Souvent j'associe intérieurement musique et littérature. Non pas que j'ai besoin de musique pour lire, cela dépend juste du moment, et surtout du lieu. La musique me sert pour m'isoler du reste du monde, afin de pénétrer au mieux dans le livre. Pénétrer quel beau mot, surtout quand le roman est écrit par une femme que je trouve des plus magnifiques. Mais la beauté ne fait pas tout parce qu'en plus, elle sait m'émouvoir avec ses silences et ses notes de musique, un piano aux accents du sud, Aix-en-Provence, la Camargue, le Vercors, les loups. le roman me faisait un poil peur, poil de loup, poil de bison, une touffe d'émotion. Je n'imaginais pas que la femme pouvait être parfaite, m'émouvoir autant par sa crinière brune et par son interprétation de Beethoven que par la mise en scène de sa biographie, mélangeant souvenirs d'enfance, références musicales et passions animales. Les passions bestiales, ça me cause… Une passion physique, même.
Trouble. Non je ne parle pas du fond de mon verre de bière, mais de ce qu'elle peut provoquer en moi sa musique, sa chevelure, son sourire. Ses silences. Ma vie est faite de silence, je les écoute, les intègre, les partage. Ils sont compris ou pas. Comme la musique. Plusieurs niveaux, il faut de la patience, des dièses et des soupirs, de la jouissance, parfum d'une vie, fougue de la jeunesse mais moi je suis vieux, alors à quoi bon, à quoi bon écouter encore de la musique, rester dans le silence, creuser sa tombe, sentir la terre et le parfum des louves qui viennent respirer mon corps en putréfaction dans les steppes du silence, territoire sauvage d'un coeur battant pour des envolées aussi lyriques qu'un vol de grues ou de lagopèdes à queue blanche.
Je suis son parcours, du moins sa jeunesse, ce premier roman relate ses premiers événements, juste avant la consécration, ses doutes et sa détermination. Entre deux réflexions sur sa vie, elle me parle animaux, bestialité des hommes, sauvageons êtres que l'homme qui a toujours massacré le loup pour sa fourrure. Je sens qu'elle les aime ces bêtes à fourrure, envie de me transformer en loup, sentir ses caresses, caresser par sa mélodie, mélodie du coeur, élévation de mon âme, spiritualité d'un majeur en pleine action qui écoute Rachmaninov. J'aime la musique. La musique fait partie de moi, comme les silences. La musique est silence, et inversement. Une meute de loups hurle sous la lune, lune bleue bien évidemment, photo nocturne d'une transcription européenne de nos contes d'enfant. D'ailleurs, le premier disque que j'ai acheté pour mon fils ne serait-il pas Pierre et le Loup. le classique mène donc aux loups. C'est clair, maintenant. le hurlement du loup n'est qu'une longue mélodie du coeur que les plus grands pianistes retranscrivent en y mettant l'âme et le silence. le silence et les loups. le silence des loups.
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