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Citations de Georges Banu (143)


Brancusi aurait refusé une invitation de Rodin pour rester dans son atelier, songeant : “À l’ombre d’un grand chêne, rien ne pousse.” Sagesse populaire confirmée par la réussite du sculpteur, qui a quitté son maître d’élection. Évoquer pareille libération s’explique uniquement par le vœu de préciser la relation que j’ai pu entretenir avec les figures emblématiques de la scène contemporaine. Il n’y a pas eu de chêne unique. Forcément, une sélection a été opérée car, comme Aristote le dit si bien : “Celui qui est l’ami de tout le monde n’est l’ami de personne.” Un choix opéré au nom de critères aussi bien artisanaux que poétiques, voire esthétiques, sans souhaiter les constituer en canon absolu.

(p. 262)
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L’immaturité est une sauvegarde de la liberté.

(p. 261)
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Un vœu m’a conduit et je me suis imposé une contrainte : revisiter des amitiés de longue durée, des intimités prolongées, mais en me restreignant aux seuls metteurs en scène dont j’ai été proche. Cela n’empêche pas que les mots recueillis au hasard d’une soirée ou les pensées d’autres artistes, acteurs, scénographes, méritent d’être consignés, comme des sceaux de mémoire, dans le catalogue de cet Horatio que j’ai été.

(p. 235)
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Je ne peux pas marcher sur des pierres qui ne sont pas des pierres. J’ai besoin de la vérité.

(p. 226)
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J’aime la fragilité… J’ai horreur de tout commander. L’amour aide à surmonter les différences.

(p. 226)
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Chez Beckett, “chercher l’humour et jouer les silences”.

(p. 213)
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Donnez de la joie et sur scène et dans la salle : elle unit.

(p. 194)
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Ariane Mnouchkine sait trouver les mots pour “soulever” les acteurs : métaphores, comparaisons, rires ou rejets intransigeants, exigences réfractaires ou compromis, à la fois “main de fer” et “main de velours”. “Des mots, des mots, des mots”, comme dans la célèbre réplique d’Hamlet. Non pas galvaudés, dévalués, mais des mots qui parlent à l’imaginaire, qui éveillent le plaisir et témoignent d’un désir.

(p. 189)
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Il faut que les choses soient sans violence au théâtre… Pas de théâtre dictatorial ! Je voudrais que le théâtre se présente dans l’amour. Je ne veux pas être assommé.

(p. 185)
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Robert Bresson dit : “C’est en résistant à l’émotion que l’on produit l’émotion.” C’est ce que toute sa vie a fait Stein, dont le nom signifie “pierre”. Par contre, comment ne pas dévoiler cet ultime échange ? Pour mon anniversaire, je lui ai envoyé La Ronde des prisonniers, tableau déchirant de Van Gogh découvert dans l’exposition Morozov. “C’est mon cadeau, lui ai-je écrit. – Le cadeau, c’est ta fidélité”, m’a-t-il répondu.

(p. 174)
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Je découvre depuis un certain temps les volumes successifs du Journal de travail de Chéreau, qui traduisent avec fougue le passage du processus de formation, par des lectures rapides, des compagnonnages et des voyages d’initiation, à l’engagement dans l’art et la dévotion qui implique sacrifices et récompenses. J’ai connu Chéreau au terme de son chemin, son Journal me révèle le travail accompli sur lui-même et l’artiste qui, progressivement, s’est affirmé et imposé. Artiste qui associe une nature libre, de héros rebelle, et qui se confronte aux exigences de la loi du cadre, assumée par l’ordre classique. Chéreau s’est donné à l’orage sans se laisser emporter par lui… Il n’a jamais transigé avec l’exigence de la “première personne” ni avec l’impératif de “l’ordre”. “Les deux me sont nécessaires."

(p. 161)
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À l’Odéon, une rencontre autour d’un thème qui m’échappe a été organisée. Strehler s’est enflammé, a élevé la voix pour lancer des alertes et inviter les artistes à plus de responsabilité, a avoué sa fierté d’avoir initié la chaîne des Théâtres de l’Europe… Refrains connus, ils ont même révolté un ami présent dans la salle, Andrei Şerban. Quand tout a été fini, Borja Sitjà, qui se trouvait à la table avec nous, a murmuré : “Cent quatre-vingt-neuf spectateurs dans la salle.” Signe d’ennui atténué par l’effort de dénombrer les spectateurs comme les moutons lorsqu’on lutte avec l’insomnie. Strehler ne l’a même pas honoré d’un salut et, presque pour surenchérir, il m’a fait l’un des plus beaux compliments de ma vie, dans lequel je me suis toujours reconnu ensuite : “Tu es l’homme qui écoute le mieux.” C’est la vocation même d’Horatio.

(p. 148)
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Je ne ramasse pas les souvenirs à la façon d’un vieil homme. Je ne veux pas transmettre l’état psychologique de la vieillesse… J’utilise le passé pour le manipuler et créer quelque chose de nouveau. Du testament, ce que je rejette, c’est son assimilation à la vieillesse… Il faut ajouter au mot testament le mot amour. Le vrai testament que j’accepte n’est pas pour la postérité, il est pour l’amour, pour dire l’amour. Pour ce qui est du testament, je suis plutôt du côté de Villon. Les filles, la dérision, le carnaval, je n’ai jamais pris au sérieux mon passé. Non, je ne peux pas être du côté de Goethe.

(pp. 140-141)
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L’œuvre est une épave, c’est ce qui reste d’une destruction violente.

(p. 140)
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La révélation dans l’art, c’est comme l’expérience de l’amour, c’est-à-dire que l’on est sans défense, complètement.

(p. 140)
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Il y a deux images qui résument pour moi le travail de groupe. L’une, c’est l’alpinisme. L’autre est celle du chirurgien. Le chirurgien travaille en groupe… L’anatomie. Il y a de la rigueur dans ce que l’on fait et, en même temps, si vous avez assisté à une opération, il y a parfois des moments grotesques, ridicules et même obscènes au sein de l’équipe qui travaille. Il y a cette espèce de concentration absolue d’un côté, tous ensemble, et de l’autre l’alpinisme. L’alpinisme, oui, parce que tu es relié à l’autre par une corde. Si tu ne veux pas travailler, tu as le droit de ne pas travailler ce jour-là, mais tu empêches les autres de progresser dans leur effort quotidien, d’aller au-delà de la paresse qui est notre nature même, et trouver le lieu situé cinq centimètres plus haut, qui pourra, peut-être, te permettre de te déplacer. Si tu ne travailles pas au maximum de tes capacités, tu empêches les autres, et c’est ça qui n’est pas moral pour notre groupe. Tu as tous les droits de ne pas le faire, mais sache que tu es responsable de ton attitude.

(pp. 130-131)
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La parabole intéresse dans un discours sur le théâtre parce qu’elle préserve “l’imprécision de la vie et… le vibrato du réel”, comme le précise Andrei Pleşu. La parabole n’a rien d’autoritaire, elle conserve une part d’incertitude.

(p. 117)
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J’aime la figure du chevalier solitaire.

(p. 108)
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Antoine [Vitez] se dévouait au théâtre, mais il avait l’oreille posée sur le monde. Il l’entendait comme les Apaches écoutent la terre et ses réverbérations. Je l’ai compris un jour, quand je suis arrivé à Chaillot vers quatorze heures et qu’Antoine, qui quittait la salle de répétition, m’a annoncé : “Sadate vient d’être assassiné.” Comment l’avait-il su alors qu’il était enfermé dans la salle de répétition, ce “sous-marin” coupé du monde, comme il l’appelait ? Il aimait se plonger dans l’histoire en train de se faire et, au moment de la chute de Ceauşescu, il m’a appelé, tard dans la soirée, pour commenter les événements. Il adorait cette posture d’interprète de l’histoire ! Et, en rentrant de Moscou, n’a-t-il pas parlé quatre heures durant pour nous expliquer la politique, l’avant-garde russe, Maïakovski, Lili Brik, Aragon, au point que Yannis Kokkos, excédé, d’habitude si réservé, me dit : “Discours d’autodidacte.”

(p. 100)
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Peter [Brook] a été avare quant aux prises de parole politiques, il a navigué à vue. Jamais intransigeant, jamais partisan indéfectible d’un choix, plutôt neutre. Cette neutralité ne l’a pas empêché pour autant d’avoir des convictions nettes, affirmées sans ambages, comme le jour où, séduit par les idées de Gorbatchev, dont je défendais la politique, Peter m’a répondu : “Georges, tu te trompes – nous étions passés au tutoiement –, il ne réussira pas ! La Russie a besoin d’un tsar qui la domine et la maîtrise.” Culture de la dictature, accord avec le pouvoir totalitaire – j’ai trouvé alors Peter sceptique. Trente ans plus tard, l’emprise de Poutine sur le Kremlin et l’empire confirme ses prévisions. Point d’illusions : la politique appelle la lucidité.

(p. 76)
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