AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Henry Bordeaux (221)


Quand on a perdu, on vous prend, on vous saisit, on vous étrangle, on vous met à la porte, on s'installe chez vous, et vous êtes bon à jeter aux chiens.
Commenter  J’apprécie          20
A table, le père commença de s'absorber dans ses pensées dont nous suivions le cours. Nous l'appelions entre nous: le père, comme nous disions la maison. Surprit−il l'angoisse de tous ces visages tendus vers lui? Lut−il dans tous nos yeux l'inscription flétrissante: Villa à vendre? Il nous regarda bien en face tour à tour, et d'un sourire franc il nous rassura. Allons! il gardait son air de chef qui commande. Nous eûmes la sensation qu'il ne pouvait accepter une pareille déchéance. L'appétit et la paix nous revinrent ensemble, et rarement déjeuner fut plus gai que celui−là. Nous goûtions le bien− être de nos nerfs détendus, à l'abri de cette force qui nous protégeait.
Commenter  J’apprécie          20
La terre est à tout le monde, et on la ligote comme si elle voulait se sauver!
Commenter  J’apprécie          20
On ne devine jamais la puissance des arbres; les quelques mètres qu'on leur accorde, ils les ont bientôt mis à l'ombre, et peu à peu ils se rapprochent comme des amis qui ont acquis le droit d'entrer.
Commenter  J’apprécie          20
Le bonheur, — que nous imaginons dans notre rêve de vie supérieure, — n'est jamais complet, et, quand bien même nous l'aurions, nous en serions bientôt lassés parce que, suivant une pensée profonde de Maurice Barrés, il y a une chose supérieure à la beauté, c'est le changement.

Edouard Rod
II. L'explication de la vie
Commenter  J’apprécie          10
Après ses analyses de la vie intérieure, M. Edouard Rod, dans les Trois cœurs, la Sacrifiée et les deux Michel Teissier, a mis son héros aux prises avec la vie, et nous pouvons retrouver dans ses livres quelques-uns des problèmes les plus attirants de l'heure présente.

Edouard Rod
II. L'explication de la vie
Commenter  J’apprécie          10
Ainsi, la Course à la mort et le Sens de la vie sont des livres des vie intérieure; rien ne s'y passe, au sens habituel de cette expression, et toute l'âme humaine y palpite. Les grands problèmes de l'éthique s'y posent dans leur déconcertante inquiétude; la tristesse intellectuelle, qui se meurt d'impuissance, y gémit étrangement.

Edouard Rod
II. L'explication de la vie
Commenter  J’apprécie          10
La Course à la mort est le poème troublant du pessimisme moderne. C'est l'autobiographie d'une âme en qui s'installa le dégoût de la vie, sans que cette haine de l'existence fût la résultante de souffrances positives et réelles, mais par la faute d'une sensibilité trop délicate et d'une pensée accoutumée à faire d'elle-même sa pâture. L'être désenchanté qui s'analyse ici est un heoiitontimorouinenos : comme Pascal, il s'acharne sur sa propre substance, étonné de l'être de néant qu'est l'homme. « On n'est guère malheureux que par réflexion, » disait Joubert ; comme il est doué d'une faculté réflexe plus puissante que la moyenne des hommes, il en fait jaillir sa souffrance et toute la souffrance de l'humanité.

Edouard Rod
II. L'explication de la vie
Commenter  J’apprécie          10
Les hommes qui réfléchissent acceptent la vie de différentes manières. Les uns, ceux qui possèdent ce solide bâton de Voyage : la Foi, marchent sans crainte, confiants dans l'avenir dont ils ont la sécurité. D'autres, ayant constaté l'impuissance de la science et de la philosophie à tout expliquer avec certitude, prennent leur parti de cette ignorance dont ils proclament l'intelligence, et jouissent en dilettantes des plaisirs que procure l'existence et des voluptés qu'éprouve la pensée à tout analyser et à démontrer l'agréable néant des choses. Il en est d'autres chez qui la même constatation produit des résultats diamétralement opposés ; elle leur fane toute joie, leur gâte tout bonheur : la vie leur apparaît méprisable et odieuse, mais ils ont trop d'orgueil pour avouer leur douleur devant ses injustices et ses misères, et ils opposent aux coups dont elle les frappe la dédaigneuse indifférence des stoïques. Il en est d'autre encore dont l'intelligence affinée se heurte vainement aux différentes explications de la vie que nous ont léguées les précédentes générations ; aucune de ces solutions ne les contente : n'ayant pas la sécurité des Croyants, incapables de jouir en Dilettantes, repoussant le calme des Stoïques, ils sont des Inquiets, et ils cherchent avec une touchante anxiété la Vérité qui s'enfuit toujours devant eux, et cette infixité de leur âme souffrante les torture immensément. Quatre écrivains, Melchior de Vogué, Anatole France, Leconte de Lisle, Paul Bourget, représenteraient assez justement ces quatre manières d'envisager l'existence.

Edouard Rod
II. L'explication de la vie
Commenter  J’apprécie          10
La tendresse que je ne voulais plus recevoir de la famille, j'avais tant besoin de la sentir éparse autour de moi, dans l'âme des arbres ou l'esprit de la terre. Quand j'atteignais quelque cime, c'était alors l'apostrophe : O sommets de montagne ! air pur ! flots de lumière !… par quoi s'exprimait mon exaltation. La sérénité des nuits me parlait de paix, d'amour, d'éternité.

J'y rêvais de Laurence et n'avais pas de peine à l'évoquer, tant son portrait me semblait un modèle de précision :

Jamais la main de Dieu sur un front de quinze ans
N'imprima l'âme humaine en traits plus séduisants…
En faut-il davantage pour alimenter un amour qui, n'ayant plus d'objet, se crée son image à lui-même ?

Livre IV. Chapitre II. L'alpette
Commenter  J’apprécie          10
Mais qu'étaient ces résultats positifs auprès du drame intérieur qui se jouait en moi ?

Livre IV. Chapitre I. L'épidémie
Commenter  J’apprécie          10
Mais, par une contradiction singulière, ce que cette voix remuait en moi, c'était précisément le désir, tous les désirs qu'elle voulait chasser. Elle chantait les pierres de la maison bâtie pour triompher du temps, l'abri du toit, l'union de la famille, la force de la race qui se maintient sur le sol, la paix des morts que Dieu garde. Et tandis que vibrait ce cantique, j'en entendais très distinctement un autre que, pour moi seul, composaient la musique du vent vagabond, l'immensité des espaces inconnus, la parole du pâtre qui s'en allait à la montagne, et les fleurs de pommier qui avaient ruisselé sur mon visage le premier jour de mon amour, et le rire de Nazzarena, et l'ombre aussi, l'ombre désespérante du châtaignier sous lequel elle avait passé.

Livre III. Chapitre VI. Promenade avec mon père
Commenter  J’apprécie          10
Mais, sur la banquette de ce café, je connus la tristesse d'être incompris, la solitude au milieu de la foule, le désespoir. Une vie se compose de beaucoup de chagrins : en ai-je éprouvé de plus intenses que ce désespoir imaginaire ?

Livre III. Chapitre IV
Commenter  J’apprécie          10
(...) je naissais à la méchanceté humaine qui, de toute mon enfance, avait été absente.

Livre III
Chapitre III. Le complot
Commenter  J’apprécie          10
Si Dieu favorise
Ma noble entreprise,
J'irai-z-à Venise
Couler d'heureux jours.

Et je me rendais compte obscurément que jamais la maison ne comblerait mon rêve. On n'y entendait pas de ces musiques-là.

Livre III.
Chapitre II. Le cirque
Commenter  J’apprécie          10
– Ce sont de braves gens, m'assurait-il. Le lac, c'est comme la campagne. En retirant l'homme des cités, ça le rapproche de l'heureux état de nature.

Livre II.
Chapitre III. La découverte
Commenter  J’apprécie          10
À trente ans de distance, dans mes souvenirs qui n’ont pas besoin de contrôle, je retrouve les images de Gustave Doré. Les pages se tournent toutes seules, et mes chers fantômes apparaissent. Voici les visions d’épouvante : le Léviathan qui soulève la mer, l’Ange exterminateur qui détruit l’armée de Sennachérib, la rangée des éléphants de Nicanor que Judas Macchabée va traverser, et la Mort de l’Apocalypse sur son cheval pâle.

Livre II
Chapitre I. Les images
Commenter  J’apprécie          10
Seul, au milieu de ces conciliabules secrets, de ces angoisses visibles, mon grand-père gardait la plus parfaite indifférence. Évidemment l’événement qui se préparait ne le concernait pas. Il jouait du violon, il fumait sa pipe, il consultait son baromètre, il inspectait le ciel, il prédisait le temps, comme s’il ne pouvait y avoir de nouvelles plus importantes, et il allait se promener.

III. Les ennemis
Commenter  J’apprécie          10
En ce temps-là régnait mon grand-père.

Avant lui une longue suite d’ancêtres avait dû exercer le pouvoir, à en juger par les portraits qu’on avait rassemblés au salon. De ces portraits la plupart avaient beaucoup noirci, de sorte que, si l’on ne laissait pas la lumière pénétrer à flots, il devenait assez difficile de deviner le contenu des cadres. L’un des plus abîmés était celui qui m’étonnait davantage.

II. La dynastie
Commenter  J’apprécie          10
L’ombre, c’est, derrière le volet à demi clos de sa fenêtre, celle de ma mère qui n’a pas tout son monde rassemblé autour d’elle. Elle attend mon père, ou notre retour du collège. Quelqu’un est absent. Elle craint pour lui. Ou bien le temps est orageux, elle interroge le ciel pour savoir s’il faut allumer la chandelle bénite. Une autre paix émanait d’elle, une paix, comment dirais-je ? qui s’étendait au delà des choses de la vie, qu’on recevait en dedans, qui calmait les nerfs et les cœurs, une paix de prière et d’amour. Cette ombre, que je guettais chaque fois que je rentrais, que je guette encore quand même je sais bien qu’elle n’est plus là, qu’elle est ailleurs, c’était l’âme de la maison qui transparaissait comme la pensée sur un visage.

I. Le Royaume
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Henry Bordeaux (152)Voir plus

Quiz Voir plus

Politique et littérature

Les Romantiques français, dans leur jeunesse, étaient plutôt réactionnaires et monarchistes. Quel est celui qui a connu une évolution qui l’a conduit à être élu sénateur siégeant plutôt à gauche ?

Stendhal
Chateaubriand
Hugo
Mérimée

11 questions
272 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}