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Citations de Georges Banu (143)


Le théâtre, pour agir, et non pas pour s’exposer seulement, aura à jamais besoin des mots et, forcément, de la langue. Le mur des langues, il ne s’agit pas de l’anéantir, mais de l’intégrer. Nous parvenons au comble du théâtre lorsque, sans l’abandonner, celui-ci parvient à le surmonter. Alors, réunis, nous nous retrouvons non pas autour d’un corps muet, mais autour des acteurs éloquents nous nous suivons la pensée et nous éprouvons les émotions. La langue permet au théâtre de s’affirmer comme une expérience de la complétude. Double de la vie.

(p. 143)
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[Georges Banu] aimait le théâtre par-dessus tout comme art de l'écartèlement et préférait chercher dans la coexistence d'un accord et d'un désaccord le nœud qui légitime un doute fructueux.

(p.7)
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La dernière porte

Malgré mes appréhensions, je ne me suis jamais retrouvé à la porte de chez moi, sans clefs ou dans l'impossibilité d'entrer: pas d'exclusion. Face à la porte du pays que j'avais quitté, je suis resté longtemps à l'extérieur, dans l'impossibilité de revenir. (p. 169)
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Découvrir que l’on fréquente ensemble une œuvre secrète, marginale, rattache, fugitivement, deux êtres. La sympathie éprouvée par Michelangelo Antonioni à mon égard, après un débat à Paris, a trouvé sa raison d’être dans notre échange, à l’écart des amis réunis, autour d’un livre oublié de Ramón Gomez de la Serna, Les Seins, que j’avais adoré et dont Antonioni pensait être l’unique lecteur. Les Seins… nous ont rendus proches une soirée d’été sur la terrasse de l’hôtel Palais-Royal. J’avais lu ce livre grâce à Florence Delay qui, pour moi, s’associait alors à nous.

(p. 237)
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Vivre une heure à l’ombre des cerisiers en fleur qui, par milliers, envahissent Kyôto… l’expérience à faire pour comprendre les raisons du refus du désastre. Motif biographique qui accompagne l’intimité avec l’œuvre et ses variantes scéniques.

(p. 40)
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Une émotion s’est emparée de moi lorsque, dans le jury de sélection organisé par un ami, Andrei Șerban, créateur de la célèbre « Trilogie antique », a invité les candidats à passer « de la parole aux chants : sous l’emprise de cette découverte, le glissement révélateur constitua l’objet de l’un des événements les plus accomplis organisés dans les années quatre-vingt-dix par l’Académie expérimentale des théâtres.
[…]
Les mots et les chants s’épousent et permettent le passage d’une rive à l’autre en entraînant le spectateur sur le fleuve de l’émotion suscitée par ce frottement, par l’incertitude du bord à bord qui permet la traversée si subtilement pratiquée.

(p. 153)
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L'esprit du temps porte l'empreinte des incidences historiques, politiques, des événements auxquels l'art en accord avec son époque ne peut rester indifférent.
Comment trouver la position juste entre un appétit de résonance et un besoin de résistance ? Peut-être – hypothèse personnelle – en changeant, comme Kantor, de position au long d'un parcours de vie. Ne pas rester sur la même position. Aux données du Zeitgeist collectif, il est indispensable d'ajouter les injonctions de son autobiographie. De ce mariage peut découler une relation d'harmonie en mouvement.

(p. 21)
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La chose la plus terrible : un esclave rebelle qui finit en être résigné.

(p. 38)
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Le vocabulaire de la porte

Le vocabulaire de la porte est d'une richesse extrême. L'aspect fonctionnel d'une porte, déjà, suppose de multiples précisions: la porte d'entrée, de sortie, la porte de service, de secours (...) une porte dérobée (...) La vie sociale se laisse lire à travers ces distinctions car l'usage de la porte n'est pas sans lien avec la hiérarchie-maîtres-serviteurs- ou avec les stratégies qui valorisent l'arrivée d'un hôte ou la déprécient (p. 37)
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La dernière porte

La porte est aussi bien adieu que dégagement vers un horizon. Elle est un seuil propice à la conversion des contraires. On sort et on entre ! On entre et on sort ! Nous nous retrouverons toujours devant ou derrière une porte qui nous convie à découvrir le secret qui nous échappe et qui reste vivant en raison même de cet éternel insuccès. (p. 173)
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Une personne juste est un chef-d’œuvre chargé de vie.

(p. 37)
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Georges Banu
Plus tardivement, une réaction polémique interviendra pour activer et briser l'écriture des éclairages trop repliée sur elle-même et chère à ses successeurs marqués par l'héritage strehlerien. Et, chez Dominique Bruguière, qui cultive brisure des plans et fractures de la continuité, on reconnaîtra un appétit de révolte, sans tomber pour autant dans le rejet de la beauté ou l'exaspération des ruptures pratiquées par des metteurs en scène comme Peter Zadek ou, plus tard, Frank Castorf. Elle s'inscrit plutôt dans la filiation placée sous le signe de Chéreau.

(Dans l'Avant-propos à "Penser la lumière", de Dominique Bruguière)
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La mémoire est à la fois un héritage et une contrainte.

Oublie, pour te sauver !
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Le plurilinguisme au théâtre reste un phénomène marginal, tandis que la scène comme image de la ville pluriethnique s’impose de plus en plus et, à travers les accents et les corps, on identifie la diversité du monde.

(p. 137)
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Les lieux souhaitent répondre à des questions technologiques, à des améliorations anonymes et ainsi, le règne du projet d’artiste prend fin au profit des projets architecturaux qui s’appliquent à satisfaire des exigences neutres, à même de répondre à un horizon d’attente dépourvu d’identité propre.

(p. 84)
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Le grand format ne sied pas à tout un chacun. Il exige un souffle et suppose un projet extrême. L’œuvre d’Anselme Kiefer le confirme, car l’artiste, naturellement, voit grand… cette dimension le définit et lui permet de s’accomplir. Pour lui, il ne s’agit pas de s’inscrire dans une mouvance, mais d’affirmer une vocation : au-delà du talent propre à Kiefer, c’est de là que vient la réussite du grand format. Ni accidentel ni contextuel, il confirme une identité aussi bien qu’il impose une signature. En découvrant son œuvre, l’amoureux du petit que j’étais s’est modérément converti.

(p. 69)
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Un vœu m’a conduit et je me suis imposé une contrainte : revisiter des amitiés de longue durée, des intimités prolongées, mais en me restreignant aux seuls metteurs en scène dont j’ai été proche. Cela n’empêche pas que les mots recueillis au hasard d’une soirée ou les pensées d’autres artistes, acteurs, scénographes, méritent d’être consignés, comme des sceaux de mémoire, dans le catalogue de cet Horatio que j’ai été. * Jeune, à Bucarest, à partir d’une photo de Joseph Koudelka découverte par hasard, j’ai rêvé de voir les célèbres Trois Sœurs d’Otomar Krejča, mises en scène au Théâtre Divadlo za Branou à Prague. La chance m’a permis de les “rencontrer” en Hollande, dans un théâtre d’Haarlem. Quand, des années plus tard, Otomar m’a accueilli au café des artistes pour m’introduire auprès de sa femme, il m’a dit : “Je vous présente Macha.” Le rôle comme identité : hommage inouï rendu à l’actrice qui, davantage que Tomachova, était… Macha ! Gloire d’une comédienne qui, comme en Roumanie, Clody Bertola, devait rester à tout jamais “Rosalinde” de Comme il vous plaira.

(p. 235)
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L’hôpital, l’asile formulent des constats sans espoir sur le présent et ses protagonistes qui, sans nulle sécurité, s’enfoncent dans le brouillard de l’esprit et le malheur des maladies. No future… mais aussi pas de sortie de secours pour aujourd’hui. Le monde comme hôpital, non pas directement, mais de manière détournée, permet au théâtre de formuler ce constat sans appel sur l’état du monde. Mais, admettons-le, la lucidité du diagnostic séduit malgré la difficulté de l’assumer. Il ne cultive nul palliatif trompeur !


(p. 115)
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Guerre immatérielle, mais guerre d’autant plus déroutante. Guerre que l’on entend sans voir. Et, alors, dans la salle, une conviction s’empare de nous : l’imaginaire de la guerre dépasse comme impacte la représentation de la guerre.

(p. 105)
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Très tôt, j’ai aimé le petit format… Jeune, je déplorais la translation ratée d’un tableau de taille moyenne sur la guerre d’indépendance signée par le maître roumain Nicolae Grigorescu en tableau aux dimensions vastes, devenu ainsi rhétorique et affecté. L’extension l’avait démuni de son intensité initiale et fait basculer du côté de l’art officiel. Le peintre discret érigé en partisan d’une cause, ce que la reprise géante avait produit. Chaque fois que je le retrouvais accroché pompeusement sur les murs du Musée national, j’éprouvais la nostalgie de l’autre, premier. Le rejet du grand format remonte à loin !

(p. 63)
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