De quoi est fait un authentique « regard contemporain » ?
Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2015/01/02/note-de-lecture-quest-ce-que-le-contemporain-giorgio-agamben/
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Une notion-clé chez Foucault déchiffrée par Agamben.
Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/12/26/note-de-lecture-quest-ce-quun-dispositif-giorgio-agamben/
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Critique de Maxime Rovere pour le Magazine Littéraire
Voici quelques années que le philosophe Giorgio Agamben s’interroge sur les normes et c’est souvent en étudiant la haute Antiquité qu’il trouve comment articuler les concepts qui éclairent notre temps. Son nouveau livre, De la très haute pauvreté, principalement tourné vers les XIIe et XIIIe siècles, plonge au coeur des différentes règles monastiques. À quelle fin ? Penseur des profondeurs, Agamben ne se propose pas seulement de faire l’exégèse des normes par lesquelles les moines ont cherché à donner forme à leur vie ; il tente surtout de définir ce que serait une communauté en deçà du droit - une société dont la structure serait consubstantielle à ses normes plutôt que mise en forme par elles.
La situation des moines offre un cas exemplaire. En se retirant du monde, ils optent pour une forme de solitude qui fonde... une communauté. Dès le début, la normativité monastique connaît une extension maximale : elle investit les moindres détails et transforme ainsi toute la vie en un office divin. Si des peines sont prévues en cas d’infraction aux règles, celles-ci évitent de s’instituer en règles de droit en se posant comme des thérapies. L’étude de ces époques reculées crée avec l’actualité la plus contemporaine des échos troublants : en touchant à ses fondements les plus lointains, le penseur italien fait vaciller tout l’édifice du néocapitalisme. La vie monacale en est-elle le parangon ou l’antidote ? «Ce qui est décisif, en tout cas, c’est que la forme de vie en question dans les règles soit un koinos bios, une vie commune.» Autrement dit, une manière d’envisager l’existence qui diffère de la politique, mais qu’on peut ressaisir comme une manière de concevoir une vie constituante, seul fondement véritable de la règle constituée.
Entre la règle écrite et la lecture orale, Agamben découvre alors un jeu de bascule porteur d’ambiguïté : la règle prend vie lorsque la vie se fait la règle. Avec François d’Assise, l’interrogation posée initialement trouve sa solution : «Comment penser une forme-de-vie, c’est-à-dire une vie humaine totalement soustraite à l’emprise du droit [...], ou encore : comment penser une vie qui ne peut jamais être objet de propriété, mais seulement d’usage commun ?» François d’Assise invente l’idée géniale de «très haute pauvreté», qui arrache la communauté à toute propriété. Consacrée à Dieu, la vie elle-même n’appartient plus à personne : on ne peut qu’en faire usage - et toujours pour le bien de tous. Certes, la récupération du mouvement de repli monastique par le fondement d’une nouvelle communauté est un peu trop ambivalente pour signifier l’espoir, mais elle montre en tout cas que le refus du monde peut révéler un fondamental être-ensemble.
6.GIORGIO AGAMBEN.A PARIS 8.LE 8 AVRIL 11 par soukaz
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Critique de Maxime Rovere pour le Magazine Littéraire
Dans un petit volume, de grandes perspectives. En rassemblant trente ans d’essais et de conférences, les éditions Rivages offrent de Giorgio Agamben un portrait en philo sophe majeur du « contemporain », comme il a baptisé lui-même l’ère du post-postmodernisme que ses méditations ont ouverte. Organisés de manière thématique, les premiers articles portent sur le langage : analysant Platon, Valéry, saint Jean, Benjamin mais aussi les thèses du linguiste Jean-Claude Milner et l’usage du jeu chez le poète Furio Jesi, Agamben propose de situer les pensées et les choses dans le langage, qui est le lieu même de l’être. La seconde partie, consacrée à l’histoire, s’ouvre naturellement par une méditation sur l’art selon Aby Warburg : le penseur allemand a en effet cherché à articuler les signes et leur évolution en quelque chose d’autre qu’une histoire de l’art. Dès lors, méditant à plusieurs reprises sur le thème de la mémoire, Agamben offre des variations sur Segalen ou sur Benjamin (encore !) qui, au fond, donnent avant tout la mesure de ce que l’intelligence peut faire de la culture. Dans la troisième partie enfin, le concept de « puissance », sur lequel Agamben a construit une grande partie de sa pensée, se trouve patiemment reconfiguré : il le ramène ainsi à son ambivalence fondamentale, suscitant la politique comme la littérature.
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