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Critiques de Georges Feydeau (135)
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Feu la mère de Madame

Quelle est la recette d’un vaudeville réussi ?



Certes il vous faudra un amant caché dans le placard, un malade imaginaire veillé toute la nuit par un docteur en smoking qui cocotte le jasmin et la tubéreuse, des quiproquos à gogo, une pincée de jalousie, des saillies gaillardes, quelques giga-grammes de mauvaise foi, mais il vous faut avant tout Feydeau !



Car si le vaudeville a pu compter sur les pièces boulevardières de Courteline ou Labiche c’est Georges Feydeau, avec des pièces telles que l’Hotel du Libre Echange, Un Fil à la Patte ou encore Tailleur pour Dames qui en est devenu le maitre incontesté.



Fils d’une demi-mondaine et de… alors les rumeurs vont bon train sur ce sujet et il se pourrait même que Feydeau soit un Bonaparte, sa mère ayant eu une liaison avec Napoléon III… le jeune Georges se passionne pour le théâtre et même s’il souhaite d’abord être un dramaturge sérieux, il a l’humour et la cocasserie dans la plume.



“YVONNE, sur un ton larmoyant. — Comment as-tu pu te laisser aller à l’appeler chameau?

LUCIEN, a un geste vague, puis, comme le meilleur argument du monde. — Je ne pensais pas qu’elle mourrait!”



“Feu la Mère de Madame” ne déroge pas à la règle. Cette courte pièce en un seul acte est un pur produit Feydeau une comédie grivoise enlevée, dynamique portée par une dispute de couple parfois argotique et truffée de réparties savoureuses, doublé d’un malentendu polisson.



Une très belle et rapide introduction à l’oeuvre du grand dramaturge en somme !



Qu’en pensez-vous ?
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Le Dindon

Quiproquos à gogo, jeux de mots ou de sonorités, situations rocambolesques, absurdités, grivoiseries... Il faut bien avouer qu'il a pas mal de munitions dans sa cartouchière ce Georges Feydeau.

Et il faut bien avouer également que j'imagine difficilement un lecteur qui ne serait pas pris d'un seul rire (un seul sourire si l'on souhaite rester modeste) à la lecture de ce succulent Dindon.

C'est vraiment drôle, sans se prendre au sérieux, pas de haute philosophie, un théâtre qui se veut volontairement divertissant et sans grand-chose en plus, mais qui, dans ce registre, est vraiment bien fait.

D'un point de vue scénique, c'est presque comparable à une BD de Goscinny, notamment quant aux différents types de comique employés, avec une mise en position privilégiée du spectateur, en sorte de voyeur indiscret, qui en sait toujours un peu plus que chacun des personnages et qui de ce fait, avec un coup d'avance, sent tout le décalage qui existe entre ce que croit le protagoniste et ce qui est effectivement.

Imaginez une écriture qui rappellerait parfois les gauloiseries d'un Maupassant mais qui, prise d'un élan comique inaccoutumé, voudrait se mettre à faire du Molière à la Belle Époque du XIXème finissant. Le Dindon est cela.

Les maris adultères du Paris huppé pullulent et sont prêts à sauter sur tout ce qui bouge en étant vaguement féminin, toutes les aventures possibles ou impossibles, tandis que les épouses, courtisées, soudoyées, s'évertuent à rester fidèles, sauf, attention ! SAUF ! si on leur apporte la preuve de l'inconséquence de leur époux, auquel cas, elles se montrent capables d'une frénésie sexuelle réparatrice digne de faire pâlir n'importe quelle érotomane accomplie.

Prudence, donc, avis aux arroseurs, de faire bien attention à ne point se faire arroser, car dans tout cela, qui sera le dindon de la farce ?

C'est ce que je me permets de ne point vous révéler.

Une pièce qui gagne (comme toutes les pièces, me direz-vous, mais ce n'est pas toujours clair) à être vue sur scène plutôt que lue quoiqu'elle constitue un fort agréable moment de lecture que je vous recommande bien volontiers.

Néanmoins, vous avez appris à connaître ma petite ritournelle, qui vous enjoint à ne considérer cet avis que pour ce qu'il est, à savoir, pas grand-chose.
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Chat en poche - Hortense a dit : Je m'en fo..

Pacarel, entrepreneur ayant fait fortune dans le sucre, veut mettre en scène le Faust qu'a réécrit sa fille, d'après Gounod. Cela pourrait lui apporter une notoriété grandissante. Pour cela, il lui faut engager le plus grand ténor de l'époque, Dujeton. Le lendemain, lorsqu'un homme se présente à sa porte, Pacarel est persuadé qu'il s'agit de son ténor. Sans vérifier, sans même lire la lettre que lui présente l'invité, Pacarel lui offre un contrat et s'empresse de le faire signer...



Le titre de la pièce provient de l'expression employée depuis le XVe siècle, "acheter chat en poche". Elle signifie "conclure une affaire sans l'examiner". Les personnages sont truculents : Pacarel me fait penser à M. Jourdain, dans le sens où le paraître est son principal cheval de bataille. Son épouse, Marthe, l'idolâtre. La femme de son ami Landernau, Amandine, est une excitée sautant sur tout ce qui bouge... Bref, tous les ingrédients sont là pour faire un bon vaudeville. Comme toujours, le rythme est endiablé et l'on rit de bon cœur face aux situations ubuesques, aux jeux de mots et aux nombreux quiproquos. Un vrai moment de bonheur !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Le Dindon

Critique du Dindon (pièce courte en un acte)

Personnages : Relax, Madame

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(Relax est assis dans le fauteuil du salon, en train de lire. Madame entre discrètement dans son dos et jette un oeil au livre)

Madame (fort) : J'en étais sûre !

Relax (tellement surpris qu'il en tombe du fauteuil) : Qu'est-ce qui te prend ? Tu m'as fait peur.

M : Oh, inutile de faire l'innocent, hein !

R (se relevant) : Mais de quoi diable parles-tu ?

M : Tu te prépares à me tromper !

R : Pardon ?

M (passant à droite de la scène, lui tournant le dos) : Je vois bien ton manège !

R : Mais… mais… tu as bu ou bien ? Je suis là tranquillement en train de lire et tu débarques come une sorcière qui croit que je lui ai volé son balais.

M (se rapprochant de R.) : Suffit ! Tu lisais oui, mais quoi ? Hein ?... Aha ! Tu n'oses pas le dire n'est-ce pas ?

R : Mais pas du tout, c'est « le Dindon » de Feydeau. Tu sais, la pièce de théâtre…

M : Oui, oui… je sais. J'ai regardé « Au théâtre ce soir » moi aussi figure-toi ! Et de quoi est-ce que ça parle, hein ?

R : Eh bien c'est du vaudeville. Une femme de notable se fait poursuivre par un homme qui n'a que l'envie de l'entreprendre plus avant. Il la suit jusque chez elle et…

M : Ah !

R : Quoi « ah ! »

M : Tu vois, ça parles d'adultère ! D'un homme qui souhaite avoir une maîtresse.

R : Eh bien oui, même plusieurs hommes dans ce cas en fait. Cela entraîne des imbroglios et…

M : de mieux en mieux ! (elle se retourne et jette un coussin à la tête de R.)

R : Mais ça va vraiment pas !

M : J'ai tout compris ! Tu es en train de t'inspirer de ce Feydeau pour faire pareil : pour me tromper ! Avoue !

R : (à part) Là je crois que Kafka s'est égaré dans la Quatrième Dimension. (à M.) Mais tu élucubres !

M : Pas du tout ! Feydeau est un expert. (elle agite ses bras en tous sens) Comment faire sa cour élégamment. Comment réserver la chambre dans le bon hôtel. Comment préparer un baratin pour le mari ou pour moi en cas de rencontre fortuite…

R : Alors d'abord, les « amants » potentiel du Dindon sont plutôt de gros maladroits et en plus ils ne sont pas aidés par le destin qui les met dans des situations inextricables.

M :Mff ! Dans ce cas tu apprends tout ce qu'il ne faut pas faire ; ça revient au même.

R : Mais tu es terrible ! Ceci dit c'est vrai qu'ils sont très forts en improvisation.

M : Quand je pense à ce que les pauvres personnages féminins sont obligés de subir.

R : Oh, mais elles savent se défendre. Il y a deux épouses qui n'hésitent pas à appliquer la loi du Talion.

M (se rapprochant) : Quoi ?

R : Eh bien oui ! Dès qu'elles ont la certitude que leurs maris les trompent, elles se donnent à leurs amants (à art) Bon, à un amant potentiel qui se trouve face aux deux en même temps et est bien embarrassé pour choisir.

(Madame s'est encore doucement rapprochée et essaie de s'emparer du livre)

R : Mais qu'est-ce que tu fais maintenant ?

M : Donne-moi ça !

R : Pourquoi ?

M : Donne ! Ça m'intéresse de savoir comment on trompe son mari. (elle lui court après).

R : Tiens donc ! Non, tu ne l'auras pas !

M : Je le veux !

R : Non, je te dis. de toute façon tu serais déçue car Feydeau ne va pas jusqu'au bout. Tout s'arrange bien pour tout le monde et personne ne souffre

M : Bon, et bien dans ce cas tu n'as pas à t'inquiéter. Donne !

R : Non ! Je ne veux pas que ces idées te donnent des idées.

M : Ah ! C'est moins rigolo quand on est le dindon soi-même hein ?

R : Oh et puis zut ! Tiens, prend-le. Tout ce que tu vas attraper, c'est une crise de rire.

M : Merci… (elle se rapproche) Bon. Je me suis peut-être emportée.

R : (à part) Peut-être ? (à M) J'ai peut-être été un peu jaloux aussi.

M : Et si on faisait semblant d'être des amants hein, histoire de mettre un peu de piment. Tu réserves une chambre d'hôtel et…

R : Bonne idée… La même que d'habitude ?

M : Oui, l'aventure d'accord, mais en hôtel trois étoiles pas moins.

R (s'éloignant vers le fond) : J'y vais. Au fait, tu savais que Feydeau et Raimu s'étaient connus ? Marrant, en lisant ça j'ai eu l'impression qu'on avait trouvé assez de terre pour combler un abîme de temps et… (il sort)

M : Bla bla bla ! Je vous jure ! Ce qu'il ne faut pas faire pour le sortir de ses bouquins à celui-là. (elle sort)



Challenge Théâtre 2017-2018

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Un fil à la patte

Chez Feydeau, les portes claquent, le verbe sonne haut cinglant, l'habileté de l'intrigue libère une énergie fulgurante qui nous submerge sans répit.

Il écrivait ses comédies comme des tragédies qui finissent en catastrophe dans un burlesque éblouissant.

Je vous invite à voir et revoir la pièce jouée par les comédiens du français dans la mise en scène de Jérôme Deschamps. Bouzin, le compositeur raté est interprété par le talentueux Christian Hecq, un de Funes moderne irrésistible, son illustre aîné l'a sans aucun doute adoubé de là-haut.

Le 5 juin 1921, à 58 ans, Georges Feydeau meurt fou dans un asile. Et les asiles à cette époque. . .

Aujourd'hui, son génie inventif, subtil, riche, moderne, nous enchante encore. Il touche le bout de notre âme qui frissonne soudain devant le bateau ivre de l'humanité, balloté sans cesse par les tempêtes, alors qu'il résiste sans sombrer.

Le RIRE : la seule arme devant laquelle nous devrions succomber.
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L'hôtel du libre échange

Ce vaudeville de Feydeau et de Maurice Desvallières, qui fut son complice pendant environ sept années d'écriture théâtrale (mais qu'on oublie toujours !) fut déjà un succès lors de sa première représentation en 1894, et reste l'un des grands classique du théâtre de Feydeau , où l'adultère est naturellement à l'honneur.





Les couples des Pinglet et des Paillardin sont voisins et amis. Seulement, tout ne va pas comme sur des roulettes. Si Pinglet, personnage odieux, est fatigué de sa femme après vingt ans de mariage (et Dieu sait qu'il répète à l'envi qu'il est marié depuis vingt ans avec sa femme !), les Paillardin sont un couple beaucoup plus jeune ; seulement Paillardin est harassé de fatigue tous les soirs après le travail, quand il n'est pas obligé de passer la nuit dehors. Ce qui ne fait pas du tout l'affaire de sa femme Marcelle, qui espère toujours le voir retrouver un peu d'entrain pour assumer son devoir conjugal. Une dispute éclate entre eux chez les Pinglet. Or Pinglet ne demandait que ça, puisqu'il ne pense qu'à coucher avec la femme de Paillardin. le voilà engagé dans une rhétorique tendant à démontrer à Marcelle qu'il se fait le défenseur de toutes les femmes (sauf la sienne, s'entend), et s'offre donc à la venger de son mari en passant la nuit avec elle. La naïve Marcelle se rend à ses arguments, non sans quelques réserves. Là-dessus débarquent différents personnages, secondaires mais qui auront une grande importance pour la suite des événements. Victoire, la bonne des Pinglet prétend déniaiser le neveu coincé des Pinglet, Maxime, tandis que Mathieu, un ami provincial des Pinglet (enfin, si l'on peut considérer Pinglet comme capable d'être ami avec qui que ce soit) profite de leur hospitalité pour débarquer chez eux avec ses nombreuses filles, pour se faire jeter à la porte illico. Angélique Pinglet devant se rendre auprès d'une parente ce même soir, alors que Paillardin se voit obligé d'aller contrôler si un certain hôtel (devinez son nom...) est hanté, et donc d'aller y dormir, c'est l'occasion rêvée pour que Pinglet entraîne Marcelle dans la débauche. Seulement, il faudra à tout ce petit monde un lieu - pour consommer l'adultère, pour passer sa première nuit de débauche, ou encore pour dormir, tout simplement, comme c'est le cas de la famille Mathieu. Évidemment, suite à un quiproquo, tout le monde va se retrouver dans l'hôtel hanté que doit contrôler Paillardin. Et c'est là que tout se met véritablement en route.





L'hôtel du Libre Échange fait partie des pièces de théâtre où Feydeau a le mieux joué de la scénographie. Chambres avec cabinets de toilette qui permettent à deux personnages d'être en même temps dans une même pièce sans le savoir, étages et escaliers qui permettent à certains d'être hors-scène et donc de laisser le champ libre à d'autres, toujours sans le savoir, numéros des chambres qui provoquent des quiproquos, etc. Feydeau est connu pour avoir été un maître dans ces chassés-croisés qui demandaient à être réglés à la perfection, et cette pièce le démontre évidemment. En sus de cette maîtrise de la scène et des déplacements des personnages, ces derniers sont parfaitement croqués. le plus retors est évidemment Pinglet, auprès de qui personne n'arrive à la cheville en termes de rouerie, mais qui se montre également infect avec sa femme (il parle sans cesse de son âge en la faisant passer pour une vieille emmerdeuse), avec ses soi-disant amis, se montre non seulement inhospitalier, voire pire, avec Mathieu, il est méprisant pour les provinciaux, radin, peu agréable - et c'est rien de le dire - avec sa bonne, ne pense qu'à coucher avec sa voisine mariée. le parfait bourgeois parisien de la fin du XIXème, qui sous une façade de grande respectabilité dissimule une personnalité odieuse qui ne demandait qu'à être dévoilée... au lecteur/spectateur.





C'est forcément très drôle et très réussi... excepté que je trouve que ça ressemble énormément à Monsieur chasse !, autre vaudeville de Feydeau créé deux ans plus tôt. Donc, malgré un savoir-faire et une efficacité qu'on ne peut nier, c'est le reproche que je ferai tout de même à L'Hôtel du Libre Échange : Feydeau s'est moins fatigué qu'on ne pourrait le croire, car sur le papier, les deux pièces se ressemblent énormément, jusqu'à certaines fantaisies spécifiques et un dénouement quasiment semblable. On peut d'ailleurs noter que Feydeau a beaucoup joué dans certaines de ses pièces les plus connues sur l'utilisation d'un schéma qu'on croirait volontiers unique. Il semble donc que seules des mises en scène très personnelles peuvent apporter davantage de variété, au moins pour distinguer Monsieur chasse ! de L'Hôtel du Libre Échange ; ce qui n'est pas forcément évident.
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On purge bébé !

Ça paraît très léger en passant, c'est très féroce dans le détail. Aussi facile à lire qu'à voir, la parabole scatologique est efficace et fait mouche. En plus on rit, comme des gosses en pleine période caca.

Le moins que je puisse dire, c'est qu'on ne semmerde pas.
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La dame de chez Maxim

La Dame de chez Maxim est une pièce de théâtre en trois actes de Georges Feydeau, représentée pour la première fois en 1899. C'est l'une des pièces les plus célèbres de l'auteur, et elle est considérée comme un chef-d'œuvre du vaudeville français.



L'intrigue de la pièce est simple mais efficace. Le docteur Petypon, un homme respectable, voit sa vie chambouler lorsque se retrouve dans son lit une danseuse du Moulin-Rouge nommée la Môme Crevette. Pour éviter un scandale, il se voit contraint de faire passer la Môme pour sa femme.



La pièce est une succession de quiproquos et de situations absurdes, qui font rire le spectateur aux larmes. Feydeau est un maître dans l'art de la farce, et il déploie tout son talent dans cette pièce.



Les personnages de la pièce sont tous des caricatures, mais ils sont également attachants. Le docteur Petypon est un homme ridicule, mais il est aussi touchant dans sa tentative de sauver sa réputation. La Môme Crevette est une femme pétillante et spontanée, qui apporte un peu de folie dans le monde bourgeois de la pièce.



La Dame de chez Maxim est une pièce incontournable du théâtre français. Elle est drôle, intelligente, et elle offre un portrait savoureux de la vie parisienne de la fin du XIXe siècle.

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Mais n'te promène donc pas toute nue !

C'était ma première rencontre avec Feydeau et son rire bien plus subtil qu'il n'y paraît.

Jouée et mise en scène par une troupe d'amateurs, le résultat était loin d'être parfait mais les dialogues sont si truculents que je suis ressorti ravis.

J'ai donc lu ce vaudeville et d'autres dans la foulée et je conseille clairement ces lectures.

Elles sont moins légères que la tenue de Clarisse...
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Le Dindon

C'est la première fois que je suis carrément déçue par un Feydeau. Même si on imagine bien que c'est toujours moins drôle de lire les pièces de Feydeau que de les voir mises en scène, on ne s'attend tout de même pas à s'ennuyer, d'autant que le dindon est un des grands succès de l'auteur. Or, l'ennui a bel et bien accompagné la totalité de ma lecture. J'ai ramé pour aller jusqu'au bout. Passer de L'hôtel du libre échange au Dindon, bonjour la douche écossaise !



Je préfère ne pas m'étendre dessus : j'ai trouvé ça poussif, pas très drôle, et - très bizarrement - mal fichu. Les personnages ne sont pas plus intéressants que la structure de la pièce ou les dialogues, sans parler des situations bien trop convenues, qui s'articulent mal. Alors, comme c'est Feydeau, c'est pas complètement raté, mais il me semble qu'on peut attendre beaucoup plus de lui. Je préfère oublier ça très vite. Peut-être tenterai-je un jour de regarder une mise en scène en DVD, mais bon... Je n'y crois guère.





Challenge Théâtre 2018-2019
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Mais n'te promène donc pas toute nue !

Vaudeville en un acte qui, comme la majorité des vaudevilles dignes de ce nom, est très divertissant, plein d'humour et bourré jusqu'à la gueule de quiproquos "en gros sabots" que le spectateur peut facilement anticiper, le disposant ainsi à jouir pleinement des rebondissements.



Le genre ayant ses codes bien connus du public, on retrouvera avec plaisir une jolie femme étourdie - ici Clarisse, légèrement vêtue - aux sorties attendrissantes de sottise, experte en réparties hors-sujet et icône d'une logique implacable - paradoxalement aussi pragmatique que fantaisiste -, seule ""qualité" que semble lui reconnaître le tendre et misogyne dramaturge, qui dans sa bonté étend cet apanage à toute la gente féminine et l'expose comme étant son plus fameux talent, la beauté exceptée.



Clarisse, épouse du ventru député Ventroux, se promène en chemise de jour dans son appartement parisien parce qu'au-dehors "il fait 40° de latitude" - sans se soucier que la voient ainsi dénudée son jeune fils, son domestique, son mari et... les invités de son mari. Celui-ci, de par sa position, est très soucieux de sa réputation (et par extension de celle de sa femme) et très sourcilleux quant aux convenances. Ventroux pourrait encore fermer les yeux sur l'inconséquence de sa femme si celle-ci ne s'avisait d'être piquée par une guêpe sur le croupion et si, par crainte du "venin", elle ne se jetait à la tête de tous les messieurs à portée de main pour qu'ils sucent la piqûre et la sauve ainsi "d'une mort atroce". Bref, inutile d'en dévoiler davantage, vous aurez compris l'essentiel.



Il serait surprenant que vous ne riez pas à la lecture de cette pièce bien qu'une partie de sa saveur vienne bien sûr de sa mise en scène, et bien que les didascalies soient nombreuses et explicites, rien ne vaudra jamais les mines, l'expressivité et la spontanéité d'acteurs sur des planches.





Challenge PETITS PLAISIRS 2014 - 2015
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Le Dindon

Le dindon, aussi simple comme le dindon, ça se lit en dindon, ça se rit en l'image de dindon, ça court ça tourne ça retourne ça contourne comme du dindon...à force de rire, on se croirait vraiment dindon...



Des histoires d'adultère à gauche, de déséquilibre des couples à droite, les plans malicieux d'un dindon d'un coté, la vengeance des femmes trompées de l'autre, plusieurs situations s’enchevêtrent de minute en minute, les personnages s'entrecroisent bizarrement... comme si les choses menaient une course acharnée avec la montre...



Dans tout cet imbroglio, l'auteur fait brandir le triomphe de la fidélité, de l’honnêteté, de la loyauté et de l'amour à travers le couple Vatelin-Lucienne. Un couple qui a résisté à tous les mauvais vents, et bien sûr c'est toujours sur un plateau du rire que cela nous est sevi...



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Un fil à la patte - Le dindon

Le dindon, aussi simple comme le dindon, ça se lit en dindon, ça se rit en l'image de dindon, ça court ça tourne ça retourne ça contourne comme du dindon...à force de rire, on se croirait vraiment dindon...



Des histoires d'adultère à gauche, de déséquilibres des couples à droite, les plans malicieux d'un dindon d'un coté, la vengeance des femmes trompées de l'autre, plusieurs situations s’enchevêtrent de minute en minutes, les personnages s'entrecroisent bizarrement... comme si les choses faisait une course acharnée avec la montre...



Dans tout cet imbroglio, l'auteur fait brandir le triomphe de la fidélité, de l’honnêteté, de la loyauté et de l'amour à travers le couple Vatelin-Lucienne. Un couple qui a résisté à tous les mauvais vents, et bien sûr c'est toujours sur un plateau du rire que cela nous est servi...
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Monsieur Chasse !

Après Tailleur pour dames et Chat en poche, me voilà partie pour un troisième Feydeau ; une pause s'imposera nécessairement par la suite. Quoi qu'il en soit, ce fut la meilleure expérience de lecture de cette "trilogie".





Nous n'allons pas passer des heures sur la mécanique bien huilée de cette pièce, car vous connaissez la chanson: c'est la marque de Feydeau, et Monsieur chasse ! ne fait pas exception à la règle. Ici, dès la première scène, nous sommes confrontés aux efforts de Moricet pour convaincre Léontine Duchotel de tromper son mari (qui est aussi le meilleur ami de Moricet, rien que ça) avec lui. Tous les arguments y passent, sans que Léontine ne cède d'un pouce. Mais voilà que Léontine découvre par hasard, alors que son mari lui dit partir à la chasse tous les week-ends avec un autre de ses amis, Cassagne, qu'il n'a pas vu le fameux Cassagne depuis des mois. Elle suppute naturellement un adultère et décide qu'elle a pour mission de se venger en trompant son mari avec Moricet. Évidemment, l'hôtel où Moricet lui a donné rendez-vous est également le lieu des amours illicites de Duchotel. Sans compter que c'est la femme de Cassagne qui est la maîtresse de Duchotel, et que Cassage, justement, est sur la piste de sa femme qu'il souhaite surprendre en flagrant délit. Pour compliquer un peu les choses, surgit au même endroit le neveu des Duchotel, venu retrouver sa maîtresse - qui a déménagé et dont la chambre est occupée par Moricet.



Bon, l'adultère en milieu bourgeois étant un motif récurrent dans le théâtre de Feydeau, ce n'est pas précisément ce qui va différencier cette pièce des autres. En revanche, on peut observer l'utilisation permanente d'une rhétorique de mauvaise foi chez les personnages, qui trouvent à justifier leur comportement de la façon la plus incroyable et la plus hypocrite. de même, on verra jusqu'au commissaire de police se comporter de façon extrêmement stricte (sinon efficace), lorsqu'il s'agit d'arrêter l'amant de Mme Cassagne, mais faire preuve d'une indulgence extraordinaire à l'endroit de Moricet et Léontine (qui ne consommeront jamais l'adultère, mais ça, le commissaire ne le sait pas). Quant aux personnages de Léontine et de Duchotel, ils vont tour à tour faire preuve d'une rouerie, dont ils usent sans vergogne, et d'une naïveté qui confine à l'idiotie. Ce qui les amènera finalement à accepter de s'enfermer dans un mariage basé sur l'hypocrisie et les malentendus, et dont on imagine qu'il ne sera guère encombré d'une fidélité mutuelle, puisque probablement très temporaire...





Autre caractéristique : l'amitié masculine, qui en prend un sacré coup dans l'aile. Entre le mépris que Duchotel entretient pour l'oeuvre littéraire de Moricet, le projet de Moricet qui consiste à coucher avec la femme de Duchotel, et, comble de la manipulation, l'utilisation de Cassagne par Duchotel comme alibi alors qu'il se donne tous les week-ends du bon temps avec, justement, Mme Cassagne... on peut en conclure que c'est dans ces relations de soi-disant amitié, bien plus encore qu'au sein du couple, qu'éclate l'hypocrisie la plus féroce.





Des trois pièces de Feydeau que j'ai donc récemment lues, c'est résolument celle-ci que j'ai trouvé la plus caustique et la plus drôle. Car, au milieu des quiproquos et imbroglios habituels du genre, l'auteur a glissé quelques fantaisies bien placées... que je ne dévoilerai pas.







Challenge Théâtre 2017-2018
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Tailleur pour dames

Une des premières pièces du dramaturge, et pourtant, la fameuse "mécanique" de Feydeau y est déjà bien établie. Cette pièce qui repose sur une histoire d'adultère, à laquelle se greffe une seconde histoire d'adultère, est écrite au cordeau : Feydeau retombe très bien sur ses pieds, malgré les nombreux rebondissements, méprises et quiproquos, et les différents fils de l'action se nouent, se mêlent et se dénouent impeccablement. On trouve déjà, également, la caricature de la bourgeoisie aisée façon fin-de-siècle et passablement oisive, sans que ça ne soit non plus d'une effronterie insoutenable.



La particularité de "Tailleur pour dames", c'est l'effervescence qui s'en dégage et qui monte en puissance, pour aboutir à un rythme endiablé au troisième acte. le problème, c'est que tout ça est bien perceptible à la lecture et en même temps très frustrant, parce qu'il est difficile de prendre, hors scène, toute la mesure de la ronde affolée des personnages. Surtout si l'on s'arrête aux nombreuses didascalies de Feydeau, vu qu'alors on casse le rythme de la pièce, ou, tout au moins, du dernier acte. Or, ces didascalies sont, d'une part, de précieuses indications pour la mise en scène, ainsi que pour le lecteur lambda, sur les mouvements incessants des personnages. D'autre part, elles sont vraiment très spécifiques du théâtre de Feydeau, donc on peut difficilement les ignorer. Donc, d'une façon ou d'une autre, à moins d'avoir déjà vu ou lu la pièce, on est un petit peu sur la touche. En revanche, je pense qu'on s'amuse particulièrement à voir la pièce après sa lecture, parce que je suis à peu près persuadée que les effets comiques y font d'autant plus mouche qu'ils sont attendus - ce que n'importe quel auteur n'est pas capable de réussir en matière de comédie.



Cela dit, et malgré son ressort comique bien huilé, ce n'est tout de même pas la pièce la plus drôle que je connaisse de Feydeau. Elle manque peut-être d'un petit grain de folie...





Challenge Théâtre 2017-2018
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Mais n'te promène donc pas toute nue !

Ah Feydeau ! Toujours la bonne tournure pour me faire rire !



Dans Mais n'te promène donc pas toute nue, on fait la rencontre d'un couple qui se fait une scène de ménage. L'homme reproche à la femme de se promener dans l'appartement en tenue légère :

"CLARISSE.- En somme, toi, quoi ? tu es un étranger pour moi ! Tu es mon mari, mais c'est une convention ! Quand je t'ai épousé, je ne sais pas pourquoi...

VENTROUX, s'incline, puis. - Merci.

CLARISSE, sans s'interrompre - ... je ne te connaissais pas; et, crac, du jour au lendemain, parce qu'il y avait un gros monsieur en ceinture tricolore devant qui on avait dit "oui", c'était admis! tu me voyais toute nue. Eh! ben, ça, c'est indécent.

VENTROUX. - Ah ! tu trouves !

CLARISSE. - Tandis que mon fils, quoi ? C'est ma chair ! C'est mon sang ! Eh ben !... que la chair de ma chair voie ma chair, il n'y a rien d'inconvenant ! (Se levant.) A part les préjugés !"



Les personnages sont caricaturaux, Ventroux, plutôt misogyne et jaloux tandis que Clarisse est légère et ingénue. Malgré ça, ils sont tous très bien travaillés et très attachants.



C'est une courte pièce, où les répliques fusent et sont toutes plus drôles les unes que les autres :

"CLARISSE - Ministre de la Marine ! tu ne sais même pas nager !

VENTROUX - Qu'ça prouve, ça ? Est-ce qu'on a besoin de savoir nager pour administrer les affaires de l'Etat ?

CLARISSE - Pauvres affaires !"



Cette pièce n'a absolument pas pris une ride et se lit toujours avec beaucoup de plaisir. On passe un excellent moment.



J'en ai profité, après la lecture, pour voir sur youtube(https://www.youtube.com/watch?v=ie3iDUpu168), une adaptation sur scène. Et c'est 50 minutes de pur bonheur.



L'actrice qui joue le rôle de Clarisse est excellente.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Par la fenêtre et autres pièces

Par la fenêtre

Une pièce de théâtre bien drôle, on se rit du mal de la vie conjugale...un mal, qui depuis des siècles est difficile à gérer. Par la fenêtre présente deux couples brisés par la jalousie.



Hector se transforme en cuisinier, une fois que sa femme soit parti pour cause de la jalousie, en attendant de prendre son déjeuner, une femme fait irruption chez lui. Le but de cette femme est de demander à Hector de lui faire la cour par la fenêtre afin qu'ils soient vu par son mari jaloux...



Petite pièce, ça rit d'un côté, ça réfléchit aussi de l'autre côté!
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La puce à l'oreille

La pièce a été créée en 1907 au théâtre des Variété, comme beaucoup de pièces de Feydeau. Nous sommes en terrain connu avec son intrigue, relativement reconnaissable et basique. Raymonde Chandebise, sur la foi d'indices ténus, soupçonne son mari d'infidélité. Elle se propose de le démasquer, et pour cela fait écrire à son amie Lucienne une lettre supposée venir d'une admiratrice énamourée, donnant rendez-vous à Victor-Emmanuel à l'hôtel du Minet-Galant (tout un programme). Ce qu'elle ignore, c'est que cet établissement est fréquenté par un certain nombre de ses proches : Camille, le neveu de son mari, le docteur Finache, un habitué de la maison. de plus, le nouveau valet à tout faire de l'hôtel, ivrogne et idiot, est un sosie de Victor-Emmanuel Chandebise. Pour une raison ou une autre, tout le monde va se retrouver à l'hôtel de rendez-vous galants, en partie parce que le mari de Lucienne, un jaloux hidalgo, a reconnu l'écriture de sa femme et veut l'occire avec son supposé amant. Si on y ajoute, le personnel de l'hôtel et les hôtes de passage, cela fait beaucoup de mouvement et de matière à quiproquos.



Nous sommes en terrain connu, Feydeau reprend ses thèmes et mécaniques habituelles pour faire rire : les couples bourgeois flirtant avec les infidélités et séductions, l'hôtel de rendez-vous haut en couleur propice à toutes les méprises, toutes les tromperies, et à la mise en mouvement des personnages dans un ballet soigneusement organisé. Ici, le comique repose beaucoup sur le double personnage Victor-Emmanuel / Poche. le respectable directeur d'une compagnie d'assurance est pris pour un valet ivrogne, se fait rosser et traiter comme un moins que rien, pendant que Poche a droit aux attentions, excuses et petits soins de l'entourage de son double, et ne comprend rien à l'étrange comportement de toutes ses personnes. Les familiers de Chandebise sont quant à eux à deux doigts de le croire pris de folie. A tout cela s'ajoute un jeu particulier sur le langage : entre Camille, le neveu, capable de prononcer uniquement les voyelles, le client américain de l'hôtel qui ne parle que l'anglais, et Carlos, avec son accent appuyé et des dialogues en espagnol, une cacophonie ambiante s'installe.



On peut bien entendu voir dans la pièce une illustration d'une difficulté à communiquer, d'une inutilité du langage, d'un vide existentiel aboutissant à un monde absurde, à la limite de la folie, malgré une logique interne aussi imparable que délirante. Mais le mieux est sans doute de se laisser aller à rire de tout ce petit monde, lors d'une représentation théâtrale de qualité : le résultat peut-être tout simplement irrésistible et faire passer des moments de fous rires inoubliables.
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La dame de chez Maxim

J'ai vu jouer du Feydeau par le passé, et j'avais apprécié, mais je n'en avais pas encore lu. Dès le début de ma lecture j'ai été surprise par la densité et la précision des didascalies! Je croyais Pirandello maître en la matière mais je constate que Feydeau l'était avant lui…

Dans cette pièce c'est le comique de situation à l'état pur, à la limite de l'invraisemblable parfois. Difficile à résumer tellement il y a de rebondissements. Un peu l'éternel mari qui trompe sa femme, cache sa maîtresse d'un soir et celle-ci se fait passer pour l'épouse devant l'oncle à qui on ne peut rien avouer. Et les péripéties commencent.

Entre les dialogues cocasses, les réparties des personnages qui se percutent, on n'a pas une minute de répit, un rire en appelle un autre! C'est enlevé! Presque fatigant...

La Môme Crevette est un beau personnage féminin, un peu à contre-emploi, oscillant entre deux jeux. J'aime beaucoup.

Bien sûr c'est du vaudeville, les personnages tendent plutôt à la caricature mais cela on le sait quand on choisit du Feydeau.

Je ne regrette pas cette découverte même si cela n'est pas mon style de théâtre favori. J'aimerai toutefois le voir jouer en version super moderne, par curiosité.
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Mais n'te promène donc pas toute nue !

Cette scène de ménage entre un homme politique et sa frivole épouse ne manque pas de piquant !



Monsieur Ventroux reproche à sa femme Clarisse de se promener à moitié nue devant leur fils. Obstinée, elle refuse de s'habiller même en présence du maire et d'un journaliste. L'affaire prend une tournure étrange quand Clarisse se fait piquer par une guêpe à un endroit... intime.



Cette pièce très courte est truffée de répliques hilarantes et de scènes un peu désuètes mais coquines. L'air de rien, Feydeau en profite pour tacler la politique et les hommes politiques, ce qui fait toujours son petit effet.

Une lecture rapide et très agréable !

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