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Citations de Henri de Régnier (268)


Certes, il ne saurait être que naturel que nous suivions notre désir, surtout quand il a quelque force, mais encore nous faut-il assurer qu’il ne contraigne pas autrui à ce qui n’est pas le sien. Il est certain que cette dame, dont vous m’avez parlé, ne venait point à cette grotte de coquillages dans l’idée qu’on lui fasse ce que vous lui avez fait. Elle s’y rendait pour accomplir un besoin respectable, et vous avez eu grand tort, à mon avis, de lui imposer le vôtre.

I. OÙ M. DE BRÉOT VOIT MADAME DE BLIONNE ET RENCONTRE M. LE VARLON DE VERRIGNY.
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Odelette
«  Je n’ai rien
Que trois feuilles d’or et qu’un bâton
De hêtre . Je n’ai rien
Qu’un peu de terre à mes talons
Que l’odeur du soir en mes cheveux ,
Que le reflet de la mer en mes yeux ,
Car j’ai marché par les chemins
De la forêt et de la grève .
Et j’ai coupé la branche au hêtre
Et cueilli en passant à l’automne qui dort
Le bouquet des trois feuilles d’or » .
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M. Laverdon était un homme important. On s’accordait à lui reconnaître de la mine, de la tournure et même du raisonnement, car il accommodait quelques-unes des meilleures têtes de Paris. Il ressentait vivement l’honneur qu’elles lui faisaient en passant par ses mains, qu’il avait belles et dont il prenait grand soin, disant qu’elles étaient l’outil même de son métier. Son mérite lui valait une clientèle illustre et considérable. Il se targuait de connaître les hommes et se prétendait philosophe. On lui en cédait la prétention, car personne ne savait mieux que lui disposer avantageusement une perruque, la boucler, la friser ou la rouler.
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Henri de Régnier
Couche-toi sur la grève et prends en tes deux mains,
Pour le laisser couler ensuite, grain par grain,
De ce beau sable blond que le soleil fait d’or ;
Puis, avant de fermer les yeux, contemple encore
La mer harmonieuse et le ciel transparent ;
Et, quand tu sentiras, peu à peu, doucement,
Que rien ne pèse plus à tes mains plus légères,
Avant que de nouveau tu rouvres tes paupières,
Songe que notre vie à nous emprunte et mêle
Son sable fugitif à la grève éternelle.
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– N’est-il point singulier, monsieur, – disait M. Floreau de Bercaillé, en essuyant ses coudes et ses genoux verdis par l’herbe où il s’était vautré tout le jour, – de passer notre existence à ne considérer de la nature que les formes que l’homme lui a imposées et à ne voir d’elle que l’aspect qu’il lui a donné, quand elle en a tant d’autres qu’elle ne doit qu’à elle-même ?
Certes, les rues, les carrosses et les maisons sont un spectacle agréable, mais il nous porte à croire que l’homme est ce qu’il n’est point en vérité.

II. COMMENT M. DE BRÉOT AVAIT LIÉ CONNAISSANCE AVEC M. FLOREAU DE BERCAILLÉ.
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La perfidie est la forme de méchanceté des délicats .
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SOIRÉE


C’est la nuit. Tout est bien ; tout est doux ; tout est beau.
La fenêtre est ouverte et l’air est embaumé ;
Un vent vague et furtif soulève le rideau
Et le silence est plein d’un souvenir aimé.

Taisons-nous. L’heure est bonne et voici sur le mur
Les livres familiers, les portraits, les estampes.
Ce vase, sur la table, est frais comme un fruit mûr
Et son bouquet s’empourpre à la lueur des lampes.

Ses roses en riant regardent le miroir
Qui les reflète au fond de son cristal nocturne
Où comme elles souvent tu aimes à te voir,
Comme elles, souriante et pourtant taciturne ;

Mais l’heure est si tranquille et si tendre, et le vent
Si léger au rideau qu’il soulève et tourmente
Que tu restes, ce soir, allongée au divan
Et que je te contemple ainsi, sage indolente !

Et ton visage seul suffirait à mes yeux,
Qu’enchantent ton repos, ta grâce et ta beauté,
Si je ne voyais pas, vif et mystérieux,
Ton pied charmant et qui est nu dans la clarté...
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Le retour de Julie au Fresnay était accueilli chaque année avec joie. Plusieurs semaines d’avance on s’y préparait. Mme du Fresnay composait ses friandises les plus appétissantes. Les buffets s’emplissaient d’assiettes odorantes et de flacons parfumés. Le plus beau du goût de Mme du Fresnay pour les pâtisseries était que ni elle ni son mari n’y touchaient jamais. Ils détestaient tous deux les sucreries, et toutes ces bonnes choses s’en allaient sur les tables du voisinage. Mme du Fresnay les distribuait à qui voulait, et on vit des mendiants et des pauvres, entrés dans la cour du château pour y demander un morceau de pain, en sortir la bouche pleine et la besace remplie des plus délicates gourmandises.
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[…] le monde nous habitue assez tôt à ne point être ce que nous voudrions.

V. HISTOIRE DES AMOURS, DE LA MORT ET DES OBSÈQUES SINGULIÈRES DE MADAME LA DUCHESSE DE GRIGNY.
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M. de Bréot, comme si la robe d’argent fût tout à coup devenue transparente ainsi que l’eau d’une fontaine, imagina soudain madame de Blionne comme si elle eût été toute nue devant lui. Il lui vit, en pensée, les jambes longues, les cuisses fortes, les hanches larges, le ventre doux, la gorge renflée, avec la peau très blanche, et tout cela, si distinctement et si véritablement qu’il lui en semblait toucher la chaleur moite et fondante et qu’il ouvrit la bouche pour en respirer le parfum sain et voluptueux.

I. OÙ M. DE BRÉOT VOIT MADAME DE BLIONNE ET RENCONTRE M. LE VARLON DE VERRIGNY.
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Paysage


De hauts peupliers dont le feuillage frémit
Comme si des oiseaux y prenaient leurs volées
Reflètent, un à un, leurs tiges isolées
Dans le fuyant miroir du canal endormi ;

Au-dessus du vieux pont courbant son arche unique,
Au ras du parapet noir, la lune, émergeant
Dans sa pâle rondeur et son éclat d’argent,
Monte dans le ciel clair, calme et mélancolique ;

Alentour, sur les champs, les routes, les buissons,
S’épandent des lueurs douces de nuits rêvées ;
Nul pas humain ne va sonnant sur les levées.

Et pourtant l’air est plein d’impalpables frissons,
Et, là-bas, très distinct en ces rumeurs confuses,
Chante l’écoulement de l’eau dans les écluses...

p.82
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LES JEUX RUSTIQUES ET DIVINS
NUIT D’AUTOMNE


Le couchant est si beau, parmi
Les arbres d’or qu’il ensanglante,
Que le jour qui meurt à demi
Retarde sa mort grave et lente.

Le crépuscule sur les roses
Est si pur, si calme et si doux
Que toutes ne se sont pas closes
Et que j’en cueille une pour vous.

Les feuilles chuchotent si bas,
Une à une ou toutes ensemble,
D’arbre en arbre qu’on ne sait pas
Si tu ris ou si le bois tremble.

La rivière coule si douce.
Entre les roseaux bleus des prés,
Si douce, si douce, si douce
Qu’on ne sait pas si vous pleurez.

La nuit d’ombre, de soie et d’or
Du fond du silence est venue,
Et l’automne est si tiède encor
Que tu pourras t’endormir nue.

p.244-245
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Le meilleur moyen de savoir ce que veulent les poètes de demain est encore de savoir ce qu’ils reprochent à la Poésie qui est déjà pour eux la Poésie d’hier. Or, le reproche général que l’on fait au Symbolisme et qui les résume tous en un mot : c’est d’avoir négligé la Vie. Nous avons rêvé ; ils veulent vivre et dire ce qu’ils ont vécu, directement, simplement, intimement, lyriquement. Ils ne veulent pas chanter l’homme en ses symboles, ils veulent l’exprimer en ses pensées, en ses sensations, en ses sentiments. C’est le vœu des meilleurs d’entre les nouveaux venus, des Fernand Gregh, des Charles Guérin ou des Francis Jammes.
C’est donc vers la Vie qu’ils ramèneront la Muse, non plus pour qu’elle la rêve, mais pour qu’elle la vive. Au lieu de présenter à ses oreilles les conques sonores où l’on entend le murmure d’une mer idéale, ils l’assoieront au bord des flots mêmes pour qu’elle en écoute la rumeur et qu’elle y mêle sa voix.

Elle les suivra demain comme elle est venue hier s’abriter au palais de songes que d’autres les avaient construit. La Poésie d’ailleurs n’a ni hier, ni demain, ni aujourd’hui. Elle est partout la même. Ce qu’elle veut c’est se voir belle, et peu lui importe, pourvu qu’elle y mire sa beauté, la source naturelle des bois ou le miroir par lequel un artifice subtil lui montre son visage divin dans la limpidité cristalline d’une eau fictive et imaginaire.
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L’ivresse de M. de Bercaillé était dangereuse. Il s’y laissait voir comme la nature l’avait formé, et l’on sait que souvent ce que nous sommes n’est pas exactement ce que les mœurs de la bonne société nous forcent à paraître.

II. COMMENT M. DE BRÉOT AVAIT LIÉ CONNAISSANCE AVEC M. FLOREAU DE BERCAILLÉ.
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Ce qui divise le plus les hommes, ce n’est point tant leur manière de comprendre cette vie-ci que l’autre, et l’on aura justement affaire, dans ce livre, à des gens qui ne font pas grand cas de l’idée que quelque chose de nous puisse survivre à ce que nous avons été. Ce sont eux que le XVIIe siècle appelait du nom de « Libertins » et qui pensaient, avec leur Ninon de Lenclos, « qu’on est bien à plaindre, quand on a besoin de la religion pour se conduire, car c’est une preuve qu’on a l’esprit bien borné ou le cœur bien corrompu »

(AVERTISSEMENT)
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Henri de Régnier
On a beau vieillir, on meurt toujours jeune.
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À TRAVERS L’AN
VŒU


Je voudrais pour tes yeux la plaine
Et une forêt verte et rousse,
Lointaine
Et douce
À l’horizon sous un ciel clair,
Ou des collines
Aux belles lignes
Flexibles et souples et vaporeuses
Et qui sembleraient fondre en la douceur de l’air,
Ou des collines
Ou la forêt...

Je voudrais
Que tu entendes,
Forte, vaste, profonde et tendre,
La grande voix sourde de la mer
Qui se lamente
Comme l’amour ;
Et, par instant, tout près de toi,
Dans l’intervalle,
Que tu entendes,
Tout près de toi,
Une colombe
Dans le silence,
Et faible et douce
Comme l’Amour,
Un peu dans l’ombre,
Que tu entendes
Sourdre une source...

Je voudrais des fleurs pour tes mains,
Et pour tes pas
Un petit sentier d’herbe et de sable
Qui monte un peu et qui descende
Et tourne et semble
S’en aller au fond du silence,
Un tout petit sentier de sable
Où marqueraient un peu tes pas,
Nos pas
Ensemble !

p.173-174
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Repos après l'amour

Nul parfum n'est plus doux que celui d'une rose
Lorsque l'on se souvient de l'avoir respiré
Ou quand l'ardent flacon, où son âme est enclose
En conserve au cristal l'arôme capturé.
C'est pourquoi, si jamais avec fièvre et délice
J'ai senti votre corps renversé dans mes bras
Après avoir longtemps souffert l'âcre supplice
De mon désir secret que vous ne saviez pas.
Si, tour à tour, muet, pressant, humble, farouche,
Rôdant autour de vous dans l'ombre, brusquement.
J'ai fini par cueillir la fleur de votre bouche,
O vous, mon cher plaisir qui fûtes mon tourment.
Si j'ai connu par vous l'ivresse sans pareille
Dont la voluptueuse ou la tendre fureur
Mystérieusement renaît et se réveille
Chaque fois que mon cœur bat contre votre cœur.
Cependant la caresse étroite, ni l'étreinte
Ni le double baiser que le désir rend
Court
Ne valent deux beaux yeux dont la flamme est éteinte
En ce repos divin qu'on goûte après l'amour !
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Aimer les femmes implique que nous préférons le plaisir qu’elles nous donnent aux ennuis qu’elles nous causent.
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La Mélancolie est comme le sourire de la tristesse. p 77

Le sourire confie au rire la joie dont il ne veut plus. p 98
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