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EAN : 9782743624354
80 pages
Payot et Rivages (08/05/2013)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Les philosophes et les historiens ont réfléchi sur la question de l'obéissance, sur les raisons pour lesquelles les hommes obéissent, mais se sont rarement demandé ce qu'était le commandement et pourquoi les hommes commandent. Anticipant sur une recherche plus vaste actuellement en cours d'élaboration, cette conférence pose le problème du commandement à partir de sa forme linguistique, l'impératif. Que faisons-nous lorsque nous disons : "Marche !", " Parle !", "Obé... >Voir plus
Que lire après Qu'est-ce que le commandement ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Comment passe-t-on d'une société du « lève-toi et marche » à une société du « yes we can ! ».
Comment passe-t-on de l'ordre impératif subordonné à la soumission à un auto-commandement subordonné à l'impératif de l'ordre ?
De « l'être qui peut » au « sujet qui veut ».
L'homme antique était un homme qui pouvait, l'homme moderne est un homme qui veut.
De l'action au désir, du pouvoir à la volonté, de la puissance à l'obéissance.
C'est peut-être en cela que le propos d'Agamben sur le commandement est le plus intéressant.
Transformation de l'homo faber en l'homo sacer.
Transformation de celui qui crée en celui qui subit.
L'origine est commandement.
Dans l'espace temps, l'origine est l'instant « 0 », dans l'espace philosophique l'origine est un ordre. Car « le début est toujours le principe qui gouverne et qui commande ». « L'origine ne cesse jamais de commencer, c'est-à-dire de commander et de gouverner ce qu'elle a fait venir à l'être. »
L'origine injecte son gène dans l'histoire, l'histoire porte toujours la marque de l'origine.
Il est possible de neutraliser cette origine, briser son ADN, geste presque contre nature et qu'on ne peut acquérir que par un apprentissage philosophique, que l'on nommera politique.
Exprimer un ordre ce n'est pas exprimer l'être c'est exprimer un devoir-être. On passe du descriptif soumis au jugement, (ex : Pierre marche) à un impératif signifiant : Marche !, forme originaire du verbe.
Magie, religion et droit voici les mamelles de l'impératif. En schématisant nous pourrions indiquer que l'ordre sert à édifier un univers, il en est le fondement. Lorsque l'ordre cesse, l'univers cesse avec lui. Agamben fait d'ailleurs remarquer que l'arrêt d'un système cesse lorsque la commande n'opère plus ce qui paraît tout à fait évident à notre jeune esprit technologique mais qui peut heurter notre vieil esprit politique.
De là à penser qu'il n'y a plus lieu de se mettre à genoux qu'à partir du moment où il n'y a plus personne devant qui s'agenouiller...
Mais le propos d'Agamben n'étant pas la valeur de l'obéissance mais la définition ou plutôt la nature du commandement, relevons nous et poursuivons.
Pour Agamben l'époque moderne commence lorsque le verbe vouloir prend la place du verbe modal pouvoir.
La rupture s'est peut-être faite lorsque les théologiens ont compris le danger de l'omnipotence divine. « Dieu peut tout... » Mais s' « il » peut « tout » il est peut-être possible qu'il puisse « n'importe quoi »... !
Pour sortir de cette « scandaleuse et sulfureuse vérité » il a fallu préciser : « Il ne peut faire que ce qu'il a décidé de faire. »
L'âme de Dieu et donc celles des hommes étant sauvées, il fut décidé que l'on ne pouvait que si l'on voulait.
La puissance venait d'être endiguée.
L'Homme moderne se mit en marche.
On peut tout si on le veut !. Voilà le nouveau fondement de notre univers.
Tu peux si tu le veux, tu peux tout ….y compris obéir !
Tu obéiras d'autant mieux et vite si tu le veux !
Bien mieux que si tu te contentais de le devoir...
Ainsi l'homme moderne se mit à « devoir vouloir pouvoir », en simplifiant : il se donna à lui-même l'ordre d'obéir... »
« Le citoyen libre des sociétés démocratico-technologiques est un être qui obéit sans cesse dans le geste même par lequel il donne un commandement »
Charlie Chaplin, le plus grand illustrateur de nos modernes tragédies, avait déjà plongé notre oeil dans la vacuité du mouvement de ce terrible engrenage.

Force et puissance donnaient pouvoir à l'homme antique, et pouvoir c'est être dans la capacité d'agir.
La volonté de l'homme moderne est-elle suffisante pour être signifiante ?
Le souhait, l'ambition peuvent-ils générer l'action et en assurer sa pérennité ?
Et que se passe-t-il alors lorsque que notre impuissance dépasse notre bon vouloir ?
Quel recours ou plutôt quels options s'offrent alors à nous ?
Faudra-t-il alors créer un nouvel univers dont les bases ne reposeront sur aucun ordre ?
Astrid Shriqui Garain
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Le livre en son som­met démasque la puis­sance de ces paroles creuses, de ces verbes vides qui défi­nissent la phi­lo­so­phie : devoir, pou­voir, vou­loir. Ces verbes impé­rieux, qui n'ont de sens que par un autre qui les pré­cise, comme le com­man­de­ment n'a de sens que par l'action d'un autre. La phi­lo­so­phie peut-elle se défaire de son propre sta­tut d'injonction ? Peut-elle ces­ser d'être le com­men­taire d'un mode d'asservissement ? Peut-être en lisant dans le pou­voir le pos­sible, et dans le pos­sible, la liberté…
Lien : http://www.lelitteraire.com/..
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L'ontologie du commandement comme retour du refoulé.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/03/23/note-de-lecture-quest-ce-que-le-commandement-giorgio-agamben/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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critiques presse (1)
NonFiction
04 juillet 2013
Retraçant l’émergence d’une ontologie du "devoir être", Agamben met au jour la collaboration des hommes à leur propre enrégimentement.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je voudrais attirer votre attention sur un fait qui n’est certainement pas dû au hasard : dans notre culture, l’arche, l’origine, est toujours déjà le commandement, le début est aussi toujours le principe qui gouverne et qui commande. C’est peut-être à la faveur d’une conscience ironique de cette coïncidence que le terme grec archos signifie aussi bien le commandant que l’anus : l’esprit de la langue, qui aime plaisanter, transforme en jeu de mots le théorème selon lequel l’origine doit être aussi « fondement » et principe de gouvernement. Dans notre culture, le prestige de l’origine découle de cette homonymie structurelle : l’origine est ce qui commande et gouverne non seulement la naissance, mais aussi la croissance, le développement, la circulation ou la transmission – en un mot : l’histoire – de ce à quoi elle a donné origine. Qu’il s’agisse d’un être, d’une idée, d’un savoir ou d’une pratique, dans tous les cas, le début n’est pas un simple exorde qui disparaît dans ce qui suit ; au contraire, l’origine ne cesse jamais de commencer, c’est-à-dire de commander et de gouverner ce qu’elle a fait venir à l’être.
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Nous pouvons maintenant suggérer l’hypothèse suivante, qui est sans doute le résultat essentiel de ma recherche, au moins dans la phase où elle se trouve actuellement. Il y a, dans la culture occidentale, deux ontologies, distinctes et cependant non dépourvues de relations : la première, l’ontologie de l’assertion apophantique, s’exprime essentiellement à l’indicatif ; la seconde, l’ontologie du commandement, s’exprime essentiellement à l’impératif. (…) A cette partition linguistique correspond la partition du réel en deux sphères corrélées, mais distinctes : la première ontologie définit et régit le champ de la philosophie et de la science, la seconde celui du droit, de la religion et de la magie.
Droit, religion et magie – qu’à l’origine il n’est pas facile, comme vous le savez, de distinguer – constituent en effet une sphère où le langage est toujours à l’impératif. Je crois même qu’une bonne définition de la religion serait celle qui la caractériserait comme la tentative de construire un univers entier sur le fondement d’un commandement. (…)
Dans l’histoire de la culture occidentale, les deux ontologies ne cessent de se séparer et de se croiser, se combattent sans trêve, se rencontrent et se rejoignent avec la même obstination. La construction au cours des siècles de l’imposant édifice de la dogmatique peut être vue, dans cette perspective, comme la tentative de traduire l’ontologie du commandement dans les termes d’une ontologie de l’assertion, quitte ensuite à faire objet d’un commandement la proposition dogmatique qui en résulte.
Cela signifie que l’ontologie occidentale est en réalité une machine double ou bipolaire, dans laquelle le pôle du commandement, qui, durant des siècles, à l’âge classique, était resté à l’ombre de l’ontologie apophantique, commence à partir de l’ère chrétienne à acquérir une importance toujours plus décisive.
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Je crois même qu’on pourrait donner une bonne description des sociétés prétendument démocratiques dans lesquelles nous vivons par ce simple constat que, au sein de ces sociétés, l’ontologie du commandement a pris la place de l’ontologie de l’assertion non sous la forme claire d’un impératif, mais sous celle, plus insidieuse, du conseil, de l’invite, de l’avertissement donnés au nom de la sécurité, de sorte que l’obéissance à un ordre prend la forme d’une coopération et, souvent, celle d’un commandement donné à soi-même.
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Vidéo de Giorgio Agamben
Lundi 8 août 2022, dans le cadre du banquet du livre d'été « Demain la veille » qui s'est déroulé du 5 au 12 août 2022, Yannick Haenel tenait la conférence : L'amour, la littérature et la solitude.
Il sera question de cette attention extrême au langage qui engage notre existence. C'est-à-dire des moyens de retrouver, à travers l'expérience poétique de la solitude, une acuité, une justesse, un nouvel amour du langage. Écrire, lire, penser relèvent de cette endurance et de cette précision. C'est ce qui nous reste à une époque où le langage et la vérité des nuances qui l'anime sont sacrifiés. Écrire et publier à l'époque de ce sacrifice planétaire organisé pour amoindrir les corps parlants redevient un acte politique. Je parlerai de Giorgio Agamben, de Georges bataille, de László Krasznahorkai, de Lascaux et de Rothko. Je parlerai de poésie et d'économie, de dépense, de prodigalité, et de la gratuité qui vient.
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