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Critiques de Françoise Henry (71)
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Loin du soleil

Je remercie Babelio (les masses critiques) et la maison d'éditions Litos pour l'envoi de ce livre.



De Françoise Henry, j'ai lu, il y a peu, "N'oubliez pas Marcelle" et j'avais remarqué l'écriture tout en douceur de l'auteure. Quand j'ai vu son nom sur la liste de Babelio, j'ai eu envie de lire un autre roman de l'auteure et j'ai donc postulé pour "Loin du soleil"; un bouquin que j'ai beaucoup aimé.



Le livre est écrit à la 2e personne du singulier, une façon de faire que j'ai rencontré à deux reprises dans les semaines précédentes et qui me dérange un peu, moins dans celui-ci, je dois le dire.



Une femme parle à un garçon, lui raconte sa vie à lui, de la rencontre de ses parents suivie de sa naissance jusqu'à l'âge adulte en passant par la maladie et la disparition de sa mère, l'alcoolisme et la violence de son père, son remariage suivi de la naissance d'une petite fille, ses grands-parents, son oncle qui le prend un peu pour sa tête de Turc.



Le lecteur apprend vite que la femme, Greta, est la voisine du garçon, Loïc, et qu'elle veille discrètement sur lui.



Loïc a eu une mère aimante, mais qui préférait se faire bronzer au soleil que s'occuper de lui, des grands-parents attentifs, mais qui ne lui ont pas témoigné beaucoup d'amour, un père qui adorait sa femme et qui ne s'est jamais remis de sa mort, un père qui était taciturne, est devenu violent et alcoolique, une belle-mère qu'il ne supportait pas et un oncle qui s'amusait à le tourmenter et qui est allé jusqu'à lui piquer son fric une fois devenu adulte.



Loïc, finalement, ne peut compter que sur Greta, sa voisine, chez qui il se réfugie parfois.



Il est difficile de situer cette histoire dans le temps. Elle semble se passer à une époque lointaine, mais la télé et Internet rythment déjà la vie des gens. Loïc est illettré, situation qui existe encore malgré l'obligation scolaire...



Plus que l'histoire, c'est l'écriture de Françoise Henry qui m'a transporté dans cette lecture.



Une belle découverte et une auteure que je lirai sans doute encore.




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N'oubliez pas Marcelle

C'est l'histoire de Marcelle qui a vécu jusqu'à l'âge respectable de 96 ans. Marcelle fut une personne discrète presque invisible et qui aurait pu être heureuse mais les aléas de la vie en ont décidé autrement.

Ses parents, chapeliers dans une petite ville de Saône -et-Loire travaillent beaucoup. Très tôt, Marcelle apprend le sens des responsabilités aux côtés de son petit frère Louis.

Dans la rue où ils habitent, se trouve un autre couple de commerçants dont le fils a le même âge que Marcelle. Ils sont amoureux mais les parents de Marcelle s'opposent à cette relation. Elle restera célibataire et passera sa vie à rendre service.

La guerre vient détruire l'insouciance de sa jeunesse et l'après-guerre l'oblige à mettre fin à ses espoirs.

Les années passent et la fatigue du corps se fait sentir. Marcelle décèdera seule en maison de retraite. Elle aura vécu sa vie de manière silencieuse, elle n'a fait que passer...

Merci à Babelio et aux éditions du Rocher qui m'ont permis cette lecture dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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N'oubliez pas Marcelle

Transporter dans un monde suspendu

Relate très bien cette époque.

Paraissant insouciante, mais sans pouvoir prévoir de projet, ni d’avenir en temps de guerre dans une France en 1940.

J ai aimé cette époque et Marcelle, attachante

jeune fille de 18 ans, pleine de vie à la découverte du monde des adultes

J ai découvert un style une écriture que je ne connaissais pas entre le dialogue oral, les pensées écrites et le « quand dira t on … » des proches et un descriptif de journées identiques les unes des autres relatant le travail

sans possibilités de s’évader …

Une période subie à travers des faits historiques successifs Pétain et l’envahissement des allemands à l’est, les traîtres, l amour espéré de Marcelle, la vie commerçante de quartier…



Certains trouveront un roman lent dépourvu d’actions, d autres verront très bien ce temps suspendu en 1940 d’une vie de jeune fille, vivant dans une ville française de l’est occupée par les allemands !
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N'oubliez pas Marcelle





Je me suis lancée dans la lecture de ce roman avec enthousiasme. Une tranche de vie d’une femme ordinaire à travers les époques écrite comme on pense, une sorte de fil de pensées.

Je n’ai toutefois pas été emportée par cette histoire qui s’embourbe un peu en milieu de récit.

J’ai trouvé triste l’histoire de cette femme qui donne tout pour les autres et qui reçoit peu finalement, bien qu’au final on réalise qu’elle fut heureuse malgré tout.

Un roman dans l’ensemble bien écrit mais une histoire un peu vide..

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N'oubliez pas Marcelle

Éloge des petits riens

Texte original et parfois déroutant, mi-poétique mi-philosophique. Une écriture qui rappelle cette petite voix intérieure qui passe du coq à l’âne (l’âme)

Quelques longueurs et des passages au contraire qui passent en un éclair, comme dans la vie…

On veut aller jusqu’au bout même si on en connaît déjà la fin…
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N'oubliez pas Marcelle

N'oubliez pas Marcelle retrace la vie plus qu'ordinaire d'une jeune fille, devenue jeune femme, puis femme.



Dans ce livre, écrit par Françoise Henry, on se retrouve à partager l'intimité de Marcelle, sans pour autant apprendre à la connaître profondément, car cette héroïne ne laisse pas ses émotions transparaître.



On assiste au passage à travers la vie d'un être, qui peut nous sembler très linéaire. Et pourtant on arrive au bout du roman en ayant de nombreuses questions en tête.



Peut-être nous reconnaissons-nous toutes et tous un peu dans cette femme, à certains stades de nos vies, peut-être à tous. Peut-être pas.



Ce qui est certain, c'est qu'il n'y a pas de place pour l'indifférence lorsqu'on entre dans la vie de Marcelle.



Un livre bien écrit, quoique curieusement au niveau de sa forme car n'étant pas normé comme bien d'autres romans sur le marché. Une longue poésie, en somme, avec à chaque page un espoir pour que la vie de Marcelle soit un peu plus ensoleillée. La surprise à la lecture vient du fait que l'espoir n'est presque jamais transformé en réalité, mais que malgré cela il y a une réelle douceur dans ce récit.



Ce livre m'a été offert par @editions du Rocher.



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N'oubliez pas Marcelle

J'ai tourné les premières pages de ce livre avec intérêt, la forme me semblait intéressante et inhabituelle.

A la page 86 j'ai abandonné

Surtout parce qu'il ne se passe rien malgré quelques étincelles poétiques. Et passages du coq à l'âne sans logique.

Un récit chronologique qui passe du passé composé au présent, à l'imparfait... les parenthèses, tirets, apartés, qui rendent la lecture laborieuse.

L'utilisation du point d'exclamation et l'interpellation du lecteur sont des pratiques agaçantes dans ce contexte. Et bien sûr les lieux communs et poncifs qui auraient pu disparaître avec une correction sérieuse le smiley :=) certainement aussi en compagnie du "h24").

L'impression que le narrateur s'est enregistré et qu'un logiciel a retranscrit tel quel son récit, du langage oral.

Il est annoncé que c'est le douzième roman de cette autrice.

(service presse)
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N'oubliez pas Marcelle

Tout d'abord, je remercie les éditions du Rocher pour l'envoi de ce livre que je n'aurais sans doute jamais lu s'il ne m'avait été offert.



J'aime la couverture, aux tons doux, doux comme Marcelle l'était, effacée, une dame qu'on remarque à peine voire pas du tout. Marcelle qui a donné d'elle-même, qui a vécu plus pour les autres que pour elle. Marcelle, un prénom désuet qui n'est pas revenu à la mode, surtout pas au féminin. Marcelle qui est née en 1922 de parents chapeliers et qui a fini sa vie toute seule en maison de retraite.



Marcelle a aimé, aimé en secret, aimé un homme qu'elle n'a pas pu épouser car fils de collabo. Qu'en pouvait-il ce pauvre Pierre si son père s'est mis à fréquenter des Allemands et à dénoncer des Français? Mais c'est comme ça, jamais Marcelle n'aurait pu épouser un fils de...



Marcelle aimait les bébés, mais elle n'en aura jamais. Elle aurait voulu devenir puéricultrice, mais elle a aidé ses parents dans leur magasin de chapeaux (à cette époque, on ne sortait pas "en cheveux") où bientôt les chemises et bonnets viendront remplacer ses couvre-chefs qui ne correspondent plus à la mode.



Marcelle a travaillé un an pour un lointain cousin avant de travailler bénévolement pour un prêtre de la paroisse.



Marcelle a sans doute été amoureuse plusieurs fois, mais silencieusement, comme elle a vécu sa vie : de manière silencieuse.



Françoise Henry a écrit ce récit comme une biographie, une biographie de quelqu'un qui n'est pas connu, comme il en existe tant, des gens auxquels on ne fait pas attention, mais qui ont leur vie, si simple soit elle, avec ses joies et ses peines, ses déceptions, ses douleurs, ses secrets,...



Une écriture à l'image de l'héroïne : tout en douceur.
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N'oubliez pas Marcelle

ROMAN N'OUBLIEZ PAS MARCELLE, Françoise Henry

Petit chronique : Anne Marie Gardès - 09/2023 - 



Dans son dernier roman "n'oubliez pas Marcelle", Françoise Henry informe qu'elle s'attache à "célébrer quelqu'un de pas du tout célèbre, voire d'anti-célèbre" Voilà le biopic qui nous est proposé.



L'anonymat, c'est bien le destin de l'héroîne de ce dernier roman de Françoise Henry. Euh, pardon, c'est le destin d'une quelconque inconnue, dont les nom et prénom ne figurent plus que sur une stèle délavée par les pluies, voire nulle part, car vous savez comme moi, les crématoriums déversent des semblant de cendres un peu partout et nul ne sait où.



Si Françoise Henry nous a habitué à approcher avec délicatesse les laissés-pour-compte et les moins que rien de nos sociétés -je vous laisse d'ailleurs repérer les algorithmes envoyant le tel dans la sphère étoilée et tel autre dans le néant astral !-, sa Marcelle oubliée figure (du verbe "figurer" intransitif : jouer un rôle de figurant), donc j'écris, sa Marcelle oubliée figure ici une possible héroïne, selon que le lecteur veuille ou non s'en laisser conter !



Et pour nous éviter de trop vite refermer un livre qui pourrait sembler, si nous n'y prêtons pas attention, inutile et ennuyeux, Françoise Henry va nous bercer par un style léger et harmonieux. Elle obtient ce bel effet de tranquilité envoûtante en gommant la ponctuation, utilisant simplement du retour à la ligne pour dérouler la vie de Marcelle.

Un unique point final fait entendre le "tout est dit", "continuez votre chemin". Sauf que sur nos chemins, Marcelle risque bien de nous tenir la main, et pour longtemps !



Car en effet, l'autrice s'essaye à rendre authentique sa Marcelle. Elle choisit pour cela une narration simplifiée, le fond et la forme s'épousant avec justesse.

Et également elle interpelle le lecteur, particulièrement pour mettre en relief un questionnement de fond. Elle s'octroie, ici et là, le rôle d'une proche de Marcelle, voire en sous entendu, comme proche ayant toujours connu et aimé Marcelle. 



De plus, ce roman a priori sans intérêt, ne cesse de  questionner, et il questionne sur ce qui fait et est notre vie aujourd'hui, voire il dérange. Car les questions sont multiples, ambitieuses, actuelles, mais semble-t-il à peine murmurer, survoler. Nombre de sujets  abordés au fil des pages auraient pu être développés, argumentés, contestés, étudiés, décortiqués. Il n'en est rien. Ce qui est certain, c'est qu'ils auront tous frappé à notre entendement ; la porte est ouverte, entrez ou refusez d'entrer dans ces réelles problématiques sociétales. C'est peut-être là l'objectif de la narratrice : que ce livre lu ouvre à des réflexions profondes sur le sens, certes de la vie, mais aussi de ce qui fait que la vie vaut la peine, ou la joie, d'être vécue ! Le mystère de Marcelle est à mon sens dans cette réflexion.



Etre connu, reconnu, parfois à outrance, via la une des médias, ou être parfaitement inconnu, la vie se charge souvent, sans aucun consentement de l'intéressé, de choisir qui l'emportera, de la notoriété ou de l'anonymat. Marcelle a-t-elle vraiment choisi sa vie ? Ou bien a-t-elle subi un conformisme, ou encore habitée d'une force intérieure, a-t-elle su très tôt comment accueillir le bonheur simple, tel, entre autres, celui gagné en l'amour familial, ou en sa FOI.  Ou simplement, elle a choisi la vie, et a choisi d'aimer la vie, là, au jour le jour, ou, et alors ce serait triste, sa vie fut une belle mascarade, camouflant son être profond. Comment savoir ? En cheminant avec Marcelle. 



Et justement en chemimant avec Marcelle,  j'ai peu à peu fini de la voir et de la reconnaître tout auour de moi. Qui ne connaît pas au moins une Marcelle ? Ou plutôt chercher à la surprendre, incognito, mais pourtant c'est bien elle, camouflée en Martine, Océane, Juliette, Gabriel, Amandine. Est-ce bien celle-ci dont je n'arrive pas à saisir qui elle est vraiment, si son sourire est artificiel ou accueillant. 

Et oh, à y regarder de plus près, peut-être suis-je aussi cette Marcelle ? Délicate inconnue !



Surprise et magie impulsées par notre autrice qui va nous emmener plus loin encore, et nous surprendre en arguant, que par un beau concours de circonstances, enfin,  Marcelle n'a plus de mystère pour personne et que nous allons tout savoir de ce qui a été la trame de sa vie, d'un éventuel secret, ou d'un art de vivre. Le lecteur va être comblé. Le suspens va être levé.



Ce secret de l'âme profonde de Marcelle (Françoise Henry,  il me semble, n'emploie pas ce mot "âme") bien gardé au long de cette lecture tranquille mais tellement captivante, et à dévoiler à ses lecteurs,  aurait pu être le cadeau époustouflant, concluant ce beau récit d'une vie en apparence effacée, et pourtant ô combien irremplaçable !



Françoise Henry va choisir, avec tout son talent de romancière, non seulement de laisser en filigrane, aux lecteurs aimantés à Marcelle, quelques parts de réponse, mais surtout de leur offir, et c'est peut-être là un des points d'orgue de ce roman inattendu, de les laisser deviner, accueillir, et pourquoi pas écrire eux-mêmes, l'épilogue, levant enfin le voile sur le mystère Marcelle.



Et c'est que ce j'ai fait ! Lectrice apprivoisée par Marcelle, après un réel et juste sentiment de frustration, face à ce cadeau de vérité annoncé par la narratrice, et qui m'est refusé, alors qu'il semblait prêt à être déballé, j'ai pris le parti, et surtout le plaisir, de tisser moi-même la toile de fond qui a fait que Marcelle est Marcelle.

Et pour m'assurer que j'ai bien saisi le mystèe de notre héroîne, pourquoi ne pas espérer que Françoise Henry aura tout loisir et grand talent de nous dévoiler le secret du bonheur ou du malheur de Marcelle dans son prochain roman "Marcelle ne vous a jamais oublié" !



Si vous cherchez une lecture reposante et aussi envoûtante, douce et aussi caillouteuse, simple et aussi très dense, une lecture sur le sens de votre vie, sur vous,  "n'oubliez pas Marcelle" vous interpellera tant que vous ne pourrez plus jamais l'oublier.

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N'oubliez pas Marcelle

Dans la famille Jallard il y a le père Lucien, la mère Marie-Louise, la fille Marcelle et le frère Louis.

Sans oublier Yaya, qui aide à tenir à la maison et à s'occuper des enfants. La famille tient une chapellerie dans une petite ville de Saône et Loire. Dans ce roman nous suivons Marcelle, de sa naissance à sa mort. Marcelle est l'aînée de la famille, blonde aux cheveux bouclés, une hanche plus haute que l'autre, Marcelle ne fait jamais beaucoup de bruit. 1939, la guerre arrive et avec elle les allemands qui occupent la maison. Une guerre qui lui enlève tout espoir de mariage avec Pierre Andersen, le seul homme qu'elle aimera de toute sa vie. Une vie où les autres passeront toujours avant elle, car elle est comme ça Marcelle, elle a tendance à s'oublier un peu.



C'est un roman original dans sa construction avec sa mise en page et son manque de ponctuation. L'autrice nous raconte la vie de Marcelle, on a l'impression qu'elle nous parle. Alors on l'écoute nous parler d'elle et on s'attache à ce petit bout de femme car Marcelle c'est une femme comme une autre, une femme amoureuse, qui tend la main vers les autres, qui ne fait pas de vagues et qui envie de liberté. Une vie qui peut sembler banale mais qui ne l'est pas et qui mérite d'être contée comme chaque vie.

Une vie solitaire dans laquelle Marcelle a connu des moments de bonheur, de doutes et de malheurs. Une solitude que nous comprenons au fil de la lecture.  J'ai été très touchée par certains passages que je vous laisserai découvrir pour ne rien gâcher.



Un joli roman assez court (200 pages)qui se lit d'une traite, pour ne jamais oublier Marcelle, et moi jene l'oublierai pas.
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N'oubliez pas Marcelle

Dans un monde où tout va (trop) vite, où règnent souvent un manque de considération des uns pour les autres mais aussi une propension au jugement facile, Françoise Henry fait le choix de nous conter l’histoire de Marcelle qui peut paraître somme toute ordinaire mais qui mérite de ne pas être oubliée, comme celle de chacun d’entre nous.



« c’est une vie comme une autre dirait-on mais pas tout à fait non plus car aucune vie entendez-vous bien aucune vie n’est exactement comme une autre

c’est une vie qu’on peut choisir de raconter parce que justement si on ne la raconte pas, comme elle est déjà presque tombée dans l’oubli, alors là ce sera un trou noir

et bien sûr qu’on pourrait essayer de sauver une autre vie en lui consacrant un bouquin, un petit bouquin de plus, mais même en y vouant toutes ses forces en y consacrant tous ses jours et toutes ses nuits armé d’un stylo on ne pourra jamais sauver toutes les vies alors la sienne, oui »



La façon d’écrire est originale, au niveau de la ponctuation (jamais un point, sauf le final) et de la disposition des phrases dans le texte. Elle est libre et peut être un peu perturbante mais seulement un peu. On lit comme en apnée, on dévore cette vie simple en apparence quasiment d’une traite.



« parce qu’il y a quelque chose dans cette vie, quelque chose qui semble ne pas vouloir mourir



on peut même la raconter sans mettre de point car dans une vie il n’y a jamais de point si ce n’est le final quand il n’y a plus rien à dire »



Il y a de la solitude mais aussi beaucoup d’abnégation dans cette vie-là. Marcelle vit davantage pour les autres que pour elle-même, même si l’on retient bien trop facilement son « sacré caractère ». Mais ce caractère l’est-il réellement, sacré ?

Elle passera une majeure partie de sa vie dans la petite ville de D. en Saône-et-Loire, là où ses parents tenaient une chapellerie rue Nationale, près des bords de Loire. Puisque j’ai longtemps vécu au cœur de ce département, j’ai facilement pu identifier la ville de D. et cela a apporté ce petit grain de sel, cette sensation de connaître l’endroit et de vivre au plus près des personnages.



Mais revenons-en à Marcelle puisque c’est elle l’héroïne extra-ordinaire, celle qui fut aux services de tous toute sa vie, jusqu’à en sacrifier son amour de jeunesse et vivre seule, toujours, si ce n’est avec sa mère afin d’accompagner sa vieillesse. Elle fait partie de ces personnes que l’on ne remarque pas, ou si peu, que l’on ne comprend pas toujours et que l’on étiquette sans rien savoir d’elles, ou si peu de choses. Ne laissant apparaître qu’une façade lisse, peut-être fade, et l’impression que l’on ne parviendrait jamais à « atteindre le noyau tendre ».



« (…) Marcelle épousait le sort de ses parents, elle épousait leurs tracas leurs soucis au jour le jour elle épousait leurs joies aussi leurs éclats de rire leurs histoires drôles (…) elle épousait tout ça avec beaucoup de calme et sans regret semblait-il, tout ça au lieu d’épouser

Pierre Andersen »



Je trouve l’idée merveilleuse, de laisser subsister l’âme d’une personne, son histoire et ce qu’elle était alors qu’a priori elle pourrait être vite oubliée. Permettre à cette vie minuscule de se poursuivre, celle dont l’ardeur intérieure n’a pourtant jamais cessé.



La longueur du texte est juste comme il faut pour nous tenir en haleine de bout en bout, pour dévaler les phrases, sauter à la ligne suivante, au mot d’après, celui en minuscules et parfois en majuscules, pour parcourir les rues et les lieux de la vie de Marcelle Jallard, de 1922 à 2018. Quasiment un siècle, ce n’est pas rien.



N’oubliez pas Marcelle, c’est laisser l’infime prendre place dans nos vies, c’est nous questionner sur notre rapport au monde et à ses habitants, c’est regarder les autres avec bienveillance et laisser tomber les apparences. C’est considérer. Une lecture pas si ordinaire qui trotte encore un peu dans la tête, APRÈS.



Un grand merci aux éditions du Rocher !


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Le rêve de Martin

Un livre bouleversant, l'histoire d'un fils mal aimé, d'un secret de famille que sa mère, va lui révéler dans une lettre posthume, dans un ultime élan d'amour longtemps caché, d'amour empêché.

La vie de Martin s'arrête lorsqu'il est "placé", à l'âge de 12 ans chez des fermiers voisins. Pourquoi lui? Pourquoi est il rejeté par ses parents, sa mère surtout?

Cette longue lettre de la mère s'adresse par delà la mort, à son fils toujours aimé mais abandonné. Un fils qui vivra une existence misérable, à l'écart, employé comme valet de ferme par des patrons rudes et profiteurs.



"Mon vieux petit garçon de soixante dix sept ans, enfin je te prends par la main"

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Loin du soleil

Il y a, dans ce roman comme dans les précédents de Françoise Henry, « Juste avant l’hiver » ou « Plusieurs mois d’avril », une humanité qui rappelle les plus belles pages, et les plus humbles, d’Henri Calet.
Lien : https://www.nouvelobs.com/cr..
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Loin du soleil

« C’est fou comme on se laisse faire par ce que pense, ou veut, la majorité. » La remarque est glissée, anodine, dans les premières pages. Elle pourrait être une des clés de ce roman tout en pudeur, en signes discrets, en incertitudes. Du principal protagoniste, nous ne connaissons d’abord que ses lunettes rondes, aux grosses montures, pour cacher ses yeux en amande, trop éloignés l’un de l’autre. Rien ne sera dit. À nous de nous demander pourquoi il a été un enfant retardé et pourquoi, à trente ans, il est toujours analphabète. Pourquoi il est si candide, prenant les expressions au pied de la lettre (quand on lui dit que sa mère est au ciel, il imagine qu’elle est partie en avion) et prêt à se laisser dépouiller par son oncle de son héritage.

Loïc est « un cas de mobilité sociale descendante, c’est comme ça qu’on dit, paraît-il ». Le roman, écrit à la deuxième personne du singulier, le suit durant ses trente premières années de revers en revers. Enfant de l’amour, mais orphelin de mère à six ans ; grandissant entre un père alcoolique et une belle-mère qui le dédaigne, il endosse avec résignation le rôle d’idiot du village, « un peu voleur sur les bords, ingérable, ne travaillant pas à l’école, indiscipliné, et ne tenant jamais en place sur ta chaise ». S’il s’enfuit pour se réfugier chez ses grands-parents maternels, c’est pour se trouver persécuté par un oncle qui le considère comme un intrus. Comment pourrait-il se défendre ? « Toi, tu recevais sans broncher ces coups de poing vocaux. » Pour l’entourage, il est disparu soudainement, « comme on efface un nom sur un tableau ». Tout juste parvient-il à se trouver un père d’emprunt, le ramoneur du village qui l’emploie au noir. Au moins gagne-t-il un peu d’argent « à la suie de son front ».

L’alcoolisme du père, l’illettrisme du fils, la violence conjugale, la marâtre mauvaise, l’oncle odieux : on se dit que c’est trop, qu’on noircit le tableau à souhait. Bien sûr, on est « dans la campagne profonde », à l’époque où l’on compte en francs, mais il y a la voisine, aide-soignante pour personnes âgées, habituée peut-on croire à dépister les cas sociaux… C’est alors qu’on se rend compte qu’on est parti sur une fausse piste. Non, on n’est pas dans un roman d’Hector Malot. On s’est laissé entraîner (avec la complicité malicieuse de l’auteur) par ses souvenirs littéraires. La mère de Loïc était surnommée la « Madame Bovary du coin », mais par les « intellectuels estivaux » (au temps pour nous !). Le père, couvreur alcoolique tombant du toit, nous a fait penser à Zola ; la spoliation d’héritage, à Balzac. Mais nous ne sommes ni dans Ursule Mirouët, ni dans l’Assommoir !

Alors on repense à la petite phrase du début… « C’est fou comme on se laisse faire par ce que pense, ou veut, la majorité. » Tel est le sujet du roman : non l’histoire de Loïc (le « tu »), mais celle de sa voisine (le « je), l’observatrice, Greta, qui observe, écoute, mais imagine, aussi, ce dont elle n’a pas eu connaissance. Elle souffre d’une maladie orpheline, une photodermatose de la peau, qui lui interdit toute exposition aux ultraviolets, donc au soleil. C’est elle qui reste « loin du soleil », au sens propre, quand Loïc l’est au sens figuré. Un personnage de l’ombre, à l’opposé de Nadine, la mère de Loïc, qui s’exposait au soleil « à en mourir ». Le parallélisme est manifeste, et significatif. Nadine, la jeune femme solaire, « montée au ciel » en laissant Loïc démuni ; Greta, vouée à la pénombre, qui endossera un rôle maternel, comme « une subrogée fantôme ».

Car Greta elle-même ne peut concevoir sa photodermatose comme une fatalité. « Pourquoi ai-je cette maladie ? Quelle punition, et pour quel crime ? » Devoir se cacher de la lumière : n’est-ce pas plutôt la punition de celle qui n’a pas voulu affronter la réalité ? De petites notations nous mettent la puce à l’oreille. Loïc vole-t-il un billet de dix francs ? « Je ne veux rien savoir de plus. » Son père revient-il d’une cure de désintoxication ? « Je faisais comme si je ne savais pas ». Quant à ce que vit le garçon presque sous ses yeux : « Quand on soupçonne un drame il arrive qu’on fuie, pour ne pas mettre les pieds dedans. » Le roman sera celui de la fuite de Greta, plus que de la disparition de Loïc : ce n’est que dans les dernières pages qu’elle endossera véritablement le rôle qui lui est dévolu.

Et plus largement, c’est le drame de toute la famille, de tout le village. Le père refuse de voir son problème d’alcoolisme et, quand on le lui montre, il se trouve « interdit de déni » ! Les voisins parisiens retournent à la capitale. Les voisins, à leur quotidien. « On a de grands élans comme ça, on a les yeux embués quand on en parle, puis on se retrouve vite coincé dans ses habitudes. » Narré par une femme qui doit fuir la lumière, le roman tout entier est celui de l’aveuglement volontaire.

Voué à un « ensevelissement programmé », Loïc parviendra-t-il à échapper à son destin ? Le roman nous laissera prudemment dans l’incertitude. Deux mouvements opposés y maintiennent la tension. Tantôt, on insiste sur la déchéance du père et le salut du fils. Tantôt, sur le parallélisme entre leurs destins — Loïc se met à boire comme son père, il devient couvreur comme lui… Ce n’est peut-être pas le principal. L’important, c’est que celui qui n’était rien — un « mauvais souvenir » qui « gâcherait la pellicule » — soit devenu quelqu’un. Pour son oncle, un héritier, qui menace son propre héritage (et peu importe, en fin de compte, s’il obtiendra gain de cause ou non). Pour son père, un « compagnon de beuverie » : « C’est une place terrible, mais c’est toujours une place. Même bradée, tu la prends. » Exister, c’est aussi se retrouver un jour dans la lumière, cesser d’être « loin du soleil ».
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Loin du soleil

Nous suivons la vie de Loïc, sous le regard de sa voisine. Elle vit loin du soleil, car sa peau ne le supporte pas. Et éloignée de cet enfant : elle n'est que la voisine.

Elle le regarde se débattre dans la vie, avec un manque d'amour, qui génère une certaine maltraitance psychologique, et des conséquences désastreuses.

Elle ne s'implique pas réellement, mais elle comprend, et fait ce qu'elle peut. Une voisine n'est pas une mère, ni une amie. Et elle a aussi sa vie.



C'est l'histoire de personnes qui réagissent comme elles le peuvent aux aléas de la vie. Pas de jugement. Pas d'apitoiement.



C'est un livre très touchant, et qui questionne sur soi, et sur des petits gestes qui parfois sont déjà beaucoup. Et si moi j'avais été cette voisine, qu'aurais-je fait ?
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Loin du soleil

J'ai eu l'opportunité de découvrir ce titre, dont la sortie est prévue début janvier 2021, et la plume de Françoise Henry grâce à NetGalley & aux éditions du Rocher que je remercie. Dans ce court roman, j'ai quelque peu était déstabilisée par cette écriture à la seconde personne du singulier qu'emploie l'auteure pour retranscrire les mots de Greta à son jeune voisin, jeune illettré délaissé par son père tombé dans l'alcool au décès de son épouse. A travers ses mots, Françoise Henry nous livre ici un écrit sombre mais sans parti pris où elle banalise le malheur que Greta a sous les yeux au quotidien. Ce court récit porte tout de même à réflexion, et nous amène à dire qu'une main tendue apporte souvent beaucoup... mais elles sont si peu nombreuses au quotidien ! 
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Journée d'anniversaire

Un couple après 6 ans de mariage. C'est son anniversaire à elle, Pergise, 35 ans. Lui, Bagnuls se lève tôt pour aller acheter une brioche et des fleurs...et ne rentre qu'à minuit moins cinq! Je m'attendais à une banale histoire d'adultère mais il s'agit simplement d'une pause où chacun revit son histoire d'amour, ses souvenirs d'enfance, ses rêves, ses fantasmes, sans regret ni amertume. Une analyse très fine du sentiment amoureux dans un décor de brume fort bien décrit.
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Journée d'anniversaire

Un beau roman dans lequel Françoise Henry nous emporte dans l'intimité d'un couple de trentenaire dont la femme va fêter ses 34 ans. La journée s'annonce festive mais différents événement perturbent le programme de Bagnuls, le mari. Délicieux.
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La lampe

Un beau roman d'une grande délicatesse et d'une sensibilité à fleur de peau. Cousine Bobine est une couturière discrète et très douée. Malgré le couvre-feu de cet hiver sous l'Occupation, l'héroïne laisse sa lampe allumée. Un maquisard viendra se réfugier chez elle et la vie de Bobine va changer. Beaucoup de poésie et de douceur dans ce roman qui se lit d'une traite.
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Le drapeau de Picasso

Je n'ai pas terminé ce livre, pourtant guère épais. En fait leur couple n'évolue pas, on s'englue dans l'histoire et surtout, on n'y voit pas d'issue et il y a beaucoup de choses répétitives. Comme on ne sait ni comment ni quand ni pourquoi il a été défiguré, c'est assez casse-pieds. J'ai eu l'impression que la façon dont était écrit ce texte était à l'image de la relation de ce couple : on ne voit pas d'issue et tout est répété sans aucune amélioration ou évolution.
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