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Critiques de Feiyu Bi (38)
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Don Quichotte sur le Yangtsé

Le buffle est sous le joug du paysan chinois, et le paysan chinois est sous le joug de la révolution culturelle...

Le buffle... appartient à l' État.

Ainsi va la Chine des campagnes des années 60 et 70, dans laquelle se déroule l'enfance de l' écrivain Bi Feiyu.

Habitat, cultures, bêtes et gens sont décrits et racontés dans cette vie d'enfant pauvre qui n'oubliera jamais. Mieux, qui l'offre aux lecteurs dans un livre envoûtant et captivant.

Il y a beaucoup de jeux et d'émerveillements, chez l'enfant Bi! En cela, les enfants de tous les pays diffèrent et se ressemblent.

Bi Feiyu sait d'où il vient, de ce monde paysan dur à la tâche et affamé. Un milieu aux codes et coutumes ancestraux adaptés à la Révolution culturelle menée d'une main de fer par Mao Tsé Toung.

Un beau livre, qui me donne envie de continuer la découverte d'un auteur habité.
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Les aveugles

Le titre français (bien différent du titre chinois Tui Na, qui est un type de massage chinois) résume bien le projet de l'auteur : nous faire partager le quotidien, les impressions, les modes de vie des aveugles. Il y parvient parfaitement puisqu'on est souvent surpris et qu'on réussit à mieux comprendre ce que peut être la vie des non voyants. Le souci est qu'un projet ne fait pas forcément un roman.



L'auteur choisit différents archétypes : le non voyant de naissance; la mal voyante, qui n'est donc pas totalement une aveugle aux yeux des autres; le non voyant à la cécité provoquée par un accident tardif et qui garde sa jovialité de sa personnalité valide; le non voyant à la suite d'une maladie de l'enfance qui se renferme dans son handicap. Même si elles sont plutôt bien dessinées, les personnalités diverses semblent plus être là pour servir de support au propos qu'en tant qu'existences consistantes. Même les situations d'interactions entre les personnages semblent être choisies par souci de démonstration (les rapports employeurs aveugles et employés valides; les relations de couple entre non-voyants...) et on a d'ailleurs du mal, sauf vers la fin, à saisir le salon de massage où cohabitent tous ces personnages comme un ensemble. Le choix des chapitres pouvant presque se lire comme des nouvelles indépendantes, surtout au début, contribue forcément à cette impression. Du coup, l'émotion recherchée dans le final ne fait pas mouche, en tout cas pour moi. Je n'étais pas assez attaché aux personnages pour cela.



Le contexte historique, pourtant intéressant en plein rattachement de Hong Kong à la Chine, est lui aussi sous-exploité à mon sens.Heureusement le livre reste intéressant également pour la découverte de certains pans de la culture chinoise, tels ce massage tui na, basé sur les points d'acupuncture.
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L'opéra de la lune

Xiao Yanqiu avait tout pour elle : la beauté, la gloire assurée et par conséquent l'argent et la renommée mais c'était sans compter sur son caractère vif et d'une jalousie excessive envers ses concurrentes sur le devant de la scène de l'opéra de Pékin. Aussi, la jeune femme, après avoir commis une erreur que son metteur en scène ne peut lui pardonner, se voit contrainte de se reconvertir et de continuer sa carrière en tant que professeure d'opéra.



On dit que le le temps efface toutes les douleurs et les déception mais ceci est dans la théorie. La pratique est toute autre car bien que mariée et mère à son tour, Xiao Yanqiu pensait avoir fait son deuil de la scène jusqu'au jour où, vingt ans plus tard, un P.D.G extrêmement riche et influent contacte son ancien metteur en scène afin que celle-ci remonte sur les planches et interprète de nouveau le fameux personnage Chang' E dans L'opéra de la lune. Elle se laisse à nouveau envahir par cette ivresse et toutes ses jalousies, même à l'encontre de ses meilleurs élèves, remontent à la surface car, une fois qu'elle est sur scène, le monde environnant n'existe plus pour elle.



Bref roman à l'écriture fluide et légère, ce dernier incite néanmoins le lecteur à réfléchir sur le sens que l'on veut donner à sa vie et nous met en garde sur le danger de la célébrité et sur les actes insensés que celle-ci peut pousser l'être humain à accomplir.

Une jolie découverte !
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Don Quichotte sur le Yangtsé

Le romancier chinois BI Feiyu se livre ici à l'exercice de l'autobiographie, nous narrant ses souvenirs d'enfance. Et qu'est-ce qui peut bien marquer une vie d'enfant de la campagne, qu'il soit occidental ou chinois ? Evidemment les parents, les petits copains et copines, la nature et les animaux…Rien donc d'absolument original en apparence, mais ce témoignage est cependant intéressant car très instructif sur la société chinoise des années Mao et post-Mao.



Les premières pages sont dédiées à une forme d'hommage à ses parents. C'est une plongée empreinte de tendresse, de respect, d'expression pudique de l'amour pour ses parents, pour sa famille en général et pour ces paysans méritants dans leurs conditions de vie très modestes. Des objets très simples, qu'ils ont souvent fabriqués eux-mêmes, prennent ainsi une valeur particulière. Par ailleurs, l'auteur, dont le père était « droitiste » (traduire pas totalement bien orienté politiquement aux yeux du Parti) assume une critique ouverte de la période de la révolution culturelle de Mao.



La simplicité de l'écriture, au sens noble du terme, est la principale qualité du style. Elle fait particulièrement son effet dans les nombreux passages consacrés à la nature, aux plantes et surtout aux animaux : souvenirs de curiosité et d'excitation enfantines, mais aussi hommage à ce qu'ils apportent à l'humanité : des moineaux aux libellules rouges, des sangsues aux buffles en passant par les cochons, dont il livre une description très intéressante du rituel de mise à mort à la ferme...

L'écrivain nous livre aussi des scènes de la vie paysanne chinoise, de la fabrication du tofu aux cérémonies d'enterrement, en passant par le lit...



Son regard est sans atermoiements, mais il pointe quand même une note de nostalgie d'un monde en passe de disparaître, du fait de l'urbanisation et de la transformation des liens familiaux.



Le récit manque un peu de force et de tension, pas d'aventure périlleuse pour le gamin que fut l'auteur, par exemple. Il ne se met pas en scène, mais raconte plutôt la vie paysanne comme il l'a connue enfant, en la racontant comme un documentaire…Les thèmes et scènes se succèdent sous forme de courts (parfois très courts) chapitres comme pour balayer l'ensemble du champ de leur vie. L'ensemble est assez complet, très instructif et agréable à la lecture. L'auteur en profite pour livrer sa vision "intellectuelle" du monde. Un bon livre, à l'écriture simple et qui fait mouche, mais où l'émotion reste trop en retrait peut-être.

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Don Quichotte sur le Yangtsé

Don Quichotte sur le Yangtse est en fait un auto biographie de l'auteur.

celui revient sur son enfance qui l'a amené à déménager fréquemment, son père ayant été attrapé par le régime de Mao en 1957 en tant que droitiste et donc condamné à une vie encore plus pénible , si c'est possible, que le Chinois de base de l'époque.

L'auteur revient sur son enfance à travers de courts chapitres : Sur la façon de s'habiller, de jouer, ses liens avec les animaux, les lieux importants de son enfance. Il dresse bien entendu un constat " noirissime "de la politique menée à cette époque.

On est dans une société où rien n'est impossible pour se nourrir , la faim étant le lien entre beaucoup de ces histoires.

L'auteur nous plonge dans le quotidien d'une famille classique de la campagne chinoise.

Il dresse , même si ce n'est pas le but , un parallèle avec ce que ressent son propre fils , né en 1997, à un moment "où la société rurale chinoise n'existe plus".

Ces instantanés sont culturellement enrichissants , et relativisent encore plus si l'en est, nos petits soucis quotidien même si la Chine actuelle n'a plus grand chose à voir avec celle de 1970.

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L'opéra de la lune

Xiao Yanqiu, 20 ans après ses débuts prometteurs, s'apprête à jouer enfin L’envol vers la lune, une pièce que lui tenait à coeur. Cette fois-ci, elle se retrouve dans le rôle du professeur. Mais l'envie de jouer est plus forte et elle est sur le point de refaire les erreurs du passé… Belle petite histoire sur les notions de partage, de respect de l'autre et de soi.
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Les aveugles

Je ressors assez mitigée de cette lecture. D'un côté, j'ai été emportée dans un univers qui m'a totalement dépaysée en enchantée, de l'autre, les longueurs trop nombreuses m'ont gâché mon plaisir.

Ce roman nous plonge en Chine, dans un centre de tuina, autrement dit un centre de massage, dont les employés sont aveugles. On découvre alors les petites joies et les malheurs de ces non-voyants qui évoluent dans un monde qui nous est totalement inconnu pour nous, voyants.

Les personnages sont hauts en couleur et l'auteur les cerne d'une manière bien subtile. Même si, au final, leurs aventures n'ont rien d'exceptionnel, on aime suivre leurs histoires de cœur, leurs problèmes de famille et d'argent...

Après tant de détails, la fin m'a semblé trop abrupte. C'est peut-être aussi car je ne voulais pas quitter tous ces personnages et continuer à les espionner au gré des pages... ce qui est plutôt positif!
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La plaine

C'est une des choses que je retiens de la lecture de ce roman extraordinaire.

Qu'avons nous retenu de cette période qu'est la révolution culturelle chinoise, nous, Européens ?

Un cauchemar pour les intellectuels :dénonciations par leurs propres enfants, par leurs élèves,

rééducation forcée, maltraitances publiques, lavages de cerveaux à grande échelle.

oui

Mais j'ai découvert autre chose :

l'humour des paysans pauvres de "La plaine", hier derniers des derniers et au lendemain de la révolution crème de la crème,mais incapables de dépasser des millénaires de culture et de règles bien établies, incultes et misérables mais suffisamment rusés pour détourner, arranger à leurs sauces toutes ces règles et lois édictées par ce cher Mao.

On rit, on s'étonne de ces histoires individuelles dans un village qui par certains côtés

me fait penser à un village gaulois ...

Et tout cela se dégage d'une écriture limpide et poétique en opposition totale avec le sujet :

plus de livres, plus d'intellectuels, plus rien....juste des hommes et des femmes qui doivent travailler la terre.

C'est un beau roman plein de belles histoires tristes et drôles tout à la fois.
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Don Quichotte sur le Yangtsé

Au fil des pages, le petit Don Quichotte devenu homme et père de famille se dévoile. Il puise dans sa propre éducation, dans le sens qu'il accorde au mot valeur, dans ses souvenirs de témoin privilégié de la souffrance de ses proches, pour inculquer à son fils une éducation respectueuse et soucieuse de ses racines campagnardes.
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De la barbe à papa un jour de pluie

Magnifique petit livre qui dépeint en touches délicates la vie brève de Hongdou, un ami du narrateur, à l'âme d'artiste, mais dont le père, ancien combattant de la guerre de Corée, veut faire un héros. Hongdou ira donc à la guerre à son tour et en reviendra détruit.
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L'opéra de la lune

Je ne connaissais pas du tout Bi Feiyu, l'auteur de ce (court) roman. Il concerne le milieu de l'opéra de Pékin. Ce genre de spectacle, codifié et subtil, fait partie intégrante de la culture chinoise, mais il est méconnu du public occidental. En prologue, on pourra glaner quelques informations précises à ce sujet.

L'héroïne s'appelle Xiao Yanqiu. Quand elle était encore jeune et belle, elle a démontré toutes ses qualités dans le rôle de Chang'e, le personnage principal du célèbre "Opéra de la lune". Mais, d'emblée, elle a gâché sa carrière par une violente réaction de jalousie. Elle a donc cessé de se produire, devenant professeure d'opéra. Or, vingt ans après, une nouvelle opportunité se présente à elle: un PDG fortuné, qui veut revoir Xiao Yanqiu dans le rôle de Chang'e, finance une nouvelle production. L'actrice désire réaliser à nouveau son rêve, qui doit lui permettre de se transcender. Mais elle a vieilli et s'est empâtée. Et surtout, on ne se refait pas. Sa jalousie et son narcissisme refont surface…

Sur ce canevas très simple, Bi Feiyu a écrit un roman réussi. On pénètre dans cet univers particulier de l'opéra de Pékin, on entrevoit des aspects de la société chinoise et on suit le parcours compliqué et douloureux de l'héroïne. Je recommande ce livre.



P. S. Ce nom de Chang'e me disait quelque chose. J'ai vérifié: c'est le nom que les Chinois ont donné à plusieurs sondes qu'ils ont récemment envoyé sur la Lune.

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L'opéra de la lune

Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu de livre de Bi Feiyu. J'ai trouvé le thème de celui-ci très intéressant puisqu'il est centré sur l'opéra de Pékin mais aussi et surtout sur l'ambition et ce que l'on est prêt à faire pour assouvir ses passions et ses rêves.

Le personnage de Xiao Yanqiu est complexe, elle apparaît tantôt touchante tantôt froide, avide de célébrité et déçue de son destin brisé. Sa vie ne fait aucun sens pour elle, loin des planches. Cette femme est impulsive et ne réfléchit pas à la portée de ses actes, n'ayant que le rôle de Chang'E en tête. J'ai particulièrement aimé la réflexion autour de cette passion sans limite pour ce personnage qu'elle considère incarner. Elle le dit elle-même "je suis Chang'E". Passion qui pourrait mener à la folie ?
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L'opéra de la lune

Xiao Yanqiu a été une grande actrice de l'opéra de Pékin, elle a incarné le personnage de Chang'E dans l'Opéra de la lune. Mais un jour, son orgueil lui fait commettre un acte impardonnable et cela brise sa carrière. Depuis elle est professeur, s'est mariée, a une petite fille. Vingt ans après on revient la chercher pour interpréter ce même rôle...



C'est un roman court mais fort. On assiste à la lutte intérieure de cette femme pour tenter de dominer les démons qui la hantent, qui un jour ressurgissent et lui font perdre pied. On la sent parfois au bord de l'explosion, on la voit, impuissant, se débattre contre sa nature et sombrer petit à petit. On est dans sa tête, BI Feiyu a beaucoup de talent pour nous faire partager les arrière-pensées de ses personnages.



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La plaine

J'avais déjà lu un autre livre de cet auteur qui s'intitule Trois soeurs et j'escomptais avoir la même qualité. Hélas, je suis extrêmement déçue! L'auteur nous raconte ici globalement la vie quotidienne d'un village en Chine avec son lot de superstitions et de croyances. On découvre par exemple les coutumes liés au mariage, la prééminence du Parti sur la vie des gens, le type de diplomatie (qui est très ambiguë), la vie quotidienne rythmée par les saisons, les liens au sein de la famille ou des habitants du village...Il n'y a pas vraiment de héros dans cette histoire puisque l'auteur s'attarde sur la plupart des membres du village par l'intermédiaire de petites anecdotes qui s'enchaînent. C'est dommage car les traits psychologiques sont bâclés. A vouloir tout raconter, l'auteur finit par trop caricaturer les villageois : tous les cinquante pages, on a droit à des scènes sexuelles qui sont souvent répugnantes ou des détails sur l'hygiène qui sont épouvantables sans oublier quelques scènes de torture ou de viol...

Le personnage principal lui est plat, sans grande consistance. Je ne l'ai pas du tout trouvé attachant et d'ailleurs, le semblant d'histoire d'amour et de tragédie introduit dans le livre est vraiment peu convaincant. Vers les 100 dernières pages, on sent que l'auteur s'essouffle et n'a plus aucune inspiration: cela donne une fin négligée et incohérente.

Bref, je n'en dirais pas plus mais je vous déconseille fortement ce livre, sauf si vous désirez découvrir un peu la Chine après la Révolution culturelle.
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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La plaine

Après 2 ans d'absence le jeune Duan Fang retourne dans son village. Au fil des saisons nous le suivons dans sa redécouverte de la vie aux champs, à travers l'amour qu'il porte à une jeune fille qui ne lui est pas destinée, sa lutte pour échapper à un destin tout tracé.

Dans le village, toutes les hiérarchies, tous les codes sociaux et même les relations familiales ont été bouleversés par la révolution culturelle.
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Les aveugles

C'est donc un mystérieux théâtre d'ombres qu'explore le romancier, un univers où les parfums, les sensations et les émotions prennent de nouvelles dimensions. Et où les critères de la beauté doivent être redéfinis : si elle n'est plus perceptible, "il faut seulement savoir la comprendre", explique Bi Feiyu, qui parle remarquablement de la quête intérieure de ses personnages.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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Don Quichotte sur le Yangtsé

Bi Feiyu nous livre ici un beau témoignage sur une enfance campagnarde dans les années 60-70. Intellectuel, né en 1964, il grandit pourtant dans un petit village dans la région de Xinghua. Son père, jugé comme droitiste, a été relégué et la famille survit désormais grâce à sa mère, enseignante. La vie est dure et la faim tenaille les ventres. Leurs possessions se limitent au strict minimum.



Pourtant le futur écrivain s’adapte à ces conditions de vie difficiles. Sa vie d’enfant se ponctue de petits bonheurs, faits de peu. Bi Feiyu ressuscite ces moments souvent innocents, mais parfois coupables. Enfant désobéissant, il joue dehors où tout est prétexte à jeu : grimper dans les muriers, courir dans les champs ou les rizières, chasser les nuisibles moineaux, rechercher des images dans les nuages. Les petites possessions font les grands trésors. Les sangsues malaxées deviennent des billes, les précieuses fèves accumulées une par une. C’est l’époque où l’on rêve d’aventures héroïques à dos de buffle, tel Don Quichotte. On divertit son ennui avec le moindre « évènement » : le cochon qu’on tue, la truie qui met bas, le tofu qu’on fabrique au moulin, les immenses chantiers hydrauliques qui monopolisent des milliers d’hommes, les enterrements.



Mais à travers ce récit d’enfance ponctué de mélancolie, se dessine en creux le portrait d’une Chine miséreuse écrasée par la révolution culturelle de Mao. Car c’est une vie où posséder est mal vu. Avoir trop de cochons, utiliser le « je », réservé à l’autocritique, à la place du « nous », les réunions publiques politiques obligatoires pour réhabiliter quelque peu une famille sacrifiée à cause du droitisme de l’un de ses membres, l’impossibilité d’envoyer tous les enfants à l’école qui impose de faire des choix. Bi Feiyu, avec son regard d’enfant, a perçu toute les difficultés d’un régime où l’individu n’existe pas. Il évoque le passé condamné de son père, obligé de changer de nom et termine surtout ses mémoires avec l’évènement le plus crucial de son enfance. Un camarade de jeu avec qui il avait pour habitude de se bagarrer devient la cible de son directeur d’école. Un simple slogan réactionnaire et voilà les enfants chargés de condamner et dénoncer leur ami dans le cadre d’une commission d’accusation. Accusations mensongères d’un enfant de 12 ans qui marquent une vie détruite et poursuivent encore son auteur d’une culpabilité profonde.



Bi Feiyu a l’art de ressusciter une époque avec brio. Il met l’accent sur les émotions, les sensations, évoque la nature, les animaux et cette vie simple au cœur d’une campagne à la fois nourricière et terriblement affamante. Sans appuyer sur les travers d’une société archaïque régie par une administration maoïste rigide, il sait pourtant mettre l’accent sur les petits détails qui révèlent le poids d’un pays où « pour être en paix, se méfier de soi-même ». Car tout pourrait recommencer un jour…



Un récit de grand valeur qui en dit bien plus sur l’histoire de la Chine et les conséquences durables des bouleversements politiques et humains, que ce qu’il laisse paraître.
Lien : http://grenieralivres.fr/201..
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Trois soeurs

Trois soeurs, trois visages de la femme chinoise ; trois tentatives d'échapper à la campagne. Quand on n'est que l'une des sept filles, autant dire pas grand-chose, quelle voie s'offre à vous ? Yumi, l'aînée, choisit la dignité : le mariage, le pouvoir, c'est la même chose. Yuxiu, la troisième, choisit de plaire : être désirée, être choyée, c'est la même chose. Yuyang, la septième, choisit l'école : apprendre, partir, c'est la même chose.

Destins brisés, mais reforgés : à qui perd gagne, toutes sont très fortes.

Péripéties burlesques, détournement des pensées maoïstes, on y rit, on y pleure, on découvre une Chine où communisme et tradition se renforcent pour sceller le sort de chacun.

On est touché par Yuyang, on a du respect pour Yumi ; Yuxiu perd tout à son jeu.

Un livre qui donne une image nuancée de la Chine communiste.
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Les aveugles

Bi Feiyu nous plonge dans l'univers d'un centre de tuina. Le tuina : ce sont des massages thérapeutiques relevant de la médecine traditionnelle chinoise.

La particularité de ce centre, c'est que les patrons et les masseurs sont aveugles.

Ce roman est un huis-clos qui se déroule dans l'institut de massage ou dans les chambres des employés qui font partie intégrante du centre.

BI feiyu nous fait vivre le quotidien de tout ce petit monde -- comment ils sont arrivés ici à Nankin, leurs joies , leurs peines, leurs difficultés à se faire une place dans le société chinoise, leurs histoires d'amour...

Le monde n'est pas tendre pour les aveugles mais ils se révèlent pleins de ressources et de détermination pour faire leur chemin dans la vie.

Chaque paragraphe met à l'honneur un ou plusieurs employés et c'est ainsi par petites touches que le centre prend vie sous nos yeux.



Les portraits sont drôles, touchants. C'est plein d'humour, de tendresse aussi.
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Trois soeurs

Le roman se compose de trois chapitres : le premier nous parle de Yumi, la fille ainée d'une famille de 8 enfants (7 filles et un garçon), le second chapitre de Yumi et de Yuxiu (la 3ème fille, séductrice, qui sait se faire aimer de tous) et dans le troisième, on suit Yuyang, la 7ème fille, douée mais maladroite, très touchante. Les 2 premières histoires ont lieu en 1971 dans un village et en ville et la 3ème dans les années 80, à l'école normale.



J'ai suivi avec beaucoup de plaisir l'évolution de ces jeunes filles, intelligentes et volontaires qui s'efforcent de vivre dans un milieu qui ne leur est pas familier. On apprend sur l'organisation du travail dans le village et en ville, le quotidien et le fonctionnement de l'école avec ces nombreux comités dont certains membres sont prêts à tout pour "servir la cause de l'organisation".



J'ai particulièrement aimé le personnage de Yumi, la grande fille, secrète, mature, avec sa colère contenue elle ne perd jamais la face. Elle voue une haine féroce aux maîtresses de son père, un coureur de jupons. Quelle puissance de regard lorsqu'elle fait le tour du village, son petit frère dans les bras pour regarder fixement ses maîtresses ! cette dénonciation silencieuse est très efficace et n'échappe à personne. La puissance du regard est également bien restituée dans la lutte de pouvoir entre les deux soeurs ennemies, Yumi et Yuxiu.



J'ai beaucoup apprécié l'écriture de Bi Feiyu, il y a un vrai ton ironique et savoureux. On a le droit à des scènes cocasses qui mettent en scène les hommes surtout. Mais lorsqu'il parle des trois soeurs, son regard se fait plus tendre.



Et tout ceci au rythme des maximes de Mao qui sont très bien intégrées au récit !



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