AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Graham Swift (367)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le dimanche des mères

J’ai trouvé ce livre dans une librairie de Bordeaux. Le petit cordon rouge disait: “Si vous avez aimé Downtown Abbey, vous aimerez ce roman.”

Cet argument a suffi à me convaincre de l’acheter. Et je l’ai dévoré en quelques heures avec beaucoup d’appétit!

Jane Fairchild est bonne dans une riche famille et retrouve son amant, un aristocrate promis à une autre, lors de son jour de congé. Ce jour changera sa vie à jamais!

J’ai aimé le caractère de Jane: contemplative, jeune, avide de sucer la moelle de la vie.

On y retrouve l’aristocratie britannique sur le déclin après la première guerre mondiale et la transformation de son mode de vie.

Mon seul regret est de ne pas l’avoir lu dans sa version originale.
Commenter  J’apprécie          61
Le dimanche des mères

Une ambiance à la Downton Abbey. Des domestiques, des aristocrates britanniques, les années 20. On suit une journée particulière, le dimanche des mères, une journée de congés donnée aux domestiques pour aller rendre visite à leur mère. Mais Jane, orpheline, va faire tout autre chose. Une histoire courte mais choc. C'est beau et douloureux. Un petit coup de cœur !
Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Un roman dont j'avais entendu beaucoup de bien et que j'ai fini par trouver au hasard d'une boutique d'occasions.

Dans ce court récit, l'auteur nous fait vivre une journée cruciale qui changea le destin de Jane, la narratrice. Son amant au sang bleu est sur le point de la quitter pour se marier, mais le destin le rattrapera en ce jour ci particulier. Notre héroïne est une jeune femme orpheline qui travaille comme domestique dans l'Angleterre de l'entre deux guerre. Cette période particulière est riche en changement sociaux, une génération de jeunes hommes ont disparu, l'ancienne aristocratie périclite, la révolution industrielle fait déferler le progrès technologique... Il en sera de même pour Jane, sa vie est sur le point de changer. Dès le début du récit nous comprenons qu'une Jane âgée, qui a réussi sa vie en tant qu'autrice, nous raconte son destin en s’arrêtant sur un jour crucial. C'est avec délicatesse qu'elle nous décrit sa jeunesse, sa passion, sa soif de liberté, de plaisir et de vivre. C'est un joli récit, qui n'est pas sans rappeler Stefan Zweig ou encore les vestiges de l'aube. Une lecture agréable et douce qui vous emportera ou vous laissera froid.
Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Dernière lecture conseillée par une collègue et c’est peut-être celle qui m’aura le moins émue même si je lui reconnais un certain intérêt dans sa construction et le message délivré. Mais l’émotion a manqué, j’ai tourné les 140 pages avec distance, sans grande empathie pour l’héroïne… peut-être la brièveté du titre est-elle à mettre en cause ? Bien que là aussi, je reconnaisse volontiers que ce choix de Graham Swift était sans doute le bon. Objectivement convaincue, subjectivement trop peu touchée par ce Dimanche des Mères. Dommage.



140 pages pour raconter une journée. Une seule journée qui change tout. Une journée grâce à laquelle on découvre la situation présente des principaux intéressés mais aussi l’avant et l’après. Une journée charnière.

Jane en est la figure principale. Jeune héroïne orpheline qui profite de son dimanche dédié aux mères pour retrouver son amant de longue date. Elle la domestique, lui le fils de bonne famille. Une journée particulière puisque sa maison familiale à lui est vide. Jane y entre pour la première fois et pour la première fois elle s’allonge dans ses draps.



La comparaison avec Downton Abbey est apposée sur le livre pour attirer un maximum mais je la trouve personnellement assez mensongère. Les amateurs de la série ne retrouveront pas ici ce qui leur plaît tant. Et tant mieux finalement.

Graham Swift s’affranchit des lieux communs et propose un récit plus original que la simple relation maître/domestique vue et revue si souvent. Il choisit une narration étonnante dans laquelle le passé, le présent et le futur s’entremêlent, toujours avec cette journée du 30 mars 1924 comme point d’orgue.



Il s’attarde alors sur les détails qui ont habité ce dimanche. Il décrit minutieusement et lentement les scènes comme s’il nous peignait un tableau (l’illustration de couverture est d’ailleurs savamment choisie). C’est contemplatif, c’est le moins que l’on puisse dire.

Mais c’est aussi une façon efficace d’ancrer le lecteur dans le décor et de lui faire ressentir tout le poids de la machine (le destin ?) qui se met alors en place. Le drame est inéluctable, on le comprend très vite. Les minutes s’égrènent, Graham Swift revient régulièrement sur l’horloge et ses aiguilles qui avancent lentement jusqu’à l’heure fatidique. Les pages défilent comme les minutes, jusqu’à la dernière.



Mais peut-on se fier à ce souvenir conté par une Jane très vieille, devenue écrivain et qui se remémore pour la première fois cette journée dans sa réalité ? Ou ce qu’elle pense être la réalité des faits. Les souvenirs étant des bribes auxquels il est parfois dangereux de se fier. Encore plus lorsqu’ils appartiennent à un écrivain, non ? Fiction et réalité sont toujours intimement liées lorsqu’il s’agit de la mémoire. Voilà une jolie mise en abyme d’un récit autobiographique dans la fiction ou d’une fiction dans la fiction ? Le récit de Graham Swift qui s’étire sur à peine 140 pages est finalement bien plus « complexe » qu’il n’y paraît.



J’ai aimé suivre l’inéluctable course du temps pendant cette journée spéciale mais aussi le portrait de Jane que l’on apprend à connaître bien au-delà de ce court temps narratif. Mais pour que mon expérience de lecture soit proche de la perfection, j’ai besoin de créer un lien avec les héros que je rencontre, ce qui n’a malheureusement pas été le cas ici. L’émotionnel et l’empathie sont restés endormis, dommage
Lien : http://bazardelalitterature...
Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Le résumé me faisait envie, et les critiques dithyrambiques, sur la 4e de couverture, ont achevés de me tenter.

Petite déception toutefois : si les critiques mettent le doigt sur une "histoire à la Cendrillon dans le monde de Downton Abbey", ou "une histoire féministe", j'aurais un peu tendance à dire "On se calme !"

Certes, on est complètement dans Downton Abbey.... Comme tout ce qui se passe dans les familles très riches anglaises, avec des domestiques, au début du XXe siècle.

Le côté Cendrillon, c'est pareil, on va se calmer, ce n'est pas spécialement le fil rouge du récit, on aborde vite fait la vieillesse de notre héroïne plus tard, bien plus tard dans le roman... Et à mon sens, c'est très anecdotique.

Le côté féministe, c'est pareil, je suis moyennement convaincu. C'est parce que l'héroïne lit des "romans de garçons" ?

Bref, au delà de ça, l'histoire n'est pas assommante, mais c'est lent, très lent, il se passe peu de choses et l'auteur revient continuellement en arrière pour redire les mêmes choses. Certes, cela contribue à l'atmosphère du roman, mais pour ma part, ça m'a ennuyé. D'ailleurs il y a une autre critique à l'arrière qui dit quelque chose comme "En très peu de page, dans un style succinct..." (ou quelque chose comme ça), et j'ai envie de dire "Ah non mais alors c'est pas du tout du tout succinct, on va se calmer là aussi !!!"

Bref, c'était gentillet, mais le charme n'a pas pris sur moi. Désolée.
Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Dans l’intimité d’une journée d’une domestique qui va changer son destin



Dans la campagne anglaise en ce jour du 30 mars 1924, il est de coutume dans l’aristocratie, chaque année, de donner congé aux domestiques pour qu’ils aillent rendre visite à leur mère le temps d’un dimanche.

Jane, 22 ans. domestique chez les Niven se pose une question.



Comment profiter de cette journée quand on est orpheline ? Elle a le choix entre lire un bon livre de Conrad, auteur qu’elle affectionne particulièrement ou bien rejoindre son amant Paul sherigham qui l’invite à le rejoindre dans sa demeure, vide de ses occupants pour un dernier rendez-vous. Car celui-ci va épouser une riche aristocrate décrite comme “un vase de porcelaine “. Un vase, c’est beau mais on ne le touche pas!!!

En cette magnifique journée, elle part à bicyclette le retrouver… l’auteur soucieux des détails des décors de l’intime effleure les différences de classe sociale à travers les bijoux d’argent pour lui et de pacotille….pour elle. La coiffeuse, le dressing opposés à un simple baluchon.



Tous les détails de cette journée seront gravés à jamais dans l’esprit de Jane et vont être revisités à travers ses yeux, devenue une vielle dame.



Jane aime les mots et dans le lit, elle imagine la scène et anticipe le départ de son amant. Elle va déambuler après l’amour dans » le petit temple masculin «parmi les pièces de la maison, contempler les tableaux de maître échelonnés le long de l’escalier, s’admirer dans les grands miroirs et découvrir une pièce qui va changer son existence et lui ouvrir les portes d’un autre monde. D’une faiblesse elle en extraira une force et deviendra quelqu’un.

Le temps est constamment présent dans le roman à travers les horloges de ces maisons muettes, figées dans le temps à l’ombre du monde en mouvement.

Un très beau livre teinté de sensualité, émouvant dans le silence des êtres, les émotions étouffées du fait du carcan de la condition sociale. Mais aussi le désir de l’auteur d’inscrire dans cette époque là, la douleur des mères qui ont perdu des fils à la guerre et le déclin de l’aristocratie.



Citation : “Une domestique, qu’est ce si ce n’est être invisible et indispensable”.



Editions Gallimard



E.L




Lien : http://Presscat.org
Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Une journée particulière dans la vie d une employée de maison britannique.

Court récit magnifiquement écrit
Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Et quand ton cœur fait BOUM ! Gros coup de cœur pour ce roman lumineux.



Jane à vingt-trois ans. Elle est employée chez les Niven, une bonne famille du Berkshire. Nous sommes en 1924 et les plaies de la Grande Guerre sont toujours visibles. Aucun des deux garçons des Niven ne sont revenus des tranchées. En ce 30 mars, les domestiques ont congé, afin de rendre visite à leur famille. C’est une tradition en Angleterre, on l’appelle « le dimanche des mères ».



Jane est orpheline, et n’a donc pas de mère à visiter. C’est son jeune amant Paul qu’elle va retrouver, à bicyclette, le fils d’une grande maison voisine. Depuis sept ans ils sont amants, clandestinement. Aujourd’hui, il lui a donné rendez-vous chez lui, dans sa maison, dans son lit. C’est la première fois. Et ce sera aussi la dernière, car dans deux semaines, Paul va épouser une héritière.



« On n’entendait que le gazouillis des oiseaux au-dehors, le silence de la maison vide, un silence étrangement audible, comme si elle retenait son souffle, et les frissons de l’air sur leurs corps venus leur rappeler, même s’ils contemplaient le plafond, qu’ils étaient entièrement nus. (….) Elle ne voulait ni dire ni demander quoi que ce soit susceptible de mettre en péril la possibilité de rester ainsi pour toujours. »



Une journée dans la vie d’une femme, toute une vie esquissée, un destin sur le fil. La jeune Jane raconte, mais aussi elle se souvient, devenue très âgée. Des interrogations sur la vie, les liens entre les êtres, des réflexions sur le langage, l’amour, celui des livres et des mots, aussi. « Les mots étaient comme une peau invisible qui enveloppait le monde, qui lui conférait une réalité. » Et entre les mots, tout le reste.



Dans Le Dimanche des mères, le temps ne cesse de fluctuer entre l’instant présent, le passé et les futurs, et pas à un seul instant le charme ne cesse d’opérer, jamais on ne se perd, jamais on ne trébuche. Graham Swift a un talent fou. Une écriture fluide, délicate, sensuelle, toute en retenue, intensité, finesse. Jane est splendide. Ce livre est magnifique. Lisez le !



« Après quoi, il disparut. Pas d’au revoir. Pas même un petit baiser. Juste un dernier regard. Comme s’il l’aspirait, comme s’il la buvait jusqu’à la dernière goutte. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Graham Swift, nous évoque le destin d’une femme de chambre.



« C’est un dimanche ». On l’appelle « le dimanche des mères » car les domestiques ont congé, afin de rendre visite à leur famille. Etant orpheline, l’héroïne, Jane Fairchild, 23 ans, n’a pas de mère à aller voir.



Chaque détail compte dans le récit. La mémoire de Jane a fait de cette journée-là un moment parfait.



C’est l’histoire d’un amour impensable, impossible à une époque (1924) dans une Angleterre guindée, où les classes sociales ne se mélangent pas, (aristocratie déclinante) chacun doit rester à sa place. Amour impossible entre Jane la petite bonne, romantique, soif de connaissance, de lecture, d’écriture et Paul Sheringham jeune homme de bonne famille, contraint d’épouser une jeune fille de son milieu. Ambiance Downton Abbey, assurée !



Petit bijou de roman tout en finesse et émouvant.

Commenter  J’apprécie          61
Le dimanche des mères

Graham Swift nous fait partager le dimanche de liberté accordé à une soubrette du siècle dernier, dimanche normalement dédié aux mères, à condition qu'on en ait une! Tout y est : la liberté, justement, la liberté de ne rien faire ce jour là, la liberté de "s' offrir" à un homme, la liberté d'être la maîtresse des lieux pendant quelques heures, la liberté de lire, car Jane est une soubrette lectrice...

Graham Swift nous fait partager les pensées de cette jeune femme, pour le moment présent mais aussi projetées dans l'avenir.On y appréhende encore la configuration de la société de l'après "Der des ders", avec l'absence de ces jeunes hommes restés dans les tranchées. On attend de voir où cela va nous mener et c'est là, tout l'art de l'auteur.

J'ai beaucoup apprécié ce roman, qui cache sous son ton parfois un peu désinvolte et osé ( osons le dire) un vrai régal, tant au niveau de la qualité de l'écriture que de l'étude sociale.
Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Si ce roman participe à notre « fameux » challenge du mois de juin, c’est qu’il a déjà reçu un coup de cœur de notre club de lecture. Il m’avait échappé et je suis ravie de rattraper mon retard. Si, pour ma photo, je l’ai associé à la célèbre série « Downton Abbey », c’est que ce roman se situe exactement dans cette lignée. Nous sommes avec une jeune bonne de 20 ans, Jane, qui bénéficie du seul jour de congé de l’année : dans ces années-là , les riches familles de l’aristocratie donnait un jour à leurs domestiques pour qu’ils aillent voir leur mère. Ce 30 mars 1924, il fait un temps superbe et avant de partir en pique-nique, la famille Niven, s’inquiète de ce que fera Jane de cette journée de liberté puisqu’elle est orpheline. Comme le goût de le lecture est accepté, voire encouragé par ses employeurs, Jane sait déjà à quoi elle va passer son temps. Un coup de téléphone va bouleverser ses projets, son amant le jeune Paul Sheringman, un voisin d’une très bonne famille lui donne rendez-vous, chez lui. Ils pourront pour une fois bénéficier de la maison seuls sans se cacher. Il doit dans une quinzaine de jours se marier à une jeune fille de la même condition que lui. Commence alors la description de « la » journée exceptionnelle pour Jane. Elle profite délicieusement de ce rapport amoureux et elle enfouit, à jamais, en elle le secret de cette relation.



Graham Swift sait, avec un talent tout en délicatesse, nous faire revivre cette journée et comprendre les relations des differentes classes sociales brtanniques. Peut être aidés par la fameuse série télévisée, nous savons à quel point ces deux mondes : celui des serviteurs et celui des aristocrates étaient totalement séparés même si ces gens se côtoyaient tous les jours. Jane n’a aucunement l’intention de posséder le moindre pouvoir sur Paul. Et pourtant, grâce à l’acte amoureux, elle sait qu’un moment dans sa vie, elle a été l’égale de Paul. L’auteur sait rendre ce moment à la fois très érotique et chargé de la différence sociale, sans juger aucun des deux personnages. C’est un très beau moment de littérature. De plus, il projette Jane dans un futur plein de vie puisque, de ce jour si particulier, il en fait le déclencheur de sa vocation d’écrivaine.
Lien : http://luocine.fr/?p=8864
Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Très court livre, beau. Une ode à la femme, à la liberté, à cette journée de mars 1924 qui va changer la vie de Jane. On peut être surpris par les mots crus au début du livre, puis on se laisse emporter par cette belle (au début) journée, où il ne se passe pas grand chose (au début..) et qui expliquera que, plus tard, Jane deviendra écrivain..après avoir été bonne, vendeuse en librairie, femme mariée à un philosophe...
Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Superbe petit bijou que ce livre.

L'histoire de Jane est touchante, émouvante et l'on ne peut que faire preuve de sympathie face à cette jeune bonne. Nous sommes en 1924, dans une atmosphère post première guerre mondiale, et la jeune Jane, orpheline, ne profitera pas de "dimanche des mères" de ce mois de mars pour retourner dans sa famille (rendre visite à sa mère selon la tradition) mais se retrouvera dans la demeure et dans le lit de Paul Sheringham - jeune homme de bonne famille et son amant de longue date.

Ce qui devait être une journée faite de douceur et de langueur se transformera en journée dramatique et deviendra, pourtant, le jour où la vie de la jeune femme a complètement changé de cap.

Le style est sciemment désuet, nous replongeant avec délice dans l'aristocratie et leurs codes, mais empli de sensualité et de subtilité.

Un vrai coup de coeur!



Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Le dimanche des mères 1924, le printemps prend des allures d'été en ce jour radieux de mars et Jane Fairchild, la jeune bonne des Niven, rejoint son amant Paul Sheringham dans la maison familiale désertée, ses parents étant partis déjeuner avec la future belle-famille de leur rejeton. En ce jour dédié aux mères, domestiques et maîtres sont en congé mutuel et Jane l'orpheline va savourer sa dernière rencontre avec le beau et désinvolte Paul.

Graham Swift évoque la douceur de l'air qui entre par la fenêtre ouverte, les peaux caressées par le soleil, la tiédeur voluptueuse des corps après l'étreinte et, dans la chambre, le regard observateur de Jane épie son amant, son égoïsme de classe, son élégance teintée de dandysme, son assurance tranquille alors qu'il est déjà en retard pour rejoindre Emma Hobday. Cette Emma dont la fortune lui procurera l'aisance financière dont il a besoin pour satisfaire son dilettantisme. Jane ne se fait aucune illusion sur son séducteur et, pour cette dernière rencontre, elle se refuse à montrer son émotion ou sa tristesse, au petit jeu des sentiments habilement déguisés.

La voiture de Paul Sheringham disparaît dans l'allée d'Upleigh et voici Jane retournée à sa solitude habituelle. Que va-t-elle faire de son après-midi ? Peut-être rentrer chez les Niven et s'asseoir dans le jardin pour lire l'un de ces ouvrages qu'elle est autorisée à emprunter à la bibliothèque de ses employeurs ? Rien de tout cela, hélas.

Le destin de Jane s'est noué : vivre, nourrir son intelligence éveillée par sa soif de lectrice, quitter sa condition, travailler dans une librairie et peu à peu frayer avec des intellectuels à Cambridge... Et écrire. Jeunesse de Conrad lui a ouvert un monde exigeant, captivant et d'une infinie richesse.

L'écriture de Graham Swift possède toute la délicatesse, mais aussi l'ironie et l'humour acéré, pour nous compter l'éveil douloureux d'une âme forte.
Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Court roman joliment écrit mettant en scène trois familles bourgeoises dans la compagne anglaise en ce début du vingtième siècle. Jane Fairchild, bonne de l'une de ces familles, va vivre sa dernière journée en compagnie de son amant, fils d'une autre de ces familles et qui doit se marier très prochainement. Nus sur les draps, elle aimerait tant qu'il reste et n'aille rejoindre sa fiancée. Récit de cette unique journée, ce roman prend une belle profondeur avec les réflexions d'une Jane devenue octogénaire, révenant sur ce qu'a été sa vie (liberté, servitude). L'écriture est délicieuse, fluide, addictive, immergeant dans ce monde aujourd'hui disparu.
Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Sous les déguisements de la romance, Le dimanche des mères est un conte, cruel par définition, sur la création littéraire, sur la façon que nous avons tous d'écrire nos existences afin d'en comprendre l'inachevé. Récit concis et tendu, voici un récit mélancolique qui évite bien des écueils.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Le dimanche des mères est un court roman de 140 pages qui raconte la journée particulière du dimanche 30 mars 1924 que va vivre Jane Fairchild, une bonne de 22 ans en Angleterre. Le jour des mères signifie la journée de congé durant laquelle les domestiques vont visiter leur mère sauf que Jane est orpheline et prévoit de lire un roman dans le jardin. En effet, elle a reçu une instruction avant d'être employée par les Niven qui ont une certaine considération pour elle. Ce jour-là, elle est invitée par Paul Sheringham son voisin et amant depuis 7 ans, un jeune homme de bonne famille, à venir le rejoindre dans sa maison désertée par les domestiques et ses parents partis déjeuner avec les Niven pour fêter son mariage qui doit avoir lieu dans quinze jours.

Ce roman est l'illustration d'une période durant laquelle la place qu'on occupe dans la société selon les différences de classes sociales résistait encore à un certain déclin. C'est un événement incongru qui en soulève toute l'ironie, à savoir les quelques heures que passent Jane et Paul dans la chambre de ce dernier alors qu'il doit retrouver ensuite sa fiancée, celle-là même qui doit devenir son épouse dans deux semaines. C'est aussi cette image se révélant forte de Jane qui, une fois son amant parti, se promène nue dans les pièces de la maison et qui montre la vacuité de la bienséance et des convenances relatives à toute une époque qui s'essouffle face une réalité, celle de l'évolution de la société réduisant le gouffre entre les classes sociales mais que l'on préfère encore ignorer.

Mon avis sur ce court roman est mitigé car si j'ai trouvé plusieurs choses intéressantes, j'ai été déçue qu'elles tournent court et ne soient pas approfondies. Beaucoup d'idées semblaient très bonnes mais je n'ai pas apprécié beaucoup le style que j'ai trouvé inutilement trop intello pour ensuite ne pas faire mouche outre mesure. Ayant plutôt l'impression que l'auteur s'écoutait parler, je n'ai pas apprécié toutes ces répétitions et le caractère quasi obsessionnel que cela prenait parfois.

J'aurais préféré une sensualité plus délicate et subtile avec une évocation de l'évolution de la société plus contrastée et plus pertinente. Néanmoins, le roman interpelle et ne laisse pas indifférent même si je n'ai pas été totalement séduite, il est vrai.

www.ladyromance.over-blog.com
Commenter  J’apprécie          60
Le dimanche des mères

Nous sommes en Angleterre, le dimanche 30 mars 1924, au lendemain d'une guerre qui changea la société et amorça le déclin de l'aristocratie : des fils ne sont pas revenus, les domestiques masculins ont disparu et les automobiles ont remplacé les chevaux. Ce dimanche est celui des mères, à savoir que dans les grandes familles, les domestiques ont quartier libre pour rendre visite à leur maman. Chez les Niven, sont concernées la jeune servante orpheline Jane et Milly la cuisinière. Mais pour Jane Fairchild – Goodchild, Fairchild, Goodbody, etc. noms que l'on donnait dans les orphelinats aux enfants trouvés –, que faire sinon partir sur sa bicyclette en pique-nique et continuer ce livre qu'elle venait de commencer, d'un certain Joseph Conrad ?



Le 30 mars est aussi la date d'un rassemblement familial : afin de marquer les noces de leurs enfants, Paul Sheringham épousant dans quinze jours la riche héritière Emma Hobday, les Hobday ont invité les parents du garçon à déjeuner, ainsi que leurs amis, les Niven. Le temps est radieux, lumineux.



Pour Jane, le sort tourne : le téléphone sonne, elle prétend un faux numéro pour ne pas alarmer Mr Niven toujours à la table du petit-déjeuner, car Paul Sheringham, dont elle est l'amante de longue date, est au bout du fil. Il l’invite à le rejoindre, la maison familiale sera vide, il a conduit les domestiques à la gare pour l’excursion chez les mères. Cela s'apparente à un ultime rendez-vous amoureux secret, car dans la journée, Paul devra rejoindre sa fiancée Emma dans un restaurant sur la Tamise.



Ce dimanche va changer à jamais la vie de Jane Fairchild.



La jeune domestique a un autre amour, celui des livres et des mots. Graham Swift glisse subrepticement qu'à 80 ans, Jane sera devenue une écrivaine célèbre. À travers les bribes d'interviews données par la future romancière, Swift développe quelques réflexions sur la littérature, la fiction et la vie, ce qui est vrai, ce qui est mensonge. Cet étirement du temps alors que tout se concentre en une seule journée est une merveille.



Malgré sa façon crue d'exposer le sexe, le roman sensuel de Graham Swift est empreint de délicatesse, de sensibilité. Je vous invite à regarder la minute de présentation de La Procure où la libraire conclut avec une pointe d'émotion que ce roman l'a éblouie.



Cela donne envie de lire d'autres livres de Graham Swift, assez méconnu en terres francophones.
Lien : https://christianwery.blogsp..
Commenter  J’apprécie          52
Le dimanche des mères

Lu en 2019. Cette lecture ne m'avait pas procuré autant d'enthousiasme qu'à la majorité des lecteurs.

J'avoue m'être ennuyée dans la première partie du roman, malgré la sensualité de la plume, agacée par trop de répétitions. La seconde partie avait trouvé plus de grâce à mes yeux, autour de l'écriture et du travail d'écrivain... Certes, le sujet n'était pas déplaisant : une société anglaise meurtrie par la première guerre mondiale, avec le constat du déclin de tout un ancien monde.
Commenter  J’apprécie          50
Le grand jeu

Au cœur de l’été 1959, dans la station balnéaire de Brighton, va se constituer un trio magique. Trois jeunes gens qui se produisent chaque soir sur les planches pour divertir un public de vacanciers. Jack Robins, le maître de cérémonie, Ronnie Deane alias Pablo le magnifique et sa partenaire Evie White enchantent les foules. Mais en coulisses, les choses ne se passent pas tout à fait comme elles le devraient. Car si Pablo et Eve sont partenaires de scène, Ronnie et Evie sont aussi partenaires de vie et prévoient de se marier à la fin de la saison. Enfin ça, c’était ce qui était prévu avant que Jack ne succombe aux charmes de la jeune femme.



Graham Swift nous plonge au cœur du monde du spectacle, plus précisément de la magie, et au centre d’un trio dont l’équilibre va se trouver bouleverser.



A travers des allers-retours entre les différentes époques, il construit un récit qui amène le lecteur dans l’Angleterre des années 40, en pleine guerre, alors que le jeune Ronnie se voit confier à une famille d’accueil pour échapper aux bombes qui tombent sur Londres. C’est là qu’il va découvrir la magie et son pouvoir, grâce au couple Lawrence chez qui il vit. Une véritable passion qui va donc le conduire à vouloir monter sur scène, poussé en cela par Jack dont il a fait la connaissance à l’armée et sur les conseils de qui il va s’adjoindre les services d’une assistante. Et voilà comment Evie entre en scène et dans la vie de Ronnie et de Jack, en venant compléter le triangle.



On comprend très vite que le couple que forme Ronnie et Evie ne va pas survivre. Le sujet n’est pas tant leur séparation que la manière dont chacun va vivre avec cette nouvelle distribution des cartes amoureuses. Ainsi, l’auteur nous fait traverser les années pour nous amener à la rencontre d’une Evie âgée, qui se souvient de ces moments à Brighton, du moment où les choses ont basculé et de la tournure que sa vie, et celle de Jack, ont pris.



Comme dans Le dimanche des mères, on est ici saisi par la justesse des phrases, par l’atmosphère légèrement nostalgique qui se dégage du roman, par cette narration tout en douceur qui nous transporte dans un univers de faux-semblants et d’illusions.



La relation des trois personnages est ainsi auscultée, leur passé raconté pour expliquer leur présent, leurs vies entremêlées pour tisser un récit à la fois personnel et universel. Mais c’est aussi l’histoire de l’Angleterre qui nous est raconté à travers ces trois destins que les hasards de la vie ont réunis et qui sont marqués par le monde du spectacle auquel ils appartiennent.



Un récit sobre, presque minimaliste, qui se ressent au plus profond du cœur du lecteur sans qu’il soit besoin d’en faire ou d’en dire plus que nécessaire. Ce genre de roman qu’on pourrait croire léger mais qui marque l’esprit par ce qu’il rencontre d’écho auprès de celui qui le lit.
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Graham Swift (1801)Voir plus

Quiz Voir plus

Qui a peint ce tableau?

Cette artiste-peintre à la personnalité indépendante fut cofondatrice du mouvement impressionniste. Sa toile "Le Berceau" (1872) a marqué un tournant dans sa carrière. A l'initiative de Renoir, elle accepte d'organiser avec Monet et Sisley une vente aux enchères de leurs œuvres à l'hôtel Drouot à Paris le 24 mars 1875 au cours de laquelle elle fut insultée, ce qui ne l'empêcha pas de continuer à vivre de son art et pour son art. Il s'agit de:

Marie Laurencin
Séraphine de Senlis
Elisabeth Vigée Le Brun
Berthe Morisot

1 questions
9 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}