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Citations de Fritz Zorn (202)


Personne n'en parle mais tout le monde le sait. Personne n'en parle et pourtant, depuis la nuit des temps, il n'et pas question d'autre chose : depuis que l'écriture a été inventée, la littérature ne connaitt pas d'autre thème que celui-là, que la sexualité compte plus que tout le reste. [...]
Pourtant ce n'est seulement moi, manifestement, qui ai refusé d'admettre cette antique vérité, toute la société se refuse à reconnaitre cette vérité. Au début du siècle, lorsque Freud rendit publique la théorie selon laquelle la vie entière n'est faite que de sexualité, tout le monde fut horrifié d'entendre énoncer ce fait, bien que tout le monde connût ce fait depuis longtemps déjà.
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Même si l'on part de l'hypothèse que Dieu n'existe pas, on devrait positivement l'inventer rien que pour lui casser la gueule.
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Les mots perdent tout leur poids et tout leur sens ; la langue se décompose en une masse amorphe de particules privées de significations ; plus rien n’est solide, et tout devient irréel.
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Vu sous l’angle sociologique, je suis la cellule cancéreuse de ma société et, de même que la première cellule maligne en moi a une origine psychosomatique, ce qu’on peut définir en un certain sens comme « arrivé par sa propre faute », de même, en tant que représentant de la maladie de ma société, je dois pour ce qui est de l’âme être inscrit au passif de cette société.
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Je n'étais pas triste parce qu'il me manquait quelque chose de précis, j'étais triste bien qu'il ne me manquât rien - ou qu'apparemment rien ne me manquât.
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Adopter dans toutes les circonstances de la vie l'attitude la plus correcte qui fût, telle était à nos yeux la meilleure façon de nous protéger. Mais de nous protéger de quoi ? Nous aurions été sans doute incapables d'y mettre des mots, mais je crois aujourd'hui que nous éprouvions le besoin de nous protéger congre l'univers tout entier. Nous devions être immaculés ; demeurer purs et sans tache.
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La question hamlétienne qui menaçait ma famille se présentait ainsi : être en harmonie ou ne pas être.
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Il ne suffit pas d'exister ; il faut aussi attirer l'attention sur le fait qu'on existe. Il ne suffit pas simplement d'être, on doit également agir. Mais qui agit dérange - et cela au sens le plus noble du terme.
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Ma misère est aussi une partie de la misère universelle. Ma vie, ce ne sont pas
uniquement les gémissements d'un individu issu de la bourgeoisie zurichoise, éduqué à en mourir ; c'est aussi une partie des gémissements de tout l'univers où le soleil ne s'est pas levé
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Naturellement, ils allaient cependant tout de même à l'église. Il y avait déjà tous leurs morts à l'enterrement desquels ils avaient l'habitude de se rendre. Mais une fois que mes parents allaient à l'église, alors, ah, alors il appartenait au bon ton de s'y rendre selon toutes les règles du comme il faut, et alors, miséricorde, quel pèlerinage ! En effet, une fois qu'ils y étaient, à l'église, ils ne trouvaient plus rien à redire : ils louaient l'église, son architecture, sa décoration florale, le pasteur, le sermon, le jeu de l'orgue, le chant, l'atmosphère et tout de cont il y a moyen de faire l'éloge quand on est bien décidé à faire l'éloge de tout. L'église leur plaisait car elle était bien. Une seule chose semblait ne pas plaire à mon père : quand il devait se lever en même temps que les autres pour la prière, il avait toujours un air furibond, tant il était en colère de devoir se lever comme les autres et faire semblant de prier. Toutefois, après la cérémonie religieuse, il était toujours de bonne humeur et se répandait en louanges ; il déclarait que le curé avait très bien parlé, qu'il s'était exprimé en termes choisis et qu'il avait une diction parfaite. J'étais cependant frappée de ce que mon père louait toujours la forme du sermon : qu'il fût ou non d'accord avec son contenu, cela on n'en parlait pas. Je me rappelle encore qu'à l'issue d'une de ces cérémonies de funérailles j'avais pensé que le curé avait, en fait, dit des tas de bêtises. Pourtant, mon pauvre père commenta ce discours en disant que le curé avait très bien parlé. (On pourrait même conclure à ce propos un subtil compromis, car il est fort possible que le prêtre ait parlé très bien et très bêtement à la fois). Aujourd'hui, je m'expliquerai les choses en me disant que mon père était uniquement pour la forme de l'Eglise mais pas pour son sens. Être pour la forme de l'Eglise, cela faisait partie du bon ton ; être pour son sens, c'était ridicule.
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Les gens croyaient que j’étais vraiment tel que je croyais être. Mon jeu était confirmé par mon entourage et, lorsque je commençai à douter de ma feinte sérénité, je pus me permettre la fausseté de me dire : j’ai seulement l’impression d’être déprimé. Mais tout le monde dit pourtant que je ne le suis pas. Les gens ne se seront tout de même pas trompés tous à la fois. C’est ainsi que les autres devinrent mes complices. Si jamais mon masque menaçait de craquer devant mes yeux, je pourrais toujours invoquer les autres qu’il continuait à tromper.
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Ces réactions du corps n'ont en soi rien de rationnel; elles ne mènent à rien, elles n'ont aucun but, simplement elles ont lieu. L'histoire de ma vie, elle non plus, ne mène à rien et n'a aucun sens, simplement elle a lieu; mais c'est justement ce qui caractérise toutes les histoires, qu'elles ne font justement rien d'autre qu'avoir lieu. Peu importe qu'elles soient réjouissantes ou non.
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Je définirais le ridicule comme la distance entre le parfait et l'imparfait ou, formulé cyniquement, entre le négatif et le positif: le rien est toujours parfait, le quelque chose a toujours des défauts. A la sérénité du Bouddha l'agitation du monde paraît ridicule, car lui-même n'a plus rien à voir avec cela. Au cynique les sentiments du prochain paraissent ridicules parce que lui-même n'a plus de sentiments.
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« L’éducation sexuelle que j’ai reçue –ou mieux : que je n’ai pas reçue – de mes parents ne constituent pas une exception dans les milieux bourgeois. Mais il est évident que mes parents devaient être profondément d’accord avec ce tabou frappant toute la sexualité, vu qu’un tabou consiste à ne pas parler de son objet, et ne pas parler de quelque chose, c’était justement cela qu’aimaient mes parents ».

C'est bien sûr le sens du mot tabou. Mais dans "Mars", le tabou est généralisé, comme le cancer dont il est atteint.
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Dans mon cas, il faudrait parler sans doute d'idiotie affective. Cette insuffisance m'empêchait de remarquer: " Ah, celui-ci ou celle-là, je l'aime bien". Je n'aimais bien personne car je n'en étais pas capable. Il ne m'était donc pas possible d'avoir un contact émotif avec le monde.
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Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malhereux, névrosé et seul. Je descends d'une des meilleures familles de la rive droite du lac de Zurich (...). J'ai eu une éducation bourgeoise et j'ai été sage toute ma vie. Ma famille est passablement dégénérée, c'est pourquoi j'ai sans doute une lourde hérédité et je suis abimé par mon milieu. Naturellement, j'ai aussi le cancer, ce qui va de soi si l'on en juge d'après ce que je viens de dire.
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Je crois que ne-pas-vouloir-déranger est quelque chose de mauvais parce qu'il faut justement qu'on déranger. Il ne suffit pas d'exister ; il faut aussi attirer l'attention sur le fait qu'on existe. Il ne suffit pas simplement d'être, on doit également agir. Mais qui agit dérange - et cela au sens le plus noble du terme.

Extrait de la cantate de Bach, Montez, sons éclatants des joyeuses trompettes (nomen est nomen) :

Là fleurit mainte belle fleur,
Ici, à la gloire de Flore
Une plante se dresse, grandit
et veut montrer sa croissance.

Il ne suffit pas que la plante se dresse, elle doit aussi "montrer sa croissance.
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Je ne puis pas trouver de sens à ce que mes parents aient produit cette créature souffrante que je suis et à qui pour s'engager sur le chemin de la vie, ils n'ont rien pu donner d'autre que leur incapacité à vivre et leur propre névrose. Cela aurait eu plus de sens qu'ils ne m'eussent pas produit, qu'ils s'en fussent abstenus.
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… celui qui a été élevé de travers n’en attrape pas toujours le cancer. Il me semble plus juste de dire que le mal causé par une éducation erroné est parfois tellement grand qu’il peut aussi se manifester, sous ses formes extrêmes (comme cela paraît bien être mon cas) dans les maladies consécutives à une névrose, par exemple le cancer. Survivrai-je à cette maladie ? Aujourd’hui je n’en sais rien. Au cas où j’en mourrais, on pourra dire de moi que j’ai été éduqué à mort.
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Je suis prêt, aussi, à pardonner à mes parents, au fond je l’ai déjà fait au cours de mes réflexions, mais le fait que quelqu’un a été gracié ne signifie tout de même pas qu’il était innocent. Au contraire : seul celui qui est coupable peut être gracié.
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