AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ernst Jünger (145)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Orages d'acier

Ce livre est un précieux documentaire/témoignage sur l'horreur de la première guerre mondiale et plus particulièrement la bataille des tranchées. les faits sont décrits avec une froideur et un stoïcisme parfaitement Germanique.

Pas le moindre manichéisme, pas de détestation de "l'ennemi" mais en même temps un patriotisme à toute épreuve, un patriotisme total, dans une guerre totale, que rien ne pourra ébranler pas même la déroute.

Ernst Junger est un écrivain et il parvient à rendre son récit vivant même pour des gens qui ne sont pas passionnés (c'est mon cas) par les récits de guerres, bien sur il y quelques redondances et la fin se fais un peu languir mais c'est incontestablement un ouvrage de référence sur la première guerre mondial.

Commenter  J’apprécie          20
Orages d'acier

Pour ce qui est de la qualité littéraire et de la valeur du témoignage porté par ce livre, je n'émettrai aucune réserve et je laisse volontiers la plume aux critiques qui m'ont précédé sur ce coup là.

Pour moi c'est un livre trépidant, magnifique et incontournable.

Il m'eut cependant été plus confortable, au cours de ma lecture, et à sa remémoration, de mieux ressentir l'effroi du narrateur.

Nul besoin en effet d'insister sur le désastre du premier conflit mondial, que le livre détaille et nous donne à voir au plus près, sous un angle peut être inédit et d'un point de vue somme toute "imprenable".

Or ce faisant, je crains que ce livre ne puisse induire en erreur, pour cause de narration étonnamment hyper factuelle et distanciée.

L'auteur semble en effet ne retenir de sa participation à un conflit industriel qu'une épopée, au cours de laquelle il échappe tant de fois à la mort et de façon si miraculeuse que je me permets de poser jusqu'à la question du degré de crédibilité de cet aspect de son récit.

S'il est permis de romancer une aventure pour la relater dans une oeuvre littéraire, le procédé susciterait ici chez moi une authentique interrogation morale.

Mais peut être l'antimilitarisme qui couve au plus profond de mon âme fausse-t-il mon jugement.

J'imagine en outre qu'il faut pour survivre à de tels événements une constitution particulière, et je me garderai de juger hâtivement sans tenter de replacer et les choses et les hommes dans le contexte de leur époque.

Tout cela me laisse finalement bien perplexe. A la place de Hernst Jünger je crois que je serais devenu fou
Commenter  J’apprécie          20
Journal, tome 1 : 1939-1940 Jardins et routes

Indubitablement érudit et bien écrit, ça c'est un beau bouquin, bien qu'il s'agisse en fait de mémoires. Questions intéressantes qui me sont venues à l'esprit entre autres, est-on soldat et lecteur, ou lecteur puis soldat?

J'ai visiblement eu affaire à un homme très éclairé, et qui m'a touché par son humanité. Je vais devoir explorer pourquoi Ernst Jünger avait été mis à l'index dans son propre pays. Attention d'ailleurs à l'avant-propos qui peut être indigeste, il faut bien s'accrocher pour rentrer dans la lecture. Homme en faveur de la guerre et de la mise à mort dans certains cas précis, il est avant tout emprunt de dignité et de générosité, plein d'éthique et de principes pour que la guerre n'en reste qu'aux combats et pas qu'elle se transforme en raids et pillages. Ce n'est pas l'image que je me faisais de l'envahisseur allemand le grand méchant loup vendu en cours d'histoire à l'école. Je me suis procuré Sur les falaises de marbres mais je n'ai pas encore eu le temps de le lire.
Commenter  J’apprécie          20
Sur les falaises de marbre

Le même livre par un autre auteur publié à un autre moment serait passé inaperçu... Cela n'en retire pas son intérêt...
Commenter  J’apprécie          20
Orages d'acier

Alors oui c'est un témoignage détaillé sur la Première Guerre Mondiale !

Alors oui c'est mieux qu'"À l'Ouest rien de nouveau" (rien de très sensationnel en même temps, c'est le propre de tous les romans dignes en Allemagne dans les années 10 à 30).

Mais au-delà du témoignage au bout d'un moment très redondant (le "roman" se résume à une succession d'attaques, de blessés et de descriptions à rallonge), on s'ennuie ferme. Comme dans tous les romans de Jünger, grand (?) exalté de la guerre, pionnier du concept de "guerre totale", de renaissance de l'humanité par la souffrance du combat absolu.

À vomir.

Je ne retiens du sinistre sieur que sa terrifiante description de Céline dans le tome II de son "Journal" (1939-1941), au 7 décembre 41.
Commenter  J’apprécie          20
Orages d'acier

Récit autobiographique écrit par Ernst Jünger, jeune lieutenant de l'armée allemande, engagé volontaire lors de la Première Guerre mondiale, puisant dans les quinze carnets qu'il a tenus durant toute la période de la guerre. D'après André Gide, "Orages d'acier" était "incontestablement le plus beau livre de guerre" qu'il ait jamais lu".
Commenter  J’apprécie          20
Orages d'acier

L'auteur raconte la guerre de 14-18 avec un détachement qui donne un relief tout particulier aux multiples massacres qui ravagèrent les deux camps. Il décrit la vie dans les tranchées en première ligne : la montée au front, la prise de position, le déluge de balles, les massacres, les cadavres puis la relève et le retour dans un abri tout relatif. L'auteur décrit aussi l’épuisement, la folie qui guettent les soldats et le respect qu'il ressent pour les soldats contre lesquels il se bat désespérément.
Commenter  J’apprécie          20
Sur les falaises de marbre

Un inspirateur de Julien Gracq, oui, de Jacques Abeille aussi certainement.
Commenter  J’apprécie          20
Sur les falaises de marbre

Le romantisme de Junger dans toute sa beauté....
Commenter  J’apprécie          20
Orages d'acier

Le livre d'Ernst Jünger sur la guerre de 14, Orage d'acier, est incontestablement le plus beau livre de guerre que j'ai lu ; d'une bonne foi, d'une véracité, d'une honnêteté parfaite.

André Gide, Journal.
Commenter  J’apprécie          20
Le coeur aventureux

Une attention inégalable pour le monde, une hauteur de ton faite d'autant de distance que de force, une fermeté de caractère qui n'exclue pas la rêverie, la contemplation ruineuse, les éclats ; — mais qui entend parler de ceci et de celà avec un esprit dégagé du tumulte, qui aurait pris le temps de laisser les choses s'y imprimer : révélant peut-être, par un décalque énigmatique, leur substance profonde, cachée.



Si je n'aurai jamais le stoïcisme de Jünger — son menton relevé, pour parler en physignomoniste —, ce n'est ni de ma faute ni de la sienne : je ne crois pas que cette hauteur de vue soit ce qui compte le plus. Ceci dit, c'est une distance particulière qu'il instaure entre lui et le monde, comme la tête du nageur hors de l'eau, qui se baigne toujours, et peut-être d'autant plus qu'il arrive à respirer ; — ainsi de Jünger et de la vie autour. Un assez grand monsieur, qui se hisse parfois presque trop haut pour qu'on le suive toujours du regard, mais qui revient sans faute vers le sol, — ne serait-ce que pour y dénotter les espèces vivantes, les fleurs, les insectes, les pierres.
Commenter  J’apprécie          10
Feu et sang : Brefépisode d'une grande bataille

Publié en 1925, enfin traduit en Français en 2003 grâce aux éditions Christian Bourgois et à Julien Hervier, cette novella autobiographique suit fidèlement les instants qui précèdent la bataille de la Somme et son vécu de cette même bataille, minute par minute.



En réécrivant ainsi le chapitre « La Grande Bataille » de son livre « Orages d’acier » bien connu, écrit en 1920, il ajoute au récit le recul d’un fabuleux officier qui perçoit les moindres détails de la beauté et de l’horreur mêlées. Beauté de la nature calme avant la tempête humaine, beauté de la fraternité, du courage, de l’inventivité, de la mansuétude qui saisit parfois devant un adversaire sans défense. Horreur de cette guerre de masse, de l’industrialisation de la tuerie, de l’aveuglement collectif, de la boucherie que chacun voit se dérouler en détail sous ses yeux, sur ses camarades, quand il s’agit de tuer l’ennemi en croisant son regard, quand on se demande si l’on est en train de mourir ou si la blessure est superficielle.



Malgré la brièveté de ce texte, le niveau de détail atteint m’en a rendu la lecture longue et pénible. Lecture pourtant nécessaire à qui veut entendre et comprendre cette guerre, la « der des der »
Commenter  J’apprécie          10
Orages d'acier

C'était très intéressant à lire, de découvrir le point de vue de l'ennemi (en quelque sorte).

Même si, personnellement, j'avais de plus en plus de mal à le finir, j'ai apprécié cette découverte.



Je vous le conseille si comme moi vous avez un travail en français sur une présentation d'oeuvre :)
Commenter  J’apprécie          10
Orages d'acier

(novembre 2009)



Résumé et structure du roman

Dans une série de courts chapitres, portant chacun le nom d'un combat, 'Orages d'acier' raconte les campagnes d'un soldat durant quatre ans. L'auteur raconte les occupations quotidiennes du combattant : la garde, le repos dans l'abri, l'attente, la fatigue... L'un des grands récits inspirés par la guerre 1914-18. A la fois roman d'apprentissage et réflexion profonde sur le destin de l'homme face à la mort collective.



Histoire du texte

Jünger s'est basé pour écrire ce récit d'un jeune lieutenant de l'armée allemande, engagé volontaire lors de la Première Guerre mondiale, sur les seize carnets qu'il a tenus durant toute la période de la guerre. L'écrit sous sa forme actuelle est le résultat d'un travail de composition et de réécriture des années d'après-guerre et même au-delà. Les éditions allemandes successives au cours des années vingt et trente présentent des différences textuelles importantes et l'édition définitive, la septième, date de 1978. Le livre a été publié pour la première fois en 1920 à compte d'auteur à 2 000 exemplaires. Jünger voulait à l'origine intituler son livre Le Rouge et le Gris en référence à Stendhal et a finalement opté pour une image empruntée aux sagas islandaises dans un poème scaldique.

Le livre a fait l'objet de nombreuses traductions dans neuf langues différentes



Description

Le témoignage porté par le livre est celui d'un héros militaire. Jünger a été blessé quatorze fois et a souvent combattu en première ligne dans les troupes de choc à la fin de la guerre. Avec le grade de lieutenant, il est resté, avec le capitaine Erwin Rommel, le plus jeune soldat à avoir été décoré de l'ordre Pour le Mérite, distinction la plus prestigieuse de l'armée allemande.

Contrairement aux autres témoignages littéraires publiés sur la guerre des tranchées, ici, la peur ou le sentiment d'horreur face au déchaînement de la violence ne sont que brièvement perceptibles.

Quand il s'agit de décrire les blessures ou les cadavres, la description demeure « clinique » et détachée. La langue de l'auteur prend en revanche plus d'élan lorsqu'il s'agit de décrire l'émotion du combat, l'ardeur qui s'empare de lui au moment de l'assaut, la satisfaction d'avoir abattu un adversaire – sans jamais éprouver de haine à son égard. André Gide a écrit dans son "Journal" : « Le livre d'Ernst Jünger sur la guerre de 14, Orages d'acier, est incontestablement le plus beau livre de guerre que j'ai lu, d'une bonne foi, d'une honnêteté, d'une véracité parfaites".



Orages d'acier par rapport à ses contemporains

C'est d'ailleurs la grande différence du livre de Jünger avec celle de ses contemporains

(Gabriel Chevallier "la peur", ré-édité dernièrement, version française du conflit;

Erich-Maria Remarque "A l'ouest rien de nouveau", classique lu à l'école, version allemande du conflit,

et plus superficiellement Henri Troyat écrivain français dans "Les semailles et les moissons", saga du siècle avec des passages très forts sur les désastres humains de la guerre de 14-18).



En effet, Jünger, véritable combattant, s'est "détaché", "dissocié" de l'horreur, et est devenu mécaniquement un soldat en guerre, pour ne décrire son attachement à des valeurs "pacifistes" que plus tard. L'Allemagne humiliée au diktat de 1918 a eu besoin de ces soldats-là pour créer l'Allemagne nazie (à laquelle a appartenu Jünger et Rommel dans des destins différents). Néanmoins, Rommel comme lui ne sont pas devenus "nazis", ils sont restés des allemands de 14, fierté et bravoure dit l'histoire. Jünger a néanmoins été protégé par Hitler là où Rommel a lutté contre Hitler. Jünger était peut-être devenu plus "philosophe" qu'homme d'action …



Les autres témoignages littéraires sur 14-18 parlent surtout de l'horreur de la guerre des tranchées, des gaz, des rats, de la peur constante, continuelle, du froid, des tenues françaises voyantes à des km, des désastres neurologiques à leur retour. Ils sont tous partis la fleur au fusil, et pour six mois. Ils sont pour la plupart revenus écoeurés quand ils revenaient vivants. C'est l'une des guerres les plus meurtrières, celle qui a fait entrer l'Europe dans le XXé siècle, celle qui est à l'origine de la liberté des femmes (elles travaillaient pour remplacer les hommes, elles étaient veuves, elles ont commencé à lutter pour leur droit de vote à cette époque-là), à l'origine des mouvements pour la dignité de l'homme, des mouvements pacifiques …. Le film "Joyeux Noël" décrit l'ambiance insensée de cette guerre des tranchées, des hommes qui se parlaient sans hausser la voix tant leurs tranchées se séparaient de quelques mètres, et qui tout d'un coup recevaient l'ordre d'aller tirer et trancher à coup de baïonnettes.



L'Allemagne a été effroyablement humiliée à la fin de la première guerre, et des hommes comme Jünger ne sont pas rentrés pacifistes de la guerre mais habités d'une ardeur au combat et d'une fierté allemande à restaurer d'urgence (ce qui sera le terreau de Hitler). Et pour que l'Allemagne émerge de son chaos, il fallait la faire sursauter sur sa haine de l'étranger qui dominait et pillait une nation vaincue. Et c'est ainsi que ces cultivateurs, ces ouvriers, ces comptables, ces enfants, pour qui la désobéissance aux lois, l'usage de faux, la tuerie, avaient été des actes d'héroïsme en 14-18 sont devenus encore plus méchants en 39-45 ….



Pourquoi faire la guerre ?

Certains disent aujourd'hui que l'une des raisons majeures pour lesquelles les hommes font la guerre, c'est que la compétition, le danger obligent à vivre intensément l'instant présent (ce que les bouddhistes disent être la capacité au bonheur …), là où la pensée comme l'émotion vadrouillent dans le passé et dans l'avenir, le corps est ici et maintenant. Et cette sensation crée une excitation, une fascination poussant les hommes à la répétition de l'action, en l'occurrence guerrière. Et lorsque la Loi, l'Etat t'y autorisent (en se déclarant la guerre), cela fait sur le terrain de terribles soldats décorés … dont faisait partie Jünger en 14-18, mais plus en 39-45. Parler à des sportifs vous apprend qu' "être au contact de mon corps me permet de vivre l'instant présent et d'y être heureux". De là, il n'y a qu'un pas pour ne pas s'étonner que le sport est l'un des moyens largement utilisés pour gérer les impulsions agressives des jeunes comme celles des peuples entre eux (les jeux olympiques servent la paix du monde …)







Orages d'acier VS A l'Ouest rien de nouveau



Ces deux livres de guerre cultes, chacun dans leur style, ont la particularité de se dérouler pendant la 1ère mondiale, mais dans le camp allemand. Pourtant, on peut dire que tout les oppose :



- Le milieu social des auteurs :



Remarque se retranche modestement derrière un héros désabusé, issu d’un milieu modeste : Paul Baumer. Sa mère meurt, faute de soins dans un bon hôpital. Sa famille vit dans un petit appartement en ville. Son livre « A l’Ouest, rien de nouveau » est un roman peu épais (de ce fait, il est parfois étudié en classe), mais ses évocations des combats sont directes, alors qu'en réalité, l'auteur n'a jamais vu le front ; il fait mouche avec peu de mots ; l’ensemble est surtout emprunt d’une pesante mélancolie.



Jünger, lui, est une personnalité bien différente : c’est le plus pur produit de l’aristocratie prussienne, guerrière et patriotique. Son récit est à la première personne du singulier : il assume totalement son engagement et sait se mettre en valeur. Il a bénéficié d’une éducation soignée, et ses talents d’écrivains sont réels : dans « Orages d’acier », sa plume est rythmée et colorée : on lit ce pavé en haletant, tellement son récit est épique et bien ficelé. Une sorte de « Guerre et paix » du XX°S. !



- L’intensité de leur engagement militaire :



Ernst Jünger, lui, comprend que le métier des armes est fait pour lui, il fait rapidement une école d’élève-officier, de laquelle il sort avec succès. Il deviendra Adjudant, Leutnant (sous-lieutenant) puis Oberleutnant (Lieutenant) pendant la Grande guerre. Il fera partie des soldats les plus décorés du conflit, avec son insigne doré pour ses nombreuses blessures, et surtout, sa prestigieuse et rarissime étoile « pour le mérite » décernée par le Kaiser lui-même…



Le héros de Erich Maria Remarque fait partie des engagés volontaires de 1914 (« Krieg Freiwilligen ») devançant l’appel, certes, mais il le regrette vite ; il n’a fait que suivre tous ses camarades, eux-mêmes endoctrinés par leur instituteur. Cela donne lieu ensuite à une rencontre gênée entre son ex-instituteur et lui pendant sa permission… Paul Baumer reste curieusement membre de la troupe, des sans-grade du début à la fin… Pendant une cérémonie, il ne reçoit pas de décorations par l’Empereur, réservées aux les soldats les plus valeureux….



- Leur vision de la guerre :



Pour Ernst Jünger, la guerre est une expérience initiatique individuelle ; il sait qu’il est doté de qualité pour commander, d’une santé très robuste… et il a aussi beaucoup de chance ! Il comptabilise une vingtaine de blessures, mais sans subir aucune amputation ! La guerre, au même titre que le sport et la culture, sont des activité naturelles pour les hommes : c’est avant tout une occasion de montrer sa réelle valeur : la force est dans le sang et elle ne peut se maîtriser. Jünger est et restera un homme de droite, un conservateur non nazi.



Le héros de Remarque pense tout autrement : la guerre est une absurdité totale provoquée par des gouvernements hautains et irresponsables, au service de leur propre gloire. La personne de l’Empereur Guillaume II est l’objet de nombreuses interrogations de sa part, et il comprend progressivement qu’il ne s’agit que d’un homme qui est son égal en humanité ! La guerre n’est qu’un fléau, et son roman en décrit minutieusement tous les travers : hôpitaux-boucherie, tranchées-mouroirs, assauts désespérés, bombardements infernaux, gaz asphyxiants… Mais cela est dit sans haine, à la manière d’un « candide » voltairien qui découvre petit à petit les laideurs du monde… A chacun de se faire son opinion : son récit est en fait un pur roman d'obédience pacifiste.



- Vie et fin des héros :



Le récit de Jünger est purement autobiographique, voire même apologétique. Sa glorieuse histoire ne s’arrête par le 11 novembre 1918 ; versé dans la réserve, il deviendra Hauptman (Capitaine) au cours de la seconde guerre mondiale. Il passera l’Occupation en France, à vivre en dandy parisien. Il rejoint Remarque, en quelque sorte, mais seulement en 1944 : il fait partie des comploteurs du 20 juillet 1944 contre Hitler : au cours d’une féroce répression, 5000 officiers sont éliminés, mais Jünger y échappe en raison de sa popularité et de son passé de patriote… Reconnu pour ses œuvres littéraires (« Jeux africains », « Héliopolis »…), ce vaillant vieillard arpentera l’Europe avant de décéder récemment, quasiment centenaire !



Chez Remarque, la boucle est bouclée quand le héros Paul Baumer meurt à la fin, bêtement, deux jours avant l’armistice du 11 novembre ! En fait, Remarque le pacifiste fuit pour s’installer aux USA à l’arrivée des nazis au pouvoir. Son livre sera même brulé dans un "auto-da-fé" nazi. Il n’écrira plus rien, comme si « A l’Ouest, rien de nouveau » avait finalement suffi à exorciser ses souffrances… Mais un film en sera une fidèle adaptation (voir chronique). A noter que c’est son point de vue est repris par l’historiographie, jusque dans la B.D., avec le fameux Tardi, qui est aussi très engagé…



Commenter  J’apprécie          10
Orages d'acier

Jean Norton Cru : « Voici un livre que les défenseurs de la tradition vont utiliser pour défendre leurs légendes. [...] Il [Ernst Jünger] pose devant son lecteur pour un guerrier né, dont les repos et les permissions sont des revanches sur les privations de la tranchée, vrai lansquenet (c'est son mot) qui s'enivre et s'en vante. » (Commentaire écrit par Jean Norton Cru dans son exemplaire personnel de l'édition française d'Orages d'acier (1930) , cité par Leonard V. Smith, « Jean Norton Cru, lecteur des livres de guerre », Annales du Midi, n°232, 2000)
Commenter  J’apprécie          10
Orages d'acier

La guerre. L'horrible et la sombre guerre. L'avide et cruelle maîtresse. Ce creuset où disparaissent le vernis policé de la civilité et les fragiles argiles de notre humanité.

Ernst Jünger ne cache pas grand chose de cette infernale ogresse. Et pour notre société qui dénie à la mort le droit de cité et à la violence la moindre légitimité, ce livre paraitra d'une incompréhensible absurdité. Certains en profiteront pour jeter à bas l'idée même de nation ou de patrie. D'autres exalteront au contraire l'héroïsme et le sacrifice. Quant à moi, je ne céderai pas à ce diktat manichéen.

A la lecture de ce carnet de guerre, je regrette simplement que l'homme ne soit pas capable du même engagement au service du collectif en temps de paix. Lecture ou conclusion sans doute naïve.

D'autant plus naïve que cette Grande Guerre, qui devait être la der des der, a été la première guerre industrielle ajoutant à la cruauté des combats, celle de l'asservissement de l'homme à une technologie homicide. Chemin jamais démenti depuis comme le démontrent malheureusement encore aujourd'hui la guerre à distance qui fait rage en Ukraine.

Il y a beaucoup d'enseignements à tirer de la lecture de ces témoignages et le premier d'entre tous : Homme libre, toujours, tu chériras la paix !



Commenter  J’apprécie          10
Orages d'acier

un récit de la guerre des tranchées côté allemand qui montre que l’horreur était partagée. L’auteur y décrit ses années de guerre, la vie dans les tranchées, les attaques, les bombardements incessants, les nombreux morts. Par miracle, et malgré de nombreuses blessures, il s’en sort vivant. La description clinique, sans presque d’affect, des événements est dérangeante. On est proche de la fanfaronnade et très loin de « la peur ». Un regard intéressant sur ce conflit inhumain.
Commenter  J’apprécie          10
Orages d'acier

Engagé volontaire à 19 ans dés 1914, sur conseil de ses professeurs, Ernst Junger a passé plus de quatre ans sur les champs de bataille de France.

Quatre années à combattre en première ligne, desquelles il ressortira blessé à quatorze reprises.



À travers son journal, on suit le développement du conflit; de la guerre de mouvement à la guerre de matériel, en passant par la guerre de position, ainsi que le déroulement de grandes batailles auxquelles il a pris part (Les Eparges, La Somme, Cambrais etc...).

On suit également le quotidien des soldats et leur ressenti du début à la fin du conflit.

Enfin, on peut voir l'évolution de la pensée de l'auteur sur la guerre. Si au début, on peut le voir comme un jeune en quête d'aventure, puis comme un citoyen défendant sa patrie, les combats le feront devenir un homme épuisé, pour qui la lutte ne semble plus avoir de sens.



Un témoignage complet donc qui mérite d'être lu.
Commenter  J’apprécie          10
Orages d'acier

Après avoir lu "Ceux de 14", je voulais lire cette période côté Allemand. Comment ils l'ont vécu de leur côté...

Il n'y a pas beaucoup de différence, des soldats qu'on envoie à la boucherie, d'un côté ceux pour défendre leur terre, d'un autre côté ceux pour la conquérir.

Au cours d'une charge, dans une tranchée, l'Auteur croise pour la première fois un ennemi. le soldat Anglais sursauta quand il aperçu ce soldat Allemand avec une arme braquée sur le lui. Le soldat Anglais n'a pas sorti son arme mais une photo de famille. A cet épisode, l'Auteur écrit "J'ai par la suite considéré comme un grand bonheur de m'être dominé et d'avoir passé mon chemin. C'est justement cet adversaire qui depuis m'apparut souvent en rêve. Cela me fit espérer que ceux qui me suivaient lui laissèrent aussi la vie" (P.308).

Dans ce journal, on y trouve les mêmes descriptions de combat. Eux aussi étaient victimes de leur propre artillerie, des histoire insolites "[...] et tirai jusqu'à ce que mon index fut noir de poudre. C'est là qu'à dû être atteint, parmi d'autres, cet Écossais qui m'écrivit après la guerre, de Glasgow, une lettre charmante, où il décrivait avec précision le lieu de sa blessure." (P.327).

Ce journal est vraiment incroyable, l'Auteur l'est tout autant.

Dans conquête d'Histoire, il ne reste plus qu'à trouver un épisode de cette drôle de guerre côté Britannique...
Commenter  J’apprécie          10
Orages d'acier

L'auteur nous raconte ses 4 ans d'expérience guerrière pendant la première guerre mondiale. Parti la fleur au fusil, exalté, désirant prouvé sa valeur et son patriotisme, il connaitra la guerre de positions, celle des tranchées, terré dans des entonnoirs de boues, harcelé par les tirs d'obus ennemis et les gaz. Bataille de la Somme, des Flandres, il verra de nombreux camarades perdre la vie comme dans un stand de tir de foire avant de visualiser la mort. Malgré ses nombreuses blessures, il n'aura d'obsession et d'abnégation que de se donner à fonds pour son pays quitte à y laisser la vie. C'est un témoignage de la vie de ses soldats allemands sacrifiés au nom d'un idéal : la Patrie. Un roman impressionnant et d'une écriture aisée.
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ernst Jünger (1865)Voir plus

Quiz Voir plus

Compléter les titres

De Diderot : "Les bijoux …...."

volés
indiscrets
de la reine
précieux

15 questions
11 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}