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Citations de Henry Bordeaux (221)


Près du Rhin encaissé entre les montagnes qui le bordent, sur le plateau du Pétersberg, — où les rencontre l'homme inquiet et désespéré qui s'autobiographie dans la Course à la Mort, — vivent dans l'isolement deux frères, las de la vie banale des humains. L'un est un contemplatif, dont la vie s'identifie presque à celle de la nature, et qui laisse son âme errer parmi les variations des paysages sous les caprices de la lumière ; l'autre est un méditatif dont la pensée se replie sur elle-même, et dont les heures s'écoulent à sonder les problèmes de l'existence et l'énigme de l'homme.

Edouard Rod
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Les femmes qu'on rencontre à ces altitudes [en haute Engadine] sont en général plus riches de santé que de beauté. Leurs formes desséchées ou massives, leur figure tannée et brûlée du soleil révèlent leur énergie, mais on a peine à leur découvrir d'autres charmes. (p.192)
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Le mal de montagne, c'est proprement l'amour du danger. L'amour du danger est le fond de toute passion. On aime pour mieux sentir la vie, et l'on ne sent violemment la vie que, si, par contraste, on flaire la mort. Or, si l'on ne voit pas distinctement la mort dans la montagne, on devine sa présence invisible. (p.20)
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Il faut tout faire par amour et rien par force, il faut plus aimer l'obéissance que craindre la désobéissance.
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Le plus grand dérèglement de l'esprit est de croire les choses parce qu'on veut qu'elles soient. (Bossuet)
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Et il me sembla que les murs dont j'avais déploré l'étroitesse pendant mes années d'adolescence, pendant ma course à la liberté, s'ouvraient d'eux-mêmes pour me livrer passage. Ils ne me retenaient plus prisonnier. Et pourquoi m'eussent-ils retenu prisonnier ? Partout où j'irais maintenant, j'emportais de quoi les reconstruire avec mes souvenirs d'enfance, avec le passé, avec ma douleur, avec ma dynastie. Partout où j'irais, j'emporterais un morceau de la terre, un morceau de ma terre, comme si j'avais été pétri avec son limon ainsi que Dieu fit du premier homme. Ce soir-là, veille de mon départ, ma foi dans la maison fut la foi dans la Maison Éternelle où revivent les morts dans la paix…

Livre IV. Chapitre IV. L'héritier
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Comme on voit le soir, peu à peu, sur les pentes, s'allumer les feux des villages, voici que je voyais les feux de la maison s'allumer par delà notre horizon même, et jusqu'au bout du monde, et jusque par delà le monde. Ils brillaient pour les absents comme pour les présents, (...). Et plus haut ils brillaient encore.

Livre IV. Chapitre IV. L'héritier
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Ma vie était fixée désormais à un anneau de fer : elle ne dépendrait plus de ma fantaisie. Je ne tendrais plus vers les mirages du bonheur que des mains enchaînées. Mais ces chaînes-là, tout homme les reçoit un jour, qu'il monte effectivement sur le trône ou que son empire ne soit que d'un arpent ou d'un nom. Comme un roi, j'étais responsable de la décadence ou de la prospérité du royaume, de la maison.

Livre IV. Chapitre IV. L'héritier
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Il parlait de mon père au passé, il parlait de mon père comme si mon père n'était plus. Et cette présence invisible qui avait profité de la porte ouverte, c'était donc la mort. Pour la première fois elle m'apparaissait agissante, pour la première fois – il n'y a pas d'autre mot – elle m'apparaissait vivante. Jusqu'alors je n'avais pas attaché d'importance à ses actes. Et, dans mon horreur et mon impuissance, je laissai pendre mes bras inutilement le long de mon corps. Autrefois, quand nous étions menacés de perdre la maison, j'étais né au sentiment inconnu de la douleur, je naissais maintenant au sentiment de la mort. Et la cruauté de la séparation, je l'éprouvais avant qu'elle ne s'accomplît.

Livre IV. Chapitre III. La fin d'un règne
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Un peu épuisé par ces aventures de métaphysique, je me désaltérais à la poésie de Jocelyn. Elle s'harmonisait si parfaitement à la nature environnante qu'elle en devenait le chant et que je ne songeais plus à les démêler. Que de fois, parmi les sapins, me suis-je répété ces vers fixés dès lors en mon souvenir : J'allais d'un tronc à l'autre et je les embrassais, Je leur prêtais le sens des pleurs que je versais, Et je croyais sentir, tant notre âme a de force, Un cœur ami du mien palpiter sous l'écorce.

Livre IV. Chapitre II. L'alpette
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Ainsi toutes les graines jetées pendant ma convalescence germaient en moi, à quelques années d'intervalle. J'étais libre en dedans et personne ne s'en doutait.

Livre IV. Chapitre I. L'épidémie
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Avec le secours de la musique ou celui de la pensée, je me construisais un palais où nul n'était admis à me visiter : on me croyait présent et simplement distrait quand j'avais gagné ma solitude, le seul lieu où je fusse véritablement moi-même. Cette faculté de concentration m'interdisait l'amitié. Aucun camarade ne fut admis à se lier avec moi, de sorte que la famille même contre laquelle je m'insurgeais me représentait l'humanité à elle seule.

Livre IV. Chapitre I. L'épidémie
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Enfin je me jetai dans la musique comme dans une eau qui prend notre forme : malléable et comme liquide, elle se prêtait à tous mes désirs avec une docilité qui m'émerveillait. J'avais retrouvé le Freischütz et Euryanthe, la forêt dont les allées se perdent. Elle était plus belle et surtout plus vaste que celle où, jadis, je m'étais éveillé à la vie latente des choses. J'escaladais aussi des montagnes plus hautes et plus inaccessibles que celles où le berger menait son troupeau. Et parfois la douceur lancinante des notes que j'arrachais à mon instrument me rappelait l'inoubliable lamentation du rossignol amoureux de la rose : Je m'égosille toute la nuit pour elle, mais elle dort et ne m'entend pas. Pour elle ? je ne savais pas son nom, je ne connaissais pas son visage, mais qu'elle existât je n'en doutais point. Et, phénomène singulier, ce n'était déjà plus Nazzarena, comme si la fidélité était encore une chaîne à briser.

Livre IV. Chapitre I. L'épidémie
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Je me relâchai peu à peu des pratiques religieuses, et me composai pour moi-même une sorte de mysticisme où je pris l'habitude de me réfugier. Mon imagination me remplaça mes promenades dans les bois et les retraites sauvages et jusqu'à mes rencontres avec Nazzarena par une notion quasi abstraite de la nature et de l'amour, où je goûtais des joies intenses. Je me composais des paysages élyséens et des passions idéales. J'étais à l'âge où l'on se meut avec le plus d'aisance dans les chimères de la métaphysique : les idées se confondent avec le cœur, et la sensibilité, pour bondir, n'a pas encore besoin du tremplin de la réalité.

Livre IV. Chapitre I. L'épidémie
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Je me préparais à la liberté par des années de réclusion, dont je ne transcrirai pas l'histoire après tant d'autres petits révoltés. Jamais je ne pus m'accoutumer à cet internat que j'avais réclamé dans un accès d'orgueil que pour rien au monde je n'eusse désavoué. Cependant je passais pour un bon élève, à qui l'on ne reprochait qu'un peu de réserve ou de dissimulation. Je souffris effroyablement de mon départ. Au dortoir je pleurai, la tête enfouie dans mes couvertures, jusqu'à ce que je ne me plaignis à personne.

Livre IV. Chapitre I. L'épidémie
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Il se passe entre moi et lui ce qui s'est passé jadis entre mon père et moi. Le même drame de famille.

Livre III. Chapitre VII. Le premier départ
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Je les considérais comme immuables. Ma mère, pour un rien, se tourmentait. Quand le vent soufflait ou que grondait le tonnerre, même au loin, elle ne manquait pas d'allumer la chandelle bénite. Son ombre, derrière la fenêtre de sa chambre, annonçait qu'elle guettait le retour des absents. Elle ne goûtait un peu de paix que lorsque nous étions tous rassemblés autour d'elle, ou bien encore dans la prière, car elle vivait très près de Dieu.

Livre III. Chapitre VII. Le premier départ
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Peu de jours après cette promenade manquée, et peut-être même le lendemain, je voulus entrer dans la chambre de ma mère pour y chercher un livre de classe oublié, et je tournais déjà le loquet de la porte, lorsque j'entendis deux voix. L'une, celle de ma mère, était familière à mon oreille : mais son accent était presque nouveau pour moi, à cause de la fermeté qui se mêlait à sa douceur habituelle ; petits, elle nous parlait quelquefois ainsi quand elle exigeait de nous un peu plus d'attention et de travail pour terminer nos devoirs ou apprendre nos leçons. Quant à l'autre, elle devait appartenir à un étranger, et même à un quémandeur, car elle me parvenait assourdie, voilée, douloureuse. Quel était ce visiteur, que ma mère recevait chez elle, et non au salon ? Je n'osais pas ouvrir, ni lâcher la poignée que je tenais et qui, en retombant, eût révélé ma présence, et je restai là, immobilisé par ma timidité et ma curiosité ensemble, écoutant le dialogue qui s'échangeait.

Livre III. Chapitre VII. Le départ
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Ce qu'il dit pour me convaincre, pour m'arracher l'émotion qui me livrerait, je le comprends maintenant et bien tard, ce dut être beau comme un chant d'Homère. J'en eus pourtant l'intuition immédiate. Je ne sais si jamais paroles plus éloquentes furent prononcées que celles qu'il m'adressa sur cette colline, tandis que le soir commençait lentement de fleurir le ciel et de pacifier la terre. Je ne trouve pas d'autre mot : il me faisait la cour comme un amoureux qui ne se sent pas aimé et connaît que son amour seul apportera le bonheur. Mais d'un père l'affection descend, elle exige que la nôtre monte vers elle. La sienne, par un privilège unique dont sa fierté n'était pas atteinte, montait vers moi, m'enveloppait, m'implorait.

Livre III. Chapitre VI. Promenade avec mon père
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À mesure que les années se sont enfuies, loin d'en être affaibli, le souvenir de cette journée prend mieux tout son sens à mes yeux.

Livre III. Chapitre VI. Promenade avec mon père
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