AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Enrique Serna (41)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La double vie de Jesús

Cela faisait bien longtemps que je n’avais rien lu de cet éditeur dont j’apprécie pourtant la qualité des publications qui font la part belle aux textes ancrés dans la réalité sociale des pays où se situe leur action. La double vie de Jesús n’y fait pas exception. Paru au Mexique en 2014, ce roman révèle avec beaucoup d’habileté le degré de corruption qui gangrène ce pays.

Son héros, Jesús Pastrana, est un homme intègre qui brigue la mairie de Cuernavaca. Ayant fait de sa probité son principal argument électoral et ayant l’ambition d’éradiquer la criminalité engendrée par les narcotrafiquants, il va très vite s’apercevoir combien il est difficile de conserver sa droiture pour faire triompher ses idéaux... D’autant qu’au moment de démarrer sa campagne, il tombe follement amoureux d’un transexuel, ce qui n’est pas le moindre des handicaps dans un pays où le machisme constitue une vertu cardinale. Alors que le crime organisé tire les ficelles du pouvoir et que la plupart des medias sont à la solde de dirigeants véreux, Pastrana se débat dans un véritable cloaque, redoutant d’y être à son tour entraîné.



Dans la plus pure tradition littéraire latino-américaine, Enrique Serna inscrit ses personnages hauts en couleur, au langage cru et spontané et à la sexualité débridée dans une histoire aux multiples péripéties. Au travers d’une intrigue extrêmement bien ficelée, il dépeint parfaitement tous les rouages d’une société littéralement épuisée par la criminalité. Il nous offre ainsi une vision de son pays aussi effarante qu’effroyable, mais aussi un roman que l’on prend un réel plaisir à lire.




Lien : http://delphine-olympe.blogs..
Commenter  J’apprécie          50
Coup de sang

Un livre a ne pas mettre entre toutes les mains que ce livre que m'a envoyé Jérôme !



Bulmaro est un paisible mexicain quadragénaire, marié et père de trois enfants. Il possède un garage qui tourne plutôt bien mais un jour il fait la rencontre de Romélia une bombe dominicaine pour qui il va tout plaquer, abandonner, jusqu'à son orgueil de mâle, ...

Ferran quant à lui est un homme séduisant de 47 ans qui a réussi sa vie dans l'immobilier et se trouve toujours puceau jusqu'à ce qu'il trouve la recette miracle qui va le sauver de ce statut honteux ... Une chasse au plaisir va alors s'ouvrir à lui ...

Juan Luis est un acteur porno argentin qui a décidé d'abandonner ses études pour cet argent qu'il pouvait gagner si facilement ayant un contrôle total sur ses érections. Il jouit également d'une aura auprès des femmes qui lui permet de profiter d'un maximum d'elles mais cet homme au mille conquêtes va subir un choc qui va provoquer une véritable remise en question et une réflexion sur l'amour et le sexe...

Je vous laisse imaginer ce que peut donner la rencontre des trois !



Ce livre m'a totalement étonné en ce qu'il parle de sexualité de façon totalement cru avec beaucoup d'humour peut être mais aussi un cynisme voir parfois une cruauté qui peut choquer. J'ai rarement autant appris sur la sexualité masculine qu'en lisant ce roman. Cette façon que les hommes ont de nous considérer parfois (même si elle est différente chez chacun) mais surtout sur la place du désir chez eux et ce qu'ils sont capables de faire pour assouvir leur pulsion ...

J'ai été très touché par Juan Luis, son histoire, sa remise en question. Il y avait des accents de vérité à ce qui étaient écrit qui ne trompe pas, qui nous renvoi à la solitude du séducteur, à son bannissement social, à l'oubli de soi même :



" J'étais un athlète du sexe mais un paralytique de l'amour. Et même si j'ai possédé des milliers de femmes, je n'avais jamais soupçonné qu'un aimant cosmique puissent m'unir à elles. C'était moi le chef, seulement moi, et toujours moi qui décidais quand il fallait bander pour leur donner du plaisir? Je détenais bien sûr, un pouvoir très grand sur mes partenaires et grisé, sur les hauteurs de l'amour phallique, je regardais le reste des mortels avec dédain. Mon Dieu ! Quelle vanité peut receler un pénis invaincu ! Je sais maintenant que toute cette gloire était un cruel mirage, et dans la pénombre de ma solitude, abandonné par la seule femme qui m'a ouvert les portes de l'infini, je cherche à tâtons les morceaux brisés de mon être, pour essayer de retrouver l'innocence animale et la capacité d'abandon qu'il m'est arrivé d'avoir"



"Faire l'amour c'est prier corps à corps, murmurer des prières avec le pénis, le vagin, la langue, l'anus. Plus indécente est la prière, plus vite elle arrive aux oreilles de Dieu. Mais elle ne doit comporter aucune exagération histrionique, aucun effet déclamatoire qui falsifierait nos émotions. qu'elle soit complice ou ennemie du plaisir, la conscience doit être obéissante et muette au lit, car le corps possède son propre langage, un langage désarticulé, féroce et tendre à la fois, qui surgit de la terre comme un bouillonnement d'eaux thermales".



Bref, une véritable pépite pour nous les femmes qui cherchons à comprendre un peu mieux comment ils fonctionnent ...


Lien : http://depuislecadredemafene..
Commenter  J’apprécie          40
Coup de sang

Voilà un roman qui sent fort la testostérone et je ne sais même pas si les femmes sont vraiment autorisées à le lire. Le maître-moi ici est érection, qu'elle soit présente ou qu'on la recherche. C'est de l'anti-Houellebecq dont les personnages quinquagénaires vont souvent la queue basse. et cherchent ailleurs à oublier leur manque de vigueur. Les hidalgos d'Enrique Serna, qu'ils soient mexicains, argentins ou catalans, ne se résignent pas à l'impuissance et font tourner leur vie autour de leur verge dressée... quand elle le veut bien. La mexicaine vit sa propre vie, l'argentine obéit à la seule pensée de son propriétaire et la catalane, brimée à la sortie de l'adolescente, ne daigne se réveiller qu'avec un coup de pouce chimique.

C'est plein d'humour fort heureusement mais on frise l’écœurement d'autant que nos trois héros sont trois beaux spécimens de machos latins, sobrement homophobes, et pour lesquels le qualificatif méprisant de putain peut s'appliquer un jour ou l'autre à chaque femme.

La morale de tout ça est finalement à l'eau de rose : seul l'amour vous conduira à une sexualité satisfaisante. A méditer avant votre prochaine orgie, messieurs ... et mesdames !
Commenter  J’apprécie          31
Quand je serai roi

Voici un roman noir pas très facile à aborder. Entre les délires hallucinatoires du Nopal, jeune chef de bande sniffeur de colle, qui ne parvient pas à sortir de ce corps d'enfant, il rêve de son premier poil pubien, les abjects bassesses de la société bien pensante, où l'argent est roi, et justifie tout, on s'achète même une bonne conscience, la flicaille corrompue à la solde des gens plus ou moins fortunés, les parents indignes, bourreaux et victimes, bref. rien de réjouissant, c'est une peinture féroce de la société mexicaine. Le style demande beaucoup de concentration.
Commenter  J’apprécie          30
La peur des bêtes

Un très bon polar dans les milieux littéraires mexicains mais pas que…. car finalement la trame policière est assez mince, c'est surtout une réflexion sur les méthodes policières, la corruption ,les milieux politiques de droite ou de gauche qui instrumentalisent leurs idéaux pour parvenir à leurs fins ,les magouilles diverses pour se faire éditer et qui existent à des degrés divers dans la plupart des pays C'est bien sûr la ville de Mexico ,ses rues ,ses bars ,son ambiance ,c'est comment on devient écrivain et la responsabilité qui en découle.
Commenter  J’apprécie          30
La double vie de Jesús

Une histoire d’amour, de passion et de cul qui chamboule tout sur son passage, l’intégrité, les certitudes, les valeurs.

Une histoire politique, qui dénonce la corruption, la haine de celui qui est différent, la terreur imposée par les armes.

Une histoire dure, violente, brutale.



"Le charme de la clandestinité érotique avait-il fait de lui un pourri? Ou se flagellait-il parce qu'il éprouvait la nostalgie de sa droiture tranquille?



Mon deuxième Serna après La peur des bêtes qui, treize ans après est toujours dans ma mémoire. Sûrement pas le dernier.



Commenter  J’apprécie          20
La double vie de Jesús

Merci à Babelio et Metailié pour ce livre offert !



Un bon moment de lecture ! J'avoue que la 4e de couverture avait de quoi interpeller et une interview de l'auteur avait également avivé ma curiosité.



Pour une fois, les mots de l'éditeur reflètent assez bien l'esprit du roman : à "l'humour ravageur, cruel comme la réalité qu'il décrit avec un incroyable sens du suspens, Enrique Serna écrit un roman d'amour fou".



Et pour cause, le sujet est explosif : la gangrène du Mexique et notamment de la ville de Cuernavaca par les narcos. Politiques et policiers sont pourris jusqu'à la moelle et au milieu de ces puants, résiste Jesus (nom choisi avec une juste ironie) larbin irréprochable de l'administration de son parti, le PAD, qui rêve de briguer le poste de maire.



C'est une véritable montée en puissance de la violence, de l'improbable, des magouilles les plus crades et en tant que lecteur européen pénard dans son pays pacifié, on se demande quelle est la part d'imagination dans ce portait au vitriol du Mexique.



On dévore cette conquête municipale avec avidité (un vrai "turn page" comme on dit actuellement), de même que l'on attend la chute de l'histoire d'amour interdite de Jesus avec Leslie, travesti paumé et jumeau du narcos n°1 de la ville !



Si l'auteur dénonce clairement les abus de la société mexicaine rongée jusqu'à l'os par la corruption, la violence (Jésus ne peut que ternir son image de pureté en prenant une place de premier plan politique) et son conservatisme tragique ce n'est pas avec plainte et dépression mais plutôt avec mordant et dynamisme. Les nombreux dialogues contribuent à l'élan de cette histoire et on pourra juste lui reprocher quelques expressions répétitives et des rebondissements un peu trop nombreux sur la fin.



Commenter  J’apprécie          20
La peur des bêtes

Enrique Serna est un narrateur et essayiste mexicain né en 1959. Gabriel García Márquez inclut un de ses contes, L’homme avec le minotaure sur la poitrine, parmi les dix meilleurs récits mexicains de la fin du XXe siècle et il apparaît dans presque toutes les anthologies narratives mexicaines contemporaines. La Peur des bêtes, paru en 1995, a été traduit chez nous en 2006.

Evaristo Reyes, ex-journaliste, divorcé et porté sur la bouteille, aurait voulu être écrivain mais il n’est que flic à la police judiciaire. Quand le commissaire Maytorena l’envoie rendre « une petite visite » à Roberto Lima, un journaliste ayant vertement critiqué le président de la république dans une feuille de chou que personne ne lit, Evaristo écoute avec bienveillance le contestataire se sentant vaguement lié avec lui intellectuellement parlant. Peu de temps après la découverte du cadavre de Lima, Evaristo fait un coupable idéal, étant la dernière personne à l’avoir vu en vie. Pourchassé, Evaristo va devoir se battre seul pour se sortir de ce guêpier. S’il s’en sort ?

Nous voilà donc avec un polar pas trop mal mené dans l’ensemble, avec quelques naïvetés du héros rappelant les Séries noires d’antan et liées à son romantisme sentimental, où alcool et petites pépées s’insèrent naturellement dans le décor. S’il n’y avait que cela dans ce bouquin, loin d’être mauvais, ce serait un peu court, mais Enrique Serna élargit son propos très habilement, éveillant l’intérêt du lecteur en incrustant son histoire dans le contexte socialo-politique ainsi qu’intellectuel de son pays, le Mexique. Et là, c’est carrément passionnant.

Nous ne sommes donc pas vraiment étonnés de voir les méthodes utilisées par la police, gangrénée jusqu’à la moelle par la corruption, le commissaire gérant comme un caïd, trafics, meurtres, drogue, avec une répugnante impunité. Son seul souci étant de rester dans le sens du vent soufflé par ses propres supérieurs et le pouvoir. Evaristo n’est pas de cette eau croupie, il essaie de gagner sa croûte, sans grande conviction, moqué par ses collègues et son supérieur qui le traitent « d’intello ». Pouvoir, Justice, Police, toutes les institutions sont pourries, se tenant les coudes en une farandole qui entraîne dans son sillage la vie culturelle et intellectuelle du pays. Et c’est sur volet – le milieu littéraire - que l’auteur insiste particulièrement, rendant extrêmement intéressant/instructif ce roman.

Magouilles, combines et connivences entre journalistes et écrivains, on se renvoie l’ascenseur (« je t’inclus dans mon anthologie si tu me fais inviter au prochain voyage d’intellectuels en Europe »), on se jalouse, on se hait, des carrières se font ou se défont, « Des écrivaillons qui n’étaient rien dans le monde des lettres devenaient du jour au lendemain des gloires nationales. » Enrique Serna dénonce tant et plus, invitant les écrivains mondiaux les plus illustres dans son propos, glissant dans son texte son crédo d’écrivain, « Parce que les mots sont notre seule arme, une arme que nous utilisons pour donner une voix à ceux qui n’ont ni visage ni terre, aux oubliés d’aujourd’hui et de toujours. » Cette partie du livre, qui n’est pas mince, est aussi celle qui m’a le plus intéressé car elle s’étend certainement au-delà des frontières du Mexique…

Du banal polar du départ, nous nous retrouvons donc avec un bouquin ne manquant pas d’ambitions et comme il s’avère de surcroît joliment écrit, je ne peux que le conseiller à tous.

Commenter  J’apprécie          20
Coup de sang

C'est bien connu, l'homme a deux cerveaux : un petit et un gland. C'est le second qui mène nos trois protagonistes par le bout de la queue dans les rues de Barcelone : un mexicain soumis à la beauté d'une métisse égocentrique, un comptable traumatisé par un échec de jeunesse qui l'a rendu impuissant et un acteur de porno en fin de gloire qui a la mauvaise idée de tomber amoureux. Enrique Serna signe une comédie tragique, acide, aux rebondissements savoureux. Un roman truculent qu'on ne peut lâcher avant la fin.
Commenter  J’apprécie          10
Quand je serai roi

Le Nopal, c’est le chef d’une bande de gosses de treize ans, shooté à la colle et gagnant quelques pièces en lavant les pare-brise aux feux rouges. C’est le fils de Carmen, pieuse repentante de ses ébats infâmes révolus avec son mari Jorge Osuna. Marquitos, lui, est un enfant hors du besoin, fils du riche directeur d’une station de radio « populaire » lequel organise un concours d’ »enfants héros ». On n’imagine pas ce que peuvent faire des parents et des enfants pauvres pour obtenir le million de pesos, ni ce qu’un gosse de riche désoeuvré peut faire avec la belle carabine de son père…



Une peinture féroce de la société mexicaine, où aucun personnage n’est épargné, chacun prêt à la pire bassesse dès qu’il y a un peu d’argent en jeu. Un roman dur et grinçant.
Commenter  J’apprécie          10
Coup de sang

Bulmaro Diaz, paisible garagiste mexicain, a tout quitté, femme, enfants, garage, pour suivre, à Barcelone, Romélia, la bombe dominicaine, chanteuse de salsa, qui voulait connaître la gloire sur la scène. Au Mexique, il gagnait largement sa vie et ne manquait de rien. A Barcelone, il n’est plus que l’homme à tout faire de Romélia : courses, cuisine, ménage et il survit en vendant du faux Viagra. La nuit, le corps de Romélia est la récompense de tous ses efforts.

Ferran Miralles, ancien expert-comptable, en prison, rédige sa biographie. Il raconte que depuis son adolescence, il souffre d’une « infirmité »: il ne peut bander. A son bureau, il a la réputation du célibataire endurci. Un jour il a recours au Viagra, et tout change pour lui. Il peut alors collectionner les maîtresses. Jusqu’au jour où …

Juan Luis Kerlow avait le don, depuis l’enfance, de bander sur commande. Adulte, il conserva le pouvoir absolu sur son pénis. C’est ce qui fit de lui un des acteurs pornos les plus demandés. Mais il rencontre Laia, il tombe amoureux et tout devient différent.

Les routes de ces 3 personnages obsédés par le sexe, bander, jouir et faire jouir, se croisent fatalement dans ce roman où les pages chaudes alternent avec d’autres franchement hilarantes !

Belle satire de la sexualité contemporaine, qui donne peut-être des complexes à des lecteurs moins gâtés en ce domaine par Dame Nature.

« Splendeurs et misère de l’orgueil masculin » annonce la quatrième de couverture. Misère quand leurs performances ne sont pas à la hauteur de leurs espoirs. Plaisir, besoin, , obsession, souffrance, fantasme, délire jusqu’à la folie. A ne pas éviter …

Commenter  J’apprécie          10
La double vie de Jesús

Je termine juste La double vie de Jesús et je lis un article annonçant l'assassinat de cinq responsables politiques en une semaine au Mexique. Terrible écho de la réalité au roman qui nous plonge dans le Mexique violent, corrompu et machiste.

Jesús, fonctionnaire honnête, veut devenir maire de Cuernavaca ce qui va l'obliger à s'affronter aux narcotrafiquants et aux politiciens avides d'enrichissement personnel. Confronté à des règles du jeu qui ne sont pas les siennes, Jesús va devoir marcher sur la corde raide de son idéalisme en limitant les entorses à ses principes. D'autant qu'après avoir quitté sa femme, il tombe éperdument amoureux d'une prostituée transsexuelle ... passion qu'il doit dissimuler pour ne pas griller sa candidature.

Pas étonnant que Gabriel Garcia Márquez ait apprécié l'écriture d'Enrique Serna : on a l'impression que certains passage sont de lui ! La description de la vie politique mexicaine et des compromissions croisées est glaçante et passionnante. J'étais tout de même heureuse de parvenir à la fin du roman car l'angoisse commençait à tourner en rond (mauvaise nouvelle, mauvaise nouvelle, super bonne nouvelle, etc).

J'ai été nettement moins convaincue par la présentation de l'histoire d'amour entre le notable qui vise les étoiles et la putain qui se complaît au caniveau. Leslie est caricaturale (voire pas toujours crédible) en diva superficielle et Jesús, gay ou pas, reste un gros macho.

Il me semblait connaître le Mexique à travers des lectures plus rurales sur les états du Guerrero, de Oaxaca et du Chiapas ; l'éclairage urbain apporté par Enrique Serna est convaincant bien que réellement effrayant.

Lecture à recommander pour garder à l'esprit que comme le dit plusieurs fois Jesús "le Mexique n'est pas la Suède".
Commenter  J’apprécie          10
La peur des bêtes

Résumé : Evaristo Reyes, flic à la police judiciaire mexicaine, s’est fourré dans un sale guêpier. Chargé de rendre une « petite visite » à un journaliste, il est le dernier à l’avoir vu vivant et, par conséquent, le premier sur le banc des suspects. Obstiné, Evaristo mène l’enquête en solo. Sage décision : entre magouilles politiques et corruption, mieux vaut ne faire confiance à personne…



Commentaires : J’avais hâte de lire ce roman noir d’un auteur qualifié par Gabriel García Márquez comme l’un des meilleurs écrivains mexicains et que j’ai brièvement rencontré au Salon du livre de Montréal en novembre 2016. Et je n’ai pas été déçu. Le personnage créé par Enrique Serna évolue dans un contexte où violence et corruption alimentent le quotidien des forces de l’ordre et des autorités politiques dans le milieu littéraire mexicain où un retour d’ascenseur est attendu à la suite de tout service rendu : « je fais une bonne critique de ton recueil de poèmes et tu me donnes un coup de pouce pour le prochain prix littéraire ».



« En littérature et surtout en poésie, tu n’es rien si tes collègues t’ignorent. Tu as besoin du soutien de l’establishment, sinon tu es considéré comme un poète quelconque, même si tu es un génie » (p.165)



Constat : même les figures publiques du journalisme ou de la littérature populaire qui semblent, à première vue, lutter contre les injustices sont, en privé, les pires coupe-gorges.



« Parce que tu ne sais pas comment fonctionne la critique […]. Ce qu’on déclare en public ne compte pas. Pures formules de politesse. C’est dans les conversations de café ou les réunions entre amis qu’on dit vraiment ce qu’on pense de quelqu’un, à condition qu’il ne soit pas là. » (p. 87)



Évidemment, c’est presque devenu une constante dans le roman policier, le personnage principal a une propension marquée pour l’alcool, le sexe et la drogue. En soi, sa personnalité « polardienne » est peu originale. Il se démarque cependant par son intérêt pour la littérature, pour l’écriture romanesque, au point d’être qualifié par ses collègues d’intello. Un policier dont la culture littéraire est définitivement non compatible avec milieu pourri dans lequel il lutte pour sa survie, mais qui lui permettra de résoudre le crime dont il est injustement soupçonné. Et de découvrir, après avoir transposé sa recherche de la vérité dans une fiction, l’identité du meurtrier révélée en toute fin.



J’ai beaucoup apprécié La peur des bêtes parce que ce roman soulève, évidemment dans le milieu littéraire mexicain, la problématique des nouveaux auteurs qui se butent à percer dans un univers contrôlé par une clique de célébrités prêtes à tout pour conserver leur statut d’écrivains adulés. Dans un environnement politique qui lui aussi aspire à une stabilité permettant aux différents protagonistes de profiter des avantages du pouvoir et du contrôle des masses populaires à garder dans l’ignorance.



« Tu vois ces millions de livres entassés ? Eh bien, personne ne les lira jamais, parce que ce gouvernement qui diffuse la culture à grands renforts de trompette est le même qui a besoin d’un peuple ignorant pour perpétuer son pouvoir. » (p. 278)



Ce que j’ai aimé : La thématique et, entre autres, la réflexion de l’auteur sur le pouvoir des écrivains : « …les mots sont notre seule arme, une arme que nous utilisons pour donner une voix à ceux qui n’ont visage ni terre, aux oubliés d’aujourd’hui et de toujours » (p. 199)



Ce que je n’ai pas aimé : -
Lien : http://avisdelecturepolarsro..
Commenter  J’apprécie          10
La double vie de Jesús

Période électorale dans une ville du Mexique ou la corruption fait loi. Jesus Pastrana est le candidat qui veut restaurer le système pour que le peuple et les dirigeants ne soient plus sous l'emprise des narco trafiquants. Difficile tâche pour cet homme confronté à des adversaires dangereux et à sa propre personnalité complexe.

L'auteur décrit très bien la situation politique mais aussi les démêlés psychologiques des personnages. Un roman bien écrit qui nous tient en haleine.

Commenter  J’apprécie          10
La double vie de Jesús

Très belle écriture, personnage central formidable de réalité, regard fort sur de vraies questions politiques. Un livre qu'on ne lâche pas.
Commenter  J’apprécie          10
Quand je serai roi

C'est dans une atmosphère sombre où s'entrechoque la misère et l'opulence, que l'auteur nous plonge.



La lecture est rendue difficile par trop de personnages, trop de détails et une présentation en bloc du texte.



Pourtant encensé par les critiques,je suis passée complètement à côté et j'ai dû lutter pour le finir !

Commenter  J’apprécie          10
Amours d'occasion

1. L'aliment de l'artiste

Un couple de strip-teaseurs a besoin d'être vu pour être excité et bien faire l'amour.



2. Roger l’orphelin

Une riche américaine pleine de bon sentiments part au Mexique pour adopter un orphelin et finit par un délit de fuite cynique et sans pitié après avoir renversé un enfant avec sa voiture.



3. L’extrême-onction

Un prête vient bénir sur son lit de mort une vieille croyante de sa connaissance, qui l’a humilié par le passé, et se venge en la violant avant de l’envoyer ad patres, au paradis ou en enfer…



4. Homme avec minotaure

Un enfant avec un minotaure tatoué sur sa poitrine par Picasso devient un objet culturel, une pièce de musée ne peut se défaire de son statut, même adulte, et cherche tous les expédients pour retrouver sa liberté.



5. La dernière visite

Dissensions en famille sur les attitudes et relations à l'égard des tiers



6. Eufemia

Une jeune femme passionnée par la dactylographie tombe amoureuse du jeune réparateur de machine à écrire. La suite la déterminera à devenir écrivain public, à écrire des lettres pour les autres.



7. Borges et l'ultraïsme

Un professeur et écrivain universitaire se venge d'un collègue, plus célèbre que lui et qu'il déteste, en ayant une liaison avec sa femme. Mais la vengeance va se retourner contre lui.



8. Amour-propre

Un travesti a une aventure d'un soir avec son idole, l'artiste qu'il parodie dans son spectacle. La séparation au petit matin sera plus rude…



9. le collectionneur de fautes

Un homme qui a tout pour être heureux se flagelle et orchestre sa déchéance par culpabilité



10. La nuit étrangère

Une famille dont le dernier est aveugle de naissance décide de l'élever en lui cachant son handicap au prix de mensonges, de ruses, de subterfuges, de prouesses langagières, etc. Jusqu'au jour où l'aîné décide de tout lui avouer…



11. La Gloire de la répétition

Un jeune homme pressé de perdre sa virginité essuie revers ou déboires avec les filles qu'il approche jusqu'à, par dépit et désespoir, se jeter dans une discothèque pour homosexuels. Nouveau déboire. Il envisage le suicide mais un bon repas lui redonne un appétit de vie, puis le sommeil bienfaiteur le remet sur la bonne voie.



Des nouvelles où il est question d'amour, de sexualité, de désirs contrariés, le tout avec ironie, humour, cynisme, et une très belle plume.



Mes nouvelles préférées "Borges et l'ultraïsme" et "La Gloire de la répétition" pour leur humour. Voir un extrait en Citations

Seule « La dernière visite » ne m'a pas intéressé.



Commenter  J’apprécie          00
La double vie de Jesús

L'auteur met ici en lumière les dessous de la politique. Qu'il s'agisse d'une élection municipale dans une grande ville mexicaine transforme le récit en parabole des prosélytismes et lobbyismes devenus la règle du jeu dans le monde des dirigeants. Jésùs est l'archétype du candidat encore vierge dont l'esprit est tout idéaliste, droit et prêt à ramener sa ville dans un fonctionnement social plus juste et dénué de la corruption qui la gangrène jusqu'à un niveau régional. Avec un humour très fin l'auteur nous montre les étapes du dessillement de son héros et c'est avec une anxiété jouissive qu'on l'accompagne au long de ce "dépucelage" d'anthologie. D'autant plus jouissive que s'y entrecroise une histoire d'amour aussi abasourdissante avec un transsexuel archétypal pour l'époque et le lieu (le transgenrisme est de nos jours moins spectaculaire car il est sorti de la marginalité). Les quelques scènes d'amour sont crues et torrides sans être le moins du monde choquantes et c'est le fruit d'une écriture qui colle tout au long de ses aventures et mésaventures à l'expérience directe du héros. Il garde le contrôle de sa vie quoique le destin, le hasard ou la fatalité lui fasse rencontrer. Il avance sans jamais renoncer alors même que tout semble se jouer de lui et l'auteur nous fait nous prendre de sympathie et d'amitié pour lui d'une façon que j'ai trouvé délicieuse.
Commenter  J’apprécie          00
La double vie de Jesús

Voilà un roman qui possède des qualités indéniables mais aussi de grandes faiblesses. C'est un roman accessible, de la littérature populaire qui n'en évite aucun des pièges. D'un autre côté, il porte un regard social et politique qui lui donne une dimension en plus.

Commençons avec les qualités. Tout d'abord l'intrigue, qui prend place dès les cinquante premières pages.

Le politicien d'une ville mexicaine corrompue et gangrenée par les narcotrafiquants, champion sincère de l'intégrité, marié et père de deux enfants, brigue le poste de maire afin de libérer sa ville de la criminalité, tout en amorçant une relation passionnelle avec une prostituée transgenre qui est par ailleurs le frère jumeau du chef d'une des bandes de narcotrafiquants qui infestent la ville. Ouf! Quelles prémices! On ne peut nier le piquant et l'intérêt d'une telle mise en bouche.



Ensuite, le rythme. On retrouve ici toutes les qualités du thriller. Les rebondissements relancent le récit à point nommé, ce qui rend la lecture haletante. Aussi, la dimension politique. Les amateurs d'intrigues politiques sont servis, d'autant plus qu'ici nous est présentée la scène politique mexicaine, ce qui n'est pas pour diminuer la curiosité du lecteur.

Le portrait social et politique qui est dressé est parfaitement aligné sur les problèmes que connaissent le pays.



Autre qualité : certains rebondissements surprennent et échappent à la prévisibilité. C'est le cas entre autres d'un revirement dans la relation entre les deux protagonistes principaux. L'auteur joue avec les rôles de manière inattendue. Enfin, en terminant cette liste des « plus», l'auteur n'hésite pas à décrire les scènes sexuelles de manière crue, ce qui vient casser le ton par ailleurs conventionnel du récit.



Les faiblesses maintenant : en premier lieu, les innombrables invraisemblances du récit et les rebondissements commodes. Aussi, les nombreux clichés et le manque criant d'épaisseur des personnages.

Le personnage transgenre et celui de l'épouse sont affreusement stéréotypés. Pire que cela, les personnages agissent souvent en parfaite incohérence avec leur nature, et les justifications données à ces revirements de comportements sont bancales.

Le personnage principal, particulièrement, n'a pas de consistance. Par moments il semble être un politicien aguerri et prudent, conscient des tenants et aboutissants des choix politiques qu'il doit faire, et pourtant dans de nombreuses autres situations il agit de façon téméraire, absurdement bête. Ces deux attitudes paradoxales rendent le personnage peu crédible. Les contradictions aident habituellement à rendre un personnage plus réaliste, à lui ajouter de la profondeur, mais dans ce cas-ci elles sont si grossières et exagérées que cela produit l'effet inverse.

Le manque de subtilité en général affecte en fait tout le roman. Les fils sont trop visibles.



On est vraiment dans le feuilleton, dans le telenovela, voire le mélodrame. le ton est même enfantin, et devient souvent agaçant. Au final, je ne saurais dire si j'en recommanderais la lecture tellement mon appréciation est ambivalente. Je dirais oui et non, alors à vous de décider!
Commenter  J’apprécie          00
La double vie de Jesús

Un homme idéaliste, prêt à défendre ses convictions veut accéder au poste de maire de la ville de Cuernavaca. Très établi et fier de sa droiture, il trouve l'amour authentique auprès d'un transexuel. Ce mélange des genres est il compatible avec des élections. On découvre horrifiée les luttes d'influence, l'infiltration des narcotraficants, le corruption ambiante....jusqu'à une fin violente comme la société mexicaine. ...
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Enrique Serna (144)Voir plus

Quiz Voir plus

Le Cid - Corneille (niveau simple)

Qui est le personnage principal de cette histoire ?

Chimène
Rodrigue
Don Diègue
Don Gomez
L'Infante

9 questions
60 lecteurs ont répondu
Thème : Le Cid de Pierre CorneilleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}