...les constitutions reflétaient plus les vœux de leurs auteurs que la réalité d'un pays
Chez nous, on ne rompt pas à la suite d'une colère. Quand la tornade de la palabre éclate, que soufflent les vents, que la pluie lave à grande eau, la lumiere revient , on quitte guéri l'arbre à palabres et la famille se ressoude.
Les écrivains ressemblent dans les séances de dédicace aux putains exposées dans les vitrines des bordels d'Anvers. Le client les détaille, les apprécie, les évalue, les compare, s'en va, s'en revient et, profitant d'un moment où la rue est déserte, pénètre sournoisement dans la maison.
Les étrangers s'étonnaient de notre insouciance. Les malheureux n'avaient pas au compris qu'au Congo si on danse pour courtiser, pour célébrer la lune, la moisson, le nouveau-né, le mariage, on danse aussi pour exprimer sa tristesse. On danse pour prier. On danse pour pleurer ses morts. On danse pour se recréer, on danse pour dire sa mélancolie. Selon la manière dont on remue sa ceinture, la rumba exprime la joie ou le chagrin.
Page 103, éditions Gallimard
Un poème de Langston Hugues, dont le titre "I too sing America" exprime avec force cette dialectique du particulier et de l'universel, dit de manière appropriée que le combat de libération des noirs américains, victimes de la ségrégation, n'est pas un combat contre la race blanche, mais un combat en faveur des deux communautés. Une lutte pour libérer les uns de l'injustice, les autres de l'inhumanité qui les habite.
J'écris pour assumer ma négritude, pour recouvrer mes ''poupées noires"
Je suis né dans une ville en forme d'orange. A l'époque, ses maîtres, pour mieux en presser le jus, l'avaient coupée en deux. D'un coté la partie blanche, de l'autre la noire
Cette langue aujourd'hui m'habite, comme elle habite l'Afrique, où elle n'est plus une langue étrangère
Je ne suis pas un Congolais typique. Ni mon nom ni ma couleur n'indiquent mon identité. Et c'est bien ainsi, comme vous je descends du chimpanzé.