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Critiques de Florence Aubenas (557)
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L'inconnu de la poste

C'est une minutieuse enquête comme sait les mener une journaliste de talent mais c'est écrit comme un roman.

Un écorché vif, un enfant de la Dass qui eu son heure de gloire, un César du plus jeune espoir masculin mais cela ne suffit pas à réparer, à rassurer et à apaiser.

De films en hôpitaux psychiatriques, de tentatives de suicide en addictions, Gerald Thomassin a du mal à vivre.

Alors quand une postière est sauvagement assassinée, il a une tête de coupable idéal mais ce n'est pas si simple.

Florence Aubenas raconte cette histoire en se mettant dans la tête des protagonistes. C'est triste et émouvant. Que d'enfances fracassées qui engendrent des adultes vulnérables et bousillés.

Une lecture non fictionnelle poignante malgré quelques petites longueurs.

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Le Quai de Ouistreham

La journaliste Florence Aubenas débarque à Caen avec un CV indiquant un baccalauréat et 20 ans de femme au foyer. Elle sera disponible et acceptera n'importe quelle offre ( hors particuliers), l'expérience se terminera le jour où elle obtiendra un C.D.I.

Initiative courageuse mais visiblement , vu le nombre et la teneur des critiques, discutable. Ce livre, très facile à lire, jamais ennuyeux est le journal de bord de l'aventure : pas de plan défini donc mais des scènes, des journées... Pas trop de "moi je ", Florence Aubenas laisse une place importante aux expériences de ses "camarades" d'infortune. Par contre, je suis comme vous, un peu perplexe...j'aurais été curieux de voir le CV de Florence Aubenas, difficile pour elle de masquer une éducation d'un autre milieu, une certaine prestance, une culture... Gêné aussi parce que son expérience, même si les conditions de travail sont déplorables, démontre une certaine facilité à décrocher le fameux sésame. Est-ce que ça se passe vraiment comme ça pour quelqu'un issu d'un milieu "défavorisé", avec des enfants ?

Autre chose : Florence Aubenas ne signera pas le C.D.I. pour ne pas en priver quelqu'un qui en aurait plus besoin qu'elle, bien, mais toutes ces heures qu'elle a faîtes ?

Allez, un dernier reproche, j'aurais aimé connaître l'après révélation...beaucoup trop succinct !! Pressée de boucler le livre ?

À côté de ça, ce livre démontre qu'il existe encore une certaine solidarité parmi ces gens, Florence Aubenas empruntera une voiture du jour au lendemain à des "amis d"amis", que malgré un dénuement extrême ils savent encore partager, que le syndicalisme ne signifie plus rien pour eux, ils semblent assez désabusés...

Malgré mes réserves, je ne regrette absolument pas cette lecture, ce livre à au moins le mérite de pousser à la réflexion sur un grave problème de société. Merci madame Aubenas.

3,5/5

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Le Quai de Ouistreham

Grand reporter au Nouvel Observateur, la journaliste Florence Aubenas a toujours, dans les nombreuses affaires qu’elle a couvertes, revendiqué d’un engagement citoyen, d’une volonté de faire entendre les voix de ceux que l’on n’entend jamais.

Reportages en Afghanistan ou au Rwanda, otage en Irak en 2005, procès d’Outreau, conditions de détention dans les prisons….elle a été de tous les combats sociaux, sur tous les fronts, et est devenue l’une des figures majeures du journalisme d’investigation en France.



Parce que ces derniers temps on a beaucoup parlé de la crise, elle a décidé de mener sa propre enquête pour témoigner de ce qu'est, aujourd'hui, le marché du travail dans la France d'en bas.

Comme en son temps le journaliste indépendant Marc Boulet avec « Dans la peau d’un Intouchable » ou l’allemand Gunther Wallraff avec « Tête de turc », c’est un travail en immersion qu’a réalisé Florence Aubenas, au plus près de la « basse humanité », à savoir la cohorte des anonymes qui se démènent sans compter pour moins de 700 € par mois.

Elle est donc partie dans une ville française, rechercher anonymement du travail.

C'est dans la ville de Caen qu'elle a posé ses valises et s'est inscrite au chômage avec pour mission d'arrêter son enquête le jour où elle trouverait un CDI.

Sa quête a duré 6 mois, de février à juillet 2009. Ce récit raconte son parcours.



Propos pertinents, observations justes et subtiles des aberrations du système, portraits plein de finesse, de sensibilité et de drôlerie de ses compagnons d’infortune, Florence Aubenas s'est très consciencieusement immergée dans son rôle de femme sans qualification en recherche d'emploi.

Des rendez-vous à Pôle-Emploi en passant par les réunions de formation ou les salons de l'emploi, c'est le long chemin de croix du chômeur que l'auteur nous raconte, un véritable parcours du combattant, une quête chaotique et bancale pour trouver ce qui, aujourd'hui, fait de plus en plus défaut : un travail sûr et stable, un CDI.

A la clé, c’est bien souvent un emploi des plus précaires, tout au plus quelques heures de ménage où il faudra avaler plusieurs dizaines de kilomètres de bitume, que les plus chanceux arriveront à dégoter sans se plaindre, avec cette incroyable énergie dont savent faire preuve les plus démunis.

Qu’on ne se méprenne pas, « Le quai de Ouistreham » n’est pas un livre triste destiné à faire pleurer dans les chaumières.

Bien au contraire, ce récit profondément sensible et humain, qui se lit avec la facilité d’un roman, est un récit de vie dans lequel Florence Aubenas, avec une grande empathie, sait montrer les petites joies, les faiblesses, les déterminations, le sens de la débrouille et du partage.

Un témoignage social que l'amitié et la solidarité viennent alléger…en pied-de-nez.

Un livre authentique que beaucoup devraient lire….

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L'inconnu de la poste

Evidemment lors de ma lecture j'ai pensé à "Laetitia" d'Ivan Jablonka. Même principe : un fait divers qui génère une étude sociologique.

Dans les deux cas : une femme tuée. Le meurtrier, désolée messieurs, certainement un homme.

Ici un dossier vieux de 10 ans toujours pas jugé. Un coupable idéal sans preuve. Un dossier monté à charge.

.

Florence Aubenas a toujours cette plume fluide et élégante. C'est toujours un plaisir de la lire. Là elle nous parle de la Justice qui broie, qui détruit. Ici les gendarmes ont un candidat en or comme coupable, un pauvre gars, auréolé d'un César de meilleur espoir, mais tombé dans la drogue, l'alcool, la déchéance qui répondent à une enfance particulièrement difficile.

Le mécanisme de destruction est finement détaillé. Chronique d'une vie gâchée... Quelle tristesse.....
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Le Quai de Ouistreham

Florence Aubenas, dont le visage avec ses beaux yeux bleus est pourtant bien connu à cause de sa détention comme otage, se glisse dans la peau d'une femme de ménage complètement anonyme!

Son expérience donne encore à réfléchir sur les injustices qui subsistent dans notre pays "des droits de l'homme". Quand on n'appartient pas à cette classe socio-économique, on est plongé dans des réalités très dures.

Je suis admirative devant le courage de beaucoup de mal-lotis en France.
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L'inconnu de la poste

En rencontrant Gérald Thomassin, Florence Aubenas lui a expliqué qu’elle n’écrirait pas sa biographie mais un livre sur “l’assassinat d’une femme dans un village de montagne, affaire dans laquelle il était impliqué.”

Alors faisons un rapide point biographique Wikipédia. Thomassin est l’acteur principal du film “Le petit criminel” de Jacques Doillon.

Sa prestation lui vaut le César du meilleur jeune acteur masculin en 1991.

Tout en menant une vie marginale, il continue à tourner de manière irrégulière.

Il est accusé du meurtre de Catherine Burgod, commis en 2008 à la poste de Montréal-la Cluse.



Le reste, vous le trouverez dans ce récit journalistique très documenté et pourtant captivant.

Pour le rôle d’un gamin paumé qui fait un braquage pour retrouver une demi-sœur inconnue, Jacques Doillon voulait un acteur jeune et vrai, “pas un petit bourgeois parisien qui jouerait les prolos” dira-t-il. Le cinéaste s’est mis alors en tête de trouver son “petit criminel” dans les centres pour mineurs de la région parisienne. “Au foyer, un éducateur propose de présenter Thomassin à l’équipe. D’ailleurs, il n’en voit pas d’autre. On court chercher le gamin, qui tire franchement la gueule d’avoir été interrompu dans un jeu de copains. Il va sur ses seize ans, l’air d’en avoir douze. Un casting ? Le mot lui est inconnu, il croit à un examen médical. Il finit par se décider, en apprenant que le studio pour les essais se trouve sur les Champs-Elysées ? Voilà qui est plus excitant.”



Florence Aubenas ne veut pas imposer une analyse psychologique, ni son point de vue, elle met en lumière des personnages avec acuité.

Elle illustre sans concession l’itinéraire erratique de Thomassin mais aussi le combat du père de la fille assassinée et toute la société de cette petite ville de l’Ain.



La qualité de l’auteur est de rester sur le fil l'écriture journalistique avec ses informations mais aussi ses manques et de nous passionner pour cette histoire à hauteur d’hommes et de femmes qui sonne vrai.



Je rajoute une demi étoile à ma notation initiale pour essayer de vous persuader de toutes les qualités de ce travail d’investigation qui m’a passionné.

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L'inconnu de la poste

Nouvelle immersion pour Florence Aubenas qui revient sur un fait divers, qui si, au niveau national est probablement passé complétement inaperçu a fait grand bruit dans la petite ville de Montréal la Cluse et alentours.

La victime : Catherine Burgod assassinée de 28 coups de couteau dans son minuscule bureau de poste pour moins de 3000 francs. La quarantaine, belle, du caractère, enceinte.

Le coupable idéal : Gérald Thomassin, marginal, alcoolique, toxico, acteur de 21 films, ayant remporté un César...

Voilà les éléments posés.

Pour reconstituer cette histoire Florence Aubenas va aller à la rencontre de tous les protagonistes concernés de près ou de loin par cette affaire et dresser le portrait d'une minuscule ville de province et de ses habitants. Elle reconstitue chronologiquement l'affaire, du crime aux soupçons de plus en plus fermes envers Thomassin jusqu'au dénouement final du coupable révélé.



Elle s'attache surtout à rendre son récit vivant par de petites remarques, révélations qui vont donner du corps aux personnages. Ainsi Thomassin est gentil, mais instable et déconcertant. Quand il est invité par une petite amie potentielle "Soigneusement habillé, poli comme toujours, il a apporté un cadeau à la jeune femme : deux paquets de cuisses de grenouilles surgelées." Quand il est interné dans un hôpital psychiatrique : " Une infirmière s'arrête : "Mais je vous reconnais ! Vous êtes déjà passé ici. (...) On ne vous a pas oublié M. Thomassin. Bienvenue. - Moi aussi ça me fait plaisir" Beaucoup trouveraient la situation désespérante. Thomassin, lui, se met à tapoter son oreiller, en homme qui prend ses quartiers en terrain familier".



On devine l'empathie de Florence Aubenas pour les petits, les sans grade, les laisser pour compte : les ouvriers du plastique de cette région qui a tout misé sur cette activité au risque, en cas de ralentissement économique, de laisser tout ce petit monde sur le carreau, les marginaux quasi SDF amis de Thomassin et notamment Tintin et Rambouille, ses pôtes de Montréal la Cluse qui démarrent la journée à la bière.

Si elle n'attaque pas de front certaines personnes ou institutions elle laisse entrevoir ses désaccords : la presse, les magistrats régionaux, la police même avec leurs raccourcis, leurs quasi certitudes fondées sur des préjugés : criminel car marginal, criminel car après tout il a endossé ce genre de rôles...



Je comprends l'intérêt de l'auteure pour ce fait divers. Thomassin est vraiment intriguant. Bien qu'apprécié de personnes connues comme Jacques Doillon, Dominique Besnehard, Béatrice Dalle, le tournage d'un film est à peine terminé, il disparait. L'argent gagné est immédiatement claqué , avec générosité d'ailleurs puis il vit des minima sociaux. Beaucoup de monde l'accueille bien volontiers, l'héberge mais très vite le chasse sans qu'on sache d'ailleurs exactement pourquoi.



Finalement, si la vérité éclate en 2019 elle laissera place à un nouveau mystère.

Je pense voir incessamment un film avec Gérald Thomassin.



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L'inconnu de la poste

Voici mon retour de lecture sur L'inconnu de la poste de Florence Aubenas.

L'autrice revient sur un fait divers qui a bouleversé le village de Montréal-la-Cluse en décembre 2008.

La victime, c'est Catherine Burgod, tuée de vingt-huit coups de couteau dans le bureau de poste où elle travaillait.

Ce livre est donc l'histoire d'un crime.

Il a fallu sept ans à Florence Aubenas pour en reconstituer tous les épisodes – tous, sauf un.

L'inconnu de la Poste est un ouvrage qui m'a captivé. C'est un mélange de fait divers et d'enquête policière mais pas uniquement, car l'autrice dresse le portrait d'une France que l'on aurait tort de dire ordinaire.

Nous découvrons sous sa plume acéré le quotidien de gens comme vous et moi. La postière c'est quelqu'un qui n'a rien demandé à personne mais elle va mourir dans des conditions abominables. Pourquoi ? Par qui ? Son père, qui a un certain âge, veut à tout prix découvrir qui a pu faire ça.

Florence Aubenas creuse et revient pour nous sur ce crime qui ne peut pas nous laisser indifférent.

J'ai apprécié le ton de ce livre, la façon de l'autrice de monter les faits, l'enquête.

C'est un très bon ouvrage et même si je suis pas une grande amatrice de ce genre ici j'ai totalement adhéré à ma lecture, que je note cinq étoiles.
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L'inconnu de la poste

J’ai acheté ce roman avec mon crédit audible mensuel, sans grande conviction, et un peu par dépit ne trouvant rien d’autre dans les nouveautés. Et quelle surprise ! C’est un vrai coup de cœur et je l’ai dévoré en trois jours à peine.



Florence Aubenas, en excellente journaliste, retrace un fait-divers : l’assassinat de Catherine Burgod, dans son petit bureau de poste rural, tuée de 28 coups de couteau. Très vite, les soupçons pèsent sur Gérald Thomassin, acteur montant du cinéma dans les années 1990, porté disparu depuis deux ans.



Sans jamais prendre parti, elle retrace le crime, puis l’enquête policière. C’est ensuite au lecteur, tel un membre d’un jury populaire lors d’un procès d’assise de se faire son intime conviction.



On découvre une partie de la France rurale et montagnarde, dépendant du secteur du plastique et de ses usines, une France meurtrie, qui se réfugie dans l’alcool et la drogue qui transite à la frontière avec la Suisse. On rencontre des individus tombés trop tôt dans l’alcool, la drogue et la petite délinquance, des enfants de la DDASS, victime de viols et de maltraitances qui tentent tant bien que mal de se faire une place en tant qu’adulte. C’est un récit extrêmement touchant dont on ne sort pas indemne.



La version audio, lue par Fabienne Loriaux, accentue l’effet d’une longue confidence, d’une quête de la vérité remplie de fausses pistes, d’erreurs judiciaires et d’incohérences. On ressort révolté par la lenteur de la procédure, par les faux témoignages et l’identité du meurtrier toujours non dévoilé. Il y a forcément quelqu’un quelque part qui sait quelque chose et qui se tait. Qui se tait sur le meurtre de Catherine Burgod bien sûr. Mais aussi, je suis toujours sidérée que de nos jours, avec tous les téléphones portables, ordinateurs, vidéos de surveillance, un individu peut se volatiliser sans aucune trace…



C’est donc une affaire bien complexe, dont on se saura sans doute jamais la vérité qui nous est raconté à merveille par Florence Aubenas. Un récit qui lui a pris six longues années à écrire et que je vous conseille vraiment si vous ne l’avez pas encore lu.


Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Le Quai de Ouistreham

Florence Aubenas fait une immersion dans le job de femme de ménage à temps très partiel non choisi et cite les employeurs : "Les femmes sont plus rentables à 20 heures qu'à 40 heures de ménage. Il ne faut pas leur donner plus. De toute manière, elles n'y arriveront pas physiquement".



Il n'y a pas d'intitulé à ce livre dont le sujet n'est pas des plus attractifs, ni des plus réjouissants : récit journalistique, chronique, roman ?



En tout cas, une jolie écriture imagée - voir citation -. La journaliste réussit à sublimer le gris-noir voire le noir-noir du quotidien des agents d'entretien et à presque nous détourner du propos sociologique de la précarité.

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L'inconnu de la poste

C'est l'histoire d'un crime, c'est l'histoire d'une enquête, mais c'est surtout l'histoire de celui qui fut présumé acteur de ce crime.

Il y a quelques années, l'acteur du film " Le petit criminel " pour lequel il obtint un César se trouve mêlé à un sombre fait divers. A Montréal-la-Cluse, une postière enceinte est assassinée. Rapidement, les soupçons se portent sur Gérald Thomassin, acteur à la dérive, paumé et dépendant au Subutex.



Avec un vrai sens du journalisme et sans parti pris, Florence Aubenas retrace les différents moments de cette enquête qui ne finit pas de s'enliser.

Les protagonistes semblent tout droit sortie d'un véritable thriller mais pour autant, l'histoire est bien réelle. Cette enquête, fort bien documentée et bien menée, se lit avec intérêt. Florence Aubenas ne se contente pas de raconter les faits et événements, mais elle brosse un portrait sensible à la psychologie fouillée de Thomassin et de tous ceux qui furent concernés de près ou de loin par cette affaire.

Ce livre se lit comme un roman et s'avère passionnant !
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L'inconnu de la poste

Les lieux :

Un village de montagne, une vallée où la désertification fait des ravages, la maternité, la mutuelle sociale agricole tout a été délocalisé. Les trains passent, mais ne s’arrêtent plus. Six cents emplois ont disparu.



Les faits :

La petite poste située dans la vieille ville, on dirait une maison de poupée. Catherine Burgod, qui tient l’agence, gît entre l’évier et le coffre dans une nappe de sang, assassinée de vingt-huit coups de couteau. Deux mille six cents euros dérobés, un butin bien maigre pour un pareil massacre.



Le suspect :

Thomassin, un marginal qui vit des minima sociaux, il a connu son heure de gloire comme acteur, césar du jeune espoir, il loue un studio dans une bâtisse ancienne, à dix mètres du lieu du meurtre. Il a toujours une lame sur lui. Il raffole des histoires criminelles. Une gueule à faire peur, bouillie par la drogue et l’alcool



Florence Aubenas nous raconte dix ans d’enquête, des centaines de personnes entendues, trois hommes mis en examen, près de quatre cents prélèvements ADN, la vallée ratissée dans tous les sens. L’auteure décrit parfaitement les dégâts et la dévastation provoqués par une instruction, l’intimité étalée, exposée au grand jour, les secrets éventrés, les plus importants comme les plus dérisoires. Famille, amitiés ou réputation seront pulvérisées, sans épargner la douleur ni les sentiments. L’assassin est sûrement un gars du coin, peu à peu la méfiance entre voisins s’est installée. Les intimes sont les premiers suspects le futur ex-mari en premier, on se bouscule pour témoigner. Les gendarmes lancent des vérifications, des convocations, auditions, écoutes, contrôles. Le dossier se transforme en un chaudron infernal où bouillonnent une multitude de pistes.



Florence Aubenas ne fait pas l’enquête elle regarde l’enquête se faire et témoigne, jusque dans les moindres détails. Un reportage, un vrai travail de journaliste, elle raconte les faits sans porter de jugement. Elle dresse des portraits saisissants des protagonistes.



Catherine, la victime, une belle femme blonde avec de faux airs de Sophie Marceau. Le mariage a été la grande aventure de ses vingt ans, le divorce sera celle de ses quarante ans. Mais son mari ne veut pas divorcer. Elle fait plusieurs tentatives de suicide, puis une nouvelle vie, un nouveau compagnon, le Nouveau et une grossesse inattendue.



Le père de Catherine, qui ne vit plus que pour retrouver l’assassin de sa fille et dont l’appartement du sol au plafond est transformé en un prolongement du dossier.



Tintin et Rambouille qui forment avec Thomassin un trio de paumés, des vrais Dalton, des pieds nickelés qui éclusent des packs de bières achetés au Lidl.



Mais surtout Thomassin un homme de trente-quatre ans, qui n’a ni grandi, ni vieilli, qui a gardé sa petite gueule touchante d’adolescent, mais amochée, tailladée, roulée par les vagues d’une vie d’errance. Un garçon naturellement doué, recherché par les metteurs en scène, mais il faut parfois un ou deux mois pour mettre la main dessus. Il a besoin de sentir l’amour autour de lui. Il n’a jamais appris les techniques du métier, il joue avec ses tripes. Un homme attachant, mais décourageant aussi.



Un roman d’atmosphère, très bien écrit, où tout est détaillé avec rigueur, on sent dans ces pages l’empathie qu’éprouve Florence pour Thomassin et le lecteur ne peut que la partager.



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Le Quai de Ouistreham

"Thérèse, écoute-moi, c'est vrai pour Mimi ?

Mimi ? Mimi quoi ? Mimi et alors ? " dit Thérèse.

C'est moi qui me sens gênée, tout à coup : "Ce n'est pas un problème. Je voulais savoir, c'est tout.

- Qu'est-ce que tu as à faire l'effarouchée ? dit Thérèse. Tu es ridicule. Tout le monde le sait. Pour nous, Mimi c'est Mimi. On l'aime, comme ça."



Voici un extrait tiré d'un des derniers chapitres de ce livre. Mimi, c'était il et aujourd'hui c'est elle. Et Mimi, on l'aime, comme ça...



C'est, au fond ce que je retiendrai de cette aventure : la vie, c'est ça. Et on l'aime, comme ça.



Florence Aubenas, reporter incognito, cherche à décrocher un CDI dans la région de Caen dans un secteur pénible, dur, précaire et très féminin : le nettoyage.



Dans ce petit extrait, un concentré de ce que j'ai ressenti à la lecture de ce document émouvant : des questions posées sans a priori de la part d'une journaliste et des réponses, sans fard, qui vous démolissent de leur vérité pure, transcendante.



Mais surtout, "pour nous", sans cette chaleur humaine, que reste-t-il ?



Certes, ce n'est pas tous les jours joyeux, loin de là, mais il y a quelque chose qui les unit. Et Florence Aubenas ne s'y trompe, elle est "gênée" car elle va devoir leur dire sa vérité, un jour...



...alors en attendant, allez, un dernier tour de Tracteur. Enfin si cette vieille guimbarde veut bien démarrer. C'est pas tout, mais comment être à 5heure sur le quai ? Le ferry n'attendra pas.
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L'inconnu de la poste

Je reste perplexe après la lecture de ce roman que j’ ai lu d’une traite

Florence Aubenas est une journaliste sympathique et attachante

Elle a son style d’ écriture, journalistique et accrocheur d’où cette lecture rapide et facile

Mais,pourquoi ce livre?

Elle prend un fait divers sordide, campe bien le lieu, un village bien tranquille, trouve un beau personnage en la personne d’un acteur autrefois célèbre , aujourd’hui sur le déclin

Ambiance à la Chabrol, ce qui donne quelquefois un excellent film

D’ un point de vue littéraire,soit le livre est conçu pour une adaptation vers le grand écran, pourquoi pas, soit le fait divers devient le révélateur d’un vrai malaise social et provoque un débat qui va bien au delà et interpelle la société toute entière

Inutile d’ évoquer ici des exemples concrets , nous les connaissons tous et c’est un phénomène universel: le « petit » événement qui va déboucher soit sur des émeutes,soit sur des décisions politiques de grande envergure, soit sur une prise de conscience de la société

Florence Aubenas n’a pas d’autre ambition que de relater les faits en reprenant des méthodes journalistiques qui marchent. C’est une vraie professionnelle de l’information et elle l’a largement prouvé

A la limite, elle pourrait reproduire le même schéma sur d’autres sujets et c’est , me semble-t-il, la voie qu’elle a choisie

Cela restera toujours agréable à lire car le talent est là

Pour moi, cela reste un peu insuffisant et j’aurais aimé qu’elle prenne un peu de distance par rapport au réel, bref qu’elle fasse un vrai travail d’ écrivain

Je respecte trop son métier et son parcours personnel pour vraiment la critiquer

Elle fait un choix que je respecte même si j’aurais aimé un dernier chapitre qui prenne un peu de hauteur par rapport à l’ histoire réelle

Ce sera , peut-être, pour un prochain livre

Bravo , Madame Aubenas , pour votre parcours de vie.

J’admire votre travail et votre courage

Ceci était une critique littéraire bien banale au regard de ce que vous représentez pour beaucoup d’entre nous

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L'inconnu de la poste

Le 19 décembre 2008, Catherine Burgod, postière dans le petit village de Montréal-la-Cluze, est retrouvée baignant dans son sang dans l'arrière-salle de la petite agence, assassinée de 28 coups de couteau. Ce drame secoue la localité et très vite, les soupçons se tournent vers un marginal, Gérald Thomassin.



Je n'avais aucun souvenir de cette affaire qui avait décrié la chronique à son époque et j'ai donc débuté cette lecture avec un regard totalement neuf. Racontée comme un polar, l'enquête qu'a menée Florence Aubenas, grand reporter au journal le Monde, se dévore d'une traite. Avec un style à la Simenon, l'auteure pose d'abord le cadre. le petit village de Montréal-la-Cluze, on y est. du beau lac de Nantua aux HLM verts des ouvriers de la « plastic valley », en passant par la ferme maudite des frères et soeur Mercier, c'est tout un monde qui défile sous nos yeux. En enquêtant pendant sept ans, la journalistes a appris à connaître les lieux et les protagonistes de l'histoire. L'auteure prend ainsi le temps de nous dresser le portrait de la victime, Catherine Burgod, jolie femme à la personnalité fragile et complexe, souvent dominée par les hommes de sa vie, à commencer par son père puis son mari, jusqu'au jour où elle dit « stop » et divorce. Et puis Gérald Thomassin, qui a la tête du coupable idéal. Enfant de la DDASS, marginal, acteur césarisé, toxicomane, alcoolique, SDF à une époque, Thomassin dénote dans ce petit village montagnard. Florence Aubenas nous décrit un homme terriblement attachant et agaçant, un être à fleur de peau, à la dérive depuis sa naissance, qui semble abonné aux emmerdes, un peu à cause de lui mais pas que. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, entre le père Burgod et les comparses de Thomassin, Tintin et Rambouille.



Il ne s'agit pas ici pour Florence Aubenas de faire le simple récit journalistique d'un fait divers et de nous donner son opinion. En se penchant non seulement sur les faits mais aussi sur les gens, sur leur vie, leur histoire personnelle, en nous emmenant dans les lieux où ils vivent et travaillent, elle accroche avant tout le lecteur à des existences ordinaires qui virent à la tragédie. Loin des articles souvent racoleurs dès qu'il s'agit de ce genre de crime, Florence Aubenas nous immerge dans une récit réaliste plein d'humanité, porté par une narration enlevée et fluide.



Avec un style qualifié de « nouveau journalisme » mais que je trouve avant tout plein d'empathie vis à vis des victimes comme des présumés coupables, Florence Aubenas nous laisse sur une énigme. « L'inconnu de la poste » demeure et soulèvera encore de nombreuses questions après que l'on ait tourné la dernière page.
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L'inconnu de la poste

On ne peut pas se souvenir de tous les faits divers , malheureusement trop nombreux , et l'un chasse l'autre : constatations tristes pour ceux qui ont perdu un être aimé ...



Florence Aubenas s'est penchée sur le meurtre de Catherine Burgod, employée de la Poste de Montréal-La -Cluse en 2008 en suivant le parcours de Gérald Thomassin, un des suspects . C'est un homme peu ordinaire que nous présente cette excellente journaliste .



Placé dans des familles d'accueil par la DDAS puis en foyer, il a eu une enfance chaotique et est sorti de l'anonymat lorsqu'il a été repéré pour le tournage d'un film, Le petit criminel , pour lequel il obtiendra le César du meilleur espoir en 1993 , un tremplin vers une autre vie ... ou pas . Gérald Thomassin fuit, dans l'alcool, la drogue.



Le récit alterne entre l'errance de Thomassin , la vie de Catherine Burgod liée à celle des habitants de la commune et les avancées de l'enquête : c'est aussi palpitant qu'un bon thriller, construit avec intelligence et finesse . Une analyse profonde qui concerne à la fois les gens cabossés comme Thomassin ainsi qu à ces gens simples bousculés par un événement dramatique .
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En France

Admiratif de longue date de la journaliste, de l’auteure mais surtout du parcours, de l’empathie et de l’intelligence de cette femme au destin exceptionnel, chacun des livres de Florence Aubenas a systématiquement rejoint ma bibliothèque, sans pour autant être immédiatement lu.



Il en fut ainsi de Ici et ailleurs paru en début d’année, qui s’inscrivait dans la lignée d’En France, livre acquis lors d’une rencontre avec l’auteure à Lyon et qui attendait patiemment son heure. Qui survint cet été…



En une cinquantaine de chroniques séquencées en 3 parties (En campagne, Au camping, Une jeunesse française), Florence Aubenas rappelle à ceux qui auraient pu l’oublier qu’elle est avant tout et plus que jamais journaliste.



Une journaliste comme on n’en fait plus, du monde d’avant. Celui où on avait le temps de prendre son temps, d’avoir dans les rédactions ces postes de grands reporters, électrons libres soumis à un agenda temporel déconnecté de celui de leurs confrères et du speed de l’actualité.



Des postes qui coûtaient. Cher, très cher car non immédiatement productifs, mais ils permettaient le travail de fond, la mise en perspective, le recoupement, l’analyse, le travail des angles, le regard distancié. La liberté, quoi.



Cette liberté, Florence Aubenas en a usé et en use encore, car elle sait mieux que quiconque le prix à payer pour ce luxe journalistique du XXIe siècle dans le monde de Vincent, Xavier, Daniel et les autres. En lui souhaitant que cela dure. Pas gagné…



Dans En France, elle dit et raconte une histoire instantanée de notre pays dans les années 2010, en choisissant ses angles : ceux de la « France d’en bas » pour reprendre cette insultante et condescendante expression inventée par la cousine « d’en haut » (mais parle-t-on toujours de la même famille ?).



Alors Florence raconte le travail et ses incertitudes, les vacances comme soupapes de liberté et d’une forme d’égalité, mais aussi la famille, l’étranger, la politique, les élections, l’espoir et ce qu’il en reste.



Sans jamais juger, en tournant et retournant autour de son sujet pour bien en éclairer toutes les facettes, en s’appuyant sur la parole recueillie et pas sur son propre ressenti, elle nous livre son récit de ces décalages qui fractionnent lentement mais durablement une nation.



Et lu avec dix ans de décalage, il n’y a malheureusement pas une seule ligne qui ne soit toujours d’actualité. Signe d’un travail de qualité, d’une auteure toujours aussi passionnante à lire.

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L'inconnu de la poste

Je remercie Babelio et Audiolib pour « L’inconnu de la Poste » de Florence Aubenas.

Ayant par le passé apprécié « Le quai de Ouistreham », j’étais curieuse de découvrir un autre texte de cette journaliste.

Dans « l’inconnu de la Poste », Florence Aubenas fait le récit minutieux d’une enquête longue de plus de 10 ans sur un meurtre survenu fin 2008, dans une petite ville de l’Ain, à Montréal-la-Cluse. Une postière de 41 ans, Catherine Burgod, enceinte, est retrouvée assassinée de 28 coups de couteau. Elle était la fille d’un notable de la ville, Raymond Burgod, ancien secrétaire de mairie et élu municipal. Gérald Thomassin, acteur ayant reçu un césar du meilleur espoir en 1991 pour son 1er film « Le petit criminel » (réalisé par Jacques Doillon), est le principal accusé. L’accumulation de différentes faits et informations amènent en effet les enquêteurs à le soupçonner (il habite à deux pas de la poste, drogué et alcoolique et plutôt sans le sou, il n’a pas d’alibi, il possède un couteau, il a un comportement étrange, etc.).

J’ai retrouvé dans cet ouvrage les qualités journalistiques de Florence Aubenas, autant sur le fond que sur la forme. Elle dépeint avec minutie ce petit village de la « plastics vallée » sur le plan économique et social. Elle recrée l’ambiance à toutes les étapes marquantes de ce fait divers et dans toutes les sphères (le travail des policiers et magistrats ; les habitants de Montréal, plus ou moins impliqués, plus ou moins éprouvés par ce meurtre). Elle réussit à donner de la densité aux différents protagonistes, par les descriptions fines, détaillées et les extraits d’interviews. Elle déniche souvent les mots justes qui font mouche. Et finalement, elle nous parle des hommes dans tous leurs états.

Ce récit a, de ce fait, différents niveaux de lecture : policière tout d’abord, mais aussi, pour ne pas dire surtout, psychologique et sociologique. Ce fait divers est l’occasion pour Florence Aubenas de décrire un petit village et ses habitants subissant la crise économique, Montréal qui est un des sujets de l’histoire. L’autre sujet central n’est pas tant la postière mais Gérald Thomassin, qui lui aussi a connu ces moments de lumière et ces autres plus défaillants et très sombres. Et c’est peut-être en raison de ces ombres, ces noirceurs et de ces lumières que la journaliste a choisi de relater ce fait divers, comme un marqueur de notre société.

Thomassin a été un temps médiatisé par son césar alors qu’il n’avait pas 17 ans. Il est représenté par un autre homme médiatisé, l’avocat Eric Dupont-Moretti (à la demande de l’actrice Béatrice Dalle). L’acteur est décrit comme un être fragile, plutôt solitaire, ayant vécu une enfance difficile dans les foyers de la Ddass, en région parisienne. Sa route qui semble enfin s’ensoleiller par le César et la participation à d’autres films rebascule suite à ses démons qui resurgissent (la drogue, la zone,…).

‘’L’inconnu’’ est tout autant le mystère qui entoure le meurtre de la postière (l’élément de l’équation qui manque pour résoudre l’affaire) que la disparition de Gérald Thomassin en 2019 alors qu’il était attendu à Lyon pour être à nouveau auditionné.

J’avoue avoir sélectionné trop rapidement ce texte lors de la dernière opération Masse Critique. Je n’avais pas fait attention qu’il s’agissait d’un livre-audio. Moi qui n’avais jamais découvert un texte par ce support, j’ai eu un peu de mal à entrer dans le récit en écoutant la voix de la lectrice (Fabienne Loriaux) et non pas celle de l’auteure, (et utiliser 47 fichiers téléchargés sur mon téléphone n’était sûrement pas des plus appropriés pour cette première « lecture »). Même si les différents tons employés par la lectrice permettent de différencier les protagonistes, de mon point de vue, un livre audio n’était pas toujours le support idéal pour suivre certains passages –tels que les dialogues entre 2 personnages – cassant un peu le rythme et empêchant de ressentir au mieux l’atmosphère. Il y a sans conteste des avantages à l’utilisation d’un livre-audio. Il n’en demeure pas moins que cette lecture a confirmé ma préférence pour le livre papier.



Malgré la finesse d’écriture, l’humanisme de la journaliste qui irradie dans ces pages (ou plutôt dans mes écouteurs) et les quelques rebondissements durant ces longues années d’investigation, une fois cerné le profil de Thomassin, j’ai fini par me lasser un peu de cette enquête. C’est probablement en raison d’un manque de fluidité lors de cette « lecture audio », de la difficulté à retrouver le précédent chapitre sur lequel je souhaitais revenir (moi qui ai plutôt une mémoire photographique), la présence de quelques redondances et, finalement, d’un intérêt qui s’effilochait que je n’ai pas réussi à m’immerger jusqu’au bout dans ce récit. Cela ne m’empêchera pas de m’intéresser aux prochains ouvrages de Florence Aubenas.

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L'inconnu de la poste

Une petite commune de France, un meurtre, un suspect, une journaliste. Les faits auraient pu rester à l’état de fait divers et ce livre une enquête journalistique relatant froidement les évènements : des personnages dépeints, des évènements expliqués, arrangés parfois de détails sordides pour ferrer le lecteur. Cela aurait pu, mais ce ne l’est pas puisque Florence Aubenas livre un texte hautement humain et sensible.

Gérald Thomassin est connu – acteur au jeu irréprochable, homme insaisissable, il a remporté le César du meilleur espoir masculin en 1991 pour son rôle dans « Le petit criminel » aux côtés de Richard Anconina. D’autres films ont suivi, l’argent est entré dans ses poches pour aussitôt en ressortir, en alcool, en drogues, en claquage en tout genre. Enfant de la DASS au passé heurté, adulte malmené, Thomassin est resté marginal. Comme Tintin, comme Rambouille, ses acolytes.

Florence Aubenas dresse le portrait de ces hommes relatant le gris tourmenté de l’âme humaine. Au cœur d’un épisode judicaire complexe, elle raconte le doute, la peur. Elle évoque la machine judiciaire que le vide effraie, les suspicions nourries par les différences, les ragots, les certitudes gonflées de néant. Elle raconte le broyage et ses effets. Thomassin, garçon lunaire que l’on croit coupable, que l’on dit coupable, le profil si correspondant à l’animal qu’il faut traquer, bien que rien ne l’accuse. On construit, on arrange, on arrête, on brise.

Ce n’est pas un journal à sensations, ni un livre racoleur pour lecteurs avides de frissons. « L’inconnu de la poste » est une voix pour la France d’en bas. Un texte sur les petites gens aux prises avec une réalité culturelle difficile – l’usine de plastique, les HLM, l’absence de perspective, la lassitude, les chutes. Cette France que l’on abandonne, où les services de proximité disparaissent, où les relations s’étiolent, où la solitude s’installe. L’auteure y décrit toute la misère sociale et humaine, sans pathos, sans apitoiement. Elle analyse les évènements factuels et judiciaires apportant un éclairage poignant sur les protagonistes. Un regard au-delà des apparences. Une autopsie de l’âme.

Un écrit d’une grande richesse. Une lecture forte.


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Le Quai de Ouistreham

Dans la lignée de Nellie Bly, dont elle a le talent, et largement plus d'un siècle après, Florence Aubenas s'immerge dans le monde des précaires.

Se faisant passer pour une femme abandonnée, elle s'installe dans un étroit appartement de la ville de Caen, s'inscrit à Pôle Emploi et accepte n'importe quel travail sous-payé ne nécessitant pas de qualifications particulières.

Elle découvre la misère, la dureté du travail de femme de ménage, la débrouillardise et le système D mais aussi l'entraide et l'amitié.

Cette immersion dans une région française guère plus sinistrée que d'autres est criante de vérité.

Ce reportage a eu lieu en pleine crise des subprimes, en 2009.

Les femmes et les quelques hommes dont il est question ici sont ingénieux, certes, mais peu enclins à la contestation de l'ordre établi, craintifs même à cette idée.

Au vu de la survenue des gilets jaunes années il est clair que, sans surprise, la révolte couvait.

Et aujourd'hui plus que jamais la situation de ces personnes devant choisir entre un chômage à vie ou un travail doublement pénible va être pire qu'à cette époque.



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