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Citations de Hanne Ørstavik (36)


Être regardée avec chaleur. Être celle qui fait s’allumer la lumière dans le regard de l’autre, qui le fait briller. Quel n’a pas été mon bonheur, les fois où ça s’est passé, avec papa. Quel n’a pas été mon désir que cela se produise, avec Jostein. Allumer l’étincelle, et puis sentir la chaleur de cette étincelle ouvrir une place, un pré, une éternité, qui afflue, qui illumine, qui est la chose la plus forte et la meilleure qui soit, le plus grand de tout.
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Les gens traversent à la nage, depuis l’Afrique, pour venir ici, en Europe où ils se brisent contre les falaises et les rochers, les vagues les projettent en avant et ils n’ont pas le temps de mettre leurs mains, ils n’arrivent pas à se protéger, il n’y a aucune main douce pour les soulever et les poser sur une corniche, il n’y a aucune main nulle part. Juste la mer brute qui ne pense qu’à elle-même, qui s’en fout, qui fait ses trucs, n’a aucun sentiment, aucune sensation, si ce n’est son propre élan, sa prochaine volte-face, sur laquelle, dans laquelle, elle se jette avec avidité, avant de s’en extraire, et de s’éloigner, comme si elle s’ennuyait déjà et voulait du changement, de la variation, indifférente, totalement indifférente à toute la mort en elle, elle s’en fout, elle s’élève au-dessus de ça, elle élève sa prochaine vague.
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Je n'entends pas la mer, mais je sais qu'elle est là, en face de moi, sombre et immense.
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Je suis assise sur la terrasse, dans le noir, et devant moi, en contrebas, il y a la mer.
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Ou est-ce de la nostalgie, est-ce du manque. Je ne sais pas, ne sais pas si ce que je ressens là vient de loin dans le passé, ou si c’est quelque chose vers quoi je m’étire, maintenant, qui s’impose. Ou si on peut faire la distinction.
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Lily se dit qu’il faut laisser les rêves faire leur effet, sans être expliqués ou compris. Les images doivent juste pouvoir exister, et être ressenties, et tout doit pouvoir être comme il est, jusqu’à ce que cela se transforme.
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Parce que aimer était un piège, un abîme, une porte sur un lieu non ouvert, un enclos, comme là où étaient rassemblés les animaux, poussiéreux, fermé, insoutenable, et dont la seule voie de sortie était la mort ?
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Je croyais en avoir fini avec ça. Libre. Et puis le voilà malgré tout, ce sentiment, comme un chien galeux qui me suit, qui dort dans un coin de l’immeuble quand je m’assieds, et écoute, même dans son sommeil, il écoute, et quand je me relève, il est là, m’a entendue, et se tient prêt, au coin, rôdant, paré.

De quoi il retourne ? Ce n’est rien de déterminé. Rien que j’aie fait ou dit, que j’aurais pu faire autrement, effacer, ôter. Faire mieux. Non, c’est moi, tout mon être. Telle que je suis, celle que je suis. J’ai honte de moi. Je le ressens comme de la fange, comme des champignons ou des moisissures, quelque chose que je peux rincer, mais jamais éliminer vraiment, entièrement, ça peut toujours recommencer, repartir, c’est quelque part, en train de pousser.
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Qui est-ce que j'étais ? Partout où j'arrivais, quelque chose était détruit, déformé. Qu'est-ce que j'avais cru, hein ? Qu'en partant à l'autre bout du monde j'atteindrais l'autre bout de moi-même ? Que j'atteindrais ce qui en moi était bon, chaud, aimable ?
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C'était comme ça que je souhaitais voir l'église. Un lieu où on fait la fête, ensemble, quand quelqu'un rentre à la maison. Je considérais comme mon devoir de garder l'église ouverte de manière à ce qu'il soit possible, pour ceux qui en manifesteraient le désir, d'y entrer. Qu'ils entrent pour y trouver non pas moi en tant qu'individu, mais la communauté, et le silence. Un lieu qui faisait la fête pour eux, un lieu où ils étaient accueillis.
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Les sons deviennent si légers.
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Le bruit de la voiture. Quand il l'attend, il n'arrive pas à s'en souvenir dans sa tête. Je l'ai oublié, se dit-il. Puis il vient, souvent quand il s'interrompt dans son attente et n'y pense plus. Alors, elle arrive et il reconnaît le bruit, il l'entend, dans son ventre, c'est mon ventre qui se souvient du bruit, pas moi, et juste après avoir entendu la voiture, il la voit dans un coin de la fenêtre.
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c’était mon propre regard qui avait changé. Le tableau
s’est ouvert et tout s’est rapproché, je pouvais voir les brins
verts au bord du chemin, les tiges robustes et les pétales
jaunes des tournesols, le panier tressé et le pneu fin sur
l’asphalte, le visage de maman, son nez, ses pores, ses
grands yeux, un peu humides. Un vent chaud sur les joues,
et les cheveux clairs qui se rabattent en arrière, la frange,
les mains, un peu de sueur, sur le guidon. Ses doigts,
chacun de ses doigts fins et forts. Et le fait qu’elle sourit,
pas à quelqu’un, elle sourit, pour elle- même, vers tout ce
qui est.
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e réfléchis à cela, à comment je puis me coucher, en
moi, et au fait que c’est tout à fait réel. Je peux m’étirer et
devenir une longue silhouette, mesurer trente mètres de
long, comme un ruban, qu’on pourrait aisément poser là,
le long de ce bord en arc. Et c’est ainsi que j’ai été couchée
contre Johannes aussi, dans les mots, en pensée. Dans les
messages qu’il m’a envoyés, des images où nous étions
ensemble à regarder la mer, étions mari et femme dans un
tableau de Vermeer, courions l’un à côté de l’autre comme
des loups sur les plateaux enneigés. Et cela a été tout à fait
réel en moi. Cela m’a rendue plus heureuse que tout.
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Et puis, tout en étant allongée sur le lit à Bordeaux, je
marche autour des arbres, au début du rêve, avant qu’ils
soient abattus. Je vois par la fenêtre le gris, et je me tiens
de l’autre côté des arbres, tout contre les feuilles, à l’inté-
rieur. Et puis j’écarte les feuilles des deux mains, et
regarde. Regarde en arrière, moi- même, dans le rêve, qui
me tiens là, tournée vers les arbres. Je regarde droit vers
mon propre visage, qui ne sait pas qu’il est vu, mon visage,
qui regarde et regarde, vers l’avant. Ce visage ouvert, si
plein d’attentes. Une telle confiance dans le fait qu’il y a
là quelque chose. Quelque chose dont je ne sais rien
encore, que je soupçonne simplement, quelque chose qui
va venir, qui va se montrer. Quelque chose de plus.
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Cette nostalgie de l’intimité, il ne pourra jamais y
répondre. Son regard détourné, il ne pense pas à moi. Il
est dans d’autres pensées, en chemin vers d’autres lieux,
en lui- même. Peut- être que jamais personne ne pourra
faire face à cette nostalgie. C’est insoutenable. Je ne sais
que faire de tout ce douloureux, je mets une main devant,
sur cette poitrine osseuse qu’est la mienne, et je sens une
souffrance qui vient aussi de l’arrière, pendant que je me
fais cette réflexion, elle me transperce, juste au- dessus de
l’omoplate, comme si on m’enfonçait des piques dans le
corps, de l’arrière, en traversant tout à fait, jusqu’à l’avant.
Et je ne sais pas comment je vais pouvoir me lever du
lit, sortir dans les rues, aller au musée, commencer le
travail, ce travail qui nécessite que j’avance jusqu’au bord
de moi- même et atteigne l’extérieur. Tandis que tout en
moi est aspiré vers l’intérieur.
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Toutes les heures où nous avons marché ensemble sur
ce grand plateau dégagé. Johannes devant et moi derrière,
gravissant une hauteur, avançant sur un sentier, descen-
dant vers un creux ou dépassant un mur de neige. Nous
ne parlions pas, marchions seulement, un rythme s’est
imposé, et il était dans ses pensées et moi dans les miennes,
et nous étions là ensemble dans l’immensité, silencieux.
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Si c’était lui qui avait été assis là : se lèverait- il de son
siège en faisant un pas vers moi, et moi vers lui, et puis
nous serions arrivés l’un à l’autre et nous nous tiendrions,
et je sentirais son cœur, à travers le pull en laine noir, le
cœur qui tambourinerait contre moi, toc- toc, toc- toc.
Ou resterait- il assis, moi debout, tout cela entre nous,
qu’aucun de nous ne sait.
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Je songe combien c’est différent quand c’est la femme
qui se tient là et que c’est un homme qui vient, et l’inverse.
Quand l’homme se tient là et que la femme vient. Je songe
à ce qu’est cette différence.
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Je suis entièrement seule. C’est le plus effrayant de tout.
Celle que je suis est entièrement seule.
Je sais, dans ma tête, que c’est comme ça, c’est tout.
C’est insupportable. Je ne comprends pas comment
d’autres le supportent. Quand j’ai rencontré Johannes,
c’était ça le pire. Quand j’ai lu son livre, j’arrivais à peine
à rester éveillée, je l’ouvrais et je lisais quelques lignes, et
puis j’avais tellement sommeil, je n’arrivais pas à lire, je
devais fermer les yeux, dormir. Le lire était le voir distinct
de moi, distinct de celui qu’il était en moi, tel que je le
voyais, le lire était devoir le voir depuis sa propre position.
C’était devoir voir la distance entre nous. Que j’étais tou-
jours seule.
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