNA est une vraie découverte pour moi, un vrai coup de cœur.



L’histoire se déroule au Mexique, à Cuernavaca, située à environ 80 km de Mexico, et capitale du Morelos, petit état du pays.



Jésus Pastrana, commissaire aux comptes à l'administration, surnommé le « sacristain » par ses collègues, est un fonctionnaire vertueux, fondamentalement honnête et qui croit dur comme fer en une justice idéale. A l’opposé, Cuernavaca est une ville totalement gangrénée par la corruption, dans laquelle fusillades, enlèvements, assassinats et règlements de compte sont le lot quotidien de la population. C'est tout simplement une ville entièrement soumise aux différents gangs de narcotrafiquants, qui règnent en maîtres absolus.

Faisant fi de tout cela, Jesus a décidé de se lancer dans la campagne pour l’investiture de la mairie. Il veut envers et contre tout sortir sa ville du marasme dans laquelle elle se trouve.

Malheureusement pour lui, notre héros va rendre sa position de « candidat » très compliquée en croisant Leslie, un soir de totale déprime, et en en tombant follement amoureux. Car Leslie n’est pas une femme comme les autres. Jeune, magnifiquement belle, c’est aussi une prostituée transsexuelle qui vit en totale marginalité de la société. Et surtout, c’est le frère jumeau, de Lauro Santoscoy, chef d’un des deux gangs faisant régner la terreur dans la ville.

Malgré cela, Leslie va devenir le grand amour de sa vie mais un amour interdit et scandaleux, tout simplement fatal pour un homme qui se définit comme le seul rempart contre la corruption et la malhonnêteté.

Une passion totale mais destructrice.



Harcelé, menacé de toutes parts tant par le pouvoir corrompu que par les narcotrafiquants, notre Jésus devra bien malgré lui et pour sauver sa peau, mettre le doigt dans l'engrenage de l’illégalité.

Mais jusqu’où sera t-il prêt à aller pour devenir maire et ainsi sauver sa ville ?



J’ai adoré ce livre qui se lit d’une traite comme un thriller. Du début à la fin, un incroyable suspens se noue autour de la candidature ou non de Jésus au poste de maire, celui-ci étant tout le long du livre prix entre deux feux : la raison ou la passion.

Enrique Serna dépeint avec un humour ravageur et cruel un univers impitoyable où tous les coups sont permis. Le Mexique devient sous sa plume un pays d’une noirceur extrême, où aucune issue ne semble possible. Connaissant ce pays absolument magnifique ainsi que sa population extrêmement gentille et sympathique pour y être allée il y a quelques années, cette lecture m’a profondément touché.



Roman passionnant de bout en bout, un conseil ami(e)s lecteurs, ne passez pas à côté !

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Coup de sang

« Peut-on être libre quand on est esclave de sa verge ? »



Le mexicain Bulmaro sait que c’est impossible. Il n’hésite d’ailleurs pas à apostropher le « ravisseur de sa volonté » : « Comme ça, au repos, on dirait un gentil mouflet obéissant, mais je te connais bien. Comme tous les gosses, tu es un tyran en puissance, à la moindre négligence tu fais un coup d’état. Dès que tu vois passer un joli cul dans la rue, tu te mets à hurler des ordres comme un adjudant : peloton, garde à vous ! Au pas de course jusqu’au précipice ! » A cause de cet adjudant autoritaire, Bulmaro a quitté Veracruz, sa femme et ses enfants, pour suivre à Barcelone une chanteuse de salsa au corps de rêve. Et même si elle lui en fait voir de toutes les couleurs, le traite comme un chien (« A force de se laisser insulter et maltraiter, son amour-propre était devenu insensible comme le bras d’un junkie »), il suffit qu’il s’installe entre ses cuisses pour tout oublier et perdre la raison.



Ferran, lui, a un autre problème lié au sexe. Incapable de tenir une érection depuis une expérience catastrophique à l’adolescence, ce barcelonais de 47 ans est toujours puceau. Mais grâce au Viagra, Ferran semble avoir enfin réglé son problème d’impuissance. Il multiplie les conquêtes et cherche à évacuer des années de rancœur et de frustration. Peu à peu, sa nouvelle réputation de « bon coup » lui monte à la tête. Il constate, « baise après baise, la progressive bouffissure de [son] orgueil, un orgueil obèse qui débordait de tout [son] corps. » Plus dure sera la chute…



Juan Luis l’argentin est quant à lui un acteur porno en fin de carrière, célèbre pour pouvoir commander son érection par la simple force de son esprit. Avec lui, jamais de défaillance, jamais de coupe au montage, on peut tourner chaque scène en un seul plan. Débarqué à Barcelone pour tourner une série de films devant lui rapporter gros, il rencontre une jeune étudiante dont il tombe fou amoureux. Épris pour la première fois de sa vie, il constate penaud qu’il ne peut plus honorer d’autres femmes que sa chère et tendre. Une situation impensable, invivable, qui finira par le conduire à l’asile…



Ces trois-là vont se croiser, se fréquenter de plus ou moins près. Trois caricatures du macho latin dans toute sa splendeur. Ces quarantenaires se voient en pleine action en lion ou en taureau. Ferran compare ses prouesses au lit à la « fougue d’un lancier médiéval mettant à sac une cité sarrasine. » Des hommes bien faibles finalement. Enrique Serna s’est à l’évidence beaucoup amusé à tricoter cette étude de mœurs où seule la mégalomanie sexuelle semble régir les existences. Entre comédie, tragédie et vaudeville, il n’épargne personne, les femmes en prenant aussi pour leur grade, de la cougar décomplexée à l’étudiante coincée en passant par la chanteuse de cabaret aussi vaniteuse qu’égocentrique.



Un roman corrosif et génialement pathétique qui met en scène la révolution existentielle vécue par des machos atrabilaires incapables de contrôler leurs pulsions.
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La double vie de Jesús

Dans ce roman endiablé d'Enrique Serna, le titre La double vie de Jesús annonce l'écartèlement qui trame ce récit à l'humour grinçant : double vie parce qu'il y a la vie réelle et celle possible ou rêvée, la vie quotidienne et celle inavouée, la vie subie et celle qu'on ambitionne ; et quand on se nomme Jesús, il y a de fortes chances que l'idéal que l'on porte demande un jour un sacrifice aux contours christiques.

Familier du genre soap-opéras (Serna en a créé un nombre conséquent avec son camarade Carlos Olmos pour les plus grands studios mexicains), l'auteur en reprend les coïncidences et les revirements feuilletonesques qui frisent l'invraisemblance, en y ajoutant un esprit analytique méticuleux puisqu'Enrique Serna est un essayiste réputé.

Dans la ville de Cuernavaca, Jesús Pastrana, fonctionnaire modèle, vertueux et idéaliste, marié avec enfants, se lance dans la campagne d'investiture de sa mairie pour sauver sa ville et ses habitants de la gangrène de la corruption à tous les étages et de la violence des narcotrafiquants. Son ambition politique et sa moralité vont croiser la route passionnelle d'une prostituée marginale transsexuelle.



A partir du microcosme d'une ville sous haute tension, Enrique Serna dresse le portrait caustique d'une société mexicaine et d'un pays dont le sport national est la corruption, avec pour devise le trafic de drogue qui contamine toutes les institutions et les pouvoirs, et une passion assez bien partagée pour le crime, la trahison, l'hypocrisie et la déliquescence politique et sociale.

C'est aussi une analyse plutôt pessimiste du pouvoir et de ses stratégies dans tous les domaines des rapports sociaux : pouvoir politique, pouvoir de l'ambition, pouvoir du désir et du sexe, pouvoir de l'argent, pouvoir de la mort et de la violence avec sa farandole de stratégies pour accéder à ce pouvoir ou pour déjouer les éventuelles oppositions idéologiques et autre culpabilité morale : tout est bon pour parvenir à ses fins y compris amoureuses, tout devient excusable au nom de l'ambition, du désir et des intérêts.

Dans ce roman éruptif qui se déploie dans les labyrinthes vertigineux de la transgression, tout déborde : la violence, la corruption, les désirs, les instincts. Rien ni personne n'est épargné par ce récit dévastateur qui interroge la valeur des idéaux et des sacrifices quand il n'y a rien ni personne à sauver. Pour paraphraser Octavio Paz, il semble que dans ce roman d'Enrique Serna, le désir de pouvoir et l'érotisme ignorent les classes et les hiérarchies : "ils dorment et ne se réveillent que pour dominer et se rendormir".
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Quand je serai roi

Une folle chorale baroque et foisonnante nous plonge dans l'enfer sur terre. Les nombreux personnages sont tous secondaires parce qu'il n'est pas question dans ce monde urbain mexicain d'être principal en quoi que ce soit. Dans cette satire sociale à la fois sombre, bariolée et pleine d'un humour plus corrosif que des vapeurs de colle, Enrique Serna nous dit l'absence d'avenir d'une société à la dérive, quelle que soit la classe sociale, individualiste, intellectuellement indigente, rapace et lâche, où règne l'indécence, le mépris social et surtout l'absence de perspective pour d'innombrables marginaux : lire Enrique Serna amuse et terrifie.

Ecrite sur le ton d'un Balzac mexicain, cette comédie humaine dresse le portrait d'un monde malade de ses excès, bourré de contradictions et d'hypocrisie, sans jamais se départir d'un sens aigu de l'autodérision.

Même si ses personnages sont d'une âpreté parfois insoutenable et confrontés à des situations d'une grande cruauté, Enrique Serna choisit toujours le côté humain de ses protagonistes.



Son écriture énergique est particulièrement travaillée, dense et intense, et rappelle que, dans un Mexique ravagé par l'analphabétisme et la corruption à tous les étages, la littérature est d'abord et avant tout un plaisir, puis ensuite une manière d'aiguiser son intelligence.
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La double vie de Jesús

Allelujah, mazeltov, un roman trouve grâce à mes yeux ! La malédiction est enfin levée ! Que les dieux soient loués ! Je trépigne d’impatience rien qu’à l’idée de vous partager cette jolie découverte. Alors entrons directement dans le vif du sujet moussaillons !



Bye bye France et bienvenue au Mexique, au cœur de la pittoresque ville de Cuernavaca, capitale de l’état de Morelos se situant à 70 km de Mexico. Vous y trouverez tout le charme d’une ville mexicaine multicolore et multiculturelle, sa faune de jour, sa faune de nuit, ses cartels de drogue, ses flics et politiciens corrompus jusqu’à l’os, sa pauvreté, le désarroi de sa population qui ne croit plus en l’état de droit.



Jesus Pastrana, le héros de notre roman, incarne les derniers soubresauts d’une classe politique honnête et humble. Surnommé « le sacristain » en raison de son goût prononcé pour la rigueur morale et budgétaire qui passe par une lutte acharnée contre les abus (n’hésitant pas à dénoncer un élu corrompu de son propre parti), c’est un haut gradé de mairie qui détonne dans le paysage local. Transcendé par sa mission d’utilité publique, il décide de se lancer à la conquête de la mairie afin d’assainir dans tous les sens du terme, cette Sodome et Gomorrhe du crime et de la corruption. Oui mais difficile de ne pas heurter certains esprits étroits qui ne voient pas d’un très bon œil cette candidature.



Envers et contre tous, notre Jésus est prêt à marcher sur l’eau, à soigner les aveugles et à prendre dans son giron protecteur les Marie Madeleine de la ville. D’ailleurs, il prend si bien sa mission à cœur qu’il tombe follement amoureux d’un transsexuel, Leslie, prostitué cocaïnomane, oiseau de nuit fantasque et hystérique qui fascine et transcende notre gentil sacristain (qui a toujours su qu’il penchait pour son sexe sans jamais se l’avouer).Transi d’amour, Jesus Pastrana décide de mener de front cette relation clandestine et sa carrière politique. Grand bien lui fasse mais ça ne va pas être une partie de plaisir, surtout avec Leslie qui lui en fait voir de toutes les couleurs (et qui accessoirement est le frère jumeau d’un baron du cartel de la ville).



Drôle, corrosif, sans langue de bois, impertinent et intelligent, si cela ne vous suffit pas à vous jeter sur ce roman, je ne sais pas quoi faire ! Mazette monsieur Enrique Serna vous n’y allez pas 4 chemins ! Tout le monde en prend pour son grade : flics, politiciens, voyous comme populace moutonneuse qui n’ose se rebeller contre une situation intenable. Quel tableau du Mexique d’aujourd’hui. Croyez-moi, ce qu’on croit savoir n’est rien comparé à ce qu’est la réalité d’un pays qui n’a jamais vraiment su gérer le tournant démocratique et végète dans un népotisme politique de mèche avec les cartels de la drogue. Un pays au bord de la crise de nerf dont le destin tragique est admirablement dépeint par la plume hautement inspirée de Serna qui ne l’oublions pas, est journaliste. Son Jésus est un personnage attachant, sa Leslie, une vamp électrique et tragédienne qui ma régalée tout au long de ma lecture.



Merci aux éditions Métailié et à Babelio pour cette lecture explosive et jouissive.


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La double vie de Jesús

La ville de Cuernavaca, capitale du Morelos (à 80 km au sud de Mexico), est l’enjeu de batailles de pouvoirs entre narcotrafiquants, hommes politiques et fonctionnaires corrompus à tous les niveaux. Insécurité, menaces, enlèvements et exécutions sommaires semblent le lot quotidien des citadins, tandis que la police détourne le regard.

Le récit suit la vie, politique et personnelle, de Jesùs Pastrana, dit « le sacristain » pour sa rigueur morale et son intégrité. Commissaire aux comptes, il essaie d’imposer sa candidature aux élections municipales pour faire triompher ses idéaux de légalité, de justice et de sécurité.

Son combat se révèle bien téméraire, d’autant que sa vie personnelle est bien tourmentée, elle aussi, depuis qu’un soir de désespoir, il a rencontré celle qui sera l’amour de sa vie, qui lui donnera la force de se battre, mais qui sera aussi sa croix. Car Leslie n’est pas une femme comme les autres. Jeune, magnifique et capricieuse, mais aussi transsexuelle, elle vit en marge de de la société et vend ses charmes. Impossible de vivre cet amour passionné en public, et Jesùs est dans la crainte constante que son secret soit découvert, mettant un terme à toutes ses ambitions.

Tous les coups sont permis lors d’une campagne électorale, point n’est besoin de partir au Mexique pour en être convaincu ! Mais sous la plume d’Enrique Serna, c’est drôle, énorme, incroyable. Le tableau brossé de la société mexicaine est effrayant de noirceur, aucune issue ne semble possible à un tel niveau de corruption, de criminalité et d’impunité pour les coupables !

J’ai adoré ce livre choisi une fois de plus pour sa seule couverture en faisant totalement abstraction des critiques. Et pour une fois, ça m’a réussi !

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Coup de sang

La photo de couverture l'annonce : le mâle en prend pour son grade dans ce roman.

Le portrait croisé de trois hommes en crise, au cœur de Barcelone. Un garagiste mexicain, mené par le bout de son gland : Il a tout quitté femme, enfants, pays, pour suivre une chanteuse mulâtresse qui le tyrannise autant qu'elle l'excite, Un homme séduisant, mais impuissant, toujours puceau à l'approche de la cinquantaine qui va tenter de remédier à son mal en avalant des pilules miracle; et un acteur porno qui bande sur commande jusqu'à sa rencontre avec l'amour et , problème, c'est le début de la débandade.



tantôt drôle, cruel, acerbe, le roman aborde le thème de la sexualité masculine, cet organe capricieux qui n'en fait qu'à sa tête. L’orgueil se carapate, le sceptre dégringole et les situations rocambolesques s'enchaînent à un rythme effréné. Ces trois hommes vont voir leur destin se lier après avoir échoué au concours de circonstance. Il s'agit d'une fable originale sur la pression de la performance qui, pour sûr, déplaira aux machos, mais qui fera sourire les autres.



Un roman très bien écrit au vocabulaire soigné. Un petit reproche cependant : le champ lexical des trois personnages est trop semblable. Il aurait été plus judicieux de les doter, chacun d'un phrasé différent.



ceci dit, on passe un excellent moment.
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La double vie de Jesús

Si je te dis Mexique ... A quoi tu penses ?



Ami lecteur, il n'est pourtant pas question ici de sombreros, de tequila ou autres pinatas ! Nous sommes ici plongés en pleine campagne municipale dans une petite ville du Mexique !



Avec d'un côté le gentil fonctionnaire comptable qui n'a rien à se reprocher, qui est reconnu pour sa droiture et son travail acharné à traquer les choses pas très nettes. Il s'appelle Jésus mais je t'assure que cela n'a rien à voir avec le fils de l'autre ! Quoique, je me demande tout de même si ce choix de prénom était si innocent ! Une femme, deux enfants jusqu'à ce que tout ce beau schéma s'écroule et qu'il fasse la rencontre de Leslie, transexuel(le) bipolaire, prostituée et camée et qu'il en tombe raide dingue.

Et de l'autre, les politiciens véreux, les flics corrompus, l'administration pourrie jusqu'à l'os. Tout ceci avec l'aide et l'argent des deux bandes de narcos qui mènent la danse.

Au milieu, se trouve la population, pauvre, soumise, apeurée mais qui bien évidemment à le sang chaud comme tout bon mexicain qui se respecte.



Le décor est planté et évidemment vu comme ça, on a un peu l'impression que Superman arrive sur son cheval blanc et va sauver le monde en détresse !



Sauf que ... Il ne suffit pas d'agiter le doigt et de dire, c'est pas bien ce que vous faîtes !

Sauf que ... Jésus est un homme quasi seul face à la malhonnêteté, la corruption, la violence, le manque d'humanisme/d 'humanité, le conservatisme, ...

Sauf que ... Jésus tombe amoureux et que ne fait-on pas par amour !?

Sauf que ... l'homosexualité ne passa pas vraiment comme une lettre à la poste là-bas (et ailleurs aussi malheureusement !!!)



Ce livre est assez déroutant (sans doute ne suis-je pas habituée à cette plume Mexicaine;) ! ). C'est rythmé, parfois cru, sans langue de bois, piquant ... J'ai aimé tous ces personnages hauts en couleur, à la limite de la caricature. Je suis attachée à Leslie, J'ai souffert et espéré avec Jésus.



On se demande vraiment si le Mexique est aussi pourri que ça !! On se dit que ce pays est perdu et qu'il n'y a certainement aucune issue. J'espère juste qu'il y a des gens comme Jésus qui travaille dur pour changer ça.



Une jolie découverte à lire !



N.B : Merci Babelio et Métailié ;)
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Coup de sang

Bulmaro, Ferran, Juan Luis: un trio détonnant avec une seule chose en commun. En effet, la vie de chacun d'entre eux ne tourne qu'autour du sexe. L'un laisse son désir sexuel le guider dans les décisions de la vie quotidienne, esclave de son pénis. L'autre subit en silence les conséquences d'un humiliation sexuelle vécue à l'âge adolescent. Le dernier gagne sa vie en gouvernant sa verge grâce à sa volonté. Mais tous sont insatisfaits et à la recherche de quelque chose d'autre.

Et finalement, même si ce livre contient de nombreuses scènes érotiques, des descriptions très éloquentes d'actes sexuels, ce n'est pas ça que j'en retiendrais. Chacun de ses personnages a su, d'une manière ou d'une autre changer sa vie, la bouleverser, que ce soit dans le sens du bien ou du mal. Mais chacun, au cours de ce parcours initiatique qui lui a permis de reconsidérer la place du sexe dans sa vie, a appris certaines leçons, qui nous sont transmises de manière sous-jacente par l'auteur.



D'un réalisme poignant, ce livre cru montre une vie dégueulasse où personne n'est épargné, où chacun est victime de ses propres démons à chaque instant. Mais c'est aussi une vie qui finalement, accorde au bout du tunnel une sorte de rédemption.



Merci à Masse Critique pour cette découverte ! (un très bon auteur)
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Quand je serai roi

Quand je serai roi de Enrique Serna est ma 2e lecture mexicaine après Gabacho de Aura Xilonen et j'y ai retrouvé ce mélange de cru et de références intellectuelles, cette violence racontée dans un mélange de réalité et d'imaginaire glauque... Ici, le roman noir mêle dans une construction de récit qui recherche l'originalité plusieurs personnages perdus dans une société sclérosée par l'argent - celui qui manque ou qu'on désire ou qu'on a sans être heureux, et qui joue toujours un rôle dans les actions - et complètement embrouillée dans les valeurs bien / mal.

J'avoue avoir fini par lire en diagonale, lassée de trop de mocheté sans trouver un peu de lueur d'humour et/ou de tendresse.
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La peur des bêtes

Un bon livre avec un petit bémol car même si son écriture est bonne et son sujet honorable, le polar n'en est que l'emballage car Evaristo Reyes fait un bien piètre enquêteur, (cela dit c'est rafraîchissant comparé à tout ces flics omniscients qui trouvent le coupable simplement en le voyant ) et pour le reste de son propos, hélas, rien de nouveau sous le soleil, je n'ai pas eu le sentiment d'apprendre quelque chose si ce n'est une nouvelle façon de fumer! Peut être est-ce une provocation ou un appel à l'humilité pour les pseudo-écrivains du monde? En tout cas, j'ai choisi ce livre grâce à l'éloge de Gabriel Garcia Marquez sur son auteur et je suis restée quelque peu sur ma faim car on est, malgré tout, loin, très loin du talent de Gabriel Garcia Marquez. Cependant cela reste un bon livre en ce qui me concerne, j'ai seulement eu le tort d'en attendre davantage.
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La peur des bêtes

Décidément ces Mexicains sont forts pour nous proposer de superbes romans noirs ! Ici c'est un polar noir, un vrai, mais avec comme toile fond le monde littéraire mexicain et, même si l'on n'en possède pas toutes les clés, on entre dans ce monde avec délectation.



Evaristo Reyes, écrivain raté et ex-journaliste, travaille dans la police sous les ordres du corrompu Maytorena. Celui-ci, pour se faire bien voir du procureur, veut éliminer Lima, un écrivain qui a écrit quelques lignes injurieuses pour le gouvernement dans un obscur journal. Mais Lima est tué le soir-même dans des circonstances mystérieuses et Reyes est chargé de l'enquête. Pour cela il va rencontrer toute l'intelligentsia mexicaine et découvrir les bassesses, renvois d'ascenseur et autres conflits d'intérêt qui mènent ce petit monde. Pourquoi l'ex-petite amie de Lima l'a-t-elle quitté pour le célèbre mais vaniteux Vilchis ? Et celui-ci aurait-il pu tuer Lima ? Mais les policiers vont trop vite en besogne et une bavure supprime Vichis. Et cette poétesse aussi directrice de collection et qui fait la pluie et le beau temps, elle aussi en veut à Lima pour une histoire ancienne...

Mais ces petits arrangements ne seraient rien sans les ramifications avec la police et le pouvoir. Les trafiques de drogue sont connus mais les policiers suffisamment arrosés pour se taire, et chacun a intérêt à se taire et à protéger l'autre. Reyes se retrouve dans un monde corrompu jusqu'à la moelle et lui-même perd complètement pied..



Le personnage de Reyes et le monde dans lequel il évolue sont décrits avec précision et sans concession, et, si l'on ôte le contexte très violent et quand même très très corrompu, on retrouverait un petit monde germano-pratin bien connu. Tu me fais ma préface et je te mets dans mon anthologie, tu me fais cette conférence et je te mets dans la liste des écrivains qui partent en voyage en Europe, je couche avec toi mais tu essaies de faire éditer mon recueil, etc... Les clés nous échappent forcément mais j'ai quand même noté deux noms. A deux reprises Octavio Paz est cité et, si lui est visiblement unanimement admiré, son entourage est la cible de quelques piques : "des soirées pour gens délicats où les intellectuels courtisans buvaient l'haleine d'Octavio Paz". Et le Vilchis dont on a parlé est visiblement quelqu'un de très connu sur le plan international : "Vilchis leur a fait croire qu'il était un intellectuel de prestige parce qu'il prenait par le bras les célébrités internationales qui venaient au Mexique. Sans l'éclat des autres il ne serait tout simplement rien". Sont cités les écrivains en photos avec lui, Harold Pinter, Garcia Marquez, Vaclav Havel,...Quand on cherche Fuentes et ces noms... on trouve des photos où il est bras-dessus, bras-dessous aves eux....Coïncidence ??
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La peur des bêtes

Evaristo Reyes aurait voulu devenir écrivain. C’est pour trouver de la matière à ses futurs écrits qu’il est entré dans la police judiciaire où il se morfond dorénavant sous les ordres du commissaire Maytorena, adepte des survêtements aux couleurs criardes, des travestis et, accessoirement, vendu aux narcotrafiquants.

Chargé par son chef de trouver l’adresse de Pedro Lima, un journaliste qui a insulté le président dans un article, Evaristo, emporté par un élan de solidarité confraternelle envers un autre écrivain, dit à Lima de quitter Mexico au plus vite. Mais, le lendemain, Lima est retrouvé mort et Evaristo se trouve être le principal suspect. Relégué depuis des années dans un bureau avec une bouteille de whisky, il doit prendre le mors aux dents pour se disculper et trouver le véritable meurtrier. Une enquête dans laquelle il va faire preuve d’une opiniâtreté qu’il ne soupçonnait pas lui-même et qui va le faire aller de désillusion en désillusion.



« Ainsi était le Mexique, un pays où la moindre bonne action est punie avec toute la rigueur de la loi ».



Comme c’est souvent le cas dans le roman noir mexicain, le héros se trouve donc confronté à la corruption de l’appareil politico-judiciaire de son pays. Une corruption généralisée mais dont chacun finit par s’accoutumer, à tout le moins jusqu’au moment où l’on se trouve sur le point d’être broyer par la logique impitoyable de ce système. Décidé à sauver sa peau, rattrapé par sa conscience et par ses idéaux de jeunesse, Evaristo Reyes part donc seul à l’assaut de cette forteresse baroque.

Et pour cela, il compte bien s’appuyer sur ceux qu’il estime être ses semblables : l’intelligentsia mexicaine éprise de démocratie au sein de laquelle il enquête pour mettre la main sur le véritable assassin de Pedro Lima.

Mais la désillusion est à la mesure des espoirs qu’Evaristo a fondés sur l’élite littéraire de son pays qui, bien vite, se révèle être un calque du reste de cette société corrompue de laquelle il voudrait s’extraire.



Mêlant habilement gravité et humour, Enrique Serna, dans La peur des bêtes, dresse un portrait à la fois cruel et tendre de la société mexicaine. Une société dont les élites, qu’elles soient politiques ou culturelles, œuvrent avant tout pour elles-mêmes mais dans laquelle le peuple n’est peut-être pas aussi résigné qu’il y paraît et entend bien accéder un jour ou l’autre à plus de transparence et de démocratie. S’il semble seul contre tous, Evaristo a pour lui toute une tradition de révolte populaire à laquelle Serna fait régulièrement référence. Confronté à ses propres contradictions, il décide finalement de lutter pour faire éclater la vérité dans un système qui n’en a que faire mais qui le lui fera sans doute payer.

Cruel, désenchanté souvent, ce roman d’Enrique Serna n’en est pas moins porteur d’espoir et d’un humour salutaire.


Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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