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Citations de Henry Bordeaux (221)


Devant moi les montagnes se réveillaient, s'étiraient, se prélassaient dans une vapeur blonde qui se désagrégeait à mesure que la lumière du jour prenait plus d'éclat. Et cette lumière buvait les gouttes de rosée, infinie multitude de vers luisants posés sur les prés et sur les feuilles des buissons.
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- Qu'as-tu, ma chérie ?
- Je n'ai rien.
Je n'ai rien : aucun aveu, plus que ces quatre mots dans leur insignifiance, n'a jamais tourmenté les mères, les amants, ceux qui se penchent sur les profondeurs.
Ils abritent toutes les angoisses, toutes les agonies intimes, ce qu'il faut taire, ce qu'on ne sait pas encore, ce qu'on n'ose pas deviner, ce qui traîtreusement s'introduit dans le bonheur comme le vers dans un fruit ...
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Dans la démocratie triomphante la jeunesse proclamait l'inégalité.
On refusait de se solidariser, de s'associer ; on préférait l'ambition solitaire.
Les petits surhommes allaient pulluler ...
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Nous rentrons dans la cellule. Quel refuge pour une âme lasse! Une triple enceinte lui garantit la paix qu'elle vient chercher, - pacem invenies, - le cirque des montagnes, la clôture du monastère, celle de la petite demeure séparée. Le chartreux a son travail manuel, ses livres, son oratoire, l'usage de ses mains, de son esprit, de son amour. Il a un coin de nature, il a la solitude où se posséder soi-même, il a Dieu.
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Il y a le passé, il y a les souvenirs.
On a beau dire qu'on les emporte : comme les meubles de prix, ils souffrent des déménagements, et bien souvent ce sont eux qui nous retiennent aux mêmes lieux, contre la raison ...
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Le capitaine de Bournazel, recueillant le dernier soupir du lieutenant Bureau, avait dit : « Une balle au front. Ne pas souffrir. Ce qu'il y a de mieux.... » Humainement, c'est là une belle mort pour un soldat. Mais au fond de l’homme gît la marque divine. Se redresser mourant pour dépasser son devoir, regarder la mort en face, pour l'accepter, pour accepter ce qui est pire qu'elle, la souffrance qui la précède et l'annonce, se servir de toutes deux et les asservir pour achever l'œuvre de sa vie en rachetant ses erreurs ou ses fautes, confesser ses fautes, à défaut d'un prêtre, à un camarade, comme le font dans les Chansons de geste les preux d'autrefois, connaître l’horreur et l'humiliation, quand on a été le prince de l’élégance sous l’uniforme, des souillures inévitables de la guerre au moment suprême, transformer le sang qui coule en libation offerte au Seigneur, achever l’action en prière, et de la fin naturelle composer le surnaturel holocauste, n'est-ce pas mieux encore, mon capitaine ?...
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Il y a seize ans, un cortège s'arrêtait devant cette porte, après avoir traversé comme moi la montagne, mais avec la civière où d'habitude on étend les morts. Un prêtre et une femme accompagnaient le convoi. Et le mourant qui avait pu supporter l'affreux voyage, ou, mieux, qui l'avait ordonné, se souleva pour saluer son dernier refuge.
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Ainsi fûmes-nous réconciliés parce que la vérité a d'invincibles exigences que l'on ne soupçonne pas tout d'abord et qui nous gouvernent presque malgré nous…
(L'alibi, page 61)
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La peur de vivre c'est de ne mériter ni blâme ni louange. C'est le souci constant, unique, de sa tranquillité. C'est la fuite des responsabilités, des luttes, des risques, de l'effort. C'est d'éviter avec soin le danger, la fatigue, l'exaltation, la passion, l'enthousiasme, le sacrifice, toutes actions violentes et qui troublent et dérangent. C'est de refuser à la vie qui les réclame sa peine et son cœur, sa sueur et son sang. Enfin, c'est de prétendre vivre en limitant la vie, en rognant le destin.

-Préface-
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Pour moi, elles ne sont que de beaux décors. Je les ai visitées, toutes les trois, l'Isola Belle, l'Isola Madre et l'île des Pêcheurs, après avoir passé la Maloja et avant de rentrer en France par le Simplon. Cependant elles exercent sur moi une sorte de fascination parce qu'elles appartiennent en quelque manière à un ami que j'ai perdu, à René Boylesve. Il en avait respiré et capté le parfum dans le beau livre qui porte son nom. Il me semble que sur ces bords doucement menacés par l'automne je rencontrerai son fantôme et reprendrai avec lui l'une ou l'autre de ces conversations sur l'amour, sur les femmes, sur les multiples formes de sentir qu'il aimait tant et qui furent interrompues par la mort.
(Le parfum des îles Borromées).
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Terre dure, terre cruelle, arrosée du sang des hommes pour la défendre jusqu'aux frontières, et qui s'est acharnée sur les gardiennes fidèles jusqu'à l'épuisement ! Ne mérite-t-elle pas sa colère ? N'encourage-t-elle pas la désertion ? Les villes ont plus de douceur . Elles permettent l'oubli. Elles savent distraire. Elles savent amoindrir la peine, diminuer les sentiments, déviriliser les caractères. On doit être bien dans les villes.
(Page 78)
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Au delà de la maison il y avait la ville, en contre−bas comme il convient, et plus loin un grand lac et des montagnes, et plus loin encore, sans doute, le reste du monde. Ce n'étaient que des annexes.
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Tandis que tel savant, tel écrivain, tel artiste de réputation bien authentique sont oubliés dans la distribution des récompenses, un triste bonhomme politique, dépourvu de toute valeur réelle, mais qui, par ses promesses, ses courbettes et ses services, a trouvé moyen de rester en place un certain nombre d'années, d'occuper une mairie ou un siège au Parlement, est pris à grand fracas pour parrain. Tout ce fracas, d'ailleurs, est peine perdue. On ne ressuscite pas des morts aussi complètement rongés, pourris et mangés des vers. Il n'en reste rien, et personne, au bout de peu d'années, ne peut plus citer d'eux un trait, une phrase, un fait de grandeur ou de bienfaisance susceptible de maintenir leur mémoire. Ils n'évoquent plus qu'une odeur de cuisine électorale, quand ils ne sentent pas le néant.
Leurs partisans mêmes se souviennent de leurs petites habiletés qu'ils tâchent d'imiter à leur tour, mais ils sont incapables de leur découvrir le moindre de ces signes qui assurent la durée.
Chose pire : il arrive même que, dans la ferveur d'une fausse dévotion, ces partisans, complètement stupides et dépourvus d'un jugement qui remette au point les choses, aient élevé un monument ou commandé un buste en l'honneur du défunt.
Ainsi voit-on quelquefois, sur l'une ou l'autre place publique de petite ville, ou reléguée heureusement dans un coin obscur, lorsque la municipalité veut faire preuve de quelque sagesse, l'affreuse effigie, exécutée au rabais, du vieux député, du vieux sénateur, du vieux maire qu'on a tenté, par ce moyen, de sauver de l'oubli.
L'oubli est venu tout de même, sous cette formule lapidaire du touriste inquiet de son ignorance : Qui est-ce ?
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Un homme peut-il être si complexe et divers qu'il diffère avec chacun, qu'il change selon les milieux, selon les événements, selon les amours, selon l'amour?
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Il ne sert de rien de nier un fait ou de s'irriter contre lui. Le mot attribué à l'un de nos plus fameux orateurs politiques sur le "César de carnaval" revêt aujourd'hui un caractère comique qui n'est pas précisément celui que cherchait son auteur.
Quel est donc le personnage qui avait été mis en présence de Napoléon et qui, interrogé sur son audience, répondit : " Napoléon ? Eh bien, un petit gros."
Certes, Mussolini n'est pas Bonaparte. Mais les résultats sont là. Voir n'est pas donné à tous ceux qui ont des yeux, ni entendre à tous ceux qui ont des oreilles. Et pourtant, un voyage en Italie, même de quelques semaines, ne permet plus au visiteur d'ignorer l'importance de l'oeuvre accomplie par le gouvernement de Mussolini. Car cette Italie nouvelle apparaît, je l'ai dit, toute tendue vers l'ordre et vers le travail.
(L'Italie nouvelle au travail - 31 décembre 1927).
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Racine ne dut-il pas à ses conversations avec M. de Nantouillet, notre ambassadeur à Constantinople, une part de l'attrait oriental si sensible dans Bajazet ?
(A Turin - Décembre 1927).
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Or on n'aime pas la montagne sans y être monté. Aimer d'en bas la montagne, c'est comme si l'on croyait avoir aimé une femme "simplement pour avoir chanté sous ses fenêtres une sérénade".
( Au club alpin de Milan).
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Dans son petit hôtel de la rue Michel-Ange, à Auteuil, construit et meublé par lui-même, Falaise avait convié ses meilleurs amis – ou, plutôt, ses amis les plus renommés, car il lui faut volontiers un peu de publicité pour stimuler ses sentiments, – afin de célébrer le succès de son fils Georges, son fils unique, reçu à l’École des Beaux-Arts, C’était avant la guerre, – au mois de juin 1914, si j’ai bon souvenir. Il avait réuni des professeurs de l’École, de grands entrepreneurs, enfin le critique d’art, Mervalle, et Bernin, le fameux historien de la Renaissance, tous accompagnés de leurs femmes, sauf Bernin qui est célibataire et qui passait alors pour faire un doigt de cour – comme on disait autrefois – à la blonde et subtile Mme Mervalle, d’origine anglaise et tout inspirée, dans ses toilettes et son genre d’esprit, des peintres préraphaélites, charmants modèles désuets. Elle se situait elle-même dans une mode et un temps révolus, ce qui ne devait pas déplaire à un évocateur du passé. La cour d’un Bernin ne saurait être secrète : il s’ébroue, s’étale, se secoue comme un pachyderme sortant d’un fleuve et mène grand vacarme avec ses anecdotes et théories d’histoire sur l’époque de Machiavel et de Laurent de Médicis : mais il conte bien, il a du trait, du mouvement, de la couleur, et il sait intéresser même une femme délicate et fine.
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Chaque génération a ses secrets qui disparaissent avec elle.
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L'Allemagne doit renoncer à une hégémonie militaire qu'elle a perdue et dont elle a le tort de ne pas vouloir se consoler ; les générations nouvelles qu'elle élève ne doivent pas être éduquées dans un sens de lutte et de revanche. Pas plus que nos générations à nous ne doivent être élevées par des instituteurs communistes. L'air de Locarno est donc salubre à respirer.
(L'Esprit de Locarno - Octobre 1928).
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