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Citations de Fritz Zorn (202)


Jamais je n’avais pu parler de choses tristes et jamais non plus de choses sérieuses car la tristesse que je portais en moi avait toujours été si grande qu’elle eût fait sauter le cadre de toute conversation conventionnelle, si j’avais ouvert les vannes qui retenaient le torrent de désespoir comprimé en moi. C’est pourquoi, automatiquement, j’avais toujours tout tourné à la plaisanterie ou même en ridicule, afin d’éluder, autant que possible, le malheur qui, en moi, menaçait.
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Je suis le carcinome de Dieu.
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(...) je n'avais absolument jamais été amoureux et n'avais pas la moindre idée de ce que c'était que l'amour ; c'était un sentiment que je ne connaissais pas, tout comme je ne connaissais à peu près aucun autre sentiment.
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Sur le chemin morose de ma vie, la chose la plus intelligente que j’ai jamais faite, et de beaucoup, c’est bien de contracter le cancer
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Dans ma famille, lorsqu'il s'agissait de prendre parti, l'un des recours les plus en vogue, c'était le " compliqué ". "Compliqué", c'était le mot magique, le mot clé qui permettait de mettre de côté tous les problèmes non résolus, excluant ainsi de notre monde intact tout ce qui est gênant et inharmonieux. . . . il suffisait de découvrir qu'une chose " compliquée ", et déjà elle était tabou. On pouvait dire: Aha, c'est drôlement compliqué; alors n'en parlons, laissons tomber. . . . Le mot "compliqué" a pour moi quelque chose de magique: on disait " compliqué "à propos d'une chose comme si on prononçait sur elle une incantation, et la voilà disparue.
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Tous ceux qui n'écrivent pas de Mémoires ne sont pas forcément heureux.
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Fritz Zorn
Après avoir éludé la vie pendant trente ans, comme me l'avaient enseigné mes parents et la classe sociale qu'ils incarnaient, je me trouve à présent face à la mort sous sa forme la plus concrète et je dois la combattre [...] Je me figure que mon destin, quand il s'est rendu compte que je ne pouvais absolument pas venir à bout de la vie, s'est dit : Bon, puisqu'on ne peut rien tirer du vivre, essayons donc le mourir.
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Je crois que je suis divisé en trois parties. Premièrement je suis fait de mon individualité ; deuxièmement je suis le produit de mes parents, de mon éducation, de ma famille et de ma société ; troisièmement je suis un représentant du principe de vie en général, c'est-à-dire de cette force, justement, qui fait que les électrons tournent autour du noyau de l'atome, que les fourmis fourmillent et que le soleil se lève. Une partie de moi est aussi électron et fourmi et soleil et cela, l'éducation la plus bourgeoise ne peut l'abîmer en rien. (p. 295-296)
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Je définirai ma tragédie en disant que je n'ai pas pu être et incarner dans ma vie tout ce qui m'apparaissait comme seul digne d'être vécu, parce que dans ma vie, manifestement, ce ne sont pas ma volonté et mes sentiments et mon moi qui ont été l'essentiel, mais seulement et toujours l'héritage des autres en moi ; ce n'est pas ce que je voulais qui est arrivé mais ce que mes parents - ou, mieux, mes "parents" entre guillemets - ont déposé en moi. Ainsi, par exemple, mes parents ont déposé en moi ceci, que la sexualité n'existe pas chez moi, bien que, dans la partie de mon moi que je désignerais comme "moi-même", la sexualité soit la plus haute de toutes les valeurs. Je crois que c'est seulement la partie la plus infime de mon moi qui est moi-même ; sa plus grande partie est empoisonnée, violée et détruite par le principe hostile décrit plus haut, dont les représentants les plus typiques pour moi étaient mes parents. C'est comme un gigantesque corps étranger en moi, qui est beaucoup plus grand que la partie de mon moi désignée comme "moi-même", qui me ronge et dont je souffre. (p. 248)
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Je n'ai pas encore vaincu ce que je combats ; mais je ne suis pas encore vaincu non plus, et ce qui est le plus important, je n'ai pas encore capitulé. Je me déclare en état de guerre totale.

Comano, 17. VII.. 1976.
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Bien que ne sachant pas encore que j'avais le cancer, intuitivement je posais déjà le bon diagnostic car, selon moi, la tumeur c'étaient des "larmes rentrées". Ce qui voulait dire à peu près que toutes les larmes que je n'avais pas pleurées et n'avais pas voulu pleurer au cours de ma vie se seraient amassées dans mon cou et auraient formé cette tumeur parce que leur véritable destination, à savoir être pleurées, n'avais pas pu s'accomplir.
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Non, en vérité, tout allait toujours bien et mème beaucoup trop bien. Je crois que c'est justement cela qui était mauvais : que tout aille toujours trop bien. Dans ma jeunesse, presque tous les petits malheurs et, principalement, tous les problèmes m'ont été épargnés. Il faut que j'exprime cela encore plus précisément: je n'avais jamais de problèmes, je n' avais absolument aucun problème. Ce qu'on m'évitait dans ma jeunesse, ce n'était pas la souffrance ou le malheur, c'étaient les problèmes et, par conséquent, la capacité d'affronter les problèmes. (p.35)
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Toutefois si l'on songe que même aujourd'hui, il y a encore des gens qui se glorifient de mourir pour Dieu, la patrie capitaliste et ses trusts, on ne peut qu'en venir à la conclusion qu'il y a des raisons de mourir plus bêtes que le manque d'amour.
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Cependant la normalité, telle que je la comprenais, résidait dans le fait qu'on ne doit pas dire la vérité mais être poli. Toute ma vie j'ai été brave et gentil et c'est pour cela que j'ai attrapé le cancer. Et c'est tout à fait bien ainsi. j'estime que quiconque a été toute sa vie brave et gentil ne mérite rien d'autre que d'attraper le cancer. Ce n'est que la juste punition.
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Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul.
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Et moi ? J’étais tout bonnement un peu plus sensible que d’autres enfants ordinaires et c’est pourquoi j’ai plus mal survécu à mon milieu que d’autres enfants. Peut-on en conclure qu’au fond mon éducation n’a pas été du tout si mauvaise, du fait que j’y aurais survécu sans histoires si seulement je n’avais pas été si sensible ? Naturellement non, car justement une éducation est mauvaise quand seuls y survivent les enfants qui ne sont pas sensibles, et justement n’est bonne que quand même les enfants sensibles y survivent.
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Au début de ma maladie, je me disais, à chaque nouvelle grosseur et à l’apparition de chaque nouvelle douleur : pourvu que ce ne soit pas de nouveau un signe de cancer ! Aujourd’hui, je peux compter sans peine une demi-douzaine d’endroits de mon corps où l’on peut voir et sentir, par exemple comment l’os est disloqué et se décompose ; dans ces conditions, je n’ai plus à craindre que cela puisse être le cancer ; je sais que c’est le cancer.
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J’avais aussi acquis une certaine capacité de me réjouir de quelque chose. Dans l’ensemble on pourrait dire que je commençais à ressentir plus de choses agréables comme vraiment agréables, et aussi que je commençais à saisir les choses désagréables de plus en plus comme quelque chose de désagréable en soi. Jadis tout avait toujours été « comme ça » et généralement accablant : j’avais été déprimé alors qu’il pleuvait ou bien alors que le soleil brillait. A présent, je commençais à acquérir la faculté de me réjouir de ce que le soleil brillait et de me fâcher parce qu’il pleuvait.
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Mes représentations romantiques de l'amour se bornaient à des scènes de coup de foudre comme il m'était arrivé d'en voir au cinéma. Je me figurais que moi aussi (le jour non précisé où je serais "grand") je rencontrerais une fille dont je devrais sentir à première vue qu'elle était la seule vraie (évidemment la fille, juste au même instant, sentirait tout juste la même chose). Dans cette voie, tous les efforts pénibles pour conquérir cette personne idéale disparaissaient naturellement comme par enchantement ; il n'y aurait aucun problème à cause d'elle ou avec elle. Il ne me faudrait ni l'aborder ni lui adresser la parole, je ne rougirais ni ne devrais prendre sur moi de lui demander si elle voulait bien être mon amie ; dès le début tout serait clair, sans problème et harmonieux. Elle serait tout aussi apathique et ennuyeuse que moi et, tout comme moi, ferait tout pour qu'aucun de nous deux ne fût blessé ou seulement touché par l'autre. Pauvre femme.
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La sexualité représente toujours, dans la nature humaine, ce qu’il y a de plus vrai, de plus vital et de plus énergique, elle met toujours tout en jeu. Mais chez nous, ces choses-là étaient très malvenues. Le vrai nous faisait profondément horreur ; nous ne voulions jamais aller au fond d’une chose, nous préférions trouver toujours tout « compliqué ». Nous ne voulions jamais faire quelque chose par nous-mêmes ; nous aimions mieux sourire de ce que faisait les autres. Nous ne voulions pas mesurer nos énergies, nous voulions être harmonieux et neutraliser tous les différends au profit d’un néant couleur de rose ressemblant vaguement au bonheur. Mais avant tout nous ne voulions jamais « le tout » : le tout, c’était toujours les autres, nous, nous étions à part. Une chose, plus encore, nous répugnait : le sexe était nécessairement toujours en rapport avec le corps honteux, le corps que tous les autres, les êtres bas, ne trouvaient nullement honteux mais désirable ; nous, nous ne pensions naturellement pas cela. De plus, nous ne pouvions pas nier que la sexualité vous met à découvert, dans tous les sens du terme. Or c’était cela que nous ne voulions à aucun prix...
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