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Critiques de Henrik Ibsen (199)
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Une maison de poupée

Découvert cette pièce grâce à Babelio ( que je fréquente depuis moins d'un mois avec bonheur ), et plus particulièrement grâce à Nastasia dont la magnifique critique m'a donnée envie de lire l'œuvre.



Je ne rédigerai donc pas une nouvelle critique, juste quelques impressions au sortir de ma lecture.

C'est pour moi, très synthétiquement, l'aveuglement d'un homme versus la détermination d'une femme largement sous-estimée par son mari, le cheminement d'une héroïne qui sacrifie tout pour le droit aléatoire mais vital d'être soi-même.

Une très belle pièce, sans fioritures qui va droit au but.

Je me pose juste une question, laissée sans réponse bien sûr par Ibsen : que devient Nora quand elle a franchi définitivement le seuil de sa maison, abandonnant enfants et mari ?
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La dame de la mer

Créée à Oslo en 1888, la pièce est donnée en France dès 1892 ; elle est publiée en 1890. Précédée du Canard sauvage et Rosmersholm, suivie d’Hedda Gabler, c’est une pièce qui appartient à la période de la maturité de l’auteur, celle où il a produit les pièces parmi les plus connues.



Une femme, Ellida est le personnage principal. Elle a épousé un homme plus âgé, Wangel, veuf et père de deux grandes filles nées de son premier mariage. Elle a perdu un enfant quelques mois après la naissance, et les relations paraissent tendues dans la famille. Wangel vient de faire venir Arnholm, un ancien professeur de ses filles ; il soupçonne qu’Ellida est lui ont vécu une histoire d’amour avant qu’il l’épouse. Mais Ellida, si elle a bien été amoureuse, ce n’est pas d’Arnholm, mais d'un mystérieux marin, à qui elle a promis sa foi, et qui revient juste à ce moment lui rappeler sa promesse.



C’est une pièce assez étrange, qui joue sur deux tableaux à la fois. Il y a un aspect très réaliste, qui pointe en particulier la condition subordonnée et pour tout dire assez désespérante des femmes, qui n’ont pour tout horizon que le mariage et la dépendance, ou alors la misère et la solitude. Ellida en a été victime, en épousant Wangel sans l’aimer, et une des filles se trouve dans la même situation. Mais la pièce a aussi une dimension symbolique, la marin n’étant pas vraiment un personnage, mais un mythe ou un symbole. Comme la mer, d’où il surgit à l’improviste, dans les circonstances les plus dramatiques. Il est celui qui échappe au quotidien banal, qui permet d’entrapercevoir d’autres possibles, même s’il représente aussi le danger, la mort, la destruction. Il fascine et fait peur.



C’est encore une très belle pièce, très riche, pas simplificatrice, et qui garde une réelle actualité, même si certains détails sont forcément un peu datés. Les personnages sont tous très bien dessinés, avec une vraie complexité.
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Hedda Gabler

Après - Une maison de poupée -, j'avais envie de retrouver l'univers de Henrik Ibsen, "inventeur" du théâtre moderne.

Ce dramaturge norvégien nous livre dans - Hedda Gabler - un drame en quatre actes dans lequel on retrouve quelques-uns des thèmes qui lui sont chers : l'image de la femme, le rapport très patriarcal entre les deux sexes, la volonté émancipatrice de celui qu'on qualifie à tort de faible, les hypocrisies de la société bourgeoise, la sauvegarde à tout prix des apparences, le rôle déterminant de l'argent et celui non moins prééminent du pouvoir. Sans oublier la volonté du dramaturge de s'inscrire dans un réalisme, un rapport au réel que l'on retrouve dans les dialogues, dépourvus de tout lyrisme, de toute emphase et des personnages en symbiose avec la vérité de leur être.

Dans cette pièce que l'on peut lire en faisant appel ( pour les têtes bien pourvues ) à plusieurs clés de lecture, je me suis pour ma part contenté d'en utiliser deux ... faute d'en avoir davantage.

La première, très littérale, est la vengeance d'Hedda Gabler.

La seconde, un petit peu plus "subtile", tient dans l'opposition entre un romantisme qui n'a plus sa place face à un réalisme qui impose l'évidence de sa domination sur le passé et le recours à une vie plus rêvée que vécue.

En dehors du fait que la pièce est séquencée en quatre actes, ce qui n'est pas le cas dans - Une maison de poupée -, les ressorts auxquels Ibsen a recours sont à peu près identiques.

À l'exception de l'absence d'enfants - et pour cause...- et de leur nounou, les personnages sont ici à peu près au même nombre que dans - Une maison de poupée -, et leurs "fonctions", pas leurs rôles sont les mêmes.

Il y a Hedda Gabler, épouse Tesman. Jeune et belle femme, brillante, forte personnalité, passionnée ou exaltée... choisissez l'adjectif qui vous convient. Elle a fait un mariage de "raison", une mésalliance, elle fille d'un général, habituée au luxe, à l'argent, à un monde où tout vous est donné sans qu'on n'ait rien à payer en retour a épousé un terne professeur désargenté. Hedda aime monter à cheval et tirer au pistolet...

Son mari, personnage falot, besogneux ambitieux, un médiocre de bonne volonté, est un spécialiste de l'histoire des civilisations.

Pour offrir à sa femme le train de vie qu'exige une femme de son rang, il compte sur l'obtention d'une chaire universitaire qui lui semble ( semblait...) promise.

Il a été élevé par ses deux tantes : Julianne Tesman, soeur de Jochum, père de Jörgen, ( mari d'Hedda ), une femme de 65 ans qui vit avec sa soeur Rina, impotente, dont elle s'occupe avec dévouement.

Le juge Brack est l'ami de la famille. Naturellement sa présence dans la pièce est multifonctionnelle - c'est l'intrigant au service de l'intrique - mais vous dire qu'il veuille faire d'Hedda sa maîtresse ne surprendra personne.

Ejlert Lövborg est, comme Jörgen Tesman, un spécialiste de l'histoire des civilisations. Lui et Hedda ont été naguère très proches. De grands amis ; Hedda ayant rompu avec l'homme qu'elle avait idéalisé pour ne pas gâcher l'idéal romantique que ce dernier incarnait et qu'il risquait de trahir en pressant Hedda de franchir le seuil au-delà duquel l'amitié entre un homme et une femme... "s'altère"(?). Lövborg n'est pas un idéaliste, c'est un sensuel, un jouisseur, un débauché, un ivrogne... repenti(?), qui vient de connaître un grand succès de librairie après avoir écrit un livre dont tout le monde parle.

Mme Elvsted, une jolie petite blonde aux yeux bleus, est la femme du préfet.

De condition sociale inférieure à Hedda, d'une personnalité moins flamboyante, elle va en être à son insu la rivale... Car elle vient de quitter son mari, après avoir été la secrétaire de Lövborg, que le couple a longtemps hébergé. Elle est tombée amoureuse de l'idéal masculin d'Hedda.

Aucune pièce de cette époque, ne pourrait se passer d'une Berte, la domestique du couple Tesman... réalisme et théâtre obligent...



La pièce se déroule dans l'appartement des Tesman.

Le couple rentre d'un voyage de noces de six mois.

L'un et l'autre n'ont évidemmet pas vécu le même voyage.

Jörgen a passé son temps dans les bibliothèques.

Hedda a passé le sien à s'ennuyer.

La tante attend avec impatience le récit de son neveu... auquel elle a rapporté ses chères pantoufles.

Elle questionne Jörgen sur leur voyage... espérant l'annonce d'un "heureux évènement".

Suite de quiproquos, le pauvre garçon est un "pantouflard", un "mari"...

Hedda de son côté a la gâchette leste et la malheureuse tante est la première à y goûter.

Le juge Brack rend visite au couple et leur donne des nouvelles de Lövborg. Le succès de son livre paru et son séjour chez les Elvsted.

Hedda est contrariée.

Elle va l'être davantage encore lorsque Madame Elvsted va lui rendre visite, lui confier que Lövborg a écrit un manuscrit révolutionnaire... qui traître du futur de la civilisation et que ce manuscrit est appelé à devenir un énorme succès. Elle a été celle à qui Lövborg a dicté le manuscrit en question ; c'est "leur enfant". D'ailleurs ne s'est-elle pas enfuie de chez elle pour suivre Lövborg dont elle est amoureuse !...

Hedda fulmine.

Jusqu'à la rencontre avec son ancien ami... qu'elle continue à idéaliser mais à opposer à son réalisme qui ne mène qu'à la déconvenue, son romantisme, son idéal d'une vie rêvée.

Ces deux mondes sont-ils réconciliables ? Sont-ils compatibles ?

Une nuit et un manuscrit plus tard, vous aurez la réponse à ces questions...



Il y a un peu d'Emma Bovary et un peu d'Antigone dans le personnage d' Hedda Gabler.

Il y a aussi bien d'autres facettes que chacun interprètera selon sa sensibilité et ses connaissances.

On ne peut certes pas rester insensible à ce personnage... même de manière symbolique.

La pièce d'Ibsen est de qualité.

La lecture est plaisante.

Jörgen Tesman et ses "hein ?" innombrables, ses " pense donc..." font "regretter" de lire plutôt que d'écouter assis dans un fauteuil au théâtre les répliques de ce peronnage particulièrement bien travaillé par l'auteur.

J'ai moins aimé que - Une maison de poupée -... mais ça reste du grand Ibsen.

Et puis je me sens bien en compagnie de ces gens qui, comme moi, pensent que la vie est plus ridicule que désespérante.

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Une maison de poupée



Encore une pièce que je n’aurais sans doute pas lu sans le challenge théâtre et son système de bonus qui incite à multiplier les nationalités (et les époques). Et cela aurait été dommage car j’ai apprécié cette œuvre, au point que j’ai enchaîné sur une autre du même auteur Ibsen.



En Norvège fin 19eme comme dans toute l’Europe, les femmes sont dominées par les hommes. Nora l’est en douceur par un mari qui la traite en enfant et en petit animal familier, et la croit incapable de réflexion comme de volonté. Mais il se trompe, Nora s'est effectivement conformée par amour à l’image de femme idéale de son époux mais elle a su pour le sauver lors d’une maladie trouver l’argent nécessaire à un séjour au soleil sans se soucier vraiment des conditions et des conséquences possibles. Pour elle on ne saurait reprocher à une femme d'avoir agi même avec légèreté par amour. Elle a su trouver les subterfuges indispensables pour rembourser une grande partie de la dette. D’ailleurs elle ne s’inquiète pas de l’avenir, son époux va être nommé directeur de banque.

Mais celui qui lui a procuré l’argent exerce maintenant un chantage en lui demandant d’user d’une influence qu’elle n’a pas sur son mari afin de conserver son poste à la banque.

Comment réagira Thornwald lorsqu'il saura la vérité ? Et que fera Nora face à son mari ?

Finalement le petit écureuil se révélera femme résolue à son mari sidéré.





Challenge ABC 2017-2018

Challenge théâtre 2017-2018

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Hedda Gabler

Un très beau personnage, Hedda Gabler, trouble, complexe, surprenant, plein de recoins obscurs et de braises, qui nous bringuebale d'un sentiment à l'autre. Hedda Gabler est terrible, cruelle, destructrice, mais on la comprend, elle nous touche, son incapacité à supporter la médiocrité, la laideur, le ridicule de la vie. Elle s'ennuie Hedda, elle s'ennuie à mourir, coincée dans une vie qui ne lui va pas, qui n'est pas à sa taille, elle part en vrille. Il y a en elle des aspirations, des exigences qui se heurtent violemment au monde qui l'entoure, elle est à la fois bourreau et victime, elle nous choque par sa noirceur mais on la plaint. Comme si sa conviction que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue la plaçait au-delà du bien et du mal. Comme si les tensions entre les carcans des conventions, l'étroitesse de ce que la vie lui propose, et ses désirs profonds ne pouvaient que produire une force explosive.



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Les soutiens de la société

Ah, je vais finir pas la connaître par cœur, cette pièce ! Ce n'est après tout que la troisième fois que je la lis. Mais j'ai toujours éprouvé une certaine réticence à la critiquer.





Les piliers de la société, encore appelée Les soutiens de la société, est considérée comme la première pièce d'Ibsen relevant de la critique sociale, même s'il avait déjà tenté vaguement la chose avec L'Union des jeunes. Il a passé beaucoup de temps à y travailler, peut-être parce qu'il pressentait qu'elle deviendrait une pièce de transition essentielle dans sa carrière. On a retrouvé des manuscrits de 1870 qui révèlent manifestement une première tentative de s'atteler aux Piliers de la société. Mais comme il s'attaqua par la suite à Empereur et Galiléen, pièce réputée de tous temps injouable mais grand succès de librairie, et publiée en 1873. Les Piliers de la société allait donc attendre. Or il se trouva qu'Ibsen, s'étant installé en Allemagne depuis un moment, fut de retour pour l'été 1974 en Norvège. Là, il entendit beaucoup parler de la question du chemin de fer et des appétits qu'il aiguisait, ainsi que du scandale des armateurs qui envoyaient des bateaux sur mer dans des conditions plus que déplorables, dans le but de les faire couler et de toucher l'assurance. Deux sujets que l'on retrouve, et qui sont loin d'être anodins, dans sa future pièce. Il entendit également parler ou rencontra des hommes et des femmes qui devinrent les modèles de ses personnages. Et pour ne rien gâter, il fut très impressionné et influencé dès le début des années 1870 par la pensée de Georg Brandes, qu'il rencontra en 1875, et qui prônait une littérature visant à la critique sociale.





Paraît donc enfin en 1877 Les Piliers de la société. le personnage principal en est le Consul Karsten Bernick, qui jouit d'une réputation sans tache et que l'on considère comme un véritable bienfaiteur de la société. Mais le premier acte débute sur une situation qui est sur le pont de dégénérer. On découvrira peu à peu dans les deux premiers actes comment Bernick s'est conduit de façon éhontée dans jeunesse, et le deuxième acte confirmera que, loin de s'être amendé de ses fautes, il a construit pendant quinze ans tout un mythe autour de sa personne, réunissant autour de lui divers acteurs de la société qui lui sont utiles, et se servant de sa réputation pour prospérer de façon pas très honnête, du moins pour le cas qu'on a sous les yeux : celui de la construction d'une ligne de chemin de fer, qui sent bon le conflit d'intérêt et ce genre de choses. Comme d'autres pièces d'Ibsen, celle-ci est impeccablement construite. le premier acte est celui de la faute ancienne qui remonte peu à peu à la surface, le second celui des révélations en masse, le troisième celui de la confrontation, et le quatrième celui de la résolution - en supposant qu'il s'agisse bien là d'une résolution.





Bernick représente donc à a fois l'hypocrisie, la malhonnêteté, aussi bien dans sa vie publique que dans sa vie privée. Il se défend pourtant de toute immoralité, jusqu'à une certain point, et se prévaut d'un grand projet : celui de l'intérêt général. Et pourtant, on comprend aisément que ses intérêts personnels ont toujours dicté sa conduite. Croit-il lui-même en partie à cet intérêt général pour lequel il se serait sacrifié sa vie durant ? Il est difficile de répondre à cette question, mais il est tout aussi compliqué d'y croire. Car on le voit se vauter très loin dans la fange, jusqu'à ourdir un projet tout bonnement criminel. Mais Bernick n'est pas seul. Chacun joue son rôle dans ce fonctionnement d'une société qui ne tourne pas très rond. Car il ne s'agit pas que de malhonnêteté et d'immoralité ici, mais aussi des conditions de travail des ouvriers, des conditions sociales écrasantes pour les femmes - qui s'y plient d'ailleurs souvent volontiers, pour la plupart. On comprend qu'Ibsen, quelques temps plus tard, piqua une colère noire devant le rejet de sa proposition de faire admettre les femmes comme membres effectifs de l'Association scandinave, avec droit de vote pour celles-ci - projet qui n'avait visiblement pas été soutenu par au moins une partie des femmes concernées.





Je suis un peu dubitative sur l'utilité de certains personnages, qui n'apportent pas grand-chose à la pièce selon moi - l'histoire d'amour vite bricolée étant la cerise sur le gâteau. Mais surtout, d'autres, comme la très originale et très libre Lona Hessel, s’amollissent au fur et à mesure, si bien que la pièce nous laisse sur notre faim. Que Bernick nous joue le coup de la sincérité sur la fin et que le lecteur ou le spectateur n'y croit pas, c'est presque acquis. Que d'autres personnages que lui, à l’éthique apparemment plus solide, s'y laissent prendre avec tant de facilité, qu'est-ce que c'est censé dire ? Faudrait-il continuer à se laisser berner "pour le bien de la société", pour sa tranquillité personnelle ? Faudrait-il continuer à jouer les hypocrites ? Faudrait-il toujours faire des concessions avec la morale ? Faudrait-il, au nom d'une certaine modernité et du capitalisme, au nom du profit (mais quel profit, d'ailleurs?) s'asseoir sur des valeurs essentielles ? C'est une réflexion que nous retrouverons plus tard dans Un ennemi du peuple, qui forme comme un diptyque avec Les piliers de la société. Et qui rend la pièce assez ambiguë. Pas étonnant que Georg Brandes ne l'ait pas trouvée assez radicale.







Challenge Théâtre 2020
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Les Revenants

« Je me demande si nous ne sommes pas tous des revenants, pasteur Manders. Ce n’est pas seulement l’héritage de nos parents qui revient nous hanter. Il y a aussi toutes sortes de vieilles idées et de croyances mortes. Elles ne sont plus vivantes, mais elles nous encombrent l’esprit et nous n’arrivons pas à nous en défaire. »

Mme Alving cherche à remettre en cause ces conventions et préjugés puritains qui font barrage à la vie, à la joie. Elle entrouvre des portes, ébauche des gestes de libération, de résistance au poids mortifère des convenances. Il y a de la beauté, de l’intelligence dans ses désirs d’émancipation, dans sa capacité à exercer son esprit critique face à l’idéologie dominante de son milieu, mais c’est un personnage beaucoup moins fort que d’autres femmes du théâtre d’Ibsen, beaucoup moins fascinant qu’Hedda Gabler par exemple.

Et puis ces revenants qui étouffent la vie, l’authenticité, le goût du bonheur, donnent à la pièce une atmosphère oppressante, et le sort s’acharne un peu trop je trouve sur ce personnage.

Une lecture intéressante mais un peu désespérante.
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Une maison de poupée

Visitant une exposition, je suis tombée sur une citation qui m'a amené à me pencher sur Une maison de poupée. J'ai bien fait. Il semble incroyable qu'une pièce aussi lucide ait été écrite en 1879 ! Ce n'est guère surprenant qu'elle soit devenue un classique féministe en voyant l'auteur casser aussi directement les conventions sociales de l'époque. C'est une véritable claque que je me suis prise à la fin de ma lecture.



Si la pièce commence par les échanges superficiels et creux d'une maison bourgeoise, petit à petit le petit paradis se fêle, les convenances s'étiolent et les apparences se délitent. Nora, joyeux petit oiseau toute dévouée à son mari, réifiée jusqu'au malsain (ne me dites pas que vous n'en avez pas eu marre de tous les surnoms abrutissants qu'il donne à sa femme), commence à heurter la réalité de plein fouet lorsque ses secrets commencent à refaire surface.



Ce sera surtout le dernier acte, d'une force dramatique indéniable, qui fera toute l’œuvre. Avec une lucidité folle, Nora explore sa condition de femme-objet, de femme au foyer, d'épouse, de jolie petite chose que l'on considère comme une créature légère et inconséquente. Il est curieux comme cette vision rejoint celle qu'expose Mona Chollet dans son essai Beauté Fatale, où elle montre que les femmes sont associées aux petits objets, à la frivolité, quand seuls les hommes ont la capacité de s'occuper des affaires "sérieuses".



Une maison de poupée est une très belle pièce à lire. Je ne connaissais pas Henrik Ibsen avant et regrette qu'il n'ait pas plus d'échos de nos jours.
Lien : https://lageekosophe.com
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Une maison de poupée

Cette pièce a été une vraie claque en plein visage !



Les dialogues sont incroyables ! Ceux entre le mari et Nora sont très violents à mes yeux, car ils sont d'un naturel effrayant. Quand il la compare à différents volatiles, à une écervelée, c'est phrasé avec tellement de simplicité, et les réponses de Nora abonde totalement dans le sens de son mari, ce qui fait qu'on assiste à une scène quotidienne dans la vie d'un couple à cette époque-là. Je n'ai pas pu m'empêcher de me sentir mal à l'aise pendant toute la pièce. Beaucoup de passages m'ont glacée de par la froideur et la distance de certaines répliques.



On voit Nora qui se dévoile au fur et à mesure de ses conversations avec ses proches. On se rend compte qu'elle a déjà commis des actes d'émancipation et qu'elle cache un lourd secret. La tension monte tout au long du récit avant d'éclater à la fin.



De nombreux sujets sont abordés : la mort, l'émancipation de la femme, la possessivité, les stéréotypes sur la femme.



Une pièce à lire absolument !
Lien : https://labullederealita.wor..
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Les Revenants

Cette pièce de théâtre pose le problème du mensonge, de la morale, de la religion, du puritanisme et de l’hypocrisie des règles morales sociales.

Quelle que soit la cause du mensonge : la morale, les conventions sociales, la religion, le souci de protéger l’autre … le mensonge aboutit toujours à la catastrophe, car tôt ou tard, la vérité « revient » (comme les revenants) hanter les survivants … et alors on ne peut plus se voiler la face.
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Une maison de poupée

Je crois que je n'avais pas lu de théâtre depuis le collège, et ça fait du bien.



Évidemment le théâtre, c'est du dialogue, avec des personnages haut en couleur. Quand il y a du dialogue, on ne s'ennuie pas une seule seconde, c'est rythmé et impossible de reposer le livre, on veut savoir la suite. Avec cette pièce en III actes de Monsieur Ibsen c'est précisément le cas.



Le thème central abordé est bien évidemment la condition de la femme à cette époque (1879). Une époque peu reluisante ou la femme n'était résumé qu'à un simple faire valoir en société, juste bonne à élever des enfants et mettre tout en œuvre pour contenter son mari, au risque de se mettre en défaut pour préserver un bonheur préconçu dans une pensée unique ou l'homme et seulement lui peut, doit et décide, avec l'appui de la religion.



Heureusement, les temps évoluent et nous laissons derrière nous ce passé à la morale étriquée.



En lisant les œuvres de Zola, Balzac et consorts, on se rend compte que toute l'Europe était à l'heure du patriarcat. Et ici Henrik Ibsen, se porte en précurseur du féminisme, bien sur sa pièce est évidente, et n'a pas été écrite juste pour le buzz, car à l'époque, on écrivait ce que l'on pensait et on en était convaincu.



On apprend même dans les dossiers après l'œuvre que Monsieur Ibsen est allez "au combat" idéologique sur ce sujet et qu'il s'est attiré les foudres de ses compères, et même de certaines femmes, c'est dire a tel point le bourrage de crâne était à son paroxysme. La pièce a été jouée dans plusieurs pays, a été souvent un plébiscite ... Mais il est long de faire bouger les mentalités, du coup dans certains pays, la fin a été "édulcoré" pour la bien-pensante masculine. Même certaine actrice ont souhaité retouché la fin.



La pièce en elle même est rythmée, avec en point d'orgue l'arrivée de Krogstad (l'avocat), qui bien que se voulant menaçant pour rappeler une faute passé de Nora (notre personnage central), se verra au final être le vecteur de la l'émancipation de cette dernière, ou nous assisterons à un échange verbal avec Thorvald (son mari) criant de sincérité et qui en filigrane expose l'idée de Monsieur Ibsen sur la condition féminine.



Au final un réel plaisir, je pense que je relirais du théâtre plus souvent, avec en arrière-plan si possible des sujets sociétaux qui ont fait évoluer notre monde.
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Une maison de poupée

Nora et Thorvald sont un couple de la petite bourgeoisie, leur train de vie s’est amélioré grâce à une nomination importante pour Thorvald dans une banque, Nora n’a plus besoin de travailler. Ils vont faire partie de la moyenne bourgeoisie, voire plus. Seulement, juste avant, Thorvald est tombé malade et a dû partir se soigner en Italie. Mais d’où venait l’argent pour ce séjour ? Nora a commis un faux en écriture, et, comme elle aurait défendu son époux, elle espère que celui-ci va se sacrifier pour elle et la soutenir. Or, au XIXème siècle une femme doit être un faire-valoir pour son époux, le suivre dans ses choix, le défendre dans ses turpitudes, s'oublier, ne pas avoir « d'égo », n’être qu'une « alouette » faite pour danser la tarentelle et faire choisir ses robes de bal à son époux. Son époux lui reproche ce faux en écriture, ne prend pas la décision espérée par son épouse. Et quand le maître chanteur rend la reconnaissance de dette et que Thorvald pardonne à sa femme, la dispute éclate pour finir par le départ de Nora.

« (Thorvald) Helmer : Il n'y a personne qui offre son honneur pour l'être qu'il aime.

Nora : Des milliers de femmes l'on fait. »

« Toi et papa vous avez été bien coupables envers moi. C'est vous qui êtes responsables que je ne sois bonne à rien (…) j'ai été grande poupée chez toi, comme j'avais été petite poupée chez papa. »

Nora n’a pas ces réflexions au début de la pièce, ce sont les événements qui la font évoluer et prendre conscience de sa situation.

Ibsen a écrit une véritable bombe pour les convenances sociales de son époque. Il est un très grand artisan de la cause féministe avec cette brèche qu’il ouvre en 1879. Pour se représenter à quel point cette pièce remettait en cause la morale de l’époque et faisait scandale, il suffit de savoir qu’elle n’a pu être jouée en Allemagne qu’en modifiant la fin. C’est une pièce de théâtre à lire ou voir absolument.
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Une maison de poupée

Le salon coquet mais discret d'une maison de poupée, sur une scène de théâtre (avec des murs en carton et un mur en moins pour que le public puisse accéder à l'intérieur de la maison de poupée, au jeu), divers personnages en tissu à l'intérieur dont ma poupée préférée : Nora.



Elle est l'archétype même de la poupée, de la femme-enfant, charmante, séduisante, qu'on apprécie parce qu'elle est jolie, qu'elle rend bien dans le décor et parce qu'elle nous amuse, lorsqu'elle rit et chante. On lui attribue quelques diminutifs affectueux. On la diminue, on fait d'elle une femme en miniature, pour qu'elle reste à la place qui lui est assignée, dans la maison de poupée.



Il y a une scène de ménage dans la maison de poupée et l'on est pas ménagés. On règle ses comptes. Il faut de l'argent pour tenir un ménage et Nora est une femme qu'on entretient. Il y est question d'économie (le mari est d'ailleurs promu directeur de banque), d'emprunt, de banqueroute, d'échéance et de déchéance ...
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Une maison de poupée

Je n’avais jamais entendu parler de ce livre, mais la couverture a tout de suite titillé ma curiosité. Elle prend d’ailleurs tout son sens à mesure que l’on pénètre l’intérieur du foyer de Nora et de son mari Helmer, qui a le don de trouver les surnoms les plus infantilisants possibles pour sa femme. Il faut dire que l’on comprend très rapidement que leur mariage est basé sur la soumission souriante et enjouée d’une Nora qui incarne la femme-enfant par excellence. Ainsi, Helmer, attendri par son oiseau chantant, veille à ce qu’elle reste bien sagement dans sa cage dorée afin qu’elle égaie le foyer par son doux caractère, alternance de naïveté et de joie enfantine.



Une Nora qui cache pourtant un secret. Pour aider son mari, elle a contracté, avec une insouciance caractéristique des personnes élevées dans une bulle, une dette auprès d’un homme peu recommandable venu en réclamer le paiement. Un paiement qui n’est pas celui que Nora pensait ; un paiement qu’elle n’est pas en mesure d’assurer. Elle va pourtant faire de son mieux pour tenir le danger à distance, aidée par le retour d’une amie et puisant dans son imaginaire presque exalté pour détourner son mari de la vérité… Mais si finalement, seule la vérité pouvait la libérer ?



Car cette histoire, c’est bien celle d’un enfermement ! Un enfermement que la victime a accepté – puisque c’était là le destin d’une femme – passant de l’influence d’un père qui l’a façonnée à sa guise aux bras d’un mari qui l’a remodelée selon ses attentes. Mais, et c’est là que j’ai été très agréablement surprise vu l’époque de la publication, c’est également l’histoire d’une émancipation et d’ailes qu’une femme a fini par déployer. Il faut dire qu’alors que Nora était prête à tous les sacrifices pour le bien de sa maisonnée, elle va réaliser que son mari, qui se targue pourtant d’être noble d’esprit, est loin d’avoir son courage et sa pureté de coeur. Il y a une nette différence entre affirmer posséder des qualités et les démontrer face à l’adversité…



Plus on avance dans la pièce, pris en étau entre le secret de Nora, le désespoir d’un homme prêt à tout pour conserver sa place dans une société prompte à juger et à exclure, un mari infantilisant et paternaliste fier de sa position sans réaliser ce qu’il doit à sa femme, un admirateur… plus la pression monte, nous faisant ressentir une certaine angoisse. Un peu comme si on était dans l’expectative du pire en espérant, sans trop y croire, une douce résolution permettant à Nora de retrouver une certaine sérénité sans y laisser (trop) de plumes.



Je dois avouer que la fin m’a surprise, n’ayant absolument pas lu le résumé et n’ayant donc absolument pas anticipé le revirement de situation, et la prise de position audacieuse de l’auteur, qui nous offre ici une pièce féministe et en avance sur son temps. Une pièce qui évoque le rôle de la femme dans la société, un rôle imposé, un rôle de dévouement au mari et aux enfants, mais un rôle qu’il est possible de rejeter. Il est question ici de destin que l’on choisit après des années à se l’être vu imposé. Un point m’a chagrinée, ayant tendance à considérer que certaines responsabilités ne peuvent s’effacer parce qu’on le décide, mais j’ai aimé la prise de conscience de Nora, et encore plus qu’elle prenne les mesures qui s’imposent.



Alors que durant une bonne partie de la pièce, elle semble pétrie de naïveté, parfois un peu niaise par sa manière de considérer la situation, elle nous surprend et nous dévoile une force de caractère et une détermination insoupçonnées. Sa décision irrévocable que j’ai comprise, pas totalement approuvée, nous prouve qu’un oiseau peut décider d’arrêter de chanter pour les autres afin de trouver sa propre mélodie ! Le message est puissant et se pare d’une belle aura de modernité à une époque où une femme était encore définie par son sexe, son statut d’épouse et de mère.



Quant à la partie audio, de nouveau Audible propose une adaptation qui convainc et permet d’effacer la barrière de la narration pour vivre tous les événements de l’intérieur. Au gré des modulations de voix, j’ai eu l’impression de voir Nora virevolter au sein de sa maisonnée, et de découvrir sur un visage, que j’ai imaginé avenant, les traces de l’inquiétude au gré des imprévus et autres tracas. Mon seul petit regret est la manière dont est à chaque échange énoncé le nom du protagoniste. Bien inutile et surtout exaspérant, ces informations ayant leur place à l’écrit, pas vraiment à l’oral…



En conclusion, Une maison de poupée de Henrik Ibsen est l’une de mes plus belles découvertes de ce début d’année. D’une incroyable modernité, cette pièce de 1879 nous propose une histoire d’émancipation féminine à travers l’histoire d’une femme-enfant qui décide de (re)déployer ses ailes. Dans une atmosphère alternant entre légèreté et tension, l’auteur captive avant de surprendre par une fin audacieuse qui rappelle la force de la détermination et le droit de chacun à choisir son destin !
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Rosmersholm

Ecrite en 1886 et créée en 1887 à Bergen, la pièce est jouée assez rapidement en France, en 1893, mais elle ne figure pas parmi les œuvres de son auteurs les plus connues et les plus représentées.



Nous sommes à Rosmerholm, une belle propriété, qui donne son nom à la pièce. Son propriétaire, Johannes Rosmer, un ancien pasteur, a abandonné la carrière ecclésiastique après la mort tragique de sa femme, Beate. Il vit avec l'ancienne dame de compagnie de celle-ci, Rebekka West. Son grand ami et frère de Beate, Kroll, survient. Il demande à Rosmer de participer à un journal conservateur qu'il veut lancer, pour défendre des points de vue à l'opposé du progrès. Rosmer lui avoue qu'il ne partage plus ses convictions, qu'il a perdu la foi, et qu'il veut au contraire appuyer les progrès sociaux du pays. Kroll en est très fâché. Rosmer veut aller plus loin : affirmer ses nouvelles convictions, voire participer à les défendre. Kroll se montre menaçant, et tente de déstabiliser la relation de Rosmer et Rebekka, qu'il pense responsable de la situation. Nous apprenons peu à peu des choses sur la mort de Beate, qui s'est suicidée, la responsabilité de Rebekka dans ce suicide, apparaît progressivement. Mais Rebekka refuse l'offre de mariage de Rosmer, qui lui aurait pourtant permis de réaliser ce qu'elle semble s'être donné comme objectif : devenir la respectable et riche nouvelle Madame Rosmer. Kroll lui fait par ailleurs des révélations sur ses origines, qui l'affectent énormément. Rebekka tente de s'enfuir, mais au final, elle va se suicider avec Rosmer, dans le même torrent où est morte Beate.



Il est en réalité impossible de résumer cette pièce, tant elle est complexe et tant tout résumé ne peut être qu'une interprétation. Il y a un aspect social et politique : une opposition entre une sorte de conservatisme étroit et rétrograde et une possibilité de transformer la société. Kroll a un aspect très inquiétant, prêt à tout pour promouvoir sa vision du monde, y compris à démolir quelqu'un qui est censé être son ami, en mentant, exagérant, voulant anéantir quasiment l'opposition. Mais le camp adverse n'est pas plus glorieux : Peder Mortensgard qui le représente est une crapule opportuniste, prêt à déformer la vérité pour en retenir ce qui va lui servir. Il s'agit juste d'une lutte pour le pouvoir, dans laquelle tous les moyens sont bons.



Mais la pièce aborde aussi des aspects plus psychologiques, d'une façon très approfondie. Ils y a ce que disent les personnages, ce qu'ils veulent faire croire, ce qu'ils croient eux-mêmes, et la réalité, qui se dérobe et qui semble toujours insaisissable, aussi bien sur les faits que sur les motivations et les ressentis. Beate, présentée d'abord comme une femme malade, semble avoir été au final une femme manipulée : son incapacité à avoir des enfants, que Rebekka exacerbe, les mensonges éventuels de Rebekka (a-t-elle fait croire à Beate qu'elle attendait un enfant de son mari? ), ses rapports avec son mari pour le moins ambigus. Rosmer, qui se présente comme un homme idéaliste, souhaitant sublimer la passion dans une volonté de dépassement spirituel, apparaît au final comme un être faible, sans doute impuissant, et qui a probablement contribué à la mort de son épouse.

Mais le personnage le plus complexe et le plus ambigu est sans conteste Rebekka. Une sorte de sirène séductrice, capable de se battre par tous les moyens pour ce qu'elle veut, immorale, sensuelle, manipulatrice, mais en même temps très libre, intelligente, faisant éclater les cadres étouffants d'une morale étriquée et hypocrite. Elle rayonne comme un soleil noir sur toute la pièce. Mais elle a ses zones d'ombre et fragilités, et les révélations involontaires de Kroll vont l'anéantir lui dévoilant des choses sur elle-même qu'elle ne voulait pas connaître.



Et il y a aussi dans la pièce une dimension symbolique, entre les chevaux blancs qui annoncent la mort, et la propriété qui donne son titre à l'oeuvre, décorée de portraits d'ancêtres, un lieu mortifère, où le passé pèse et attire vers le néant ceux qui y vivent. La tragédie semble inévitable dans ce cadre, où les maléfices suintent des murs, et noient les vivants, quelle que soit leur vitalité.



Une très grande œuvre.
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Une maison de poupée

Voici une pièce de théâtre en avance sur son temps.

Donner à voir, aux spectateurs européens du XIXe siècle, une femme qui après avoir été traitée comme une sorte de potiche et surnommée avec une certaine condescendance "alouette" ou "petit écureuil", se retrouve à faire un faux dans le but d'obtenir de l'argent pour soigner son mari.

Mais dans cette maison de poupées, on en n'attendait pas tant de Nora et son mari Torvald lui en tiendra rigueur car elle compromet sa réputation en lui sauvant la vie.

Bref, une pièce qui assène une gifle mémorable au patriarcat puisque le dramaturge choisit de permettre à Nora de prendre des décisions importantes pour sa propre vie.

À lire absolument et à voir si vous en avez l'occasion.
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Une maison de poupée

Je continue mon retour lentement mais sûrement vers la lecture d’œuvres théâtrales avec un auteur que je ne connaissais absolument pas mais sur lequel je suis tombée l'année dernière grâce aux suggestions du challenge théâtre, où les différentes nationalités avaient de l'importance. Grand bien m'en a pris, et pour l'instant je fais un sans fautes dans ma sélection de pièces. Pourvu que ça dure.



Écrite en 1879, on y suit l'évolution d'un couple assez typique de l'époque (bonjour misogynie et femmes soumises), rattrapés par certains secrets dont la résolution sera décisive.

Pendant un bon moment je me suis demandée où l'auteur voulait nous emmener, jusqu'à ce que je sois comme beaucoup bluffée par la tirade finale de l'héroïne, dont la modernité et le surprenant culot pour l'époque met je pense tout le monde d'accord.



Le problème des oeuvres du XIXème pour moi c'est l'exagération a partir de quelques mots, les sentiments qui changent à vitesse grand v, ça donne une impression de décousu et de quelque chose qui ne se tient pas. Mais en même temps c'est une pièce, et si on la voit jouée on a peut-être plus de subtilité dans ces phases, entre le jeu, les temps morts,les expressions faciales et corporelles, le ton de la voix.

Entre les surnoms ridicules et infantilisants (avilissants?) donnés à sa femme par Torvald, et Nora si joyeuse d'être ainsi admirée/nommée, je ne savais pas qui m'agaçait le plus.

J'ai trouvé le mari détestable malgré "l'amour" qu'il porte à sa femme. Il réagit comme si c'était lui qui avait tout fait pour elle, comme si c'était lui qui l'a protégeait et la sauvait. Il la traitait déjà comme un trophée dont il était fier, une chose, que les révélations finales confirment, mais qui ne semblait pas déranger Nora avant, soumise aux diktats de la société.

Une telle superficialité, miroir de l'époque et de l'évolution des femmes, exaspérante, est justifié par la fin si juste et moderne.



C'est une oeuvre qui vaut sa lecture pour la fin, qui a fait remonter mon opinion en flèche autant qu'elle a changé et amélioré ma perception de l'ensemble et de ce que l'auteur voulait nous montrer.

Torvald est un peu de tous ces hommes qui se croient indispensables dans la vie superficielle et dépensière des femmes qui ne savent rien faire si elles n'ont pas été bien éduquées par des mâles bien attentionnés (*sigh*).



Du coup, paf, un autre Ibsen direct dans pal. Un grand merci pour cette pioche à Fuyating.







Club de lecture pioche dans ma pal

Challenge multi-défis 2019

Challenge XIXème 2019

Challenge théâtre 2018-2019
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Une maison de poupée

"Une littérature qui ne lance pas de débat, c'est une littérature qui est sur le point de perdre toute importance", Henrick Ibsen. Voilà matière à débuter ce billet... car vous l'aurez compris, aujourd'hui se place sous le signe d'un engagement : le combat féministe. Je vous vois déjà lever les yeux au ciel, marre de l'actualité et ces débats qui n'en finissent plus autour de la chose. Peut-être, mais Rome ne s'est pas faite en un jour et pour mettre en lumière ce sujet et mieux le comprendre, je vous propose de vous pencher sur une pièce de théâtre de 1879 pour le coup totalement contemporaine et subversive ! Intelligente et novatrice, elle dénonce non seulement la mascarade que peut être la vie conjugale, mais aussi le poids social des convenances. Mais alors de quoi ça parle ? 



Norvège, 1870. Nora Helmer, honorable épouse et mère de deux enfants est heureuse. Avocat, son mari Torvald Helmer vient d'être promu directeur de banque. Au revoir les soucis financiers, bonjour à cette nouvelle vie pleine de promesses. Quelques jours avant noël, elle reçoit la visite surprise de Madame Linde, son amie d'enfance désormais veuve, fraîchement débarquée en ville. La discussion entre les deux femmes révèle la personnalité assez frivole de Nora sous les yeux et les oreilles d'une Madame Linde au caractère moral. Mais rapidement, la conversation tourne autour d'un voyage en Italie, effectué il y a huit ans au début de leur mariage. Comment ont-ils pu se permettre un tel voyage de plusieurs mois ? Pourquoi Nora dit-elle avoir "sauvé" son mari par ce voyage ? Qui leur a prêté cette somme d'argent ? Nora avoue alors à madame Linde la source officieuse du prêt, sans toutefois lui faire promettre de tenir le secret auprès de son mari... 



Nora, femme volontaire, offre une joie de vivre permanente à son époux. Surnommée linotte, comme l'oiseau, ou petit écureuil, elle affiche une frivolité décomplexée comme cadeau domestique face à un mari gentil et bon, qui dirige tout de même la maisonnée. Parce qu'il ne faut pas déconner, l'homme de la maison est là pour ramener calme et discipline. Néanmoins, Torvald adore cette femme pleine de vie dont il entretient les enfantillages avec délectation. Oui, mais voilà, et si la légèreté de Nora cachait un secret ? En lui dissimulant l'origine du prêt contracté, Nora ne se ment-elle pas sur le bonheur familial ? 



Au cours de cette lecture, j'ai encore plus pris conscience des nombreuses interdictions et restrictions concernant les femmes. Imaginez que vous ne possédez pas la clé de la boîte aux lettres, seul réservé aux époux. Imaginez que vous ne pouvez disposer de l'argent du ménage, tâche géré par les hommes. Bref, je ne vous apprends rien... Mais ce qui peut être plus étonnant encore, c'est la restriction mentale que Nora se fait d'elle-même et sur son rôle, pariant sur sa jeunesse et sur sa beauté.



Avec un drame comme intrigue, Ibsen met en scène une galerie de personnages tirés de la petite bourgeoisie pour les confondre à la réalité du monde domestique. Loin du cliché du bourgeois drôle et dépassé, le dramaturge tisse une tension graduelle jusqu'au dénouement final évocateur et sans ambiguïté. L'auteur déforme alors le prisme familial de l'époque pour en faire un mensonge et ainsi détruire l'image du foyer chaleureux pour en faire un objet de fragilité.



Pour thème, l'émancipation féminine, Ibsen marque un tournant dans le théâtre tout en reprenant ses codes. En suscitant la controverse, l'auteur ne s'imaginait pas donner un coup de pied dans la fourmilière et participer ainsi, à l'évolution des mentalités sclérosée par une certaine "moralité". Mais la principale question qui me vient à l'esprit à la lecture de cette pièce est : la passion apparente de Nora peut-il être le fantasme de la réciprocité des sentiments d'une femme envers son mari ? Pour la comprendre et y répondre, je vous laisse courir à votre médiathèque ou librairie (indépendante, toujours) la plus proche !



En rééditant et complétant cette pièce actuelle par une postface du traducteur Eloi Recoing, la collection Babel offre un cadeau inestimable au lecteur, mais aussi au théâtre qui souffre parfois d'un défaut d'image poussiéreuse. Qui a dit que le théâtre n'était que perruque et rigolade ? 



Je vous propose cette fois-ci un thé vert nommé Melondo, d'Origines Tea & Coffee et un bonbon miel (voir deux...). Bonne lecture !


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Peer Gynt

Cette pièce d’Ibsen s’apparente davantage à un conte et à une farce qu’à un drame traditionnel et Peer Gynt à un anti-héros à la fois rêveur et cupide, repoussant et sympathique, peut-être parce qu’il nous ressemble avec sa quête effrénée et parfois délirante . Ibsen a semble-t-il beaucoup emprunté au folklore populaire en créant son personnage, lequel vit balloté au milieu de forces qui le dépassent et qui restent le plus souvent étranges. Peer Gynt, simple paysan hâbleur et misérable, part à la conquête du monde, se retrouve magnat, prophète. Ruiné, il revient vers la terre qui l’a vu naitre et une femme qui lui était restée fidèle.
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Une maison de poupée

Nora Helmer reçoit à la veille de Noël deux visites décisives pour sa vie : d'abord, celle de son amie Christine Linde, de plusieurs années son aînée, et dont l'existence est bien différente de la sienne... Puis, celle de Krogstad, un homme dont la mauvaise réputation le précède. Nora, épouse fidèle et dévouée à sa famille, "petite hirondelle" de son mari Torvald, a des choses à cacher, qui pourraient anéantir son mariage si elles étaient sues, en rapport avec l'argent - car ce "petit étourneau" est dépensier...

Nora a une dette envers Krogstad, et la pression de ce dernier, ajouté au regard - miroir de Madame Linde sur elle, révèle son courage et sa détermination. Elle attend avec horreur un "prodige" quand son mari découvrira tout... Mais elle l'attend impatiemment !



Cette pièce est à mon sens une oeuvre de génie! C'est un peu les trois derniers actes avant le début du "voyage initiatique" de Nora. Sous ses apparences de poupée de porcelaine bouillonne un être humain qui lutte pour faire ses preuves et trouver de la reconnaissance, pas en tant que Barbie, mais bien en tant qu'être pensant. Sous la bannière du secret et de la honte, elle cache son courage et son dévouement à son mari, mais c'est précisément cette peur du regard des autres qui dérange, c'est là le noeud du problème : comme le dit Nora elle-même face à Krogstad puis à son mari, le fait que son acte de bravoure pour sauver son mari soit reconnu comme un crime aux yeux de la loi est une aberration.



Parlons justement de son mari, Torvald Helmer : un homme droit dans ses baskets, honnête, aimant, rigoureux, précautionneux...et lâche. Sous ses airs de mâle dominant on devine cette tâche de lâcheté en lui, et son vrai visage nous est superbement révélé lors du dernier acte! Quelle bravoure et quel dévouement à sa femme, quelle reconnaissance pour ce qu'elle a fait pour lui! Il est assez immonde, je trouve. Et je ne parle pas de sa réaction proche de la totale indifférence à l'annonce de la mort prochaine de son meilleur ami! Il en était presque réjoui, le bougre! Il n'est au fond que le pantin d'une mécanique sociale abjecte et dangereuse : c'est un bon gros macho! Il parle beaucoup d'honneur, mais il n'en possède pas le moindre rayon. Et Nora le réalise bien, ce qui a le mérite de l'éclairer (sans vouloir faire de mauvais jeu de mot).



J'ai trouvé au contraire le personnage de Christine Linde intéressant, même touchant. Elle semble là à la fois pour faire contraster son image avec celle de Nora, et pour dénouer le noeud du mensonge dans le couple des Helmer. Elle mène une existence complètement différente de celle de Nora : elle a travaillé toute sa vie, et son expérience de la vie lui a inculqué des valeurs plus proches de l'être humain que celle d'une maison de poupée - milieu dans lequel vit son amie. Moi je l'imagine dans une robe sobre et simple, un chignon banal derrière la tête, tandis que Nora est coquette et peinturelurée de maquillage... Mais c'est dans ma tête.



Krogstad au fond est aussi à blâmer : même s'il a l'excuse d'une vie difficile et de trois fils à nourrir, le chantage est un procédé vicieux, qui s'empare des faiblesses des autres pour arriver à ses fins. Il n'est pas plus juste ni honnête envers Nora que ne l'est Torvald. Et au fond, il est sauvé par une femme... Mais je le trouve tout de même plus sympathique que sir Helmer.



Maintenant, la question à 10 000 francs : peut-on parler de féminisme? Sans doute pas au sens où on l'entend de nos jours, mais l'auteur, sans peut-être défendre la cause des femmes, accable assurément les hommes tels que Helmer eu Krogstad. C'est cela qu'il met en avant, plus que Nora elle-même. N'ayant pas plus de connaissances sur l'auteur et son temps, je ne pousse pas l'analyse plus loin ; cette pièce vaut assurément le détour, j'ai pris beaucoup de plaisir à la lire, elle est passionnante. Bonne future lecture à ceux que ça intéresserait!
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