Citations de Grand Corps Malade (284)
Que la vie distribue ses drames sans regarder qui les mérite le plus
Car si ce fauteuil est un symbole fort de mon immobilité, il va aussi me permettre de me remettre en mouvement.
"Je fais des petits mouvements circulaires avec mes bras pour garder l'équilibre. Grâce à mon pote Archimède et à sa poussée magique, mon corps est tout léger et je parviens à garder la position. Putain...je suis debout, en appui sur mes jambes. C'est une sensation très agréable. Je suis évidemment tout excité.
Les séances de piscine vont devenir d'un seul coup beaucoup moins chiantes."
Je me répète à voix basse plusieurs fois cette phrase : « Je vais regarder le temps par la fenêtre. » Elle est fascinante, cette expression. Je ne sais pas s’il parle du temps lié à la saison, du froid, de la neige, ou s’il parle du temps qui passe. Je ne sais pas si cette phrase est due au fait qu’il ne parle pas bien le français ou s’il utilise consciemment une belle image pour dire combien il va s’emmerder.
Quand tu n’es pas autonome, tu passes plus de temps à attendre qu’à faire les choses.
Un bon patient sait patienter.
Personne d’autre ne sait mieux que moi aujourd’hui qu’une catastrophe n’arrive pas qu’aux autres, que la vie distribue ses drames sans regarder qui les mérite le plus.
Ma vie c’est moi qui vais la peindre, alors je vais y mettre le feu en ajoutant plein de couleurs
Grand Corps Malade
J'ai rencontré quelques peines, j'ai rencontré beaucoup d'joie
C'est parfois une question d'chance, souvent une histoire de choix.
(Rencontres)
C'est pas moi le plus chanceux mais je me sens pas le plus à plaindre
Et j'ai compris les règles du jeu, ma vie c'est moi qui vais la peindre
Alors je vais y mettre le feu en ajoutant plein de couleurs
(Je dors sur mes deux oreilles)
Un peu plus tard sur mon ch'min j'ai rencontré la nostalgie
La fiancée des bons souvenirs qu'on éclaire à la bougie.
(Rencontres)
Puis je traverse une dernière fois mon étage en direction de l'ascenseur. Je suis content de partir, d'autant qu'avant de m'installer chez moi, je vais passer quelques jours chez moi, mon vrai chez-moi, en famille, comme un soldat en permission avant de reprendre la guerre.
Bien sûr, cette expérience aussi difficile pour moi que pour mon entourage proche m'a beaucoup appris sur moi-même, sur la fragilité de l'existence (et celle des vertèbres cervicales).
Personne ne sait mieux que moi aujourd'hui qu'une catastrophe n'arrive pas qu'aux autres, que la vie distribue ses drames sans regarder qui les mérite le plus.
La patience est un art qui s'apprend patiemment.
Ben nous, avec Toussaint, on a pris un peu de recul sur notre situation, et en se marrant, mais avec un grand silence derrière, on s'est dit : "Putain, on a vraiment gâché notre vie..."
Avec l'expérience acquise ces derniers mois, je pensais être capable de diagnostiquer l'état des uns et des autres seulement en les croisant; j'ai reçu une belle leçon grâce à Patrice.
Une leçon de courage d'abord, étant donnée la vitalité des propos que j'ai lus dans sa lettre, et , aussi, une leçon sur mes a priori. Plus jamais dorénavant je ne jugerai une personne handicapée à la vue seule de son physique.
C'est jamais inintéressant de prendre une bonne claque sur ses propres idées reçues.
Pour la plupart des gens, la journée commence véritablement quand ils ont pris leur petit déjeuner, qu'ils sont lavés et habillés. Pour nous, quand on a fait tout ça, on a déjà fourni tellement d'efforts qu'on a envie d'aller se recoucher.
Deux aides-soignants arrivent en renfort pour me transférer sur mon lit. Pour ça, ils glissent leurs bras sous mon corps et comptent bien fort : " Un, deux... Trois ! " Sur le trois, ils me soulèvent d'un coup pour me déposer sur le lit. J'avais déjà vu faire ça dans "Urgences". Cette fois, c'est moi qui suis dans la série... Ça fait un mois que je suis dans l'urgence.
chaque petit moment banal, je suis capable d'en profiter.
Pour la plupart des gens, la journée commence véritablement quand ils ont pris leur petit déjeuner, qu’ils sont lavés et habillés. Pour nous, quand on a fait tout ça, on a déjà fourni tellement d’efforts qu’on a envie d’aller se recoucher
Evidemment on marche sur un fil,
chaque destin est bancal,
Et l'existence est fragile
comme une vertèbre cervicale.
Les stagiaires nous disent que l’odeur est très particulière dans ces lieux de soins. Au début, c’est très dur. Et puis ils s’habituent.
Tout le monde s’habitue. C’est dans la nature humaine. On s’habitue à voir l’inhabituel, on s’habitue à vivre des choses dérangeantes, on s’habitue à voir des gens souffrir, on s’habitue nous-mêmes à la souffrance. On s’habitue à être prisonniers de notre propre corps. On s’habitue, ça nous sauve.
Ils ont un énorme pouvoir sur nous. On dépend d’eux pour le moindre geste, c’est pour ça qu’il est important de bien apprendre à connaître chacun pour apprendre à peu près ce dont tu as besoin. Il faut composer avec leur état de fatigue, leur humeur, leur susceptibilité. Et, comme le quota de personnel soignant par rapport aux nombres de patients est loin d’être à l’équilibre, on passe beaucoup de temps à les attendre, c’est inévitable