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EAN : 9782914777766
381 pages
Anacharsis (18/03/2011)
3.89/5   23 notes
Résumé :
Dans l’Islande médiévale, Thorgeir et Thormod, deux jeunes gaillards exaltés par les poèmes héroïques des temps jadis, décident de devenir des champions de légende. L’un, bardé d’acier de récupération, se rêve en fier et ombrageux guerrier, l’autre, plus littéraire, aspire à la renommée poétique des grands scaldes…

Ces dangereux imbéciles vont répandre le carnage parmi de paisibles pêcheurs de flétan, défier en duel les plus roublards des loqueteux, t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Halldór Laxness, dans ce livre caustique et érudit, s'attaque à un certain nombre de mythes et stéréotypes, ceux de la grande tradition des sagas islandaises. Dans ces dernières, des héros prodigieux accomplissaient des exploits hors normes, chantés par des scaldes (poètes) inspirés ; leur mémoire reste toujours vivante grâce aux textes parvenus jusqu'à nous.

Littérature de genre, la saga avait ses lieux communs, ses passages obligés, ses traditions. C'est plus compliqué que cela évidemment, parce qu'il existait différentes sortes de sagas, et dans son roman, Laxness mélange les genres, nous partons d'une saga des Islandais, qui nous conte les aventures de deux jeunes Islandais devenus frères jurés (il existe une saga médiévale de ce nom) mais nous enchaînons sur quelque chose qui ressemble à une saga royale (qui évoque de façon explicite la très célèbre saga de Saint Olaf de Snorri Sturluson, le plus grand des auteurs de sagas connu), on pourrait y trouver quelques éléments d'une saga d'évêque… les références sont nombreuses. Laxness règle d'une certaine façon ses comptes avec le genre de la saga et tout ce qu'elle véhicule, et au-delà avec une certaine idéologie, une culture qui valorise la violence, la guerre.

Nous suivons donc dans un premier temps Thorgeir, qui a assisté enfant au meurtre de son père, et dont la mère l'a élevé en lui racontant les récits glorieux et héroïques des célèbres guerriers des temps passés. Il n'a donc rien de plus pressé arrivé à l'adolescence que de tuer le meurtrier de son père et son fils, et de traîner de-ci, de-là, en essayant de trouver moyen de s'embarquer pour une expédition viking et d'espérer devenir le champion attitré d'un roi fameux. Sa route croise celle de Thormod, qui compose de la poésie, et qui plaît beaucoup aux femmes. Ils se lient, et font quelques coups de main ensemble. Thorgeir ayant vraiment fait beaucoup de dégâts, est envoyé dans une expédition qui se propose de piller l'Angleterre. Thormod, aidé par sa famille, semble se ranger, se marier et faire prospérer ses biens. Nous suivrons donc les « exploits » violents et pathétiques de Thorgeir, en Angleterre puis en France. Mais sa route a croisé celle d'un certain Olaf, dit le Gros, qui fait partie de l'expédition, et qui a comme ambition de devenir roi de Norvège. Ce qu'il ferra un peu plus tard. Beaucoup de pages lui sont accordées, car c'est un personnage important : Saint Olaf en personne. Nous reviendront plus tard à Thormod, qui finira lui aussi par partir et connaître des aventures et épreuves, lorsqu'il trouvera la tête de son frère juré Thorgeir devant chez lui. Il essaiera de le venger et voudra se mettre au service du roi Olaf pour chanter ses exploits.

C'est très parodique : Thorgeir est un parfait imbécile, qui n'a en tête que meurtres et tueries. Thormod est un peu plus fin, mais aussi complètement obnubilé par les récits et légendes qu'il veut suivre à la lettre, prenant tout pour argent comptant. le roi Olaf est un bon à rien, qui devient roi un peu par hasard, et qui vit du pays qu'il est censé gouverné comme un brigand et un pilleur. D'ailleurs Laxness n'aime pas beaucoup les rois et les puissants, juste bons à exploiter leurs sujets, sans rien leur apporter en échange. La religion n'est pas épargnée non plus, le pape en premier, personnage ridicule et incompétent, prêt à tout pour de l'argent.

C'est enlevé, par moment drôle, par moment glaçant, mais il vaut mieux connaître les sagas, et avoir quelques notions d'histoire de l'époque pour bien saisir la satire et la trame du récit, qui fait référence à de nombreux événements et textes.
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Au début on se dit que ça va être compliqué, avec tous ces noms de lieux et de personnages. Et puis en fait... peu importe. Halldor Laxness semble s'être bien amusé à écrire ce roman, parodiant les sagas islandaises avec un humour décapant.
Un des deux héros est un poète dont les compositions, d'une manière ou d'une autre, lui attirent des inimitiés (souvent féminines), l'obligeant bien souvent à fuir précipitamment.
Son compagnon, lui, ne rêve qu'actions d'éclat, et place très haut l'honneur de son nom. Il en serait presque attendrissant... si ses exploits n'étaient pas que massacres et pillages. C'est une sorte d'anti-héros par rapport aux romans de chevalerie ; un anti-héros également car tout foire, dans ses plans : il reste suspendu en haut d'une falaise, se fait rosser par des paysans, piétiner par un troupeau de brebis...
Mais ces anti-exploits permettent à Halldor Laxness de nous faire voyager, car l'action quitte l'Islande pour la Norvège, pour l'Irlande, et toute parodique qu'elle soit, la reconstitution historique de l'Europe du Nord médiévale, au moment de sa christianisation, est tout à fait captivante.
Traduction parfaite de Régis Boyer.
LC thématique d'octobre 2021 : ''Cap au Nord !''
Challenge Nobel
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Encore un livre dans lequel cliquètent autant les mots que les épées dans les assauts -
ce sont le plus souvent des haches.
Deux abrutis des fjords de l'ouest partent à, la recherche de la gloire,
qu'apporteront
à l'un les combats – en réalité des assassinats,
si possibles de vieux sans défense,
des vieux qui sont des sèches-vache ou des pisses-en-puits,
à l'autre les poèmes,
écrits à la gloire du combattant.
L'un comme l'autre sont de parfaits crétins,
et Halldor Laxness recrée un récit
en forme d'une ancienne saga islandaise.
On est dans la cruauté de 'ce temps, quand on ne tuait pas les gens par exercice, mais pour le profit qu'en escomptait le meurtrier...Ce n'est que bien plus tard que s'introduisit dans les chants courtois français l'habitude de priser au-dessus des autres les meurtres exécutés avec art et élégance.'
C'est extrêmement réjouissant à lire,
Halldor ne fait de cadeau ni à ces deus 'frères jurés',
ni aux vikings
ou aux souverains français ou anglais.
Et bien que tout se déroule en ces siècles vieux, Laxness revient sur un de ses thèmes favoris: la justice.
Dans la Cloche d'Islande, il écrivait cette phrase
que tous les professionnels de la justice connaissent:
'leur injustice est terrible, leur justice pire encore.'
Il rajoute ici:
'Il est trop grand législateur pour se laisser prendre aux lois qu'il a lui-même édictées.'

Laxness, tout lire,
nous avons de la chance, Régis Boyer nous offre un remarquable texte français.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Moralité : choisissez avec soin vos amis !

La petite soeur de la "saga des frères jurés" (à retrouver dans les "sagas islandaises" réunies et traduites par Régis Boyer) on y retrouve les mêmes héros et ni les aventures ni l'humour (surtout l'humour noir) ne manquent. c'est un récit extraordinaire qui nous promène dans toute l'Europe et qui peut bien donner l'envie de se frotter ensuite aux "vraies" sagas plus anciennes.
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Prix Nobel de littérature en 1955, Halldór Laxness reste mal connu en France. Son oeuvre foisonnante fait pourtant de lui l'auteur islandais le plus important du XXème siècle.
Cette saga des fiers-à-bras est un étonnant pastiche des sagas islandaises médiévales que Laxness connait bien. Jonglant avec le style et les thèmes récurrents des sagas, Laxness brosse dans ce roman picaresque le portrait de deux anti-héros, les "frères jurés" Thorgeir et Thormod, l'un avide de destiné guerrière, l'autre poète des chefs vikings. Sous couvert d'une épopée viking rocambolesque, qui nous mène du Groenland à la France, Laxness signe un plaidoyer pour la paix et la tolérance.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je ne pleure pas, jeune femme, dit-il après avoir posé les poissons dans l'herbe pour parler à la jeune fille, je ne pleure pas parce que les héros et les poètes ont brûlé ma maison, ils ont abattu mon père dans son champ et ont transpercé d'une lance mon grand-père, un vieillard débile. Ma grand-mère était à genoux, louant le bienheureux Columcille, son saint patron, et un homme l'assomma du talon de sa hache ; et voilà pourquoi je ne pleure pas. Ils ont tiré mon frère du berceau, l'ont dépouillé de ses langes, l'ont jeté, nu, entre eux sur la pointe de leurs lances, et ma mère et ma jeune soeur, ils les ont traînées en pleurs jusqu'aux bateaux ; et c'est pour cela, jeune femme, que je ne pleure pas.
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La coutume n'était pas encore de représenter le crucifié nu, avec la mine d'un réprouvé ou d'un bon à rien, comme ce sera le cas par la suite, mais de le parer d'une belle chape royale qui lui descendait jusqu'aux genoux, et de superbes braies cordouanes.
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La porte de la grange était trop basse et trop étroite pour un grand gaillard comme Thorgeir, et d'ailleurs, celui-ci n'était pas d'humeur à se courber ; il prit le parti qui s'est toujours avéré efficace dans les anciennes sagas : il arracha le toit qui était fait de plaques de tourbe couvrant les poutres.
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Il dit : "Nous autres poètes tenons beaucoup de choses pour plus urgentes, lorsque nous sommes auprès des femmes, que de leur réciter les poèmes que nous avons composés quand nous étions loin d'elles. Nous préférons poser la mains sur votre genou"
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Pourtant on tient pour vrai que, bien que les Inuits ne cherchent jamais à se venger, il y avait un méfait qui passait parmi eux pour inexpiable, c'était qu'un homme abandonnât son épouse sans qu'il y eût eu offense, la laissant dans l'affliction, pour prendre, sous ses yeux, une autre femme. Ce crime était puni d'une amende plus lourde et d'une pénitence plus rude que tout autre méfait qui fut commis dans un groupe de pêcheurs. Cette terrible punition consiste à prendre un bruant des neiges et à lui souffler dans le bec: par là, on exhale la répugnance que vous inspire l'acte commis. Ensuite, on lâche l'oiseau à l'intérieur de la demeure du criminel, puis tout le monde s'en va. À dater de de ce jour, personne ne voit plus le scélérat ni n'admet sa présence dans le groupe, il doit vivre tout seul. Et qui vit tout seul est un homme mort
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