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Citations de Henry Bordeaux (221)


La Zize Million ou la Louise était une folle à qui l’on versait régulièrement chaque semaine un modeste subside de cinquante centimes qu’elle appelait sa rente. Sa folie ne diminuait pas ses exigences : une nouvelle servante, mal informée, lui ayant fait grief en ne lui octroyant que deux sous, reçut dans la figure cette monnaie insuffisante. La tête lui avait tourné en attendant un gros lot. Elle ne parlait que de millions et le nom lui en était resté.

III. Les ennemis
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Je comprenais à mille nuances que sur le terrain religieux il n'y avait pas, chez moi, une entente absolue et que d'ordinaire on évitait ce sujet de discussion.

II. La dynastie
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Car, dans les bonnes maisons on n'omet pas le signe de la croix sur la farine blanche qui va se changer en pain. À table, mon père, avant d'entamer la miche, ne manquait point de tracer une croix avec deux entailles du couteau. Quand c'était grand-père qui remplissait l'office de panetier, j'avais bien remarqué qu'il n'en faisait rien.
Ce fut l'un de mes premiers étonnements. Dès le début de la vie, je compris l'importance des dissentiments religieux.

II. La dynastie
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Car, dans les bonnes maisons on n'omet pas le signe de la croix sur la farine blanche qui va se changer en pain. À table, mon père, avant d'entamer la miche, ne manquait point de tracer une croix avec deux entailles du couteau.

II. La dynastie
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Je l'entends avant de la voir, mais quand elle surgit au détour du chemin qui vient à moi du passé, elle porte dans ses bras toutes les fleurs du printemps.

II. La dynastie
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Tante Dine possédait une autre faculté merveilleuse : celle de créer des mots. Je vous ai cité Carabosser, mais elle en inventait par centaines, et si bien adaptés aux objets qu'on les comprenait aussitôt.

II. La dynastie
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Pour notre éducation et notre instruction, pour la direction morale, tante Dine se mettait, malgré la différence d’âge, à la dévotion de ma mère, pour qui elle professait un attachement, une admiration sans bornes. Jusque dans la vieillesse, elle n’accepta que des fonctions subalternes. Quand elle avait déclaré : « Valentine veut ceci, Valentine a dit cela » (Valentine, c’était ma mère), il n’y avait pas à discuter. Elle obéissait à la lettre sans même chercher à pénétrer l’esprit. Aucune de ses pensées ne lui restait pour elle-même elle les distribuait aux autres sans exception. À la gronderie elle n’entendait rien et baissait la tête quand nous recevions une réprimande, en manière de protestation contre la dureté du pouvoir. Non seulement elle ne nous dénonçait pas, mais elle trouvait à nos pires fautes des excuses inattendues, et si merveilleuses qu’elles désarmaient quelquefois, rien que par l’étonnement qu’elles provoquaient.

II. La dynastie
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Cette puissance, je le sais maintenant, c’était Dieu qui habitait en elle, soit qu’elle fût allée Le chercher à la première messe avant que personne fût réveillé, soit qu’elle Lui offrît ses travaux quotidiens dans la maison…

II. La dynastie
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Avez-vous remarqué, aux beaux jours d’été, la buée bleue qui flotte sur les pentes ? Elle permet de mieux fixer les claires beautés de la terre. Si je pouvais poser ce voile transparent sur le visage maternel, il me semble que j’oserais mieux dire sa suavité et la limpidité des yeux qui ne pouvaient croire au mal. Quelle force inconnue recélait donc cette douceur ? Mon grand-père, qui se gardait de toute influence rien que par son petit rire si vexant, et qui même devant son fils ne perdait pas ce moyen de défense, l’abandonnait habituellement devant ma mère. Et mon père, dont l’autorité semblait inébranlable et infaillible, se tournait vers elle comme s’il lui reconnaissait une puissance mystérieuse.

II. La dynastie
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Je devrais maintenant parler de la reine. N’est-ce pas son tour ?… En vérité je ne le puis et il ne faut pas me le demander. L’ombre que je cherche en rentrant, derrière la fenêtre, et dont notre absence suffisait provoquer l’inquiétude… oui, je consens encore à l’évoquer ainsi. C’est bien elle, mais lointaine et cachée. Si je veux m’approcher, je ne trouve plus mes mots.

II. La dynastie
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Il nous enseigna tout petits le respect de ce qu’il appelait déjà notre vocation. Nous en comprîmes dès lors l’importance. Ma sœur Mélanie qui était l’aînée de tous, mes frères Bernard et Etienne avaient de très bonne heure annoncé leur choix qui était l’armée pour Bernard, et les missions pour les deux autres. Il ne songeait pas à les contrarier, bien qu’il dût renoncer peut-être à d’autres vues qu’il avait sur eux. La rieuse Louise se marierait ; ce n’était pas pressé. Quant à Nicole et à Jacques, ils étaient tout de même trop minuscules pour qu’on s’occupât de leur avenir.

II. La dynastie
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Ne croyez pas qu’il fût sévère avec nous. Il ne tirait sur la bride que si nous prenions une fausse direction. Seulement, je n’ai jamais rencontré chez personne une telle aptitude à commander. Malgré sa profession absorbante, il trouvait le loisir de s’occuper de nos études et de nos jeux, et même il les élargissait par les récits d’épopée qu’il nous faisait avec un art accompli. Ma mémoire les a dès lors retenus pour toujours. On voyait bien qu’il honorait les portraits de famille. Il nous transmettait oralement le passé des ancêtres, (...).
Je sais maintenant qu’il cherchait sur nous les signes de notre avenir. Son amour de la durée ne se contentait pas de l'ancienneté de sa race, il voulait suivre celle-ci jusque dans l’obscur travail du temps et consolider son destin. Notre bonheur même lui était moins cher que la soumission de notre volonté à la tâche commune. Ce que contient le regard paternel, l’enfant sait bien que c’est son image, et cette certitude lui suffit.

II. La dynastie
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J’ai parlé du pas de mon père. Il y avait aussi sa voix. Elle sonnait, secouait, ragaillardissait. Il ne l’élevait jamais et il savait que c’était inutile. Elle ouvrait les portes, pénétrait jusqu’aux chambres les plus retirées, et en même temps versait aux cœurs une force nouvelle comme en donne un bon verre de vin rouge, à ce que prétendent les gens qui s’y connaissent.

II. La dynastie
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Il y avait aussi une boîte à musique que mon père m'avait apportée de Milan où il avait été appelé en consultation. Quand la vis se déclenchait, il en sortait de frêles notes fêlées, voilées, un peu tremblantes, et une petite danseuse tournait sur le couvercle. Elle posait gravement et en cadence ses pieds pointus, comme si elle accomplissait un rite sacré. Cela composait un spectacle doux et triste. Combien je fus désenchanté, plus tard, quand je constatai la frivolité des danseuses au bal où je cherchais cette tendre douceur et cette chère tristesse !

II. La dynastie
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(...) c'était le souvenir l'empire mystérieux des sons et des rêves, dans la forêt dont les allées se perdent.

II. La dynastie
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Bien que de taille moyenne, il donnait au premier abord une impression de grandeur, à cause de sa belle tête dont il ne tirait point vanité et qu’il portait avec nonchalance. Son nez fin se busquait légèrement. Ses cheveux blancs, qu’il n’eût jamais fait tailler sans les brusques interventions de tante Dine, bouclaient un peu, et sans cesse il plongeait les mains dans sa longue barbe annelée, pareille à celle de l’empereur Charlemagne sur les images, par crainte des grains de tabac qu’elle pouvait recéler, car il fumait et prisait. De plus près, cette impression de prophète s’atténuait, se volatilisait. Il regardait trop souvent à terre, ou levait sur vous des yeux vagues qui ne consentaient pas à vous voir. On sentait qu’on n’existait pas pour lui, et rien n’est plus vexant. Il ne se souciait de rien, ni de personne ; ses vêtements lui tenaient au corps par la grâce de Dieu et de tante Dine. Que leur coupe fût bonne ou mauvaise, il n’en a jamais rien su. Volontiers, il eût attendu, pour en changer, qu'ils le quittassent les premiers. Leur usure le mettait à l'aise. Il a toujours ignoré, je pense, l'usage des bretelles, et celui des cravates lui paraissait une concession misérable à la mode. Il détestait tout ce qui le gênait et se serait accommodé pour la journée entière d'une robe de chambre verte et d'un bonnet grec en velours noir dont il se trouvait bien et qu'il lui arriva d'apporter au déjeuner de midi. Quand nous le voyons apparaître dans cet accoutrement, mes frères et moi, nous étouffions nos rires qu'un regard de mon père suspendait, mais ce regard même contenait un blâme pour la fameuse robe de chambre.

II. La dynastie
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Et juste sous les fenêtres de la chambre de ma mère coulait une fontaine : le jour, on ne l’entendait pas, à cause de l’habitude, mais la nuit, quand tout se tait, sa plainte monotone remplissait le silence et me prédisposait, sans que je susse pourquoi, à la tristesse.

I. Le Royaume
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Il me reste à parler du jardin. Mais si j’en parle honnêtement, vous croirez, comme la dame de Paris, qu’il s’agit de l’un de ces vastes domaines qui entourent les châteaux historiques. Je n’arrive plus à comprendre, quand je m’y promène, comment il a pu me paraître si grand, et dès que je n’y suis plus, il reprend dans mon souvenir sa véritable importance. C’est peut-être qu’il était alors si mal entretenu qu’on avait l’impression de s’y perdre.

I. Le Royaume
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Ainsi ma mère, doucement, sans qu’on le sût, veillait sur la maison ; il ne s’y passait rien qu’elle n’en fût aussitôt avertie.

I. Le Royaume
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Le salon, dont les volets, d’habitude, étaient fermés et qu’on n’ouvrait que pour les jours de réception ou de cérémonie, nous était formellement interdit, et de même le cabinet de mon père, encombré de livres, d’appareils et de fioles, où l’on ne s’aventurait qu’au cours d’explorations rapides, où je voyais entrer toutes sortes de tristes figures qui, pour la plupart, se détendaient à la sortie.

I. Le Royaume
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