Comme j'allais passer la porte, elle me rappela :
- Quelles sont vos opinions ?
- Mes opinions, à moi ? Je n'en ai pas.
- C'est bien, ma chère, dit-elle. J'espère que vous n'êtes pas de celles qui sont toujours penchées sur un livre.
Un peu partout, il y avait des fermes bien bâties, avec de hautes bâtisses charpentées comme à Bessastadir, ... , et des poules dehors : ce sont des oiseaux qui crient comme des cygnes mais qui ne savent pas voler. Il y avait encore d'autres gros oiseaux qui se dandinaient devant les portes, semblables d'apparence à des cygnes mais avec le cou plus court ; ils étaient hargneux. Il considéra que c'étaient là des oiseaux de l'espèce qui, dans les poèmes anciens et dans les Rimes, sont appelés oies. Ces sales oiseaux-là s'ébouriffaient et se portaient à l'attaque des étrangers en poussant de grands cris.
début du XVIIIe siècle, un Islandais en Hollande
Mon avis a toujours été, dit-il, qu'on ne doit jamais abandonner tant qu'on est en vie, même si on vous a tout pris. On possède quand même toujours le souffle que l'on respire, ou du moins que l'on vous prête.
Autrefois, du temps où nous connaissions Dieu et non pas l'homme, ce n'était pas difficile d'élever des enfants. Mais à présent le Dieu, le seul que nous connaissions, nous a trahis. Il ne reste plus que l'homme, cet inconnu.
Les mutilés et surtout les lépreux guettent le moment d'exposer leurs plaies, en particulier devant ceux qui ont quelque pouvoir, souvent avec une fierté provocante qui désarme aussi bien le plus courageux et rend l'homme le plus beau ridicule à ses propres yeux : Vois, voilà à ce que le Seigneur, dans sa grâce, m'a fait, voici mes mérites devant le Seigneur, disent ces créatures en demandant par là même : quels sont tes mérites, à toi ? comment le Seigneur t'estime-t-il ? ou, aussi bien : le Seigneur m'a infligé ces plaies à cause de toi.
Islande, début du XVIIIe siècle
Les Eddas (XIIIe siècle) contiennent le trésor des poèmes mythologiques et héroïques du Nord. Les sagas (XIIIe et XIVe siècles) relatent, dans une prose caractéristique, les hauts faits des rois et héros légendaires et des grands colonisateurs de l'Islande.
Note au bas de la page 392
Il se cachait pour griffonner avec un bâton sur des plaques de terre nue ou dans la neige, mais cela lui était défendu, on disait qu'il s'inscrivait chez le diable. Il ne lui restait donc qu'a écrire sur son âme.
Tu es une vagabonde novice, ma brave femme, si tu crois que la misécorde de Dieu existe encore. La miséricorde de Dieu est la première chose à mourir dans les mauvaises années. (p.69)
Car l'être humain est solitaire par nature, et l'on devrait avoir pitié de lui, l'aimer et s'affliger pour lui. Il est évident que les hommes se comprendraient mieux et s'aimeraient d'avantage sils voulaient reconnaitre qu'ils sont seuls, à quel point ils sont tristes dans leurs désirs torturants et angoissés et dans la faiblesse de leurs espérances.
Un serviteur gras n'est pas un grand homme. Un esclave que l'on rosse est un grand homme, car dans sa poitrine habite la liberté.