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Critiques de Fabrice Lardreau (52)
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La Ville Rousse

Un moment un peu hors du temps avec cette fable dystopique...



Fabrice Lardreau sait manier le suspense et joue habilement sur plusieurs temporalités. Et dans chacune d'elle, il sème des graines dont on a hâte de connaître l'issue. C'est la raison pour laquelle j'avais le sentiment de ne pas tellement comprendre un certain nombre de choses au début. Mais, ça n'était pas moi, c'était en réalité voulu. Pas mal joué !



Le narrateur, anti-héros par excellence, était sombre, d'un cynisme presque malaisant, d'une cruauté dérangeante. Vraiment très antipathique ! On ne peut pas dire, de manière générale, que c'est une lecture plaisante, on en sort même un peu bizarre... Elle est également assez accrocheuse et fait réfléchir (comme bon nombre de dystopie), cela est sûr.



De l'écologie jusqu'à l'urbanisme, du"gavage" des multinationales avec exploitation des ouvriers (entre-autres) jusqu'à la folie humaine ; il y a de quoi faire.



Merci aux Editions Arthaud et à cette masse critique privilégiée !
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La Ville Rousse

Je remercie les éditions Arthaud et Babelio, via sa Masse Critique, de m’avoir permis de découvrir cet auteur et ce roman.

La Ville rousse est une dystopie qui se passe à Lutetia (qui présente toutes les caractéristiques de Paris), ville qui connaît le développement exponentiel de sa population de renards avec, en parallèle, l’immense chantier du Grand Métro.

Patrick Amiot est chargé, par son patron Christian Maupertuis, de veiller à ce que rien, ni personne n’empêche la réalisation de ce chantier pharaonique. Mais Christian n’a pas choisi Patrick par hasard. En effet, ces deux-là se connaissaient depuis de nombreuses années avant de partager cette expérience professionnelle. L’auteur alterne ainsi entre le « présent » et le passé afin de nous dévoiler, au fur et à mesure, les liens qui unissent ces deux protagonistes.

La plume de Fabrice Lardreau m’a conquise – le style est intelligent, fait preuve de sarcasme, d’humour grinçant et/ou noir – par contre, j’en suis ressortie plus dubitative en ce qui concerne la structure du récit. J’ai malheureusement, bien souvent, malgré des passages vraiment prenants, ressenti un manque de cohésion, de fluidité de l’ensemble – certaines scènes sont vraiment réussies mais semblent juxtaposées aux suivantes sans réel lien. Dommage…
Lien : https://letempslibredenath.w..
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La Ville Rousse

Livre reçu par l'intermédiaire de babelio que je remercie ainsi que les editions Arthaud



De FABRICE LARDREAU : La Ville rousse.



Ce livre s'apparente à une fable futuriste écologique mais qui au fond nous donne a réfléchir sur le devenir de nos villes et de nos campagnes.



Petit clin d'œil avec le nom de la ville "Lutetia" puisqu'il nous rappelle qu'a l'origine Paris s'appelait Lutèce.



_Christian Maupertuis et Patrick Amiot sont amis depuis les bans de l'école.

Maupertuis dirige une multinationale chargée de construire un Grand Métro.

Amiot sera son homme de main, tueur a gage sans états d'Ames.



_ La ville toute entière prendra une couleur rousse due aux émanations de la terre que l'on creuse.

_ Végétalisée pour atténuer la chaleur Lutetia se veut ville nouvelle écologique.



_ Les renards envahissent Lutetia créant le cahot. Bien sur certains hommes veulent les protéger d'autre les détruire.

L'affrontement entre l'homme et l'animal donnera des dérives incroyables.



Actuellement nous voyons de plus en plus d animaux pénétré dans nos villes ceux-ci non plus leurs espaces vitaux dans les bois et les

campagnes tellement l'homme a empiété sur leurs lieux de vie.



Ce petit livre doit nous faire réfléchir et même nous alerté mais peut-être est il déjà trop tard pour cela !



Madessanne





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La Ville Rousse

Lorsque Patrick Amiot retrouve Maupertuis avec qui il était à l’école, ce dernier l’embauche dans sa multinationale pour un travail bien particulier. En habitué des projets grandioses, des construction démesurées, Maupertuis construit le Grand Metro d’une ville importante nommée Lutetia et qui ressemble fortement à notre capitale française.

Oui mais voilà, la ville devient rousse, comme ces goupils qui l’envahissent, la nuit. On pense à la chanson de Reggiani « Les loups sont entrés dans Paris ». La menace est là, même si certains défendent ces mignons rouquins. Leur invasion ne fait pas l’affaire de Maupertuis qui voit ces sales bêtes envahir les tunnels du futur métro et menacer les ouvriers. C’est là que Patrick Amiot déploie ses compétences en devenant le prédateur des renards et son cynisme est total. Tout en massacrant sans état d’âme le goupil envahisseur, il flatte et embobine l’écologue amoureux du rouquin et chargé de trouver une solution alternative au problème

Avec le nombre toujours croissant de ces carnivores qui font des dégâts considérables, la ville devient rousse et vit au rythme du renard qui s’est imposé grâce à sa ruse et son adaptabilité.

L’histoire va s’accélérer et partir en vrille pour le plus grand plaisir du lecteur.

Cette dystopie teintée d’humour noir est réjouissante tout en menant la réflexion sur la cohabitation urbaine entre l’homme et l’animal sauvage.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Arthaud poche pour cette découverte

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La Ville Rousse

Arrive parfois dans nos mains un OLNI (objet littéraire non identifié). C'est dans cette catégorie que je range cette "Ville rousse" de Fabrice Lardreau aux Éditions Arthaud, reçu dans le cadre d'une masse critique (merci !!!).



Un petit livre de poche qui emprunte avec brio à de nombreux registres, du polar à l'humour noir, du thriller à la chronique sociale, du fantastique à la dystopie ... L'auteur nous promène dans un Lutetia quelque peu cauchemardesque, si lointain et si proche à la fois. On y parle de Grand Métro, de multinationales qui ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins, d'un espace de la ville qui se scinde entre privilégiés et refoulés. Toute ressemblance avec des faits ayant existé ...



Et puis un beau jour, le dérèglement arrive ... Goupil s'invite dans le monde des hommes, comme si la nature reprenait ses droits ... tant et si bien que l'Homme revient lui-même à l'état sauvage. Qu'il laisse libre cours à ses plus bas instincts, abandonnant toute convenance sociale, toute règle.



Un regard sur notre humanité donc, avec une vraie interrogation philosophique, sans apporter de réponse toute faite. On reste dans le domaine du roman. Mais de ceux qui interpellent.



Un regard sur l'homme, aussi. Christian Maupertuis, archétype du patron cannibale. Patrick Amiot, l'employé désabusé, mais dont on se sent finalement si proche. Dans ses faiblesses, ses renoncements, ses interrogations. Et finalement, on se surprend plusieurs fois, au cours de la lecture, à interroger notre propre rapport à l'autre, à la société, à la culpabilité, à la nature. Le tout sans en avoir l'air, et c'est une autre des multiples qualités de cet OLNI.
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La Ville Rousse

Un grand projet d'urbanisme à Lutetia (construction du Grand Métro) ; une compagnie multinationale et son PDG mégalomane ; un larbin, tueur à gages, pour éviter qu'il y ait des grains de sable dans cette grandiose construction haussmannienne.

Mais un jour, les renards arrivent du Sud-Est dans la ville et les souterrains en construction ; ils prolifèrent ! Le tueur est là, aux ordres du PDG, pour exterminer les intrus afin que le projet soit mené à son terme. L'objectif du PDG et des donneurs d'ordres politiques est d'assurer le "grand remplacement" : la métropole doit retrouver son équilibre ; le grand Lutetia doit être homogène, "l'élite urbaine doit reprendre les devants" ; "Il faut redonner à chacun le rôle échu dès la naissance".

Comme indiqué par l'éditeur de ce roman, il s'agit d'une fable urbanistique féroce. Qui sont les prédateurs ? Qui sont les renards ? Qui sont les exclus de la ville ?

Ce roman est intéressant par sa construction ; le ton est sarcastique ; c'est de l'humour noir. On retrouve le style d'Antoine Bello dans les éclaireurs (Gallimard). Malgré tout, je reste un peu déçu par cette dystopie où certains passages du roman semblent écourtés.

Livre reçu et lu grâce à "Masse critique".

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La Ville Rousse

Fabrice Lardreau voit la vie en roux, c’est peu de le dire. A la fois couleur de la beauté, de la sensualité, voire de la sexualité mais aussi de l’ensauvagement, le roux nous enveloppe de ces différentes tonalités, depuis les reflets auburn flamboyants jusqu’au morne et monochrome sépia, dans ce livre étonnant que nous pouvons qualifier de fable.



« Le ciel abandonne sa grisaille, adoptant une teinte rubigineuse qui imprègne les toitures, les façades des immeubles et la chevelure des lutéciens : la plupart d’entre nous avons des reflets auburn. Nous n’y prêtons plus attention, du reste, cette couleur étant devenue naturelle. Nous habitons la cité sépia, ensevelie sous la rouille, prisonnière d’un collier de feu ».



Une fable prenant tour à tour des allures de polar, de thriller politique, de récit écologique, de satire sociale, de conte fantastique rappelant immédiatement la métamorphose de Kafka. Voire de roman d’anticipation, grand remplacement et grand effondrement planant en effet en filigrane. Et c’est là que le bât blesse, ce petit livre, en voulant traiter de trop de thématiques, même instillées à faible dose, en dilue son message. Comme si ce livre n’avait pas réussi à trouver son genre, hésitant. C’est dommage car je l’ai trouvé agréable à lire et ce fut globalement une assez bonne surprise.



Le livre commence tambour battant avec un homme sous la douche pris au piège alors que deux tueurs l’attendent sur le palier de son appartement… Patrick Amiot, se remémore alors ce qui a bien pu le mener jusqu'à cette situation désespérée. Dans une ville appelée Lutetia (il s’agit tout simplement de Paris dans un avenir plus ou moins lointain), Christian Maupertuis dirige une multinationale chargée de la construction du Grand Métro. En homme d’affaires avisé, il balaie tout ce qui entrave ses projets et n’hésite pas à s’allouer les services d’un tueur à gages pour supprimer tout obstacle à l’expansion de son empire, du militant écologiste au défenseur des droits de l’homme.

Solitaire et désabusé, cynique avec la société et les femmes rencontrées, Patrick Amiot, qui a été l’ami d’enfance de Christian Maupertuis, exécute cette mission sans états d’âme et en toute impunité. Jusqu’au jour où les renards envahissent la ville, ensauvagent les habitants et paralysent le chantier. Objet de tous les fantasmes, objet de haine et de convoitise, cristallisant les peurs et les passions, la bête rousse provoque une véritable guerre urbaine. La capitale devient un terrain de chasse, le théâtre d’un affrontement social où l’homme et l’animal se confondent jusqu’à s’intervertir. Le renard a réveillé chez les citadins leur part sauvage dont la ville les avait castrés, anesthésiés.



« On évoquait d’abord une mutation comportementale : ses liens s’étaient resserrés avec l’homme, qui avait commis l’erreur de le nourrir, de le caresser, l’intronisant animal de compagnie, Goupil n’avait plus peur de notre espèce, déchue de son statut vertical. Désormais sans crainte, il nous voyait comme des égaux et, qui sait, dans un avenir proche, peut-être comme des rivaux…Il n’hésiterait plus à se mesurer à nous, adversaire courant les rues et les souterrains, engageant une guerre des espèces à l’issue incertaine. A ce conflit larvé s’ajoutait la menace invisible : l’eau courante et la chaine alimentaire, affirmait-on, étaient souillées par des maladies que répandait Le Roux ».



J’ai trouvé intéressante la façon dont l’ensauvagement progresse dans la ville, suite tout d’abord à de petites nuisances sans gravité mais qui vont s’accumulant, puis suite à des attaques de renard. Ce processus d’ensauvagement alors enclenché est bien décrit, depuis la simple méfiance en passant par la volonté de déplacer l’animal, puis de l’exterminer jusqu’à la métamorphose. Le plus sauvage n’étant pas forcément celui que nous croyons. Intéressantes aussi les digressions sur le renard et notamment sa place dans la littérature, l’auteur, du moins Patrick Amiot dans le récit, prenant même la liberté de déclarer niaise l’histoire du petit Prince…



Quant à la rousseur évoquée en tout début de chronique, elle reste uniquement à but esthétique, instillant cependant une certaine ambiance étonnamment féline. C’est un aspect du livre, pourtant éminemment secondaire, qui m’a plu.



Une fable qui n’a pas réussi à trouver son genre, survolant de ce fait trop de thèmes, néanmoins bien écrite et même agréable à lire, sur le thème de l’ensauvagement, voilà un livre que je n’aurais pas lu sans masse critique. Je remercie donc chaleureusement Babélio et les éditions Artaud poche pour l'envoi de ce roman reçu dans le cadre d'une masse critique privilégiée.



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La Ville Rousse

Merci à Babelio et aux éditions Arthaud Poche pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une masse critique privilégiée.



Début du roman : deux hommes viennent sonner chez Patrick, qui garde le silence pour ne pas leur ouvrir... que lui veulent-ils ? Que signifie cette atmosphère menaçante ?... L'action se déroule dans une ville imaginaire, Lutetia, derrière laquelle on reconnaît sans mal ce que pourrait devenir Paris dans un avenir plus ou moins proche.



Le narrateur, Patrick, est chargé de mission à la Compagnie. Il a en charge la sécurité et la surveillance du chantier de constructions d'édifices à but bien particulier : y faire disparaître les "importuns". Le PDG de la Compagnie, Christian Maupertuis, est un ami de Patrick depuis l'adolescence. Quelques mois après le début des travaux initiés par la Compagnie pour la construction du Grand Métro, un nuage de particules rousses apparaît au dessus de la ville, visible tous les jours aux alentours de 11h et colorant tous les bâtiments et le paysage urbain d'une teinte rousse.



Par ailleurs, un attentat terroriste d'une ampleur inouïe provoque l'effondrement du périphérique. Dès lors, la nature reprend vite ses droits et des renards investissent la ville, se multipliant de manière exponentielle. D'abord sous le charme des goupils, les habitants prennent peu à peu conscience des fléaux qui les menacent...



Difficile de classer ce récit dans un genre : fable, dystopie, policier... C'est ce qui m'a déconcertée tout au long de ma lecture. Le récit m'a fait penser par moments à Matin Brun de Pavloff, par l'évocation d'un régime autoritaire et l'ambiance apocalyptique. J'ai cependant eu du mal à me retrouver dans la construction de ce roman.

Cette édition poche est à réserver aux lecteurs dotés d'une bonne vue, les caractères étant vraiment petits.
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La Ville Rousse

Une histoire qui aurait pu se dérouler en Méssenie avec l’envoi par Dionysos d’un nouveau renard de Teumesse pour remettre un peu d’animalité dans le désordre humain. Ou bien au Japon avec une sorte de « Kitsune » et ses pouvoirs magiques. Mais elle se passe dans une grande ville qui a pour nom une connotation romaine, Lutecia. Toute ressemblance avec l’antique Lutetia et l’actuel Grand Paris serait évidemment une pure coïncidence… Mais cette Ville Rousse a tout d’une tragédie grecque sur fond de dystopie.



Christian Maupertuis est un ogre industriel qui dirige d’une main de fer une multinationale engloutissant moult réalisations ou projets pharaoniques dont celui d’un Grand métro dans cette métropole dotée d’un périphérique cyclopéen mais dont les dirigeants ont pris soin de végétaliser pour palier les effets des perturbations climatiques. Face aux menaces écologiques et désastres humains, l’industriel rencontre des opposants : militants écologistes, défenseurs des droits de l’homme, représentants d’ONG… Maupertuis n’a alors qu’une seule directive dès qu’un citoyen veut s’interposer : l’éliminer. Pour effectuer cette sale besogne il a engagé un ancien compagnon d’études, Patrick Amiot dont le cœur est depuis longtemps enfoui au terminus des objets inutiles. Sans états d’âme ni culpabilité aucune, il exécute les perturbateurs tout en passant pour le plus courtois des hommes. Bienvenue dans un monde au cynisme le plus décomplexé ! Mais un jour, après un attentat, la ville devient rousse. A chaque coin de rue, des renards apparaissent, rentrent dans les maisons, font leur terrier dans le sol des grands chantiers de Maupertuis. Un affrontement sanglant va commencer mais où l’homme va devenir le plus bestial des animaux.



Un roman aussi déconcertant que captivant qui se lit avec une surprenante avidité. Un roman qui serait parfait pour une adaptation cinématographique, les images défilent déjà devant le livre par la précision des descriptions sans jamais trainer en longueur. Un roman qui décortique tout le machiavélisme d’une société et de ses représentants lorsqu’ils se convertissent en redoutables prédateurs. Si le portrait de Christian Maupertuis peut rappeler peu ou prou d’autres personnages de fiction voire de la réalité – hormis son travestissement progressif – le personnage de Patrick Amiot est saisissant ; loin d’avoir le sens de l’honneur d’un célèbre Samouraï, on se met à le détester tout en cherchant à en savoir davantage sur ses motivations et ses dérives assassines.



Un tempo haletant, un humour noir sans tomber dans certains artifices habituels, une originalité dans la progression du roman, un récit qui interroge sur nos sociétés, nos démocraties, la déshumanisation des grands centres urbains et cette animalité qui sommeille chez les humains. Quant au renard c’est peut-être à lui de porter l’oriflamme de la liberté…



La Ville Rousse ou le panache d’un écrit !
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La Ville Rousse

Deux tueurs sur le palier, Patrick Amiot, pris au piège sous sa douche et dans son appartement, se remémore ce qui a bien pu le mener jusqu'à cette situation désespérée ...

Qu'a-t-il pu donc bien se passer pour qu'on en arrive là ?

Pour que Paris ne soit plus Paris mais Lutetia, pour que l'ado qu'il était devienne ce tueur cynique et froid, et pour que les renards envahissent la ville ...

"La ville rousse" est un roman policier de Fabrice Lardreau, paru en 2020 aux éditions "Juilliard", et en 2022 dans sa version poche aux éditions "Arthaud".

C'est un roman policier, mais un roman policier teinté d'anticipation, de social, de fantastique même et d'écologie.

C'est un mélange finement accommodé à petites doses.

Patrick Amyot, le personnage principal qui partage la vedette avec l'ami Goupil, est aussi le narrateur puisque le récit est déroulé à la première personne du singulier.

Patrick Amyot n'est ni sympathique, ni attachant.

Par conséquent c'est l'originalité de son histoire qui accroche principalement la lectrice ou le lecteur.

Et, ce livre est bien écrit et bien construit.

L'intérêt est soutenu par une intrigue intelligente et crédible.

La lecture ne s'essouffle à aucun moment durant ces quelques 156 pages noircies par des tribulations cyniques et quelque peu amorales.

Le roman démarre de façon un peu déconcertante.

Patrick a liquidé sans vergogne Edouard Emonnet, l'écologue de la Cie pour laquelle il bosse.

Il a raccompagné jusqu'à son lit la veuve éplorée ...

Ce roman est aussi et surtout un roman d'ambiance.

Il est cerné d'une fine atmosphère d'apocalypse et du grand effondrement sur lequel plane l'ombre menaçante de maître Renard.

Il arpente désormais le monde en propriétaire.

Et, puis enfin quelqu'un a osé dire que "le petit prince" est une niaiserie détestable !

Si, si, c'est ici, écrit à la 100ème page.

Bien sûr, cette appréciation venant d'un assassin sans vergogne, ni morale, du fait, en perd un peu de sa puissance et de sa crédibilité.

Mais bon, c'est dit, c'est dit !

Merci à l'auteur, Fabrice Lardreau, pour ce bon et mystérieux moment de lecture.

Merci aux éditions "Arthaud" pour ce petit plaisir en poche.

Merci à la Masse Critique qui, une fois de plus, a joué la bonne carte avec ce livre à découvrir ...

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La Ville Rousse

Je remercie Babélio et les éditions Artaud poche pour l’envoi de ce roman reçu dans le cadre d’une masse critique privilégiée.

Maupertuis dirige d’une main de fer sa multinationale et il compte bien réaliser un projet de grande envergure : la construction du Grand Métro dans Lutétia. Ses retrouvailles avec Patrick Amiot, un camarade de lycée, lui ont permis de s’entourer d’hommes de mains prêts à tout pour supprimer les obstacles à ses projets…

Et nombreux sont les encombres : l’arrivée d’une nuée rousse sur la ville, puis celle de ces goupils aux allures fascinantes. C’est finalement une invasion qui menace la réalisation des projets gigantesques de Maupertuis. Le cynisme du PDG et de son acolyte en dit long sur notre société…et le premier chapitre nous laisse entendre que la menace peut se retourner contre le maillon faible au sein du même camp !

Un roman inclassable entre dystopie, polar et fantastique, truffé de belles descriptions de Lutétia, une ville du futur qui nous évoque un Paris contemporain. L’écriture originale et soignée de Fabrice Lardeau m’a plu.

L’auteur nous offre une réflexion intéressante sur l’homme et sa place dans le monde grâce à la dimension dystopique du roman. C’est aussi une fable où l’homme oscille entre rationalité et animalité. J’ai particulièrement aimé l’évocation de ces hommes d’affaires embauchés comme « nettoyeurs », redoutables prédateurs la nuit et cadres supérieurs accomplis le jour. Une autre version de Dr Jekill & Hyde.

Je ressors tout de même mitigée de cette lecture à l’atmosphère étouffante car le récit m’a semblé manquer d’unité, j’ai eu l’impression de naviguer entre de belles pages sans y trouver tout à fait mon compte. Par ailleurs, le choix des petits caractères dans une page dense rend la lecture pénible pour les yeux fatigués, dommage !

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La Ville Rousse

Quelle belle première de couverture ! Rien moins qu'une photo d'un des lauréats du prestigieux concours de photographie animalière du Museum d'histoire naturelle de Londres. Et bien choisie, car ce roman interroge avec pertinence la frontière entre le monde urbain et la monde sauvage - question tellement actuelle et brûlante !

Que signifie cette arrivée des renards depuis le Morvan, qui peu à peu envahissent Lutetia ? La mégalopole, en p travaux pour son grand métro, devient le théâtre d'une guerre de territoire, où humanité et animalité, civilité et sauvagerie se brouillent.

Fabrice Lardeau prolonge explicitement la lignée littéraire de ce personnage (par des références au roman de Renart, aux fables de La Fontaine par exemple) : Le Renard, le Goupil, le Roux, est ici repris de façon originale, On a plaisir à le retrouver.

Un roman plaisant par sa construction et les interrogations qu'il pose, mais qui ne suscite pas suffisamment d'émotion à mon goût, peut-être à cause des personnages. Je ne me suis pas du tout attachée aux deux principaux. Christian Maupertuis le directeur de la multinationale, et, Patrick Amiot, le chargé de mission/tueur à gages. Ils m'ont semblé stéréotypés, figés dans leurs caractéristiques. si bien que leur sort m'importait peu.
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Le Carrefour invisible - Une chronique Fran..

Dans cet essai paru aux éditions Plein Jour, Fabrice Lardreau entend étudier les Français. Pas de n'importe quels Français mais ces Français que l'on appelle "moyens" qui peuplent la "vraie" France et dont raffolent les hommes politiques, car loin de Paris et des préoccupations futiles des "bobos-hipsters". Fabrice Lardreau a décidé de voir exactement de quelle France il s'agit quand on parle de cette France-là. Ne se revendique-t-il pas "moyen" lui-aussi ? Mais qui est-il exactement et quel est donc ce peuple qui est aussi le sien ?



L'auteur s'est rendu dans un village qui a une grande importance à ses yeux, le village de Bruère-Allichamps qui non seulement est le centre exact de la France selon plusieurs mesures (toutes sujettes à caution mais peu importe) mais qui est également au coeur du film l'Argent de poche de François Truffaut, un film qui le fascine depuis de longues années. C'est que située ainsi au carrefour de la France et de son propre imaginaire de Français moyen, ce village lui permettra peut-être de révéler son identité profonde et comprendre exactement ce que l'on entend quand on parle des Français.



On découvre dans ce livre, à travers l’enquête et les interviews de l’auteur, la parole et la vie de ces habitants, à chaque fois mis en relation avec la propre vie de l’auteur. C’est peut-être un parti pris qui ne sera pas compris par tous les lecteurs mais il me semble évident que parler d’un objet culturel, politique ou sociologique implique de parler de soi. Comment comprendre quoi que ce soit si on ne le réfléchit pas à la lumière de sa propre expérience, ses propres visions ou illusions ? Si parler des autres revient de toute manière souvent à parler de soi, à parler des autres à travers ses propres yeux, ses propres expériences, ses propres insuffisances à véritablement comprendre l’autre, la dimension autobiographique est souvent absente ou disons cachée des essais qui peuplent les librairies. L’objectivité recherchée est pourtant bien illusoire. Dans ce livre, on comprend dès la deuxième page que Fabrice Lardreau ne sera pas seulement l’enquêteur mais également l’objet de son enquête.



Une enquête qui prend plusieurs formes. L’auteur explore une certaine France mythologique à travers le film L’argent de poche de Truffaut dont l’action commence dans ce village ( Les films issus ou sur un pays ne sont-ils pas des éléments de cohésion nationale, de fabrique d’une certaine société, dans le sens où ils fabriquent une mythologie commune) ; une France politique avec une analyse de l’auteur des résultats de plusieurs votes de la commune ; une France géographique avec une étude des différents lieux qui font la vie des habitants : le café du village -dont les propriétaires sont interrogés, le restaurant, les places importantes ; une France sociale aussi. Les habitudes des habitants, leurs relations le rapport des uns et des autres est ainsi disséqué, avec toujours, sur le côté cette mise en relation avec les propres habitudes de l’auteur, ses propres souvenirs. Le tout avec humour souvent et nostalgie parfois.



C’est au final un essai passionnant d’un auteur curieux qui permet, loin des phantasmes et des certitudes des politiciens, d’appréhender le cœur de la France et des Français. A travers le portrait de ce village et, en creux, de cet auteur, c’est toute une vie qui se dévoile. C’est une vision, celle de l’auteur, donc. Peut-être en avez-vous une autre mais vous vous retrouverez certainement quelque part au milieu de ce carrefour invisible.
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Le Carrefour invisible - Une chronique Fran..

L’œil de Fabrice Lardreau est attiré par le détail. À onze ans, il est au cinéma avec sa mère pour voir « L’argent de poche » de François Truffaut. La première scène – avant le générique – l’intrigue. Il ne cessera de penser à cette petite fille avec sa carte postale en plein centre de la France. Quarante ans plus trad, il se dirige vers cette terre inconnue qu’est le Berry, à Bruère-Allichamps précisément, le cœur de la France ; même si des autres calculs le situe en divers lieux. L’écrivain journaliste va interroger les gens du village, humer cet endroit vallonné – bien loin du plat pays qu’il imaginait – pour y dresser une enquête sociétale au-delà des clichés. Car l’histoire de cette France du milieu est le carrefour d’une histoire française.



Le tournage de cette scène et François Truffaut prennent une large place dans cet essai aux côtés des habitants de Bruère et des souvenirs d’enfance de l’auteur. Cette dizaine de personnes interrogées est un échantillon représentatif des français moyens (sans aucune connotation péjorative) auxquels s’ajoutent quelques traits caractéristiques du Berrichon comme la simplicité, l’absence d’orgueil mal placé et la prudence.



Le lecteur fait donc la connaissance du maire Patrick Ciajolo (en 2016), de Madeleine Gilbert, la mémoire vivante de la commune, de Nicole et Didier du café central, Christine de l’agence postale, de Nicole… qui racontent leurs parcours respectifs et donnent leurs impressions sur cette vie villageoise où tout se sait, circule mais où il fait bon vivre par rapport aux grandes villes. Même si tous constatent le délitement du lien social, l’homogénéisation des territoires et la tendance cité-dortoir avec les nouveaux arrivants.



Ce cœur de la France a une longue histoire et Fabrice Lardreau nous apporte en apéritif des éléments pour que chacun puisse prolonger ensuite la dégustation sur place. À commencer par la fameuse colonne du centre de la France remontant au temps de l’empereur Caracalla jusqu’à sa position actuelle décidée en 1799 par le duc de Béthune Charost, un bienfaiteur de l’humanité et qui appartient à la grande histoire du château de Meillant situé à quelques kilomètres de Bruère. Autour, le prieuré d'Allichamps, l’abbaye de Noirlac, le domaine de Châteaufer et la ville de Saint-Amand-Montrond où le Grand Condé a laissé d’innombrables empreintes. Une région confrontée aux nombreuses guerres et qui se souvient, entre autre, des nombreux réfugiés espagnols envoyés sur ces terres.



Selon l’une de ses habitantes, Christine, on n’arrive pas dans le Berry par hasard… Et si tous les chemins menaient à Bruère-Allichamps ?
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Le lieu essentiel

Le livre " le Lieu Essentiel" de Philippe Claudel rassemble les entretiens de l'écrivain avec Fabrice Lardreau. Au centre de leurs échanges il y a l'essentiel, l'essentiel pour Claudel c'est la montagne, une présence de pierres, inerte pour un homme de science, vivante, envoûtante même pour l'alpiniste.



Mais que faire là-haut, comme perché au-dessus des hommes, contaminé par un virus, une passion, une addiction, ou poussé par l'appel insensé comme celui qui ronge la vie de la chèvre de Monsieur Seguin. Il faut avoir franchi les paliers de la démesure, pour commencer à percevoir les étoiles de midi, l’âme grisée par l'ivresse des cimes.





Philippe Claudel n'a jamais rencontré René Demaison, comme tous les grimpeurs il a abandonné la PA (Pierre Allain), pour la mythique RD, capable de faire tenir un grimpeur sur un gratton de 3 mm, comme sur le fil d'un rasoir.



Je déguste ces pages, comme si elle racontait ma propre histoire, tous ces noms, Rébuffat, Bonatti, Frison-Roche, je les ai caressés plus tard dans les livres, et notamment celui de Lionel terray « Les Vainqueurs de l'Inutile », dans lequel je plonge encore avec saveur.



Mon itinéraire d'escalade allait s'achever à 18 ans, au sommet des Ecrins, avec notre prof de français Pierre Gillet, après une belle diagonale derrière l'immense Paul Keller. Nous étions 10 bacheliers, autour de Pierre, dont Bertrand futur guide, qui réussira en solo la Croix de Fer ( https://www.dailymotion.com/video/x6uioc ).



Dans le récit de Philippe Claudel, j'ai toutefois un regret, il manque un regard, pour évoquer Gary Hemming, si proche de Demaison, et le héros de l'Annapurna Louis Lachenal, ou Armand Charlet le beau-père de Pierre Gillet, grand pionnier de l'alpinisme chamoniard.





Le dépassement de soi, selon Philippe Claudel, à travers le parcours initiatique que constitue la conquête d'un sommet vertigineux, est la grande vertu d'humilité, que nous enseigne la montagne. « Trouver la voie que ce soit sur une paroi ou dans un roman, procède d'une seule éthique, faire de la vie, l' essentiel ce que Bachelard appelle page 12 cette fameuse contemplation monarchique du monde.



Le conte d'Alphonse Daudet, en dit peut-être plus que tout autre parole, vivre la liberté, et accomplir ses rêves est plus important que tout autre chose, la mort inévitable de doit pas être un frein à notre liberté. "L'idéal de vie, c'est le monde vu d'en haut, au sommet, tout est grand, large, infini. Un infini enivrant que seule la mort est à même de borner", P117.



Les vainqueurs de l'inutile sont aussi les apôtres de l'indispensable, les vainqueurs du " Lieu Essentiel".



C'est un hymne à la vie que je salue avec bonheur, et un grand merci à masse critique de ce choix.

A lire aussi, pour prolonger cette féérie, de Jean-Claude Charlet de Fils en Aiguilles (éd A-O )

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Le lieu essentiel

Dans cette très belle collection, Fabrice Lardreau retranscrit ses entretiens avec des personnalités de lettres, des arts, des sciences ou du voyage, pour qui l'univers de la montagne tient une place prépondérante dans leur vie. En deuxième partie du livre, on retrouve quatre extraits d'ouvrages sélectionnés et commentés par l'auteur. Ces textes permettent de découvrir bon nombre de classiques, de Ramuz à Thomas Mann, en passant par Alphonse Daudet.

A travers ces conversations, Fabrice LARDREAU retrace le parcours de ces personnalités pour qui la montagne est source de joie, et bien souvent synonyme de souvenirs d'enfance et d'amitié.

La collection s'ouvre avec l'un de ces deux premiers titres :

"Le lieu essentiel" : entretiens avec Philippe CLAUDEL.

Lorsque l'on évoque Philippe Claudel, on pense à l'écrivain ou au cinéaste. Mais il est aussi un homme de la montagne. Pourtant né loin de celles-ci, il sera attiré déjà enfant de façon viscérale par la montagne. Songeant même un temps à devenir guide de haute-montagne, il s'adonnera à l'escalade, la randonnée et l'alpinisme. Passionné, il est aussi un grand lecteur de récits de montagne et plus particulièrement d'alpinisme, admirateur des grands pionniers en la matière. La montagne l'accompagne tout au long de sa vie car selon lui, c'est le seul espace où il peut pleinement être lui-même. Il évoque ainsi une belle métaphore musicale : "Cela peut se comparer, en musique, au moment où l'on prend un diapason pour avoir le la, avant d'accorder son instrument : je me trouve au diapason de moi-même en montagne. Elle me donne le la".
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Le lieu essentiel

Un livre à lire par tous les inconditionnels de l’écrivain. Philippe Claudel fait partie du Top 10 des écrivains qui me sont chers.

Le lieu essentiel édité par Arthaud dans sa collection Versant intime dirigée par Fabrice Landreau est, en partie, un dialogue entre celui-ci et Philippe Claudel.

La lecture de « Le lieu essentiel » m’a révélé des facettes méconnues de Philippe Claudel ; je l’appréciais beaucoup, je l’apprécie encore plus.

Ci-après un mot de l’auteur repris sur la 4ème de couverture :



« Ce qui me plaît dans la montagne

comme dans l’écriture, c’est de me trouver

confronté à quelque chose qui me dépasse,

de façon humaine, et d’essayer d’y trouver ma voie,

que ce soit sur une paroi ou dans un roman. »

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Le lieu essentiel

Ravie d'avoir déniché ce petit volume d'entretiens d'un auteur que j'apprécie tout particulièrement !



Un dialogue où Philippe Claudel nous dit avec ferveur sa passion de la

montagne, comment elle est née tout d'abord dans les livres... à

commencer par "La Chèvre de Monsieur Seguin"..., "Premier de Cordée"

de Frison-Roche, etc. et plus tard Dino Buzzati, Primo Levi, et tous les

écrits de Mario Rigoni Stern... ainsi que l'auteur suisse-allemand, Ludwig Hohl, avec son roman, "Ascension" (1975)...



De très belles analogies entre entre la montagne et l'écriture !!...



"(...) la montagne entretient de nombreuses analogies avec l'écriture : " Ce qui me plaît dans la montagne comme dans l'écriture, c'est de me trouver confronté à quelque chose qui me dépasse, de façon humaine, et d'essayer d'y trouver ma voie, que ce soit sur une paroi ou dans un roman." L'alpiniste et l'écrivain, des conquérants de l'inutile ?

Tous deux se rejoignent dans ce lieu essentiel, empreint de passion et d'humilité.------[Fabrice LARDREAU p. 8]



Il nous décrit aussi l'abondance de ses courses en montagne, à travers

la France mais aussi le monde...leur beauté, leurs difficultés, les rencontres, camaraderies créées lors de ces échappées vers les sommets ...



Je me presse de rédiger ces quelques brèves impressions sur ce très

intéressant volume, pour son auteur mais aussi pour cette collection

qui m'était inconnue, souhaitant offrir des textes de grandes figures

des Lettres, des Arts, Sciences & du Voyage, passionnés par la montagne

et plus largement par la nature !!



Ensuite je transmettrai et offrirai cet ouvrage à un ami jurassien, vrai

montagneux convaincu, amoureux des sommets... qui devrait s'enchanter de ces entretiens où la Montagne et la Littérature sont

les noyaux de ces lignes!



"Aller au refuge, y dormir, et aller en montagne plus généralement, c'est tenter de retrouver une forme de simplicité essentielle. Redéfinir ce que nous sommes, quels sont nos besoins vitaux. Quel bonheur d'être encore des lieux où les réseaux de téléphonie ne passent pas. J'apprécie cette coupure. Cet au-delà. Je suis conscient en disant cela peut-être décalé ou nostalgique, mais j'assume cette nostalgie. Une fois encore, je plaque sur le réel l'image décantée de mes lectures. J'ai toujours essayé de retrouver dans les refuges où j'ai dormi l'image archétypale du refuge littéraire découverte dans tant de livres." (p. 46-47)



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P.S : voir le lien pour le contenu de cette nouvelle collection, qui ne

comporte pour l'instant que deux titres: Michel Butor et Philippe

Claudel...

https://www.arthaud.fr/Catalogue/versant-intime













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Le lieu essentiel

“La montagne,....ne se confond pas avec un sport ou un « hobby ». Elle l’accompagne comme une terre de vérité, un lieu-refuge où l’on se sent enfin soi-même.” . Le « l’ » d’accompagne de la citation est Philippe Claudel, homme aux mille facettes et mille passions qui nous révèle ici un autre pan de sa personnalité, répondant aux questions de Fabrice Lardreau, écrivain et journaliste à La Montagne & Alpinisme. Claudel y ajoute vers la fin quelques textes avec commentaires, reliant montagne et littérature, qui l’ont touché, de Shelleys, d’A.Daudet, de Mario Rigoni Stern et de Ludwig Hohl.

Sa première image de la montagne remonte à son enfance. Une image littéraire, celle de la chèvre de Monsieur Seguin d’A.Daudet, qui malgré sa situation douillette dans la chévrerie, ressent l’appel de la montagne, hantée par le désir de l’ailleurs et de l’infini.

Adolescent timide, Claudel n’osant s’y aventurer, faute de moyens, une phrase simple de la réponse à la lettre qu’il ose envoyer à l’alpiniste René Desmaison , le lance à vie, à l’assaut des cimes, aussi bien au sens propre que figuré, “Quand on désire vraiment quelque chose, on peut y arriver.”........

Celles ou ceux qui ont lu et apprécié «  Les Huit Montagnes » de Cognetti, y retrouveront l’amour de la montagne, cette tentation de retrouver une forme de simplicité essentielle pour redéfinir ce que nous sommes et quels sont nos vrais besoins vitaux.



Le récit fluide d’”un fou de montagne”, qui se lit avec plaisir et intérêt.



“L’alpiniste et l’écrivain, des conquérants de l’inutile ? Tous deux se rejoignent dans ce lieu essentiel, empreint de passion et d’humilité.”

Fabrice Lardreau
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Le lieu essentiel

Fabrice Lardreau dresse, depuis une douzaine d'années, le portrait de personnalités des arts, des lettres, du cinéma, des sciences ou du voyage, en essayant de découvrir quelle importance la montagne a dans leur vie et comment elle l'influence.

Il a décidé de lancer cette collection joliment intitulée "Versant intime" dans laquelle il prolonge son travail en deux parties : une interview suivie d'une sélection de textes choisis et commentés par l'interviewé, morceaux de littérature de montagne importants pour lui.

C'est à travers "Le lieu essentiel" que je découvre la passion de Philippe Claudel pour la montagne, passion que j'ignorais totalement. Et vu la façon dont il en parle, pleine d'humilité, et ce qu'il en raconte, c'est un véritable amateur, au sens noble du mot.

J'ai pris un immense plaisir à parcourir ce livre dans lequel Philippe Claudel partage pêle-mêle des réflexions très personnelles : des souvenirs d'enfance, des alpinistes qui l'ont fasciné, des livres de montagne qui ont une importance particulière pour lui.

Le lieu essentiel m'a beaucoup touchée.

Tout d'abord parce que l'on sent tout au long du texte un véritable amour pour la montagne, un amour fou, un amour pur, l'amour désintéressé du vrai connaisseur. La passionnée que je suis ne peux qu'adhérer et prendre un immense plaisir à cette lecture avec laquelle je suis souvent rentrée en résonance.

Et puis, j'ai rencontré tout au long du livre un grand nombre de points communs avec l'auteur.

Quand Philippe Claudel parle de la chèvre de monsieur Seguin d'Alphonse Daudet, je retrouve ce qui m'avait tant plu dans cette histoire lorsque j'étais enfant. L'auteur a parfaitement exprimé ce que je ressentais et que j'étais incapable de formuler. C'est assez troublant de lire les mots d'un autre et de penser : "Mais voilà, c'est ça ! C'est exactement ça !"

Plus encore.

Quand Philippe Claudel parle des cueillettes de myrtilles de son enfance, je me rappelle les miennes qui m'enchantaient tant et pour lesquelles j'aurais pu marcher des heures.

Quand Philippe Claudel évoque le "plaisir simple et puissant à marcher sur des sentiers de randonnée", je songe à celui que j'éprouve en marchant en montagne l'été.

Quand Philippe Claudel cite les grands alpinistes dont les récits l'ont "nourri", je retrouve mes lectures.

Tant de similitudes, c'est plutôt déconcertant, et cela a rendu cette lecture très spéciale.

Je n'ai ni le niveau littéraire, ni le niveau d'alpinisme de Philippe Claudel, qui a de très belles courses à son actif, mais suis enchantée de me découvrir tant de points communs avec lui. Et ravie d'avoir lu sous sa plume de si belles réflexions.

Pour qui aime la montagne, ce livre est un régal.

À ceux qui ne la connaissent pas bien, il pourra donner envie de partir à sa rencontre. Ce n'est pas compliqué, pas besoin de s'attaquer à l'Everest ! Un "simple" sentier de randonnée peut procurer d'immenses plaisirs, l'auteur l'exprime très bien dans son livre.

Un grand merci à Babelio et son opération Masse critique, ainsi qu'aux éditions Arthaud pour ce livre passionnant, qui est de plus un très bel objet à la couverture particulièrement réussie.

Je termine l'écriture de ce petit billet lundi 26 mars 2018 et ne peux m'empêcher de rajouter ce qui suit.

Oui, la montagne est bien ce lieu essentiel dans lequel j'aime me ressourcer. Ce lieu dans lequel, hors de l'agitation frénétique de notre monde, je peux véritablement penser. Et Dieu sait si c'est indispensable en ces temps sombres où un "humain" est capable d'en égorger froidement un autre tandis qu'une vieille femme est tuée avec pour seul motif son appartenance à une religion.
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