Etonnant ! Pas seulement vite lu, ce qui est la qualité la plus évidente d'un tel livre. J'ai lu ces 50 micronouvelles avec intérêt, 50 petits messages, 50 tweets.
Ces micronouvelles donc, sont destinées à être lues en version numérique.
Je les ai lues sur mon ordinateur portable, pas sur ma liseuse (quoique le format y serait accessible aussi après quelques manipulations informatiques).
Les nouvelles ont plus souvent le goût étonnant d'un court polar, une touche de suspense, un trait d'absurde, d'humour noir ... Peu ont la poésie d'un haiku (pourtant une forme courte aussi, si on y songe), mais j'avoue largement préférer des micronouvelles à du "nouveau roman". Je peux lire avec plaisir des pavés, mais à condition qu'une ponctuation bienvenue permette de respirer.
50 courts textes à découvrir.
PS ouvrage disponible en EPUB gratuit à ce jour (27 septembre 2014). Bonne lecture.
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Francis Zamponi hésite entre deux genres, et c’est dommage. D’une part, Le Boucher de Guelma s’affiche comme une fiction, un roman policier judiciaire (de la collection Folio Policier), dont il emprunte la plupart des codes. Mais, d’autre part, c’est aussi manifestement le résultat d’une enquête journalistique sur les débuts du nationalisme algérien et sur le soulèvement de Sétif du 8 mai 1945, qui fut suivi d’une sanglante répression organisée par les autorités françaises de l’époque.
Ces événements, « méconnus » du grand public (c’est-à-dire de tous ceux, probablement comme vous et moi, qui n’ont pas vécu les événements en direct, qui n’ont pas recueilli les témoignages de leur famille, qui ne se sont jamais intéressés, ni de près ni de loin, à la colonisation ou aux relations franco-algériennes), ont été, semble-t-il, longtemps occultés, et constituent indéniablement les « signes avant-coureur » de la guerre d’Algérie (1954-1962).
Le Boucher de Guelma évoque une page sombre de notre histoire, une page sans doute déjà tournée depuis longtemps (pour certains) mais peut-être aussi jamais définitivement ni complètement écrite (pour d’autres).
Il est probable que Francis Zamponi, avec la meilleure volonté du monde, souhaite dénoncer les exactions commises, ou à minima rappeler l’extrême dureté de cette époque troublée, en soulignant la banalité ordinaire des tueries, actes de barbarie, excès de zèle, manipulations, censures, trahisons, hypocrisies, désinformations, faux témoignages… qui furent monnaie courante. Mais, comme il s’agit d’un roman, donnant libre cours à l’imagination, on ne sait plus très bien, au bout d’un moment, identifier ce qu’il convient de dénoncer, car on ne peut discerner les éléments relevant du pur fantasme fictionnel et ceux relevant du contexte historique. L’utilisation de caractères typographiques différents suggérant des « fac-similés » de témoignages recueillis insérés dans le récit est un procédé assez troublant.
Se réfugiant derrière la fiction, ne cherchant pas réellement à prendre parti et ne voulant pas trop heurter les susceptibilités (je suppose), l’auteur développe néanmoins un certain nombre de thèses et laisse son lecteur face à deux interrogations majeures : Que s’est-il passé réellement ? Quel message veut délivrer l’auteur ?
Maurice Fabre – le personnage du roman, certes peu sympathique – est-il un parfait salaud ? Ou est-il une victime (tardive) des événements, qui n’a fait qu’obéir aux ordres ? En fin de compte, l’ambigüité sur la position de l’auteur demeure.
Le site internet de l’auteur, que je recommande, nous éclaire un peu plus : « Mon récit n'a pas eu l'heur de plaire aux Pieds-noirs qui ne veulent se souvenir que des victimes européennes de cette boucherie. Il n'a pas non plus satisfait les Algériens… ». Personne n’est donc satisfait. L’équilibre recherché semble parfaitement réussi ! Le site propose par ailleurs des liens vers d’autres articles, essais, analyses, témoignages… qui sont autant de textes incontournables pour le lecteur qui cherchera à creuser un peu le sujet (cf. articles de Benjamin Stora, de Médiapart et de Mohammed Harbi, du Monde diplomatique).
Au-delà des polémiques inévitablement engendrées par le sujet traité (nombre de victimes, etc.) il reste que le lecteur peut se sentir frustré par la méthode utilisée : un essai-récit reposant sur des témoignages réels n’aurait-il pas été préférable ? L’idée de démontrer, au moyen d’un procès fictif, qui d’ailleurs n’aura pas lieu, une manipulation américaine rend-elle la chose plus crédible ? A contrario, le but de l’auteur est-il de raconter une jolie fiction pleine d’imagination ? (si on doit juger ce livre uniquement sur ses qualités romanesques, il n’est pas certain que celui-ci gagne au change, malgré le coup de théâtre final, que l’on peut interpréter comme une pirouette bien pratique).
Un petit coup de wikipédia nous apprend qu’un certain André Achiary, dans la vraie vie, « participe à l'opération d'accueil du débarquement allié en novembre 1942, devient officier du SDECE puis sous-préfet de Guelma (…), et conduit, en mai-juin 1945, les massacres de Guelma ». Maurice Fabre, n’est donc autre qu’André Achiary ! Démasqué ! Mais André Achiary, décoré en janvier 1946 de la Légion d'honneur (soit un an après les faits), n’est pas un personnage de fiction, et ne peut ni se rendre à son procès fictif, ni être inculpé de génocide ou de crimes contre l’humanité. Il meurt de sa belle mort à Madrid en novembre 1983.
N’étant pas un révélateur de scoops, Le Boucher de Guelma aura néanmoins pour mérite de faire connaître un peu mieux, à travers une fiction, l’état d’esprit des protagonistes de cette période, et d’être, pour les lecteurs les plus curieux, le déclencheur d’une recherche personnelle permettant d’approcher la « vérité » en s’appuyant sur les études disponibles plus « historiques », publiées ou sur le net. Ce n'est déjà pas si mal.
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Ce roman est une fiction surement assez réaliste , doutant qu'il en soit une je suis allé vérifier de près . Cependant l'auteur menant bien son récit on peut croire un instant à une réalité .
Quelques incohérences finissent toutefois par semer le doute et elles sont peut-être voulues .
Bien peu de personnages de ce livre ont un rôle honorable , soit influençables ils deviennent lâches , soit la peur les ligotent , soit encore ils mettent leur conscience en veilleuse parce qu'ils doivent obéir aux ordres ( excuse connue )
Les militaires ne sortent pas grandis de cette fiction , les policiers et fonctionnaires gouvernementaux non plus . Que Costa-Gavras se soit inspiré de ce livre pour un scénario de film n'a rien de surprenant tant il a toujours dénoncé ce que l'on cache souvent sous le tapis . En
l'occurrence , ici , la torture pratiquée par certains militaires français en Algérie , ce qui est encore souvent nié de nos jours alors que c'est un secret de polichinelle depuis que certains hauts gradés ont parlé .
Livre à lire donc , pour ne plus pouvoir dire que l'on ne savait pas et pour tenter d'éviter que cela ne se reproduise plus . Mais les services de renseignements militaires ont-ils changé de méthodes ?
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Il y a peu j'ignorais jusqu'a l'existence de Francis Zamponi !
Grace à un conseil j'ai lu ce livre remarquable qui est bien autre chose qu'un polar comme l'indique la quatrième de couverture.
S'il y a bien eu le meurtre d'un colonel en retraite en 1996, l'auteur nous plonge dans le passé de la victime, et nous entraine, en 1956, au coeur de la guerre d'Algérie.
Par une adroite construction du récit, élaboré de lettres d'un jeune Lieutenant au service du Colonel , nous entrons dans ce conflit plein de larmes et de sang.
L'auteur nous livre un roman construit sur une documentation sans faille qui est bien loin du ridicule témoignagne du général Massu sur la bataille d'Alger.
Les précautions d'usages de l'auteur ( " les faits et les personnages que l'on rencontrera dans cet ouvrage sont, bien entendu, purement fictifs". ) ne trompe personne, pas plus que l'appelation Roman. Zamponi sort le cadavre du placard de la république !
J'attendais chaque soir avec impatience pour continuer la lecture, redoutant cependant le mot fin.
C'est la marque des grands livres !
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On se promène entre deux époques 1996 et 1956. Deux drames ont lieu et toute la chimie du livre tient dans ce mélange.
Extraits de courriers, de procès verbaux, de journaux intimes, le style est rigoureux, l'armée est très présente mais pas trop pesante. Certains faits d'armes cités sont même vérifiables.
La guerre d'Algérie, une histoire de colonisation qui s'est mal terminée, avec beaucoup de morts et des blessures de l'âme inguérissables.
Cette guerre où il est bien difficile de désigner le vainqueur.
Qui avait raison ? De quelle côté l'horreur était elle la plus absolue ? Peut on vraiment faire un palmarès du pire ? Etait ce une guerre de colonisation ou d'occupation ?
Tous les livres écrits jusqu'ici, tout comme les films qui ont été réalisés depuis, n'apportent pas la réponse à toutes ces questions, peut être les historiens des temps futurs nous aiderons à lever le voile sur ce drame du siècle dernier qui est encore trop présent dans nos mémoires collectives pour que nous puissions dépassionner le débat.
Livre d'interrogation, et nous qu'aurions nous fait ?
Comment nous serions nous comportés ?
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Ce roman nous raconte les péripéties politiques ou plutôt politiciennes de l'année 69, plus de quarante ans après les faits.
Pour les gens de ma génération, l'histoire rappelle les titres des journaux à sensation de l'époque.
Scandale qui a touché le monde du spectacle, le monde de la politique et au milieu de tout ça ces relations étranges avec ce qu'on pourrait appeler la pègre.
Ça date un peu, tant de précisions, tant d'entourloupes, pour nous démontrer les effets d'une rumeur malveillante.
Démonstration confuse comme le furent les événements décrits.
La forme du livre choisie, est à mon avis, un peu lourde, ces présentations de procès verbaux d'interrogatoire, ces lectures de lettres annonçant la divulgation de documents comme ces rédactions de cahiers destinés à nous relater les événements, apportent de la lourdeur à l'histoire sans éveiller de façon notoire plus l'intérêt du lecteur.
Peut être est ce un roman à ranger dans la série documentaire retraçant la fin du règne gaullien dans ce qu'elle a eu de plus mystérieux et de moins glorieux.
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Comme des haïkus
En quelques mots, une histoire,
Qu'on devine en dessous.
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Partant du procès intenté au Père Antonin, accusé d’avoir provoqué la mort d’un enfant handicapé dans l’institut dont il était le directeur, Francis Zamponi se livre à un détricotage en règle des "barbouzeries" chères à Charles de Gaulle dans sa lutte féroce contre l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS), visant à refuser l’indépendance algérienne et instaurer une dictature militaire. L’escapade amoureuse entre les deux avocats, celui de l’accusé et celle de la partie civile, ignorant qu’ils s’étaient connus il y a très longtemps, donne du piment à ce polar politique ramenant à nos mémoires les événements tragiques qui ont accompagné, ici et là-bas, la fin de la Guerre d’Algérie. Un bel exercice de journalisme d’investigation et un roman captivant, vite lu mais qui ne sera pas oublié de sitôt…
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La guerre d'Algérie est dans toutes les mémoires pourtant c'est d'un autre conflit dont nous parle Francis Zamponi, celui de 1945 quand des affrontements ont fait des milliers de morts en Algérie chez les Algériens et chez les Français. Maurice Fabre, alors sous-préfet de Guelma, est accusé, plus de soixante ans après, d'avoir ordonné ces massacres et son procès a lieu en Algérie. Les deux pays sont plutôt embarrassés par cette arrestation surprise et ils préfèreraient que le vieillard soit considéré comme sénile. Mais Fabre ne l'entend pas ainsi et il souhaite faire toute la lumière sur cette période où le gouvernement français n'a pas toujours été clair et a manifestement couvert les "massacres de Guelma" dont Fabre était l'instigateur.
Le compte-rendu de ce procès et des derniers moments de Maurice Fabre en prison est passionnant. L'auteur réussit à rendre cette période très vivante grâce à l'utilisation de différents procédés stylistiques : témoignages, procès-verbaux, compte-rendus de situations, extraits d'audiences. On en ressort avec une meilleure compréhension de la situation d'alors en Algérie qui mènera quelques années plus tard à la guerre d'Algérie, et l'auteur, bien que né en Algérie, n'omet pas les atrocités commises dans les deux camps (mais pourquoi le publier dans une collection "policier" ?)
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Original pour le style et nouvelles tellement vite lues.
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On va s'essayer à la micro critique :
Enchanté par l'idée.
Déçu par la forme.
Frustré par le contenu.
... Bon en fait c'est pas si facile.
Néanmoins, j'ai plus eu l'impression d'avoir eu des petits fours par auteurs (sans oublier la présentation de son livre avant histoire de faire un petit coup de comm). Rien de bien rassasiant, ni même appétissant par moment.
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Polar efficace à défaut d'être original, thématiques intéressantes, lecture rapide.
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