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Citations de Guy des Cars (762)


Avec l’avènement de la République algérienne, le duc des Cars – il ne fut pas le seul – fut déclaré persona non grata. Son buste avait cessé de « conserver au milieu des populations rurales du Sahel le type du noble, distingué et généreux soldat », pour devenir un symbole arrogant de la colonisation. Le général fut assassiné à titre posthume : un matin sanglant de l’indépendance, une balle de revolver traversa son buste. Plus tard, à Alger, on a voulu débaptiser la rue des Cars. Depuis, dans plusieurs pays d’Afrique, des dizaines de noms français ont disparu, même ceux de capitales. Par exemple, Fort-Lamy, c’est fini. C’est devenu Najamena. Il n’y a guère que le nom du général de Gaulle qui ait échappé à cette révolution culturelle. C’est là où l’on reconnaît l’indépendance des nations : dans leur faculté de se donner un nouvel état civil.
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Il n’y a plus grand-chose à conquérir par les armes. Mais il existe un pays qui est en train de se conquérir lui-même : c’est le Brésil. De Manaus à la frontière du Pérou et de la Colombie, l’Amazone est le théâtre d’une véritable conquête de l’Ouest de l’Amérique du Sud. Chose incroyable : on vient de découvrir un affluent de l’Amazone d’une longueur de cinq cents kilomètres. Une rivière comme la Seine et que personne ne connaissait ! C’est fascinant. Et c’est une leçon pour tous ceux qui prétendent que nous sommes mieux informés qu’il y a dix ans. Les hommes de l’espace, des conquérants ? Je ne crois pas. Il y a trop de technique et d’automatismes dans une mission. Je suis peut-être injuste, mais après les premiers pas sur la lune, l’enthousiasme des millions de terriens non arrachés à la pesanteur est retombé à zéro.
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Chaque fois que nos yeux se croisent, je pense à la devise de la famille – la sienne, la nôtre : « Fais que dois, advienne que pourra. » Franchement, elle ne m’enchante pas tellement, cette devise. Aujourd’hui, elle a un côté fataliste qui me déçoit. Seulement, de Saint Louis à 1830, cet « advienne que pourra », c’était la place de la volonté divine. C’était, écrit d’une autre façon : « Si Dieu le veut. » En revanche, « Fais que dois » me plaît beaucoup. Et notre conquérant a fait ce qu’il devait : il a conquis, et pour une fois ce ne fut pas une boucherie exagérée.
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Si la machine à remonter le temps existait, il y en a deux que j’aimerais avoir à ma table pour un dîner historique. Le premier est une femme, et même une maîtresse femme puisqu’elle a interdit à Molière de jouer avec sa troupe dans le Limousin. L’affaire s’est passée vers 1650. Molière n’était encore que l’animateur de la troupe de l’Illustre-Théâtre. Le Roi-Soleil ne l’avait pas encore réchauffé de ses rayons et de ses pensions. Molière – il n’a pas trente ans – arrive avec ses comédiens aux portes du Limousin. Comme tout ce qui touche au théâtre est mal vu et ses adeptes excommuniés, il semble que notre maîtresse femme, qui était une parente du gouverneur de la province, ait fait pression sur celui-ci afin que Molière installât ses tréteaux ailleurs. Il faut dire que Les Cars, le berceau de la famille, est un village à une trentaine de kilomètres de Limoges et que la famille a gouverné le Limousin jusqu’à la Révolution, date à laquelle tous ses représentants perdirent la tête, tous sauf un qui eut le bon esprit de sentir que les Conventionnels ne pardonneraient pas sept siècles de taille, de corvée et (peut-être) de droit de cuissage !
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Elle avait tellement cru en lui qu’elle en était venue à penser que, même s’il ne l’épousait jamais, leur liaison durerait ! La seule chose importante pour elle était leur amour réciproque. Ou on aime, ou on n’aime pas ! Sylvaine venait d’avoir la preuve cinglante que l’homme qui était tout pour elle ne l’aimait pas et ne l’avait sans doute jamais aimée. Elle n’était pour lui qu’une aventure de jeunesse, une passade. Il tournait brutalement la page pour arriver vite au nouveau chapitre : le beau mariage avec la riche héritière qu’il n’aimait pas non plus. D’ailleurs un garçon comme lui n’aimerait jamais personne à l’exception de lui-même... Et le plus désespérant pour elle, c’était de voir que les gens de cet acabit sont ceux qui réussissent le mieux dans l’existence. Leur égoïsme ne s’embarrasse pas des frontières du cœur, qu’ils franchissent allègrement, en les piétinant s’il le faut, sans en ressentir la moindre honte. Ils savent que seule la désinvolture paie.
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À force de passer des nuits de garde, elle avait fini par prendre en haine les internes masculins à la désinvolture et aux plaisanteries souvent douteuses... Au bout de dix années, peut-être plus, après avoir franchi tous les stades de son ingrate profession, la petite stagiaire du début avait fini par atteindre le grade envié d’infirmière-chef qui règne en maîtresse absolue sur le personnel subalterne de tout un service médical. Une sorte d’adjudant-chef en jupon qui possède l’aptitude au commandement et l’autorité indispensable pour faire régner la discipline.
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quand on aime quelqu’un à ce point-là, on tente tout pour assurer son bonheur. Celui de votre épouse ne sera-t-il pas le plein épanouissement de son besoin de maternité ?
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C’est tout de même regrettable que la fatalité ait voulu que l’enfant choisi par le gynécologue avec les meilleures intentions du monde et en prenant toutes les précautions nécessaires soit issu du ventre de votre ancienne maîtresse ! On pourrait même se demander s’il s’agit bien là d’un hasard ou, au contraire, d’une manœuvre diaboliquement organisée.
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Vous savez, aujourd’hui la mesquinerie est devenue universelle, même chez des gens qui semblent vouloir assurer le bonheur d’un enfant ! Et je suis sûr qu’ils en veulent d’abord pour leur argent : pas de progéniture, pas de monnaie !
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En fait d’accords, nous n’en avons signé aucun avec cette femme puisque, faute de jurisprudence établie sur la question, un écrit n’aurait en cas de conflit éventuel aucune valeur juridique ! C’était un accord purement moral, et notre unique intermédiaire était le médecin en qui nous avions entière confiance.
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Seules les lois de la procréation régentent le processus provisoirement toléré. Même pas besoin de rapports physiques, ce qui simplifie encore les choses. Une fois les « sujets » consentants trouvés, il suffit que l’homme apporte sa semence. Recueillie dans une éprouvette, elle est presque immédiatement injectée dans l’utérus de la mère porteuse, et le tour est joué.
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les formalités d’adoption sont tellement compliquées que c’est à désespérer les couples les mieux intentionnés. En revanche, le truchement de la mère porteuse est infiniment plus rapide et surtout plus discret ! Si un couple est décidé, il peut parvenir facilement à ce que tout le monde ignore qu’une autre femme que l’épouse légitime a enfanté. C’est pourquoi Nicole et moi avons opté pour cette seconde solution sans que personne de notre entourage, ait pu se douter de rien... Après nous être mis en rapport avec un gynécologue qui s’est spécialisé depuis quelques années dans ce genre de « tractation » – un mot terrible, mais en trouvez-vous un meilleur ? –, nous avons repris un immense espoir ! À l’idée que, dans un an tout au plus, elle pourrait pouponner et devenir une maman comme la plupart des autres femmes, Nicole a retrouvé très vite ce bonheur de vivre qui l’avait abandonné. La mère porteuse fut choisie assez rapidement par le médecin.
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Une malformation congénitale empêchera toujours mon épouse de procréer... À partir du jour où elle a acquis cette certitude, et bien que je sache qu’elle m’aime profondément, elle n’a plus été la merveilleuse jeune femme débordante de vie et d’enthousiasme avec laquelle je m’étais marié en me disant que j’avais toutes les chances. Car non seulement ma compagne était riche et jolie mais en plus elle était gaie ! Ce qui n’est pas toujours le cas dans cette catégorie de jeunes femmes qui ont tendance à croire qu’elles n’ont été épousées que pour leur fortune. Nicole était tout le contraire...
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– Ma femme se prénomme Nicole et je l’adore... Ce devrait donc être l’harmonie parfaite dans un couple comme le nôtre. Nous aurions tout pour être heureux si nous avions un enfant.
– Mais, cher monsieur, cela peut encore arriver ! Vous ne me semblez pas très âgé et vous venez de dire que vous n’étiez marié que depuis trois ans ; juste le temps de vivre une lune de miel un peu prolongée... Votre épouse doit être jeune ?
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La franchise de mon grand-père n’était pas à sens unique. Il aimait qu’on lui dise les choses en face. Et cela donnait souvent des résultats savoureux.
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Ce grand-père qui m’a tellement fasciné pouvait tout se permettre. Pas parce qu’il était le duc des Cars. Au contraire. Sa discrétion sur ce point est pour moi une qualité de vraie noblesse. Il se permettait de dire aux gens ce qu’il pensait d’eux, car il ignorait et méprisait le qu’en-dira-t-on. C’était un homme droit. Sa franchise, souvent arrogante, n’avait d’égale que sa sincérité. Quand j’ai vu pour la première fois Cyrano de Bergerac, j’ai retrouvé mon grand-père : esprit, courage, honnêteté, poésie et tendresse, bref toutes les composantes du panache. C’est pour cela que je crois qu’il la méritait, son aristocratie, alors que tant s’en contentent, bien qu’ils n’y soient pour rien, et vous assomment avec leur généalogie.
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— C’était un personnage. Est-ce que d’après toi on trouve encore aujourd’hui, dans l’aristocratie ou ailleurs, ce type d’original qui ignore le respect humain ?
— Dans l’aristocratie, on en trouve de moins en moins, hélas ! Ailleurs, j’en connais de savoureux. Je crois que c’est la guerre, puis la démagogie qui ont tué cette espèce. Aujourd’hui, les personnages sont en voie de disparition. On parle des chefs-d’œuvre en péril ? Eh bien, je dis que les gens qui ont un caractère bien trempé se font rares. L’aristocrate d’aujourd’hui – il n’en reste pas beaucoup de vrais – est fréquemment ennuyeux. Il ne songe trop souvent qu’à être le personnage de classe. Je connais une foule de ces gens dont le seul souci réel est la carte de visite où figure leur titre, vrai ou faux. Quand ils ont fait cela, ils ont tout dit. Et quand on les voit, on a l’impression qu’ils ont un nom d’emprunt. C’est grave et c’est triste.
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Un héros, selon moi, devait mourir à la guerre. Mon papa était forcément un héros. Le plus grand des héros. Le plus grand des papas.
 
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Il est capable de démonter une anecdote pour en faire quatre cents pages. Il aime dynamiter ses personnages, les bousculer selon son plan connu de lui seul, placer des rebondissements à la page 33, 117 et 293, exactement à l’endroit où il l’a prévu. De toute façon, même ses lecteurs les plus fidèles sont emportés par le maelström de son imagination. Et cela depuis plus de trente ans. Il n’y a d’ailleurs aucune raison pour que se tarisse ce Niagara de mots, d’histoires et de livres. La source est, je le crois, prometteuse : débit abondant, riche en illusions et évasions diverses, recommandée aux lectrices et lecteurs peu friands de politique, de psychanalyse et de problèmes métaphysiques, mais avides de phrases simples, d’évasion, d’histoires extraordinaires qui sont construites comme une mécanique d’horlogerie, même si c’est, d’après certains, « à coups de poncifs et de clichés ». À déconseiller aux critiques acides et aux confrères jaloux.
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Il était certain que mon fils me connaissait mieux que personne, que nous ne nous étions jamais quittés et qu’il me serait très difficile de lui cacher quelque chose. Quand on chérit son fils et qu’on sait qu’il vous rend cet amour, on lui dit tout… Face à un autre, même s’il est le meilleur journaliste du monde, on devient prudent, on se méfie… À partir du moment où j’ai réalisé que cette méfiance ne pourrait pas exister dans nos dialogues à l’emporte-pièce, je me suis senti prêt à répondre à toutes les questions, même aux plus indiscrètes.
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