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Citations de Fumiko Hayashi (23)


A partir de là, y avait-il un seul endroit où j'aurais voulu aller ?
Gare après gare, chaque fois que j'entendais les cris des marchands sur le quai, mon coeur épouvanté me faisait ouvrir soudain les yeux.
Ah s'il était aussi difficile de vivre, autant me faire mendiante, je pense qu'il serait intéressant de multiplier les régions où vagabonder, en nomade !

( p.78)
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Tomioka suivait ses propres pensées, qui devenaient peu à peu lourdes comme des pierres. [...]
Il imagina sa propre silhouette sous la forme d'un nuage flottant. Un nuage errant au gré du vent qui, un jour, quelque part, insensiblement, disparaîtrait.

[林 芙美子 / HAYASHI Fumiko, 浮雲 / "Ukigumo" / "Nuages flottants", 1951 — traduit du japonais par Corinne Atlan pour les éditions du Rocher (Monaco/Paris), 2005 ; rééd. éditions Philippe Picquier (Arles), coll. Picquier Poche", 2012 — chapitre 67, page 487, lignes finales]
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Tomioka avait vidé une bonne partie de la bouteille de saké.
— A Dalat, je buvais souvent du sherry...
Yukiko avait fini de manger et s'était refait du café. Tout en observant Tomioka qui continuait à boire en discourant tout seul, elle regardait avec résignation le niveau de la bouteille diminuer. L'alcool était sans doute une sorte de drogue pour Tomioka. Même avec le meilleur travail qui fût, s'il continuait à boire de la sorte, aucun salaire ne pourrait lui suffire. Yukiko ressentait envers Tomioka de la colère plutôt que de la pitié. Il se noyait tellement dans l'alcool qu'il lui devenait impossible de réfléchir sérieusement aux choses, ou d'avoir la force d'en discuter. Son visage avait complètement perdu le teint luisant de santé et de jeunesse qu'il avait à l'époque de l'Indochine. Il était émacié et paraissait exténué.

[林 芙美子 / HAYASHI Fumiko, 浮雲 / "Ukigumo" / "Nuages flottants", 1951 — traduit du japonais par Corinne Atlan pour les éditions du Rocher (Monaco/Paris), 2005 ; rééd. éditions Philippe Picquier (Arles), coll. Picquier Poche", 2012 — Chapitre 33, page 241]
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Prologue

Moi, dont les deux parents se trouvaient dépourvus de pays natal, il était inévitable que le mien soit le voyage.


( p.21)
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Dans les vapeurs de l'ivresse, il oublia tout ce qui avait précédé son arrivée sur cette île, et l'illusion d'y avoir toujours vécu s'empara de lui. La pluie tombait de plus en plus drue, une véritable tempête. L'eau coulait à torrent dans les gouttières avec un bruit de percussion. Tomioka avait l'impression qu'ici, toute pensée devenait inutile, seule comptait la vie, dans ce qu'elle avait de plus brut. Il continua donc à boire sans penser à rien.
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Aujourd'hui j'ai pris dans la bibliothèque du couloir un livre de Tchekhov pour le lire. Tchekhov est le pays natal de mon cœur.Les soupirs de Tchekhov, ses silhouettes, toutes vivantes, parlent dans un sourd murmure à mon cœur crépusculaire.

( p.36)
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Le vent sauvage de la montagne grondait dans la nuit en rasant l'auvent de l'établissement de bains.

[林 芙美子 / HAYASHI Fumiko, 浮雲 / "Ukigumo" / "Nuages flottants", 1951 — traduit du japonais par Corinne Atlan pour les éditions du Rocher (Monaco/Paris), 2005 ; rééd. éditions Philippe Picquier (Arles), coll. Picquier Poche", 2012 — chapitre 30, page 220]
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Il y a une beauté des choses déchues.
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Il imagina sa propre silhouette sous la forme d'un nuage flottant. Un nuage errant au gré du vent qui, un jour, quelque part, insensiblement, disparaîtrait.
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L'esprit humain était une chose si volatile et changeante, qui se transformait à chaque instant en fonction des miasmes de son environnement.
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Si tu veux vraiment qu'on se quitte, je n'y peux rien, mais est-ce que c'est juste ? Tu auras une maison magnifique, tu feras plaisir à ta femme, à ta famille, tu auras la conscience tranquille, mais pour bâtir ce bonheur, tu auras sacrifié plusieurs personnes.
C'est affreux de faire semblant d'ignorer ça.
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Dès qu'on se quitte et qu'on ne se voit pas pendant deux ou trois jours, on a envie de se revoir. Je suis toujours en train de penser à toi. Je te déteste ou je t'adore... C'est insupportable, d'être humain. Il faut laisser passer encore un peu de temps, et la sérénité finira sans doute par venir, mais...
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Il continuait à boire, en grignotant les bouts d'oignons frais et les pousses de bambou qui parsemaient les nouilles refroidies. « Comme ma vie est pitoyable », songea-t-il, tout en commençant à se trouver comique. Tout le monde, se disait-il, croyait avec le plus grand sérieux vivre des tragédies répétées, mais il doutait que quiconque, depuis des milliers d'années, eût vécu une seule véritable tragédie, propre à enrichir l'humanité. La vie des hommes n'était qu'une succession de farces. Les hommes vivaient, le cœur tremblant, des comédies pleines de désordre et de confusion. Brandir le spectre de la justice était également une farce. Le bien et le mal ne pouvaient être que des bouffonneries. Les êtres humains vivaient en poussant chacun à l'extrême la logique qui lui convenait le mieux, dans une ambiance d'une drôlerie à pleurer de rire. C'est peut-être seulement devant la mort que, soulagé, on poussait enfin pour la première fois un soupir authentique.
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— Je ne peux pas le dire trop haut mais, tu sais, le commerce qui marche le mieux à notre époque, c'est la religion. La religion, c'est la seule voie de salut ! C'est presque drôle de voir le nombre de gens dans le doute qui viennent nous voir, grâce au bouche à oreille. Nous avons des magasins dans les environs du temple, et à la gare il y a un plan pour venir jusque chez nous. C'est drôle, tu verrais ! Tout le monde donne son argent de bonne grâce. Personne ne rechigne à donner de l'argent : c'est ça la force de la religion.

[林 芙美子 / HAYASHI Fumiko, 浮雲 / "Ukigumo" / "Nuages flottants", 1951 — traduit du japonais par Corinne Atlan pour les éditions du Rocher (Monaco/Paris), 2005 ; rééd. éditions Philippe Picquier (Arles), coll. Picquier Poche", 2012 — Chapitre 41, page 303]
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— Ça ne t'est jamais arrivé à toi, de vouloir mourir ? C'est parce qu'on a envie de vivre qu'on songe à mourir. Je suis allé à Ikaho dans cet état d'esprit. Et je suis rentré à Tokyo en me disant que j'arriverais bien à m'en sortir d'une manière ou d'une autre. L'idée de mourir, je trouvais ça tellement triste, c'est pour ça que je bois autant. Je me suis rendu compte de mon manque de courage face à la mort, c'est pour ça que j'ai renoncé. Tout le monde, au moins une fois dans sa vie a envisagé de se suicider, non ?... Seulement nous, même pour mourir, nous avons une conscience qui nous gêne et dont nous ne pouvons pas nous débarrasser si simplement. C'est sûr, vu du ciel, une vie humaine c'est une bulle de savon , mais on est doté d'une certaine raison, on a de la vanité, on cherche à faire des effets... Un être humain ne peut pas devenir un pur esprit. On fait comme on peut avec ses contradictions et on se construit comme on peut ses petites joies dans la vie, voilà tout.

[林 芙美子 / HAYASHI Fumiko, 浮雲 / "Ukigumo" / "Nuages flottants", 1951 — traduit du japonais par Corinne Atlan pour les éditions du Rocher (Monaco/Paris), 2005 ; rééd. éditions Philippe Picquier (Arles), coll. Picquier Poche", 2012 — Chapitre 33, pages 243-244]
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— Quand je suis arrivé au port, à Hiroshima, il y avait un paquet de Camel par terre sur la jetée. J'ai trouvé la couleur jolie. Eh bien, voyez-vous, c'est grâce à ce paquet de cigarettes que j'ai enfin compris qu'on avait perdu cette guerre. Perdre une guerre aussi, c'est une affaire de destinée.

[林 芙美子 / HAYASHI Fumiko, 浮雲 / "Ukigumo" / "Nuages flottants", 1951 — traduit du japonais par Corinne Atlan pour les éditions du Rocher (Monaco/Paris), 2005 ; rééd. éditions Philippe Picquier (Arles), coll. Picquier Poche", 2012 — chapitre 28, page 209]
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Il oublia ensuite Dieu pour passer aux techniques permettant d'utiliser les êtres humains et leur aspiration au divin. Chez tous les êtres, expliqua-t-il, le désespoir durait plus longtemps que les brefs moments de bonheur. Tous les humains trébuchaient, tous connaissaient les tourments du désespoir. Les brefs moments de joie de la vie correspondaient à l'une ou l'autre des extases procurées par les désirs des sens, et la tâche urgente des nouvelles religions était d'utiliser ce besoin d'extase pour séduire les fidèles. Les hommes et les femmes se servaient de leur argent dans le but de satisfaire leur concupiscence. Donc, si l'extase religieuse parvenait à entrer aussi dans ce cadre, rien ne rapporterait autant d'argent que la religion, poursuivit-il comme s'il parlait d'un commerce.
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Non, croyez-moi, tout est décidé d'avance en ce monde. Si c'était le Japon qui avait gagné cette guerre, les choses auraient été bien pires pour nous... On a pris conscience de l'absurdité de la guerre, c'est déjà beaucoup...
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(...)tout est affaire de destin, quand on se rencontre, c'est que ça devait arriver, à cause d'un lien dans une vie antérieure.
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C'est justement parce que l'on ne peut pas se fier au coeur humain qu'il existe autant de formalités destinées à nous rappeler comment nous comporter.
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