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Citations de Henry Bordeaux (221)


Ayant la compréhension des sentiments que donne la sensibilité, il a saisi tout l'inconnu des âmes humaines, il sait l'impuissance de la phrase à rendre même par la suggestion la profondeur de certaines pensées, il sait que nos cœurs souffrent de chagrins irrévélés, et que parfois nous effleurent ces pensées vagues, frissons peut-être de l'infini qui tressaille en nous ; il se sent le frère de « tous ceux dont les cœurs ont été gonflés d'hymnes inexprimés, plus beaux mille fois que ceux des plus grands poètes »...

Edouard Rod
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Son étude des êtres est trop sérieuse pour que ses pages d'esthétique ne concordent pas avec sa manière de voir et d'exprimer les sentiments humains. (...) Dans son étude sur les Préraphaélites anglais^ il s'extasie sur cette peinture d'intuition qui nous ouvre la sphère infinie des images de l'âme, sur cette peinture qui est en somme de la littérature et qui, sous des visages humains, nous fait pressentir les mystères de la pensée.

Edouard Rod
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Il a cherché ces idées morales dans la vie et dans les livres, dans son âme et dans l'âme de ceux qui furent des maîtres de la pensée. Ainsi l'éthique est devenue sa constante préoccupation, sans doute un peu par suite d'un goût prononcé pour les études philosophiques, mais surtout par un effet de sa faculté de sentir, qui, par l'analyse, lui fit comprendre la souffrance humaine et rechercher le sens de la vie.

Edouard Rod
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La réflexion qui lui a permis de connaître son âme l'élève donc jusqu'à la connaissance de l'âme humaine. Joseph de Maistre disait : « Il faut savoir sortir de soi-même et s'élever assez haut pour voir le monde, au lieu de ne voir qu'un point. » L'observation intérieure permet de s'élever jusqu'à cette vision du monde, puisque cet univers est reflété par notre âme, et l'analyste est merveilleusement outillé pour étudier les problèmes de la vie et en chercher l'explication. Cette étude est devenue pour M.Edouard Rod une obsession ; la sincérité de son cœur s'est acharnée à la poursuite des idées morales qui doivent régir l'existence.

Edouard Rod
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Et c'est encore l'analyse intérieure qui amène à comprendre la souffrance et à s'attendrir sur elle : lorsque nous voyons clair en nous-mêmes, nous saisissons la misère de nos efforts et la faiblesse de notre nature et, transportant nos réflexions hors de nous-mêmes, nous devinons les tristesses secrètes que dissimulent les apparences et toute la part d'inconnu qui est dans les actions des hommes.
De là vient chez M. Edouard Rod cette grande compassion pour les chutes des âmes et pour les maux que causent ceux qui n'aiment pas assez comme Noral et ceux qui aiment trop comme Teissier. Il excuse les fautes des humains, déclarant que le fond des cœurs nous demeure secret et ne se révèle que dans l'amour. Un peu par l'influence des romanciers russes, beaucoup par l'exacerbation de sa sensibilité, il aime la souffrance qui permet de consoler ; dans la Sacrifiée il s'écrie : « La souffrance me semble le bien suprême qui puisse réunir deux âmes, le domaine où les cœurs se rencontrent le mieux pour se fondre dans un immense besoin de pitié à s'épandre et à recevoir. » Il comprend ainsi que l'acceptation de la souffrance est nécessaire dans la vie.
Edouard Rod
I. L'intuitivisme
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Ce développement de l'intellect et de la sensibilité explique sa prédilection, dans le choix de ses personnages, pour les jeunes hommes qui ont trop réfléchi, dont le front garde la trace des pensées profondes, pour les femmes aux grâces frêles et aux larmes attendrissantes, pour les petites filles dont il adore les éveils d'^me et les menus gestes délicats. Les enfants de ses liyres sont toujours de petites filles, et il a des trouvailles d'expressions pour dire le poème de ces coeurs purs naissants.

Edouard Rod
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Par cette faculté que possède son tempérament d'artiste scrupuleux, M. Edouard Rod découvre les plus ténus sentiments de notre âme, et il met un peu de dilettantisme à les découvrir dans ses phrases aux étranges mièvreries, aux féminines délicatesses, aux troublantes nervosités. 11 évoque les bonheurs qu'on n'a pas eus, les femmes qu'on aurait aimées, les sensations qu'on aurait pu éprouver.

Edouard Rod
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Une faculté est nécessaire à l'intuitif, pour activer ses recherches et doubler l'intensité de sa vue intérieure : la curiosité, et non seulement la simple curiosité qui nous pousse à connaître les pourquoi des actes humains, mais cette curiosité un peu maladive de pénétrer les replis inexplorés du cœur, de torturer jusqu'à l'inquiétude notre âme pour lui demander la révélation de certains secrets et de mystères aux impossibles solutions ; c'est la curiosité que prêtait Flaubert à sa Chimère : « Je cherche des parfums nouveaux, des fleurs plus larges, des plaisirs inéprouvés. »

Edouard Rod
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A force de développer sa conscience et de se regarder penser et sentir, l'intuitif découvrira les tréfonds de son âme, et, partant, de l'âme humaine : il comprendra que le cœur déforme peut-être les choses, et, pour tout comprendre voulant tout connaître, il pèsera et pénétrera toute manifestation intérieure de son esprit. Ainsi, M. Edouard Rod descend dans les profondeurs de l'être pour en dévoiler le mystère : il constate les incessants changements qui modifient notre personnalité et qui en rendent la compréhension si difficile.

Edouard Rod
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Peu de personnages apparaîtront, leur affluence nuirait à l'étude approfondie des pensées et à l'analyse des mobiles de nos actes. L'écrivain ne décrira ni des groupes ni des mœurs générales, mais des individus ; il évoquera des âmes et il affectionnera la forme littéraire qui leur permettra de se révéler elles-mêmes : ainsi le journal, la lettre, parce que chaque homme est seul à pouvoir pénétrer si profondément en lui-même.

Edouard Rod
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De même qu'il répugne à la description et au détail extérieur, M. Edouard Rod, attardé à l'analyse de l'âme humaine, repoussera les drames enfantés par les événements ; aucun fait ne se passera, pour ainsi dire, dans ses livres ; tout y sera intérieur et pourtant Ton y sentira passer l'anxiété des douleurs secrètes et l'inquiétude des incertaines amours. Ses héros ne lutteront point contre les circonstances ou les hommes ; ils seront à eux-mêmes leurs propres adversaires. De romanesque, il n'y en aura pas plus que de naturalisme : et tout y sera tirai et pleurant de sincérité, car « la vie présente ainsi des situations hautement tragiques, dont tout le drame est intérieur, dont tous les fils sont dans la conscience, et qui pourtant nous remuent jusqu'à nos fibres les plus secrètes »...

Edouard Rod
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Toutes les femmes de ses romans sont sœurs : elles ont de la bonté pour toutes les souffrances ; elles ont surtout le charme pénétrant et la séduction de celles qui aiment.
L'écrivain a, par l'intuition qui lui a livré le secret des tendres délicatesses, deviné ces âmes de femmes et compris leurs profondeurs ; le frémissement de sa phrase, lorsqu'il dit leurs tristesses et les désespoirs de leurs cœurs trop aimants, atteste l'attirance qui l'incline vers elles.

Edouard Rod
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La grâce des femmes l'a particulièrement séduit, et sa phrase a des douceurs ineffables pour parler d'elles ; celles qui aiment et pleurent dans ses livres sont comme la mystérieuse fille du grand roi : toute leur beauté naît de l'intérieur. Merveilleusement il dit le grand bien-être éprouvé auprès d'elles, la paix qui descend de leurs yeux candides, le halo de douceur qui les entoure.

Edouard Rod
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Et, cependant, il sait bien graver en nous l'être de ses personnages, parce qu'il dit en des phrases indiciblement suggestives l'impression qu'ils laissent à l'esprit, l'effet qu'on ressent à leur présence, comme certains des préraphaélites anglais, évoquant uniquement des âmes, font oublier la blondeur des cheveux et le bleu des regards pas même remarqué.

Edouard Rod
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Il ne faut point chercher dans M. Rod un paysagiste à la manière de M. Zola ou de M. Theuriet; il serait impossible au lecteur de reconstituer un seul des coins de nature oii se passent ses romans. Et cependant il sent la nature plus intimement que ceux-ci, et sa phrase en demeure par instants tout attendrie, soit qu'il dise « la symphonie de la nature chantant dans la lumière, l'accord caché et certain de toutes les choses dont les voix font le silence et dont les formes font l'infini », soit qu'il montre les cœurs aimants « gagnés par la molle tristesse de la nuit, enveloppés dans le recueillement des choses », soit qu'il évoque le sentiment religieux qui se dégage des ombres silencieuses du soir, ou le magnétisme de la musique dans la fraîcheur de la nuit. Ses paysages ne sont que des occasions de penser et de sentir ; mais comme le frôlement de ces sensations et de ces pensées est divin, à travers ces reflets de la nature !

Edouard Rod
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Pour l'intuitif, notre âme reproduit le monde; c'est donc notre pensée qui donne aux choses extérieures leur existence et leur forme : la preuve en est que deux personnes ne sauraient voir le monde identiquement. La nature est le clavier dont nous impressionnons les touches d'ivojre ; suivant les fluctuations de notre âme, la musique sera joyeuse ou frissonnante de mélancolie, berceuse ou extasiée d'ivresse ; et, d'après l'impression que nous laissera telle contrée, on pourra déduire notre pensée intime. Un paysage devient alors un état de l'âme, suivant une parole d'Amiel, et les sensations de nature ne sont plus étudiées que comme concordantes à nos sentiments intérieurs. Ainsi l'on ne trouvera point, chez les artistes de ce tempérament, de minutieuses descriptions de paysages, mais au contraire de très profondes analyses des pensées éprouvées au contact des choses, et de frémissantes révélations des correspondances mystérieuses qui unissent notre âme à l'âme du monde

Edouard Rod
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L'organisme littéraire de M. Edouard Rod étant bien défini par lui-même, il suffit maintenant, pour en dévoiler tous les secrets, de suivre ce tempérament d'artiste dans les diverses manifestations d'art et de pensée : la nature, la beauté, l'âme humaine, l'esthétique et l'éthique.

Edouard Rod
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M. Edouard Rod appelle intuitifs les écrivains qui regardent en eux-mêmes ; et, comme il répudie aujourd'hui les tendances littéraires de ses débuts, comme il demande à l'unique analyse intérieure la vision de la vérité que les sens n'ont pas su lui révéler, il donne, dans la préface des Trois cœurs, la genèse de son esprit. Il fut jadis naturaliste, mais de conviction et non de tempérament : « Nous étions, dit-il, des esprits inquiets, épris d'infini, idéalistes, peu attentifs aux mœurs et qui, dans les choses, retrouvions toujours l'homme. » Et il définit ainsi le procédé d'art qui est le sien désormais et qui semble devoir succéder à l'observation externe : « L'intuitivisme... serait donc l'application de l'intuition comme méthode de psychologie littéraire : regarder en soi, non pour se connaître ni pour s'aimer, mais pour connaître et aimer les autres ; chercher dans le microcosme de son cœur le jeu du cœur humain ; partir de là pour aller plus loin que soi, et parce qu'en soi, quoi qu'on dise, se réfléchit le monde. »

Edouard Rod
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Les naturalistes, se proclamant disciples de Claude Bernard et ne croyant qu'aux sciences naturelles, n'admirent que l'observation externe, et leurs sens furent « des fenêtres grandes ouvertes » sur le monde : le roman de mœurs, la description, les tableaux de nature acquirent ainsi une fabuleuse importance. Mais, par la loi du contraste psychologique, la réaction était inévitable, et l'observation interne, créant le romande l'être intime, apparut à l'heure où, lassé de cette inféconde contemplation des choses qui n'en donnait ni l'explication ni le but, l'homme croyait s'apercevoir que les choses n'étaient qu'en lui et que la connaissance de lui-même devait enfanter la connaissance du monde.

Edouard Rod
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Ainsi, parmi les artistes, les uns emplissent leurs regards des visions extérieures et reflètent les formes des êtres et des choses, tandis que les autres, descendant en eux-mêmes, interrogent leur conscience et demandent à cette étude intime la révélation de leurs pensées et des mobiles de leurs actes. Les premiers n'explorent point, quoi qu'il semble, un monde plus vaste que celui de leurs frères ; et l'univers de contingences et d'apparences qu'ils découvrent et dont leur génie prolonge la grandeur n'est pas un plus merveilleux sujet d'études que l'âme humaine aux éternels secrets.

Edouard Rod
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