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Critiques de Gilbert Cesbron (225)
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Il est minuit docteur Schweitzer

Gilbert Cesbron - Il est minuit, docteur Schweitzer - 1952 : Minuit l'heure du crime, en l'occurrence l’heure d'un des pires crimes que la terre ait connu, cette première guerre mondial qui vit tant d'hommes s'entretuer au point que le terme assassinat aurait du être galvaudé jusqu'à la fin des temps. Le docteur Schwetzer est un bienfaiteur, un de ces colonisateurs qui ont choisi d'aider les populations africaines plutôt que de les exploiter comme tant d'autres. Dans son petit dispensaire en pleine brousse quelques hommes et une femme en attendant l'ordre de mobilisation général vont tenter de se définir et de donner à la postérité leur vision de l'humanité. Chaque point de vue qu'il soit sociétal ou religieux va enrichir un dialogue humaniste troublé par des objections sur les desseins d'un conflit vu comme l'échéance terminale d'un monde en décomposition. Alors que vont s'écrouler des sociétés tout entière, les mains agiles du chirurgien malgré sa fatigue vont tenter de sauver un petit garçon, un peu comme si cet homme solitaire par cette action désespérée sauvait par avance l'humanité de l'extinction. Il y avait évidemment un vrai symbolisme dans ce geste tout comme dans l'affection qui unissait l'infirmière et le soldat décidé malgré cet amour profond a rejoindre la France pour combattre. Chacun se demandait aussi ce qui avait poussé l'autre à se retirer au fond de la jungle en délaissant ainsi la civilisation et ses plaisirs. Quel acte caché, quel déception avaient pu pousser un médecin renommé, une jolie fille ou un prêtre promis a de bien plus belles paroisses a partager le sort des indigènes ? La violence elle se rapprochait provocant la mort d'un des protagonistes et rendant encore plus prégnante le besoin de comprendre cette folie qui allait entraîner les hommes vers l'abîme. Aussi intéressante à lire qu'à voir jouer sans doute, cette pièce en deux actes était l'oeuvre la plus célèbre et la plus intéressante de Gilbert Cesbron. Elle donnait en plus un axe de réflexion a toute personne qui s'interrogeait sur la vacuité de l’existence humaine... poignant
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Mais moi je vous aimais

Tragique destin que celui de cet orphelin diagnostiqué "débile léger" et qui, toute sa courte vie durant, raisonnera et se comportera comme un enfant de 7 ans.

Je ne suis habituellement pas versée sur le pathos - d'ailleurs, Gilbert Cesbron n'en use pas - mais cette histoire m'a sincèrement touchée.

Il y a des êtres dont le destin est fissuré dès la naissance. Ils auront beau le vouloir, le vouloir vraiment ; y croire, encore et toujours ; ils seront continuellement brisés, piétinés, et l'échec sera permanent.

Yann n'avait pourtant pas de grandes ambitions. Il voulait juste exister pour quelqu'un. Il ne demandait qu'un peu d'amour. Juste de l'amour.

Poignant !
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Chiens perdus sans collier

Années 1950. Alain Robert, 11 ans, veut sauver un des chiens perdus sans collier, pour lui éviter aller à la fourrière et être euthanasié. Mais lui aussi est un des chiens perdus sans collier : il fait partie des enfants abandonnés par les parents pendant la guerre. Pris en charge par l'Assistance Publique, son dossier est son frère : il le suit partout. Il est, comme la plupart de ces enfants, antisocial, et les familles d'adoption ne veulent plus de lui. Son obscession est de retrouver ses parents, mais dans le bottin, il y a trop De Robert, et aussi trop d'Alain !

Alors le juge pour enfants Lamy ( L'ami ... des enfants ? ), l'homme cardinal trop rare, qui exprime la pensée de Gilbert Cesbron, place l'enfant en foyer. Un foyer avec des enfants de l'AP, et des petites frappes [dont les familles seraient en 2022, qualifiées de dysfonctionnelles].

Il ne s'agit pas de n'importe quel foyer. le directeur est surnommé par les jeunes Croc Blanc, et les éducateurs sont Mammy, Buffalo, Frangine, Clémenceau, Tomawak l'instituteur, et Chef Robert qui est nouveau. Alain va se faire des copains : Radar, Taka, Olaf, Velours, Ballon Captif, et le sombre Paulo l'invincible enfant du malheur.

Pour le juge Lamy, ce foyer de campagne a de gros avantages sur la ville : nature, potager... le seul inconvénient est qu'il n'y a pas de parents pour aimer les jeunes ; les éducateurs, dont le but est de les guider vers une formation, les aiment, mais les liens de sang leur manquent.

.

Gilbert Cesbron est un humaniste. [ L'humanisme est un concept qui dépasse la philosophie ]. Au printemps 1972, il met fin à son métier d'homme de radio et se tourne vers l'action sociale en devenant secrétaire général du Secours catholique.

Cesbron, dans ses livres, s'insurge souvent sur l'inhumanité du pouvoir, qui est ici représenté par le substitut.

On suit le juge Lamy sur plusieurs affaires ; il vieillit trop vite, passe des heures impossibles en déplacements pour convaincre le substitut ( proc ), jeune émoulu sorti de l'école qui veut appliquer le règlement à la lettre ; il court chez les parents pour les convaincre que l'enfant serait mieux au centre que dans une famille qui se dispute, dont le père boit et la mère se prostitue par voie de conséquence ( verbe tabou dont on ne parle pas ) ;

il dit qu'à propos des délits mineurs, on ne doit pas juger le jeune sur des faits, mais sur ce qu'il est, sur ce qu'est son entourage. Bien sûr, je suis d'accord :)

... Et dès que je le trouve, je lis : "C'est Mozart qu'on assassine".

.

Antisocial, tu perds ton sang froid

Repense à toutes ces années de service

Antisocial, bientôt les années de sévices

Enfin le temps perdu qu'on ne rattrape plus

Qu'on ne rattrape plus
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Chiens perdus sans collier

Emouvant éloge des travailleurs sociaux d'après guerre, juge, avocat, docteur, éducatrice tentent avec beaucoup de finesse et d'amour de remettre sur les rails orphelins, gosses abandonnés ou jeunes délinquants.



Bon Dieu, la scène où cheftaine Françoise met au lit ses vingt petits bonshommes!



Ce sont tous des grands et Cesbron aussi est un grand avec sa prose qui semble couler sans effort de même que l'enchaînement des petites intrigues.

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C'est Mozart qu'on assassine

Un livre que j'ai eu du mal à commencer et dont la fin me semble trop convenue. Tout se termine trop bien...

Ce roman qui raconte la séparation d'un couple et les divagations de leur fils devait être à l'origine, dans les années 60; assez novateur. Mais à notre époque, où un mariage sur trois se solde par un divorce, nous sommes confrontés à une histoire banale. Le style du roman est alerte, moderne pour l'époque. Le livre est plutôt agréable à lire, même si les adultes protagonistes du roman sont peu sympathiques car égoistes et peu réceptifs au désarroi d'un enfant.

Dans ce livre, seules les vieilles personnes de la campagne me semblent capables d'avoir des sentiments forts et vrais. Les plus beaux passages du roman, je les ai donc savourés chez le grand-père dans le Poitou et chez la vieille nourrice en Vendée... Seuls moments où j'ai ressenti une émotion réelle. Pour le reste, c'est un texte qui se lit bien. Le sujet a un peu vieilli et dégage un parfum nostalgique des années 60.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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C'est Mozart qu'on assassine

Gilbert Cesbron , homme de conviction et ayant de grandes

qualités humaines ne peut et ne veux rester insensible

lors qu' il constate le malheur ou le drame d' autrui . Alors

un cri de révolte fuse de lui car il sent la déchirure et le mal

fait .Dans son roman " C' est Mozart qu' on assassine" est

un roman qui date des années soixante-soixante-dix-sept .

L' ayant lu , il y a décennies et encore ces derniers temps ,

j' ai ressenti les mêmes émotions . Mais avant d' écrire cet avis , je me suis permis de lire quelques critiques et avis d' autres lecteurs qui m' ont devancé . A la suite de ces lectures , je suis resté perplexe car le divorce est devenu banal , abandonné ses enfants est courant au motif qu' on vit une autre époque donc tout change , tout est banalisé même si ceux-ci sont nos enfants qui souffrent et qui restent souvent traumatisées par ces chocs et déchirures . Je me suis dit : " Peut-être que c' est moi qui ne suis plus de ce siècle ? " Si on dit ou on exprime une idée contraire à ce que pense la majorité des gens : alors on est taxé de ringard !

J' ai remarqué aussi que les livres de cet auteur sont

taxés de désuets et pourtant ils ne font qu' exprimer

un cri de révolte devant tant de malheurs et d'injustices .
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Une abeille contre la vitre

Ce n'est pas si fréquent pour l'époque (le livre est paru en 1964) qu'un homme dénonce la domination mâle et mette en avant le chemin de croix d'une femme qui souhaiterait accéder aux mêmes privilèges que les hommes.



Gilbert Cesbron dresse le portrait d'Isabelle Devrain, femme en colère et désespérée. le livre s'ouvre d'ailleurs sur sa tentative de suicide.



En colère, car elle rejette ces femmes qui se complaisent dans l'asservissement aux hommes autant qu'elle s'insurge contre ces hommes qui les humilient et se prétendent supérieur.



Mais désespérée également, car elle souffre de sa laideur et de sa solitude, étouffant son mal d'amour derrière un orgueil farouche et une vive intelligence. Elle semble être en transit dans une société où elle ne trouve pas sa place. Y a-t-il seulement une place pour elle ?



L'écriture est assez distanciée. Isabelle porte un regard froid, presqu'analytique, sur son environnement et sur elle-même, comme une étrangère qui observerait un monde pétri de contradictions. Cela m'a bizarrement mise en position de juge plutôt que témoin. Pourtant, on se laisse prendre par le parcours de cette femme, par ses doutes, ses certitudes, sa fragilité, sa fierté.



A travers Isabelle, ainsi que les personnages secondaires, très révélateurs eux aussi, Gilbert Cesbron fait le constat d'une société patriarcale dominée par l'homme et de relations homme/femme faussées par un long conditionnement depuis des décennies. Clairement, l'homme n'a pas le beau rôle, mais cela étant, la femme non plus.



Beaucoup de sujets se juxtaposent en filigrane : le refus de s'aligner à la norme, le poids du regard des autres, s'accepter tel que l'on est, la notion du bonheur, la solitude. Même Dieu est présent. La fin, en revanche, est assez décevante. Dommage, dommage… vraiment dommage. Mais c'est une lecture bien agréable qui nous plonge dans la France des années soixante, années pas si éloignées. Certaines des descriptions du monde professionnel étaient parfois encore d'actualité dans les années 2000. C'est dire que ces années, même s'il y a eu évolution, ne sont pas si éloignées ! Quant à l'égalité, c'est autre débat… En tout cas, j'ai bien aimé la volonté de cette femme à tenter de se frayer un chemin, tête haute, hors des sentiers battus et rebattus ... simplement son chemin.

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C'est Mozart qu'on assassine

Que d'émotions ressenties lors de la re- lecture de ce beau livre devenu un classique, lu il y a très longtemps, l'histoire de parents ,de riches citadins parvenus qui organisent leur divorce, lui, Marc, froid , Indifférent, obnubilé par son pouvoir ,successeur de son beau - père décédé brutalement ,

Monsieur le président - directeur général de Fontaine et Compagnie : «  Entreprises et Promotions Immobilières » , sa manie de tout régenter , ne pensant qu'à ses propres intérêts et son plaisir, propriétaire d'une Porsche, tombé amoureux d'une jeune fille de la classe moyenne, Marion Destree , elle, La belle Agnès , riche: robes, confort, domestiques, bijoux , voitures depuis toujours, mais fragile, angoissée, rêveuse, réservée , naïve, elle n'avait jamais joué avec un enfant pauvre ni jamais vu un film de guerre ......la sécurité lui tenait lieu de bonheur...



Martin , leur petit garçon a sept ans, l'âge où l'amour de ses parents devrait guider ses premiers pas dans l'apprentissage de la violence et de l'injustice du monde.

Son univers tranquille bascule le jour où Marc et Agnès envisagent de se séparer .

Il lui faut aller ailleurs, loin, chez son grand - père paternel, un vieux médecin à Serignay , vivant dans la solitude, puis chez la nourrice d'Agnès , Nounou Eugénie Perraut.

L'auteur trouve des accents bouleversants pour analyser le drame de cet enfant , ce «  Mozart Assassiné » qui perd peu à peu toutes les valeurs d'amour et de droiture qu'il avait jusqu'alors connues.



Délaissé , solitaire , incompris, humilié, il perd les qualités de son enfance, sa pureté, son innocence, son génie propre, rencontre la haine, l'égoïsme , la jalousie , mais aussi la tendresse et la chaleur humaine chez Nounou Perraut , en Vendée.



L'écriture est fluide, le style rythmé, les mots touchants, et dire que les parents de Martin pensent qu'il ne comprend pas !

La fin me paraît un peu convenue .

Une histoire touchante qui n'a pas vieilli——pas si désuète ——comme j'ai pu le lire quelque part , même si l'époque a changé les enfants :petits ou grands ressentent toujours désespoir, douleur , incompréhension , souffrance , il me semble, lors de la séparation des parents.

Lorsque je l'avais lue , autrefois j'avais été bouleversée ...

Je ne regrette pas ma re- lecture .

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Chiens perdus sans collier

Gilbert Cesbron, écrivain profondément humaniste, occupait une place un peu à part de la littérature du XXe siècle. Chacun de ses livres était un témoignage sur un problème de société et il était avant tout préoccupé par l’enfance en détresse ainsi qu’en témoigne « Chiens perdus sans collier ».

Au début des années 50, la société prend en charge les orphelins, les délinquants broyés par la misère, l’alcoolisme, les logements insalubres, les séquelles de la guerre…

Juge, psychiatre et éducateurs croisent ces jeunes entre le centre d’éducation surveillé, le cabinet médical et le tribunal, et patiemment, avec beaucoup d’humanité, tentent d’offrir un semblant d'avenir à des gosses nés sous une mauvaise étoile, dans récit fort et passionnant.

60 ans plus tard, le bilan n’est pas forcément plus rose mais l’enfance en détresse est une préoccupation majeure au sein de notre société et Cesbron y est peut-être un tout petit peu pour quelque chose…

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Les innocents de Paris

Ce livre a obtenu le Prix de la Guilde du Livre 1943. Il n'y a, naturellement, rien à dire en ce qui concerne la qualité de son écriture.

Je n'ai, malheureusement, pas réussi à me passionner pour les aventures de ces gamins de Paris. La narration est sans doute trop poétique, trop imagée, pour que j'y parvienne.
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Mais moi je vous aimais

"Mais moi je vous aimais" est le genre de livres trouvés dans une boîte à livres et qui restent finalement longtemps au fin fond d'une étagère. Le genre de livres qui m'attiraient sur le moment, mais de moins en moins au fil du temps. Le genre de livres pour lesquels il me faut une raison, un prétexte pour me décider à les lire enfin. Pour le Défi Lecture 2022, il me reste quatre catégories à valider, dont « lire un livre avec le mot "mais" ou un de ses homophones dans le titre ». Et dans mon immense pal, seul "Mais moi je vous aimais" correspondait. Le but des défis, en ce qui me concerne en tout cas, étant justement de taper au maximum dans ma pal, me voilà donc à donner sa chance à ce roman qui attend d'être lu depuis très très longtemps.



Et si j'ai eu quelque peu du mal avec le style de narration, je ne regrette absolument pas cette lecture, globalement troublante.



Yann est un petit garçon dont l'esprit aura toujours sept ans alors que son corps grandira normalement. Instable émotionnellement, avec des angoisses excessives et un besoin constant d'amour, d'affection et d'attention, et avec un QI de 66, bien des qualificatifs lui sont attribués : idiot, imbécile, simple d'esprit, inadapté, fou, anormal. En termes officiels (de l'époque), il est ce que l'on appelle un "débile léger". À travers l'enfance de Yann, Gilbert Cesbron nous parle de ces enfants "abandonniques", que personne ne veut, refilés aux uns et aux autres, ballotés d'une institution à une autre (alors que peu adaptée à leurs troubles) : des enfants que personne ne veut aimer.



Aujourd'hui, bien des progrès ont vu le jour en ce qui concerne ces enfants, que ce soit au niveau des moyens, des diagnostics, des traitements (médicamenteux ou non), du soutien et des aides apportés à la famille, etc. Dans "Mais moi je vous aimais", les événements se déroulent de la fin des années 1970 au milieu des années 1980. Il faut donc tenir compte du contexte et des circonstances de l'époque, et de ses aprioris également.



Comme dit plus haut, j'ai eu quelques difficultés avec le style de l'auteur, pas toujours très "lisse", manquant de fluidité. J'ai ressenti également quelques lenteurs, dûes en partie à certains chapitres un peu trop longs. Mais ce qui m'a le plus dérangée, c'est de passer constamment de la conjugaison au passé à celle au présent alors que les événements sont relatés chronologiquement. C'est très déstabilisant.



En ce qui concerne les personnages, je n'ai absolument rien à reprocher à l'auteur. Ils sont scrupuleusement bien creusés, Yann particulièrement. Gilbert Cesbron a su évoquer et expliquer ses moindres ressentis et réactions comme s'il pouvait réellement se mettre à sa place (c'est en tout cas l'impression que j'ai eue tout au long de ma lecture). J'ai perçu et pu comprendre sa propre réalité. Les autres personnages, les plus importants pour Yann, sont également bien campés, comme le Pr. Quirinat, Jean-Louis Lerouville, Mme Jeanne, ou M. Benoît. L'auteur offre à son histoire une dimension psychologique non négligeable et très appréciable.



Quant à l'histoire en elle-même, malgré les longueurs, elle reste troublante et saisissante du début à la fin. Si l'auteur évoque souvent les notions de rejet et d'abandon, il n'en oublie pas pour autant celles de bonté, de bienveillance et de bienfaisance, et surtout d'amour. Elle se termine comme elle a commencé, telle une boucle bouclée. J'aurais préféré un autre dénouement, mais bon...



Pour résumer, même si je lui trouve quelques défauts, j'ai tout de même apprécié ce roman, qui aborde la psychiatrie infantile tout en sensibilité et humanité.

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Une abeille contre la vitre

"Yesterday a morning came, a smile upon your face.

Caesar's palace, morning glory, silly human race,

On a sailing ship to nowhere, leaving any place,

If the summer change to winter, yours is no,

Yours is no disgrace.

Yours is no disgrace.

Yours is no disgrace." ( Yes song ).

.

1954. "Quelle était donc cette disgrâce qu'il incarnait, pire que la vieillesse ou la laideur ?" se demande Isabelle, au visage laid, prognathe, disgracieux. Sa mère a toujours appuyé sur sa laideur, son père sur son intelligence. Elle fait une tentative de suicide, la rate, puis se repose chez les bonnes sœurs. Elle devient même novice, car au moins, les filles de Dieu ne se moquent pas d'elle. Au moment de sacrifier ses magnifiques cheveux, elle rejette tout et cherche du boulot à Paris. Elle est embauchée comme cadre dans une grosse boîte de chimie...

.

Les personnages sont très travaillés.

Isabelle, tête d'homme sur corps de rêve, est une jeune femme sensible et intelligente. Révoltée contre la société des hommes, avec "leur argent, leur métier, leurs honneurs et décorations, et aussi ce corps qu'ils croient immuable parce qu'il y a toujours une femme pour s'en pâmer", Isabelle pourrait être une warrior du XXIè siècle.

Sa meilleure amie, Marianne, midinette de l'époque, mais qui travaille quand même, tombe à chaque fois dans les pièges masculins.

Il y a les trois dragueurs-chasseurs : Blondel, le numéro deux de la boîte, qui se sert de son prestige pour mettre les filles dans son lit ; Francis, le copain de Marianne, mais minet par excellence :

"J'ai pas peur des petits minets

Qui mangent leur ronron au drugstore

(Chi-chi-chi-chi, chi-bi-dou-ah)

Ils travaillent tout comme les castors

Ni avec leurs mains, ni avec leurs pieds

(Chi-chi-chi-chi, chi-bi-dou-ah)"...

...mais aussi Bertrand, le joueur de tennis.

Isabelle résiste.

Et puis, il y a les trois "drames" d'Isa :

Annie, employée de la boîte, petite fille dans sa tête qui veut faire une TS parce qu'enceinte, son copain l'a laissée tomber ;

M. Tannoire, employé aussi, poliomyélite qui marche avec des cannes, se "démantibule" dans l'escalier, donc hôpital, puis visites d'Isa qui prend, auprès de lui, des leçons de sagesse ;

Enfin Blondal, victime de ses excès sexuels, attaqué par une crise cardiaque, paralysé.

Empathique, la toujours célibataire et révoltée Isabelle rend régulièrement visite à ces trois là.

Et puis il y a Hervé Jacquet...

.

J'aime beaucoup Gilbert Cesbron, essayiste, romancier et cadre d'entreprise. Ado, il m'avait bouleversé avec "Chiens perdus sans collier", et "C'est Mozart qu'on assassine".

Même si le scénario est ici un peu lourd, c'est peut être voulu ainsi par l'histoire racontée, mais l'écriture est nette et percutante, les mots sont choisis et à leur place.

.

"Une abeille contre la vitre", c'est Isabelle, bosseuse et intelligente, mais seule, qui se heurte au plafond de verre masculin ! Cette solitude est sa pire ennemie, mais :

"Pour avoir si souvent dormi

Avec ma solitude

Je m'en suis fait presque une amie

Une douce habitude"

...Jusqu'au jour où...

.

Une phrase philosophique surtout, m'a fait plaisir :

"La question n'est pas d'être "heureuse", mais en paix".

En effet, je pense qu'il y a plusieurs sortes de philosophes ;

il y a d'abord ceux du bonheur, qui se rapprochent des théories du développement personnel ;

puis il y a les philosophes malheureux, comme Nietzsche ou Cioran ;

Enfin, il y a ceux de la paix de l'âme, comme Epictète ou la Mère Supérieure d'Isabelle.

Mais je crois qu'on peut trouver encore d'autres entrées dans la philosophie.

J'ai trouvé un autre aspect philo-sociologique du roman, car, grâce à l'histoire racontée, Gilbert Cesbron assène des vérités, par l'intermédiaire de Tannoire sur le bien et le mal, la grâce et la disgrâce ; ou avec Isabelle sur la société des hommes en 1954, et celle des femmes.

Un écrivain masculin peut-il se glisser dans la peau, l'âme d'une femme, d'une héroïne ? Je ne sais pas, je suis un homme, mais je crois que l'auteur y arrive très bien : toutes ses analyses psychologiques me semblent très fines, très sensibles !

.

Voilà. Malgré la lenteur de lecture due à la densité du texte, j'ai adoré !

Et, dans les dernières pages, le romancier fait un véritable réquisitoire contre la société des hommes, en même temps qu'un hommage prononcé aux femmes, astreintes à besogner quatre-vingt-dix heures par semaine quand elles cumulent enfants-ménage-boulot !



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Il est minuit docteur Schweitzer

« J'entendais les grandes personnes parler de leur idéal et de leur enthousiasme comme d'enfants qui seraient morts. La terreur m'a saisi de leur ressembler un jour. Alors j'ai résolu de traverser la vie avec une âme... intacte ! »



Le docteur est un beau personnage, une personnalité forte, intéressante, admirable, inspiré d'Albert Schweitzer, prix Nobel de la Paix en 1952, parfois considéré comme un précurseur de l'action humanitaire et de l'antispécisme, également engagé contre l'armement nucléaire. Il apporte à la pièce une belle profondeur, un questionnement remuant et tout à fait intéressant sur le sens de la vie, il met la barre très très haut dans son implication totale à combattre la souffrance, et on se retrouve à se poser des questions désespérantes sur l'humanité (et sur sa propre mollesse!) du style:

« N'y a-t-il donc que les tyrans et les milliardaires pour aller jusqu'au bout de leurs desseins ? »

Donc sans doute plus une pièce très tendance à une époque où l'on est davantage incités à être de "bons" consommateurs qu'à faire preuve d'une exigence éthique inébranlable, mais j'ai beaucoup apprécié cette lecture.
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Les Saints vont en enfer

Paru chez Robert Laffont en 1952, édité en Livre de Poche en 1965, « Les saints vont en enfer » est -avec « Chiens perdus sans collier », « Il est plus tard que tu ne penses » et « Entre chiens et loups »- un des ouvrages les plus connus de Gilbert Cesbron, écrivain français d'inspiration catholique.



Dans « Les saints vont en enfer » il est question de la place du prêtre ouvrier dans la société française des années 1950. Pierre, jeune prêtre ouvrier, est affecté à Sagny (nom inventé), en pleine banlieue parisienne. Après son travail à l’usine, il aide les habitants du quartier ainsi que ceux qui y transitent, que ce soit pour trouver un endroit où passer la nuit, pour obtenir un travail même temporaire ou tout simplement pour manger quelque chose. Pierre se donne à fond dans sa mission mais quand il se met à fréquenter Henri, un gars du Parti -entendez, du Parti Communiste- ses supérieurs -qui se sont rendus compte que Pierre s'était également lié d'amitié avec une prostituée, avec un opposant espagnol vivant en France sous une fausse identité, avec un père au chômage maltraitant régulièrement son enfant- finissent par lui recommander de faire d'autres choix ou de rentrer dans un couvent, laissant ainsi sa place à quelqu'un de plus « normal ». Pierre -qui est un des saints du titre de l'ouvrage- se le tient pour dit, mais il fera un autre choix ...



Évidemment, Dieu et les hommes sont au centre de l'ouvrage. Et l'auteur nous dépeint au travers de Pierre, avec beaucoup de justesse, ce que furent les prêtres ouvriers dans cette France des années 1950. Eux, qui étaient à la fois des hommes d'église et des ouvriers se voulant intégrés dans la « vraie vie », se mettaient fraternellement au service de tous, sans parfois accorder une place suffisante à leur ministère. D'une certaine façon, leur hiérarchie pouvait le leur reprocher puisqu'ils n'accordaient pas la priorité ou le temps nécessaire à l'accomplissement de leur mission qui était de diffuser la Parole du Christ. Cette question irrigue tout le récit ce qui conduit à penser que « Les saints vont en enfer » est d'abord un roman sur la foi et sur le doute qui peut animer l'homme qui la porte ; mais ce roman pose aussi la question de l’engagement, engagement personnifié par Pierre, mais aussi par Henri. Tous deux hommes d'action -impliqués avec enthousiasme dans leurs missions respectives-, ils connaitront successivement espoir, puis doute et abattement. Leur amitié restera intacte mais ils se demanderont sans cesse s'ils ont la capacité réelle à pouvoir changer le monde et quelle est l'utilité réelle de leurs combats respectifs. Accessoirement, ce roman constitue également à sa manière une sorte d'analyse et de révolte sociales, les protagonistes évoluant dans une banlieue sordide, sur fonds de baraquements et de pré-fabriqués, de chômage, d'alcoolisme, de prostitution, d'enfants battus, bref de misère noire et d'absence de tout espoir possible dans le lendemain.



Qu'en penser ? Le propos est louable et l'auteur -qui a manifestement pénétré la réalité sociale de la société française de son époque- déborde d'humanité, d'empathie et de tendresse pour les êtres humains, malgré leurs défauts et leurs faiblesses. Son appel à la solidarité, à la fraternité, à l’espoir, mais aussi à l'engagement de l’Église catholique pourra interpeler le lecteur. Le style fluide, l'écriture très visuelle, le sens juste et évident des dialogues -vrais et simples- apportent une touche singulière à l'ensemble. Mais on pourra regretter le caractère désuet de l'ouvrage : la France a bien changé ; les Mines du Nord et ses dangers, ses vies gâchées, ses mineurs ressemblant à des zombies n'ayant plus la force de regarder femme et enfants sont loin derrière nous ; l'industrie n'a plus la place prépondérante qu'elle occupait ; le travail à la chaîne n'est plus aussi répandu ; les banlieues sont convoitées par les promoteurs et les futurs accédants à la propriété ; on n'expulse plus aussi facilement les locataires indélicats ; le PC et les syndicats n'ont plus la place qu'ils occupaient sur l'échiquier sociopolitique ; la mortalité infantile s'est considérablement amenuisée ; les prêtres ouvriers ont disparu, etc. Certes, il y a encore ici ou là des endroits où règnent la faim, l'insécurité, le froid, la violence et le manque d'espoir. On pourra également regretter ce côté naïf et moraliste, ce côté archétypal des protagonistes, la mise en scène théâtrale de certains entretiens, une représentation trop manichéenne du monde, l'utilisation de prénoms à forte connotation religieuse et l'intention délibérément populaire, pour ne pas dire idéologique, du propos. Je mets donc quatre étoiles.
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Un miroir en miettes

C'est d'une misérable bibliothèque abandonnée que, presque par hasard, ce livre m'est tombé dans les mains.

A ma grande surprise, il avait autrefois été offert et signé par son auteur.

Intrigué et n'ayant temporairement plus rien à lire, je m'y suis plongé, sans hâte et sans véritable envie.

Car je ne suis pas très amateur du genre ... celui des aphorismes assénés, sans rapport aucun, les uns derrière les autres, et qui prétendent définir globalement un mode de pensée ou une vérité première avec lesquels il est souvent de bon ton d'être d'accord.

Ces derniers temps, certains humoristes contemporains, pétant plus haut que leur vocabulaire, ont fait spécialité du genre !

Mais - que Dieu me savonne ! - l'auteur d'Un miroir en miettes" est Gilbert Cesbron.

L'aphorisme ici s'est empli d'esprit et, par une fine plume, s'est rendu plus élégant.

Le genre ne paraît plus en être un, il s'est transfiguré.

Les miettes de ce miroir brillent comme de petits éclats de Littérature.

Pas tous, pourtant !

La lecture est fluide et rapide.

La phrase ici se veut prétexte à réflexion.

Mais la répétition nuit à l'effet désiré.

La plupart des phrases passent dans l'indifférence, certaines agacent un peu, d'autres plaisent.

Mais rares sont celles qui, plus profondes, provoquent une réelle admiration.

Le plus grand mérite de ce petit ouvrage est peut-être de mieux faire connaître la pensée du grand écrivain qu'est Gilbert Cesbron.

Pourtant "Un miroir en miettes" n'est pas le meilleur angle de vue sur son oeuvre pour en apprécier toute la force et la subtilité ...















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Chiens perdus sans collier

Avec des êtres humains à sauver c'est forcément un livre pour moi.J'ai eu le coeur serré pendant presque 400 pages.

Quand il aborde un sujet monsieur Cesbron ne fait pas de quartier,c'est d'ailleurs pour cette raison que je suis tombée amoureuse de sa plume (merci maman).

Ici il est question des enfants de l'assistance publique et de la difficile profession de juge pour enfants,l'auteur porte un regard réaliste et incisif sur ces gosses nés sous une mauvaise étoile.Le regard que l'on peut avoir sur eux change au fil des pages,on s'attache à ces enfants que le destin n'a pas favorisés.De famille en centre de redressement,en passant par les audiences au tribunal,ces gamins qui ne sont que des "dossiers" ont une âme...et quelle âme !Je les ais tous adorés,même les plus pénibles d'entre eux,on a qu'une envie,les prendre dans nos bras et les serrer très fort contre nous pour leur montrer que malgré la misère le monde n'est pas si cruel.

Tout les protagonistes sont attachants,Marc,Alain,Albert dit Olaf...des coeurs purs tout simplement.Sans oublier les adultes, Lamy le juge,Darrier l'avocat,le personnel de Terneray ,le centre de redressement.De gens effrayants par leur métier,l'on se rend compte qu'ils sont tiraillés par leur devoir et leurs sentiments.Ils sont presque plus humains que le commun des mortels.

Ce livre est une vraie leçon de vie,d'humanité et une magnifique bouffée d'espoir malgré la noirceur de son contexte.

Très beau et touchant,je le relirai avec plaisir encore et encore.

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Avoir été

Novembre

Recueil de ...



Nostalgie





Avoir été : qui lit Cesbron aujourd'hui ?





J'ai en son temps mentionné cette bibliothèque à l'étage chez mes parents dont j'avais extirpé de leur torpeur : La mère, le vieil homme et la mer, Un jour ... Je n'ai pas eu cette fois à faire coulisser les portes de verre. Tous les livres sont éparpillés sur le sol de mon ancienne chambre. Il a bien fallu ce lundi 30 août tôt matin, deux jours après qu'ils eussent fêté leur anniversaire de 65 ans de mariage, vider en urgence cette armoire pour évacuer sur une civière maman après sa triple fracture au fémur. Le 16 novembre papa nous annonçait vouloir dès le lendemain la rejoindre au home. C'est finalement ce mercredi 24 que son transfert a pu avoir lieu. Ainsi ai-je ramassé parmi les gisants Avoir été, Gilbert Cesbron avait été un de leurs auteurs favoris.





Puis j'ai fermé leur porte. C'est de cette vieillesse ennemie, de cette porte que l'on ferme... Un jour... Après une brève parenthèse dans la lumière, d'être passé dans le temps et d'avoir fait le sien, c'est, après les anciens faits d'armes tant ressassés, de la tendresse qui n'a pas de mots, du mur de pudeur dans lequel on finit par s'enfermer, de la tranchée que l'on creuse pour le dernier combat, bref c'est de cette porte que l'on ne saurait résumer que parle ce livre en toute humanité. Oui, à lire de leur vivant.





Heureusement les arbres !

Les arbres nous entourent et ...

nous entoureront.



Heureusement les arbres

Nous aident à hêtre

Et à voir l'été



Les arbres m'occupent tant

J'en perds mes feuilles

Et l'obsession du temps
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Il est minuit docteur Schweitzer

Dans cette pièce l'auteur met en scène Albert Schweitzer dans son hôpital de Lambaréné le 1er août 1914. Le chirurgien croise aussi deux personnages dans lesquels on peut facilement reconnaître Lyautey et le Père de Foucauld.

Deux thèmes principaux ressortent de cette tragédie : la guerre (qui est imminente) et l'amour; mais Gilbert Cesbron fait aussi dialoguer ses personnages au sujet de la foi, et du bonheur...

Un huis-clos qui se déroule dans un bureau mais qui tient en haleine le lecteur car il est confronté à des personnages qui ont des convictions profondes (sens du devoir, honneur, humanité, dévouement...)

Ecrite il y a 70 ans cette pièce me semble toujours digne du plus grand intérêt, car elle suscite la réflexion.
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Les Saints vont en enfer

C'est un témoignage extrêmement fort que je viens de terminer, un grand livre dont je me souviendrai longtemps.

Gilbert Cesbron, écrivain catholique aux ouvrages quelque peu datés pourrait-on penser et pourtant que de trésors pour celui qui veut bien s'en donner la peine.

"Les saints vont en enfer", livre où la religion tient une grande place, pouvant rebuter celui qui veut démarrer sa lecture, pourtant c'est avant tout un roman sur les hommes, sur ces prêtres ouvriers tendant la main à tous, aux plus pauvres, aux sans abris. Ils forment un réseau de "copains" toujours là pour dépanner, aider, secourir malgré les doutes, l'incertitude, le découragement.

Un dévouement sans pareil pour ces hommes en compétition dans ces quartiers avec le parti communiste mais ils doivent lutter également contre les représentants de leur église.

Pierre, Madeleine, Étienne, Jean, tant de personnages si bien décrits, au service de cette histoire, si attachants et qui composent les habitants de Sagny.

Roman écrit en 1951, époque où le mouvement des prêtres ouvriers se développait, il en resterait encore aujourd'hui en France même si pour ma part j'en ai rarement entendu parler.

De ce livre émane surtout un message de paix et de solidarité qui fait du bien, c'est pourquoi je vous encourage vivement à le lire, histoire d'y réfléchir un peu avant de reprendre nos vies.
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Notre prison est un royaume

Un livre fort, bouleversant, qui a marqué mon adolescence.



Le titre en lui-même est déjà magnifique et ouvre la porte à l'histoire dramatique de ces quatre amis de lycée.



J'aimerais le relire, après tant d'années, mais il est difficile à trouver et j'ai un peu peur de détruire un souvenir et d'être déçue. Je suis donc preneuse des commentaires de ceux d'entre vous qui auraient relu ce livre récemment.
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Gilbert Cesbron

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