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Corinne Atlan (Traducteur)
EAN : 9782268053677
418 pages
Les Editions du Rocher (10/03/2005)
3.67/5   32 notes
Résumé :
1945. Yukiko rentre à Tokyo, dans un Japon dévasté, après plusieurs années passées en Indochine, comme secrétaire pour le ministère des Forêts. Elle espère y refaire sa vie avec Tomioka, employé du ministère avec qui elle a vécu une passion torride. Mais Tomioka, qui a retrouvé sa femme et ses enfants, n'est plus le même homme : malgré ses promesses, il n'a rien à offrir à Yukiko qu'une relation épisodique où la nostalgie a remplacé la passion d'autrefois...
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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林 芙美子 / HAYASI Fumiko (1903-1951) fut une exceptionnelle romancière : son ultime ouvrage 浮雲 / "Ukigumo" / "Nuages flottants" [1950] est une oeuvre peinte à touches délicates, dans la beauté d'une exceptionnelle prose poétique qui nous entraîne dans le Tokyo et ses banlieues grisâtres d'après la défaite de 1945 ; dans le monde des souvenirs, aussi...

Une femme face à l'ancien "homme de sa vie", celui qu'elle a connu dans la jungle de Dalat, dans la péninsule indochinoise alors sous occupation nippone : vie dont elle a perdu le fil et dont elle doit faire son deuil...

Fumiko et Tomioka sont les visages universels et inoubliables, à eux seuls la conscience erratique de tout un peuple vaincu, glissant jour après jour dans la misère matérielle et spirituelle...

L'adaptation cinématographique de cette oeuvre par 成瀬 巳喜男 / NARUSE Mikio (1905-1969) fut également de toute beauté – dans son noir-et-blanc brumeux hypersensible. Un chef d'oeuvre, un "classique moderne" de 1955 à découvrir, lui aussi, toutes affaires cessantes...

Nous devant de célébrer ici, bien trop brièvement, ce "Nuages flottants", on affirmera qu' il s'agit là de pure, très pure littérature, avec une place infinie laissée à l'imaginaire de son lecteur.

Par enchaînement de phrases brèves et précises, sobrement descriptives, ce lecteur-là observe avec une curiosité croissante la fertilisation (habile et incessante) de sa propre imagerie mentale, sur ce thème douloureux des "Misères du Japon de l'après-guerre" éprouvées dans la chair de l'auteure...

En tous points et lignes de fuite, en toutes circonstances, l'authenticité du sentiment... Jamais de surlignage. Juste du sensible.

Page après page, "L'heure de la sensation vraie"...

Une supplique à Corinne ATLAN, admirable traductrice en langue française de ce roman de l'Ultime : suggérez à Philippe PICQUIER de vous faire traduire, roman après roman, nouvelle après nouvelle, TOUTE l'Oeuvre fictionnelle et autobiographique de feu Mme HAYASHI... :-)
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Yukiko, après la défaite du Japon, est rapatriée d'Indochine, où elle avait été rattachée en tant que dactylo au ministère de l'Agriculture et des Forêts. Elle espère retrouver Tomioka, lui aussi revenu à Tokyo, un ingénieur agronome, dont elle est encore amoureuse. Mais Tomioka est marié. Au Vietnam, il eut aussi une liaison avec une servante. Les vicissitudes de l'après-guerre l'entraînent dans une sorte d'indifférence et de déchéance morale. Il rejette Yukiko et s'éprend même d'une ravissante jeune femme qui abandonne son mari pour lui. Il sombre de plus en plus dans l'alcoolisme et la misère tandis que Yukiko semble prête à tout pour le reconquérir. L'auteure Hayashi Fumiko fait le portrait amer du Japon de la défaite, de personnages ballotés par les événements et leurs sentiments. Un roman âpre, très fort, adapté au cinéma par Naruse.
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Un homme et une femme s'aiment...ou plutôt se sont aimés.
Car lui ne l'aime plus...
Et elle refuse de voir que cet amour n'existe plus.
Elle va s'enfoncer de plus en plus profondément dans ses souvenirs et cette passion va la dévorer littéralement, jusqu'à la briser.
Ce roman très poétique (comme bon nombre de romans japonais) nous laisse abasourdis, comme cette femme que la passion a totalement détruite. Une descente aux enfers magnifiquement décrite.

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Hiver 1945, au Japon, on est à près de 2 millions de morts en 3 ans et 8 mois.

Le pays a été anéanti par la guerre.

Yukiko Koda, 25 ans, rentre d'Indochine, de Dalat, où elle fut pendant plusieurs années embauchée comme secrétaire au ministère des forêts. 

Au Japon, les visages sont blêmes : "Les visages de perdants marqués par la défaite ".

Elle est terriblement angoissée à l'idée de ne pas savoir de quoi elle vivra désormais. Son retour au Japon, c'est forcément revoir Iba, l'homme qui l'a violé tous les soirs pendant 3 ans avant son départ. 

À Dalat, tout lui semblait idyllique, les paysages, le travail, et surtout elle a vécu un amour passionnel avec Tomiko, un homme marié (qui a retrouvé sa femme Kiniko au Japon il y a un an, à son retour au pays).

Yukiko le retrouve, la passion qu'elle éprouve pour cet homme si lâche et volage est intacte. Elle recherche désespérément cet amour qui n'a plus de réalité. 

Tomiko voudrait la fuir dans un premier temps. 

Vont suivre des années tumultueuses pour ce couple aux deux personnalités si différentes. 

L'intrigue : finiront-ils ensemble ? m'a rapidement lassé. J'ai mis du temps à le lire. Ils s'aiment, se détestent, se quittent, boivent ensemble, se rabibochent pendant 419 pages.

Je n'ai pas abandonné ma lecture car J'AI AIMÉ lire le Japon d'après-guerre, la belle plume aux descriptions riches du vent, de l'Indochine, de la forêt qu'a si bien traduit Corinne Atlan, le temps pris à Fumiko Hayashi pour décrire la psychologie des personnages et les aboutissements d'une pensée, d'un mot, le combat de Yukiko qui est tenace à toute épreuve. La critique sur les hommes japonais, sur les religions. Son soutien aux femmes. 

L'autrice était selon moi perfectionniste et exigeante avec elle-même on le ressent souvent. 

J'ai commandé un autre livre de FH : Les yeux bruns. Elle a écrit Vagabonde qui a été publié aux éditions Picquier en 2022. Dévastation son dernier livre traduit en français va être publié cette année. J'ai envie de la connaître davantage. 

Fumiko Hayashi ( l'autrice ) a été fille de marchands ambulants et à passé sa jeunesse sur les routes du Japon. Elle est décédée à l'âge de 48 ans en 1951.



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Fin de la guerre, les colons japonais quittent les colonies françaises pour un retour bien peu glorieux dans la mère-patrie. Peu glorieux et bien difficile dans un pays occupé.
Et avec un amour défunt dont le fantôme est tenace : Yukiko et Tomioka n'arrêtent pas de se quitter. Et de se faire du mal. Présentant au lecteur un Japon très éloigné des images de retenue, de subtilité, d'épure qui font sa renommée. Mais plutôt un Japon pauvre, sale, offert au plus audacieux voire au plus malhonnête. C'est le Japon des bas-fonds. C'est aussi le Japon de ceux que l'on veut cacher et qui ne trouvent plus leur place: les démobilisés d'une guerre perdue et honteuse. C'est une peinture crue et sans concession d'un pays qui a quasiment tout perdu et dont les habitants sont déboussolés. Et le portrait d'une femme forte, dérangeante parce qu'elle refuse les cadres tout prêts de la société et qui essaye de s'inventer une place, un statut là où il n'y a rien. C'est une lutte de tous les instants. Et pourtant tous, lecteur comme personnages, que tout finira par passer. D'une manière ou d'une autre...
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Tomioka avait vidé une bonne partie de la bouteille de saké.
— A Dalat, je buvais souvent du sherry...
Yukiko avait fini de manger et s'était refait du café. Tout en observant Tomioka qui continuait à boire en discourant tout seul, elle regardait avec résignation le niveau de la bouteille diminuer. L'alcool était sans doute une sorte de drogue pour Tomioka. Même avec le meilleur travail qui fût, s'il continuait à boire de la sorte, aucun salaire ne pourrait lui suffire. Yukiko ressentait envers Tomioka de la colère plutôt que de la pitié. Il se noyait tellement dans l'alcool qu'il lui devenait impossible de réfléchir sérieusement aux choses, ou d'avoir la force d'en discuter. Son visage avait complètement perdu le teint luisant de santé et de jeunesse qu'il avait à l'époque de l'Indochine. Il était émacié et paraissait exténué.

[林 芙美子 / HAYASHI Fumiko, 浮雲 / "Ukigumo" / "Nuages flottants", 1951 — traduit du japonais par Corinne Atlan pour les éditions du Rocher (Monaco/Paris), 2005 ; rééd. éditions Philippe Picquier (Arles), coll. Picquier Poche", 2012 — Chapitre 33, page 241]
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Tomioka suivait ses propres pensées, qui devenaient peu à peu lourdes comme des pierres. [...]
Il imagina sa propre silhouette sous la forme d'un nuage flottant. Un nuage errant au gré du vent qui, un jour, quelque part, insensiblement, disparaîtrait.

[林 芙美子 / HAYASHI Fumiko, 浮雲 / "Ukigumo" / "Nuages flottants", 1951 — traduit du japonais par Corinne Atlan pour les éditions du Rocher (Monaco/Paris), 2005 ; rééd. éditions Philippe Picquier (Arles), coll. Picquier Poche", 2012 — chapitre 67, page 487, lignes finales]
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— Ça ne t'est jamais arrivé à toi, de vouloir mourir ? C'est parce qu'on a envie de vivre qu'on songe à mourir. Je suis allé à Ikaho dans cet état d'esprit. Et je suis rentré à Tokyo en me disant que j'arriverais bien à m'en sortir d'une manière ou d'une autre. L'idée de mourir, je trouvais ça tellement triste, c'est pour ça que je bois autant. Je me suis rendu compte de mon manque de courage face à la mort, c'est pour ça que j'ai renoncé. Tout le monde, au moins une fois dans sa vie a envisagé de se suicider, non ?... Seulement nous, même pour mourir, nous avons une conscience qui nous gêne et dont nous ne pouvons pas nous débarrasser si simplement. C'est sûr, vu du ciel, une vie humaine c'est une bulle de savon , mais on est doté d'une certaine raison, on a de la vanité, on cherche à faire des effets... Un être humain ne peut pas devenir un pur esprit. On fait comme on peut avec ses contradictions et on se construit comme on peut ses petites joies dans la vie, voilà tout.

[林 芙美子 / HAYASHI Fumiko, 浮雲 / "Ukigumo" / "Nuages flottants", 1951 — traduit du japonais par Corinne Atlan pour les éditions du Rocher (Monaco/Paris), 2005 ; rééd. éditions Philippe Picquier (Arles), coll. Picquier Poche", 2012 — Chapitre 33, pages 243-244]
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Il continuait à boire, en grignotant les bouts d'oignons frais et les pousses de bambou qui parsemaient les nouilles refroidies. « Comme ma vie est pitoyable », songea-t-il, tout en commençant à se trouver comique. Tout le monde, se disait-il, croyait avec le plus grand sérieux vivre des tragédies répétées, mais il doutait que quiconque, depuis des milliers d'années, eût vécu une seule véritable tragédie, propre à enrichir l'humanité. La vie des hommes n'était qu'une succession de farces. Les hommes vivaient, le cœur tremblant, des comédies pleines de désordre et de confusion. Brandir le spectre de la justice était également une farce. Le bien et le mal ne pouvaient être que des bouffonneries. Les êtres humains vivaient en poussant chacun à l'extrême la logique qui lui convenait le mieux, dans une ambiance d'une drôlerie à pleurer de rire. C'est peut-être seulement devant la mort que, soulagé, on poussait enfin pour la première fois un soupir authentique.
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Dans les vapeurs de l'ivresse, il oublia tout ce qui avait précédé son arrivée sur cette île, et l'illusion d'y avoir toujours vécu s'empara de lui. La pluie tombait de plus en plus drue, une véritable tempête. L'eau coulait à torrent dans les gouttières avec un bruit de percussion. Tomioka avait l'impression qu'ici, toute pensée devenait inutile, seule comptait la vie, dans ce qu'elle avait de plus brut. Il continua donc à boire sans penser à rien.
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Video de Fumiko Hayashi (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fumiko Hayashi
"Je suis une vagabonde prédestinée. Je n'ai pas de village natal." Quand elle écrit Vagabonde, Fumiko Hayashi est âgée d'à peine 25 ans. le succès phénoménal de ce journal romancé, qui fait l'objet d'un véritable culte dès l'année de sa parution, la rend instantanément célèbre. Femme libre dans le Japon des années 1920, elle raconte sans fard son quotidien de misère et d'errance. Issue d'une famille pauvre de marchands ambulants, partie très jeune tenter sa chance seule à Tôkyô, elle est tour à tour vendeuse de rue, ouvrière dans une fabrique de jouets, serveuse, entraîneuse. Elle publie en revue ses premières nouvelles et ses premiers poèmes, tout en côtoyant ce qu'elle appelle le «monde de la nuit» : la faune des bars, les prostituées, les peintres, les anarchistes… Dans un style imagé aux fulgurances poétiques, elle propose le tableau d'une génération et décrit, à travers un autoportrait saisissant, l'entrée du Japon dans la modernité. Cette première publication d'une écrivaine majeur n'avait jamais encore été traduite en langue française.
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