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Citations de Eric Hoesli (39)


Eric Hoesli
Les rêves ne s'éteignent jamais, ils s'estompent seulement et rejaillissent avec la même force dès que les temps s'y prêtent.
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Pendant longtemps la Sibérie carcérale n'est qu'une notion vague et diffuse. La Sibérie, dans la tête des tsars punisseurs, commence là où la Russie finit. La Sibérie, c'est la dernière frontière connue.
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Eric Hoesli
Quand la censure opère, plus aucune information n'est fiable, et tout devient imaginable : c'est l'habituelle rançon du contrôle de l'information, un prix que la Russie paie à plusieurs reprises dans son histoire.
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Alors que la conquête des Amériques se fera contre les autochtones et souvent au prix de leur disparition, l'expansion russe ne cause pas les mêmes ravages démographiques. Les recherches contemporaines estiment le plus souvent qu'à l'aube du XVIIe siècle le nombre d'autochtones devait être proche de trois cent mille dans cette partie du monde. En 1900, ils sont huit cent mille a être recensés dans la Sibérie des tsars, alors que durant la même période le nombre d'Indiens d'Amérique du Nord est passé de trois millions à trois cent mille.
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Selon ses recherches, les pertes relatives des peuples déportés s'élevaient, au mois d'octobre 1945, à 25.5 % pour les Ingouches, 29.6 % pour les Tchétchènes, 33.6 % pour les Karatchaïs, 33.8 % pour les Balkars et 43.6 % pour les Kalmykes.
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Le pouvoir stalinien donnera cependant à cette entreprise inhumaine un caractère industriel inédit : il ne s'agira plus en effet de profiter "seulement" du travail des prisonniers en les affectant aux régions et aux tâches les plus difficiles mais on finira par en arrêter et en condamner autant que nécessaire pour assouvir les besoins en travail forcé. Dit sommairement, ce ne sera plus "tu es esclave de l'Etat parce que tu as été arrêté par l'Etat", mais "tu es arrêté par l'Etat parce qu'il a besoin d'esclaves."
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Les livres, si chers à Anika et à ses fils, sont rassemblés dans plusieurs pièces qui forment l'une des plus riches bibliothèques de Russie. Pas moins de deux mille cinq cent ouvrages y sont conservés par l'aïeul et ses fils, et, pour sacrifier au goût de la lecture, l'un des loisirs de prédilection, une petite bibliothèque de voyage de vingt à vingt-cinq livres accompagnent les marchands dans leurs perpétuels et longs déplacements.
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Découvrez l'Amérique et revenez ici! Personne, même pas Béring, ne peut alors imaginer l'ampleur de la tâche et des distances à parcourir. Onze mille kilomètres de Pétersbourg, au Kamchatka où un port et des navires doivent être construits pour l'occasion! Et depuis là, une étendue d'eaux inconnues de quatre mille kilomètres environ les séparerait de la côte sud-ouest de l'actuelle Alaska. C'est le double de la distance parcourue par Colomb pour gagner l'Amérique. Il faut ensuite tenter de regagner le palais impérial à Pétersbourg. Revenez, ordre du tsar.
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Si le continent presque entièrement inconnu qui se cache derrière la "Ceinture de pierre" attire aussi irrésistiblement les Stroganov ou leur souverain, l'ambition territoriale ou le seul désir d'expansion n'y sont pour rien. C'est que la terre de Sibérie évoque immanquablement dans les esprits de l'époque ce que les Russes nomment la "fripe douce et précieuse", la fourrure.
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Nous sommes au coeur de la Grande Terreur et chacun sait ce que cela veut dire : l'un des collègues arrêtés, sous la torture, finira par donner un nom, le vôtre peut-être, et tenter d'apaiser ainsi le bourreau qui veut compléter son quota de saboteurs, d'espions et d'ennemis de la révolution s'il veut éviter de devenir lui-même suspect.
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Coiffez votre chapka, fermez bien votre manteau, n'oubliez pas de l'alcool fort, sautez dans le traîneau, et fouette cocher, les chevaux s'élancent au son de joyeux grelots. Au loin, une balalaïka espère vous revoir un jour : rien n'est moins sûr. Vous voilà parti pour des aventures dont vous me direz des nouvelles! (Erik Orsenna)
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Vladivostok, le nouveau phare russe qui vient de naître sur le Pacifique, est encore davantage une ambition qu'une réalité. La cité fondée, selon le nom qui lui a été donné, "pour dominer l'Orient", n'offre d'abord à ses visiteurs que quelques pontons de bois, une église russe, un temple chinois et quelques masures alignées le long d'une artère boueuse grimpant du port vers les collines qui le surplombent. Dans la rue, les passants sont chinois, coréens autant que russes, mais pour le reste, nous voici dans un "Far East" qui ressemble singulièrement à son pendant de l'autre côté de l'océan. Une poignée d'officiers russes, des marins en relâche, quelques aventuriers, et des bars où les soirées se terminent souvent en violentes bagarres. La mode du jour, rapportée par les chroniqueurs, est un jeu où les soldats se retrouvent dans l'arrière-salle obscure d'un cabaret : l'un d'eux doit crier "Tigre !" et les autres canardent dans le noir en direction du cri d'alarme. Comme en Californie, le commerce est en plein essor. Au fil des ans, on voit surgir le long des quais les comptoirs de sociétés étrangères qui ont choisi le "Gibraltar russe" comme un point d'ancrage privilégié en Extrême-Orient. Américains, Allemands, Scandinaves, Britanniques, Chinois, Japonais ou Coréens ouvrent leurs échoppes et leurs bureaux de courtage. Parmi les familles qui s'installent, celle des commerçants suisses Bryner, appelée à devenir l'une des plus puissantes de la ville, et dont l'un des petits-enfants, Yul, connaîtra plus tard la gloire hollywoodienne.
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La fourrure est l'alpha et l'oméga de cette partie de l'histoire russe. Son importance est telle qu'elle va déterminer à presque tous égards le rythme et le développement de la conquête du Nord et de la Sibérie ; et même la nature de l'État russe en formation. C'est la présence du gibier, et tout particulièrement de la zibeline au pelage soyeux, qui décide des chemins d'expansion. Comme les animaux recherchés sont au nord puis vers l'est, la Russie se développe d'abord vers le nord puis vers l'est. Les routes commerciales ne font que suivre l'avance des trappeurs, le long des rivières et des fleuves. La grande marche russe vers le Pacifique qui commence n'est pas le produit d'une volonté d'expansion ou de pouvoir de l'État ou du monarque qui le dirige. Elle se fait pour la fourrure, et par la fourrure, puisque l'essentiel du financement de la conquête provient des revenus qui en sont issus.
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La migration des paysans de Russie d'Europe, de Pologne, de Biélorussie ou d'Ukraine est déjà ancienne. Dès que les premières garnisons se sont formées autour des pionniers, chasseurs et trappeurs, l'Empire a cherché à attirer des cultivateurs sur ses nouvelles conquêtes afin de nourrir et d'ancrer les colons. Quand les premières mines ont été découvertes, le mouvement s'est accéléré : le criant besoin de main-d'œuvre ne pouvait se satisfaire des quelques aventuriers partis chercher fortune vers l'Orient. L'impératrice Catherine II déjà, dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, a trouvé quelques nouveaux moyens de répondre au déficit de colons en Sibérie : elle y expédie les paysans rebelles capturés lors des jacqueries qui secouent son règne, et, pour faire bonne mesure, complète les effectifs, quand cela s'avère nécessaire, par des pauvres bougres arrêtés sans le moindre motif. Parce qu'elle ne veut pas gaspiller les moindres forces utiles dans les nouvelles contrées, Catherine abolit la peine de mort qu'elle transforme en condamnation au bagne sibérien. Nécessité fait loi, et, au surplus, la mesure est saluée par Diderot et ses amis encyclopédistes qui pressaient depuis longtemps la tsarine d'agir en ce sens afin de civiliser la Russie. Ce sont les premières déportations collectives en Sibérie aux fins d'emploi forcé. Ce ne seront pas les dernières.
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Construire des villes dans un environnement aussi hostile exige des moyens exorbitants. Le froid, en particulier, est un adversaire redoutable. Quand les températures plongent, comme c'est le cas dans le nouvel eldorado du pétrole et du gaz, les coûts d'équipement et d'activité progressent de manière géométrique. À -6 °C des systèmes de combustion spéciaux doivent être prévus pour les moteurs. Une température de -15 °C est le premier seuil critique pour les batteries et pour l'acier standard. À -25°, même l'acier amélioré devient cassant, le caoutchouc friable, tous les éléments doivent être isolés. La température de -30° peut être considérée comme le minimum praticable. Des réparations sont nécessaires en permanence. Quant à la main-d'œuvre, l'expérience révèle qu'il faut environ quatre fois plus de temps pour achever un travail à -40 qu'à -10 °C. Il en faut donc davantage pour accomplir les mêmes tâches. Au total, notent les experts, les coûts de construction dans le Grand Nord sibérien peuvent être de huit fois supérieurs à la moyenne russe.
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Enfin, les Tatars bloquent tout accès à l'Oural et aux terres inconnues qui se cachent au-delà. Étrange mystère : alors que les Européens sont en Amérique depuis près d'un siècle et qu'ils en dessinent les contours de plus en plus précis, on ne sait quasiment rien du continent qui jouxte la Russie sur sa face orientale. Ainsi sur la première carte du monde à être imprimée en 1507 par le géographe allemand Waldseemüller, on peut découvrir, comme surgissant du néant, les deux Amériques. La fascinante carte murale est d'ailleurs la toute première à oser le nom d'Amérique. Mais sur son versant oriental, en Asie ou "Scythie" on ne trouve que de vastes espaces vierges parsemés d'hypothétiques montagnes et de motifs décoratifs. Quinze ans seulement après le premier débarquement de Colomb, on en sait déjà davantage sur le nouveau continent que sur le prolongement de la vieille Europe.
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Le jour même de l'ouverture de l'Exposition le 14 avril (1900), Paris honore son alliée en inaugurant du même coup un nouveau pont sur la Seine, le pont Alexandre III, dont la première pierre a été posée en grande pompe par son fils, le tsar Nicolas II en 1896.
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Le Cosaque Semion Dejnev va rester un inconnu pendant des décennies encore. Cet homme venu d’un village de Pomorie a prouvé l’existence d’un passage entre l’Asie et l’Amérique. Il a ouvert le tronçon le plus difficile de la route arctique du nord. Lui-même semble n’en avoir cure : le rapport final qu’il dresse, en « humble esclave de son souverain », insiste surtout sur ce qu’il considère comme son principal mérite : il y a, très loin de la cour, des rives où l’ivoire abonde. Il les a découverts, et recommande à l’empire de poursuivre son œuvre. Le reste, l’expédition, ses périls et ses succès, ne sont que des moyens.
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A aucun instant Semion Dejnev ne semble conscient qu'il est à quelques dizaines de kilomètres de l'Amérique. Sans le savoir, il est en train d'apporter la clé de l'énigme géographique qui passionne l'élite intellectuelle d'Europe : non, l'Amérique et l'Asie ne sont pas liées.
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Béring signe. Il a un peu plus de cinquante ans mais veut encore prouver sa bonne foi, avant une retraite dans son domaine de Vyborg. La tâche, bien entendu, est surhumaine, et personne ne le sait mieux que lui. Mais la chance qui se présente à lui est unique dans l'histoire. Un Etat met à sa disposition une flotte, une académie et un budget astronomique, la Russie organise la plus grande expédition scientifique et géographique de tous les temps et il en est le maître-d'oeuvre. La mission est prévue pour six ans. Il en faudra plus de dix, mais la plupart des objectifs assignés seront remplis.
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