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Citations de Hanif Kureishi (411)


J’aimais lire et travailler ; je n’avais pas peur d’être seul et j’avais envie d’explorer les tréfonds de l’Angleterre, pour voir quel genre de pays mon père avait choisi et ce que, nous, les nouveaux venus, nous pourrions en faire. En tant qu’artiste, c’est là que je me sentais le plus individuel, le plus compétitif, le plus le plus vivant et envieux de la réussite des autres. Si l’être humain est façonné et forgé par l’adversité, l’écriture était une épreuve que je voulais affronter. Je me souciais très peu d’argent, de survie ou de sécurité. Nous étions des hippies et le « pain quotidien » n’était pas le but premier de ma génération très politisée, malgré les privations endurées pendant l’après-guerre.
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Ce qui n’est pas interdit est aujourd’hui presque obligatoire : l’impératif selon lequel nous devrions être en bonne santé, actifs en permanence, à réussir ceci ou cela, à avoir des rapports sexuels fréquents et épanouissants tout au long de notre vie avec quelqu’un de beau est tout aussi susceptible de provoquer des angoisses que n’importe quel interdit.
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Bien entendu, les injonctions sont monnaie courante au sein de chaque relation ; et toutes ne sont pas inextricables, absurdes ou dégradantes. On ne deviendrait pas quelqu’un si l’on n’en subissait aucune et si l’on n’en proférait aucune.
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On ne peut pas ignorer non plus la peur immense, voire les traumatismes, qu’un enfant – n’importe quel enfant – doit subir quotidiennement. On pourrait également souligner que jusqu’alors la vie d’un adolescent se résumait à un ouragan de prescriptions : manger, déféquer, se taire et aller à l’école ; se conduire correctement, être obéissant et poli tout en menant à bien ceci, cela, ou autre chose encore ; aller se coucher, se réveiller, passer un examen, jouer d’un instrument, écouter ce parent mais pas l’autre, bien s’entendre avec ses frères et sœurs, ses tantes, et ainsi de suite. Sans parler des obligations et impératifs divers : on peut réussir si l’on s’y soumet mais tout autant si l’on s’y soustrait, et parfois si l’on y échappe purement et simplement. Toutefois, chacun de ces diktats génère ses angoisses propres puisqu’ils sont tous assortis de punitions, de peur et de culpabilité. Le stress est ainsi voué à devenir la condition imparable de l’âge adulte là où l’injonction a été la constante de l’enfance.
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On nous formait à l’obéissance, pour être embauchés comme employés. Par la suite, j’ai travaillé dans des bureaux mais je n’étais pas taillé pour non plus. À quoi ressemblerait donc mon avenir ? Si je n’imaginais pas me plier à un travail conventionnel, je ferais des choix autrement difficiles : ma vie – tout, en fait – ne dépendrait que d’un seul coup de dés.
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Quel que soit mon style, silencieux, angoissé, ou ni l’un ni l’autre, je serais écrivain. Je n’en avais rien à foutre du reste : c’était l’art ou rien. Car les artistes faisaient ce qu’ils voulaient. À l’époque, je me disais, et c’est vraisemblablement encore le cas aujourd’hui, que devenir artiste était le destin le plus enviable au monde. J’avais pas mal échoué à l’école. Je m’en voulais de constater qu’aucun prof n’avait su me distraire. Tous détestaient leurs élèves dans ce système dénué de sens qui fonctionnait à la menace, à la peur et à la punition.
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Il n’est d’aucune utilité de garder ses mots pour soi. En ce qui me concerne, toutefois, il m’a toujours été quasiment impossible de recourir à la parole quand je quittais quelqu’un. Étant jeune, dès que j’essayais d’ouvrir la bouche pour dire quelque chose d’authentique, je basculais dans une sorte de panique angoissée. À chaque fois que je commençais à dire quelque chose, c’était une catastrophe : j’avais l’impression de ne pas me reconnaître, comme si je refusais ce changement inévitable, comme si je refusais de devenir cette nouvelle personne qui naît en même temps que l’on prononce de vrais mots. Et, si je n’arrivais pas à parler, je me sentais pétrifié, distant, furieux. Dans le silence on se met à pourrir.
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Je reconnais volontiers que l’écriture a un fonctionnement qui n’a rien à voir avec la parole. Je me demande si se mettre à l’écrit, ce n’est pas un moyen d’éviter de parler. Certes, à travers l’écriture, on crée une relation intime avec un lecteur potentiel mais, pour autant, on ne change pas grand-chose autour de nous. Malgré tout, la parole – cette aptitude à demander ce que l’on veut et à modifier les autres sans intermédiaire – implique nécessairement une forme de pouvoir.
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À l’époque, je considérais que mon père était le détenteur d’un savoir immense et mystérieux et je le vois toujours ainsi. Je n’avais pas envie d’être déçu. Mais j’étais aussi à un âge où il me fallait regarder de l’avant. Néanmoins, c’est toujours un choc de se rendre compte que non seulement nos parents ne sont pas les seules personnes au monde, mais qu’ils ne sont pas non plus ceux qui comptent le plus à nos yeux. Et c’est un choc pour eux de découvrir que nous avons compris cela.
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L’imagination crée la réalité plus qu’elle ne l’imite. Il n’existe pas de consensus intéressant sur ce qu’est vraiment le monde. Finalement, il n’existe pas d’autre univers que celui que nous façonnons ; jour après jour, que l’on s’y investisse peu ou beaucoup, toute la question est de savoir comment nous voulons vivre et qui nous voulons être.
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Les apprentis écrivains qui souhaitent qu’on leur explique comment ficeler une intrigue, une structure ou un récit n’ont pas tort, mais ce n’est pas en suivant des règles que l’on devient artiste. Les règles ne produisent qu’obéissance et médiocrité. Tandis qu’un artiste interroge l’autorité morale justement. Et, pour un artiste, sa « structure », c’est l’imagination.
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Pour réussir à bien survivre dans ce monde, il nous faut des aptitudes immenses. Être audacieux, être original, cela requiert des efforts, du travail ; cela peut d’ailleurs nous paraître impossible à cause de ces histoires et de ces personnalités que l’on peut s’approprier comme des identités figées. Nous avons été entièrement formatés avant même d’en avoir conscience ; et nous sommes bloqués par ces identités fabriquées que l’on nous a attribuées.
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Que cela nous plaise ou non, nous sommes tous condamnés à être artistes. Nous sommes les créateurs et les artistes de notre vie, de notre avenir, de notre passé – par exemple, nous choisissons de nous représenter le passé plutôt comme un cadavre, une source de richesse, ou autre chose encore.
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L’art nous décontenance, l’imagination aussi. Le banal redevient étrange. Le monde s’ouvre sous des angles nouveaux.
Mais l’imagination n’est pas seulement un instrument dévolu à l’art. Nous ne pouvons déléguer le domaine de l’imaginaire uniquement aux artistes. Ils ne sont pas les seuls capables d’assemblages complexes, d’inventions requérant et mobilisant des aptitudes visionnaires.
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Il serait bon de rappeler que l’imagination est une faculté essentielle, qu’il faut la développer, qu’il faut la suivre. Elle est aussi nécessaire que l’amour car, sans elle, nous sommes pris au piège des mornes dichotomies qui opposent ceci à cela, nous sommes enfermés dans une Corée du Nord mentale, vide et mortelle, sans grandes perspectives. Sans imagination, nous ne pouvons remodeler ce que nous savons, nous ne pouvons voir assez loin.
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Il est rare que notre imagination se comporte bien. Nous pouvons la censurer, l’ignorer mais il est difficile de s’en débarrasser totalement. D’ailleurs, ce serait une erreur que de chercher à le faire : contrairement au fantasme, qui est plutôt inerte et peu changeant puisque nous tendons à y voir les mêmes choses à chaque fois, l’imagination représente l’espoir, la renaissance, le renouveau de soi.
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On peut parfois trouver que l’imagination est désordre alors qu’en fait c’est une illumination. Bien sûr, il ne fait aucun doute qu’elle comporte des risques et qu’elle se doit d’en provoquer : certaines pensées sont hautement inflammables, ce pourquoi il faut les refouler ou les éliminer. Comme dans un mauvais film, il faut que le bien et le mal soient clairement distincts. Ce sont des notions que l’on ne peut pleinement concevoir ni penser, qui ne doivent pas être associées, qui ne peuvent se mêler l’une à l’autre, ni se métamorphoser ou sembler ambiguës.
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Dès qu’il s’agit de nos propres règles, la vraie transgression se révèle l’une des démarches les plus difficiles à entreprendre. Toutefois, s’agissant de Kafka, son éditeur intérieur l’a poussé à être inventif ; sa crise intime a donné naissance à une métaphore, dont il a fait une histoire, instillant cette maladie au lecteur afin qu’elle puisse peut-être changer nos vies à nous aussi. Kafka a ainsi trouvé un bon compromis – du point de vue de l’histoire littéraire, tout au moins.
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La plupart des gens ont souvent de bonnes idées mais ils préfèrent ne pas s’y attarder. Toutefois, les auteurs que je viens d’évoquer ont trouvé des solutions à des conflits qui les tracassaient, voire qui les tourmentaient, et ces tensions devaient représenter de véritables gouffres et des perspectives parfaitement inenvisageables à l’époque, mais elles ont finalement exigé d’eux un saut créatif vers une nouvelle manière d’appréhender la situation.
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À force d’être ainsi mortifiée, la grande question de l’art peut finalement donner l’impression d’être accessible. Mais, de toute évidence, l’essentiel est ailleurs.
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