AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Hervé Bazin (679)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Mort du petit cheval

Voici donc la suite de Vipère au poing. Jean Rezeau a maintenant 18 ans et son baccaluereat en poche. Son père a décidé : il fera une licence de Droit. Il commence, s’ammourache dune jeune demoiselle. Espionné par son marâtre de mère, elle fera arrêter de manière brutale cette amourette. Jean décide alors de partir pour Paris y faire sa licence de Lettres, tout faisant des petits boulots ! Une honte pour un Rezeau !

Il fera donc ses expériences de la vie, son apprentissage. Il finira par découvrir une notion, qui était pour lui jusque là un vrai mystère, qui n’est autre que le bonheur.



On retrouve donc la plume acérée d’Hervé Bazin. Toujours aussi acerbe, acide et parfois ronflant, mais toujours efficace !

Bien que peu présente dans l’histoire, Folcoche est toujours présente dans les pensées de Jean. La colère, voire la haine, va laisser place à d’autres sentiments (mais je ne vais vous dévoiler lesquels !!) auxquels il ne s’attendait pas ou n’espérait pas !

Il va falloir lire maintenant la suite : Cri de chouette.

Commenter  J’apprécie          70
La Mort du petit cheval

"Heureux! Ca alors...

Ca alors, c'est la fin de tout! C'est la mort du petit cheval!"

Cette remarque virulente de "Folcoche", cette mère indigne que nous retrouvons dans La mort du petit cheval ,suite de Vipère au poing, en dit long sur son pouvoir destructeur et la haine développée en retour par ses fils (en particulier Jean Rézeau surnommé ironiquement Brasse-bouillon) dont elle essaye par tous les moyens d'empêcher le bonheur.

Ce roman nous conte le passage à l'âge d'homme de ce dernier, qui, timide, "le bachot en poche" tombe amoureux de sa ravissante cousine Micou aux prunelles "nuance layette" et apprend le jeu et l'enfance lors de vacances à Kervoyal dans la villa remplie de joie et de tendresse des Ledourd.

Mais c'est sans conter sur Madame Mère,intrusive et médisante garce, qui met son grain de poivre pourri dans les moindres relations.

Révolte. On coupe les vivres.Indépendance, amours multiples, mariage, bonheur.On déshérite!

Vlan!

Une superbe étude de moeurs, des portraits forts et cruels taillés au scalpel, empreints de violence. Un roman fort d' Hervé Bazin qui a pioché dans son propre "matrimoine" pour crier sa révolte familiale, surmonter sa haine et vivre enfin l'amour qui lui a fait défaut dans sa jeunesse.

Un classique incontournable!
Commenter  J’apprécie          110
La Mort du petit cheval

Une suite à Vipère au poing, ok, voyons !

C’est terrible de voir la haine nous ronger le cœur surtout quand l’amour s’y mêle malgré tout et qu’on a beau lutter ça nous colle à la peau.

Et pourtant il faut grandir et se construire, mais comment ?

Un roman acide mais que j’ai beaucoup aimé.
Commenter  J’apprécie          50
La Mort du petit cheval

Chronique de haines familiales.

On oublie trop souvent que le grand succès d'Hervé Bazin, Vipère au poing, a donné naissance à une trilogie. La Mort du petit cheval en constitue le deuxième volet. On y retrouve les membres de la famille Rezeau : « Folcoche », son mari et ses trois fils. Bazin reste dans la continuité du premier tome. Ce roman acide à forte saveur autobiographique marque cependant une évolution, une inflexion du personnage principal et narrateur, Jean Rezeau, qui tire des leçons de son enfance en prenant une certaine distance. Devenu adolescent et jeune adulte, il va essayer de se libérer de la tutelle à la fois psychique et matérielle de sa famille. L'intrigue suit un déroulement chronologique et ne présente rien de très original dans son développement. Grâce à un style très classique, une grande clarté de l'expression, un vocabulaire parfois recherché, mais le plus souvent très accessible, des expressions fleurant bon les années 1950, ce roman se lit avec grand plaisir, un peu comme une détente, même si le sujet n'est pas spécialement divertissant. Son intérêt repose aussi sur les nombreuses digressions du narrateur qui viennent renforcer le sens du roman et expliciter ses intentions et ses retenues. Hervé Bazin se révèle ainsi comme une sorte de moraliste du milieu du 20ème siècle. Il célèbre la décomposition du mode de vie de la grande bourgeoisie qui met en avant des valeurs et des vertus qu'elle oublie de s'appliquer à elle-même. L'auteur apparaît alors comme un lointain précurseur de la remise en cause des fondements de la société française (tradition, religion, famille, sexualité, ...) qui trouvera son paroxysme en mai 1968 et ceci en plein dans « les trente glorieuses ». Il me reste à découvrir le Cri de la chouette, dernier volume des "aventures" de Jean Rezeau.







Commenter  J’apprécie          140
La Mort du petit cheval

toujours aussi mal à l'aise que dans "Vipère au poing" car si le "torturé" n'est plus Jean devenu adulte mais Folcoche, ces relations parents-enfants agressives et sans amour ont marqués mon adolescente.
Commenter  J’apprécie          80
La Mort du petit cheval

Très bon livre
Commenter  J’apprécie          00
La Mort du petit cheval

Après "Vipère au poing", voici la suite de l'histoire de Jean Rezeau. L'écriture est magnifique, Bazin décrit comme personne le cynisme, la haine et le combat psychologique que se mènent les personnages.

Un chef d’œuvre. A lire et relire pour comprendre la haine ordinaire d'une famille.
Commenter  J’apprécie          150
La Mort du petit cheval

Un livre pris au hasard dans mes collections,j'aurais pu prendre du Mauriac,Zola,Balzac, non je suis " tombée" sur la mort du petit cheval,2eme volet de sa trilogie : Tome 1 : Vipère au poing,tome 2 : la mort du petit cheval tome3 : le cri de la chouette .

L'ayant lu en 3ème ,je l'ai repris,l'approche,bien sûr, n'est pas la même, le début m'a passablement ennuyé ,surtout après : Les piliers de la terre de Ken Follet,le défi était de taille!!

Ce deuxième volet raconte l'émancipation dans la douleur du jeune Jean Rezeau surnommé: Brasse -Bouillon par sa mère Paule dit " Folcoche".

Si dans " vipère au poing" Jean subit les brimades de sa mère, là ,il apprend à devenir adulte en refusant le chemin que l'on lui a tracé. Au prix de sa liberté ,il s'affranchira de sa famille qui le reniera. Pour cela,il devra côtoyer le monde ouvrier dans ses différents " petits "boulots" pour assurer sa subsistance. Chose impensable chez les Rezeau!

Si les différents personnages sont finement analysés et le style d'Hervé Bazin toujours aussi brillant,il n'en reste pas moins que cette oeuvre à un côté ėgotique et narcissique ,car derrie re le personnage de Brasse-Bouillon, on sent l'enfance d'Hervé Bazin,c'est un réquisitoire de l'oppression maternelle.Il savourera sa revanche ,mais à quel prix! Folcoche à perdu: "c'est la mort du petit cheval " dira t-d'elle.( mais si mes souvenirs sont bons ,elle n'a pas dit son dernier mot! (Cf le cri de la chouette) ). Un break qui fait du bien même si au début j'ai eu du mal à me replonger dans le style d'Hervé Bazin .⭐⭐⭐
Commenter  J’apprécie          121
La Mort du petit cheval

Changement d’ambiance familiale ! Jean est téléporté dans un environnement très différent de celui de la Belle Angerie, un endroit peuplé de “douces et confortables cervelles”. Il s’en trouve perplexe, déstabilisé, observateur en retrait avant de plonger. On retrouve l’ironie grinçante d’Hervé Bazin, son humour qui fait mouche.



“Comment des gens, qui sont apparemment toujours d’accord (...) peuvent-ils ne jamais s’ennuyer ?” (30)



Portrait d’une époque. Ici comme chez François Mauriac est décrite cette bourgeoisie agonisante qui perd ses privilèges et se trouve obligée de mettre la main à la pâte.



Difficile de devenir adulte dans un contexte Rezeau. Contrairement à ses frères, engoncés de leurs caractères, figés dans leurs personnages, Jean cherche, évolue, va de l’avant. De très belles pages sur la paternité et la naissance de l’enfant vienne clore ce livre, comme pour contrebalancer “Vipère au poing”.



L’écriture d’Hervé Bazin m’enchante. Il y a des phrases incroyables.



“Les vins d’honneur de la famille commencent à tourner au vinaigre, mais dans cet état ils serviront longtemps à conserver les cornichons.” (54)



Certains passages m’ont donné du fil à retordre, mais quel bonheur que de ne pas comprendre d’emblée une belle phrase.


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
Commenter  J’apprécie          60
La Mort du petit cheval

Après Vipère au poing, Hervé Bazin ré-insistait en 1950 avec ce deuxième livre, tout aussi accusateur pour sa famille, sa mère surtout, mais aussi ses frères. L'enfant est devenu un jeune étudiant, qui quitte un foyer familial où l'ambiance est délétère, pour vivre d'amour et d'eau fraîche à Paris.

Comment la haine peut-elle s'instiller à ce point dans une famille? On sait que la mère était sèche et apparemment sans coeur, mais est-ce véritablement possible, et est-ce la totalité de l'explication? Le curieux est l'absence de dialogue, l'impossibilité de trouver ses solutions à la rupture, l'irréversibilité des situations d'opposition.

Cela fait un bon livre: parfaitement écrit, - avec un style et un vocabulaire quand même un peu datés! - il dissèque sans concession les caractères, les mesquineries ordinaires au travers des aléas petits et grands de la vie quotidienne. Il analyse avec tout autant de réalisme et de froideur les relations hommes/femmes, hors mariage comme dans le mariage. Sur ce point, celui qui sera beaucoup plus tard l'auteur du "Matrimoine", a toujours beaucoup à dire, et cela nous glace toujours autant: c'est sec, rude, et parfois déplaisant. Bazin assume.

Au-delà de ce livre, il ne fait pas de doute qu'Hervé Bazin a été un grand écrivain du XX° siècle. Qu'il ne soit pas oublié, que chacun le lise, et se fasse son opinion.
Commenter  J’apprécie          30
La Mort du petit cheval

« Vous le savez, je n'ai pas eu de mère, je n'ai eu qu'une Folcoche. Mais taisons ce terrible sobriquet dont nous avons perdu l'usage et disons : je n'ai pas eu de véritable famille et la haine a été pour moi ce que l'amour est pour d'autres. »



Si loin de Folcoche qu'il vive désormais, jean Rezeau n'en continue pas moins de subir, à travers ses révoltes glacées et ses illusions mort-nées, la tyrannie ancienne de la femme qu'il déteste le plus au monde.

Dans l'apprentissage d'une liberté douteuse, les métiers exercés tant bien que mal, les amours sans conséquence, c'est toujours le spectre de la mère qui revient, tentaculaire et prêtant à toute chose les couleurs de la hargne, de l'amertume et de la dérision. A la mort du père Rezeau, jean croit tenir sa revanche, mais comment humilier un être qui a le talent de rendre tout humiliant ?

La cruauté de l'analyse, le cynisme émouvant du héros et l'acidité du style font du roman de Bazin un des meilleurs réquisitoires contre un certain type d'oppression familiale.

Il s’agit pour moi d’une deuxième lecture et quelques trente ans après ma première découverte, j’ai retrouvé dans ce texte toute la force de l’écriture d’Hervé Bazin, un écrivain majeur du XXème siècle.

Commenter  J’apprécie          330
La Mort du petit cheval

J'avais adoré Vipère au Poing découvert au collège. Pourtant je l'ai relu ce mois-ci et ai eu plus de mal à accrocher. C'est donc sans entrain que je me suis lancé dans ce deuxième tome qu'on m'avait gentiment offert.

Heureusement, il a rattrapé tout ce qui me déplaisait dans Vipère au Poing. On s'attache plus au personnage, sa psychologie est bien expliquée, Folcoche est toujours présente mais moins envahissante. J'ai pensé à du Romain Gary en lisant ce très bon roman.
Commenter  J’apprécie          70
La Mort du petit cheval

On reprend les mêmes et on recommence, encore plus féroce, Bazin dézingue la famille et l'amour bourgeois à grosses rasades d'acide. Une histoire forte de rédemption, ou plutôt de reconstruction, dans un style épatant.
Commenter  J’apprécie          20
La Mort du petit cheval

Après avoir relu l'an dernier Vipère au poing je poursuis avec la mort du petit cheval, on retrouve les personnages avec quelques années de plus mais le fil conducteur est toujours bien présent. Comment vivre avec ce passé ? faut il enterrer la hache de guerre ou enfoncer le clou une bonne fois pour toute ?

On ressent une fois encore à la lecture de ce roman toute la haine, la douleur mais aussi la peine de ne pas avoir eu une enfance heureuse et choyée, ce manque d'amour maternel, ce manque d'une vraie famille aimante et aimée. Peut être moins puissant que dans Vipère au poing certes, et pourtant comme tout le monde : l'adulte est l'enfant qu'il a été. Je vous laisse imaginer donc les adultes que sont devenus ces trois frères avec une telle mère.

J'ai bien aimé retrouvé la plume d'Hervé Bazin, l'ambiance de cette époque , la ténacité et le courage des deux frères (on exclut Marcel qui a choisi définitivement son clan) face à leur mère qui leur a joué un sale coup. Je n'en dis pas plus pour garder la part de mystère pour ceux qui voudraient lire ce roman.

Je pense lire le dernier volet quand il me tombera dans les mains dans un an peut être un peu d'espace pour digérer tout ça.

Commenter  J’apprécie          230
La Mort du petit cheval

Comme j'avais adoré "Vipère au poing", j'ai enchaîné sur ce roman-ci, qui est "la suite" de la vie de Jean Rezeau, maintenant parti de la Belle Angerie... Folcoche est devenue "la vieille", et le narrateur lui-même papa!
Commenter  J’apprécie          10
La Mort du petit cheval

J'ai découvert - et adoré ! - Vipère au poing il n'y a pas si longtemps... Alors quand j'ai vu qu'il y avait une suite, j'ai sauté dessus !

Et j'ai failli abandonner au bout de dix pages...

La tournure des phrases m'était assez pénible, j'avais l'impression d'être dans l'Attrappe-coeurs,, et puis soit ça a cessé, soit je me suis habituée, bref, passé ce cap, ça a été tout seul !

Suite à leur rébellion contre Folcoche à la fin de Vipère au poing, les frères Rezeau ont été séparés, mis en internat dans des établissements différents. A l'âge d'entrer dans la vie d'homme, Paule Rézeau parvient à les éloigner d'elle : Ferdinand s'enfuit et entre dans la marine, Jean, anciennement dit Brasse-bouillon, se voit sommé de faire son droit. Lui, rêve d'études de lettres. Qu'à cela ne tienne, il fera un double cursus. Et quand sa mère mettra à mal l'amitié de l'ami de son père qui veillait sur lui, il coupera les ponts avec sa famille et travaillera tant bien que mal pour terminer ses études, puis se mettre en ménage...

Tout bascule quand M. Rezeau père meurt : les frères découvrent alors la sombre machination que leur mère a ourdie afin de les spolier au profit du plus jeune, Marcel...

Et la guerre reprend, mais Brasse-bouillon est adulte désormais, responsable, marié et père. Et il va apprendre beaucoup de choses sur sa famille et sur sa mère...

Onm'a dit que c'était une trilogie, en fait, et qu'il existait un troisème opus à cette saga : Cri de la Chouette. sur le coup, j'ai cru à une blague faisant allusion à un jeu du Pays de Galles, mais non, il existe bel et bien ce troisème volet. Je ne tarderai pas trop à le lire, je me suis vraiement attachée à Jean Rezeau...
Commenter  J’apprécie          130
La Mort du petit cheval

La mort du petit cheval

Hervé Bazin (1911-1996)

Dans « Vipère au poing », roman largement autobiographique, nous avions fait connaissance avec la famille Rezeau : Jacques le père, docteur en droit professeur à l’université, Paule la mère, la redoutable et inénarrable Folcoche rebaptisée à présent la Vieille, et les trois fils, Ferdinand dit Fred ou Chiffe l’aîné, Jean le cadet dit Brasse-Bouillon et Marcel le petit dernier dit Cropette.

Quelques années plus tard, nous sommes en 1933, on retrouve Jean, le narrateur. Il a dix huit ans et séjourne pendant les vacances chez son oncle Félicien Ladourd, dirigeant d’une fabrique d’objets de piété, la Santima, dont Jacques Rezeau est un des actionnaires. Une paix rêvée ! Mais à présent bachelier, Jean doit songer à une carrière dans le droit. Sa mère ne peut évidemment pas l’abandonner plus longtemps à d’incertains contrôles et aux fantaisies de son inspiration, éventuellement sentimentale quand on sait que la famille Ladourd a sept enfants, un garçon l’aîné et surtout six filles. À dix huit ans, Jean n’a jamais eu d’intimité qu’avec lui-même, et ses proches n’ont jamais été pour lui que des commensaux. Il ne s’est lié avec personne durant les années de collège.

La maison de son oncle Félicien avec ses six filles a tout d’un gynécée pour Jean qui tarde à faire son choix.

Les parents sont encore en Guadeloupe où son père a été nommé. La vie est belle ! Jean parmi les six jouvencelles a enfin sa préférée : l’aînée bien sûre, la ravissante Michelle, dix neuf ans, fine et la poitrine palpitante vouée à la romance…

Mais des années de haine n’ont guère préparé Jean à l’amour et l’apprentissage du bonheur et de la liberté pour échapper à l’oppression familiale est difficile. Le droit de plus ne l’intéresse pas vraiment et s’il ne tenait qu’à lui, il irait séance tenante revendre ses bouquins et partirait trouver du travail à Paris. S’esbigner pour avoir mauvaise conscience n’est pas son style finalement et il se demande pourquoi faut-il si longtemps exister avant de vivre, demander avant de prendre et recevoir avant de donner.

Ses parents lui refusant tout argent de poche, Jean a trouvé des petits boulots en dehors de ses heures de cours de droit afin de pourvoir à ce besoin qu’il a de vivre, et notamment à la Santima chez Félicien son oncle. Quand il a un moment, il rend visite à Michelle. Mais la Vieille veille et ne peut supporter de voir Jean s’accorder tant de liberté, et menace : il devra quitter la chambre de Mme Poli et rentrer en internat avec la discipline inhérente, et également cesser le travail chez Félicien et toute visite à Michelle. Sur ce, toute affaire cessante, Jean fait sa valise en un rien de temps, ne pouvant supporter plus longtemps de voir sa mère craindre son bonheur après l’avoir forcé à faire du droit, et désirer uniquement sa insoumission pour en tirer un argument pour l’éliminer, rendre ses études précaires et son avenir incertain.

À présent il apparaît à Jean qu’il est moins urgent de combattre la Vieille que de la rendre à l’impuissance par un bonheur qui puisse l’offenser. La dernière arme de sa mère plus tard sera la médisance, car la calomnie est la dernière ressource de l’impuissance.

Parti à Paris, il va aller d’emplois précaires en petits travaux tout en étudiant. Les rencontres féminines se succèdent après la rupture minable avec Michelle. Ce sera notamment Emma une brève rencontre au 7e étage de sa pension, et durant deux ans une vie de l’importe quoi avec d’innombrables n’importe qui. Puis Paule Leconidec, sa voisine de pallier, telle une vraie mère enfin pour lui, d’une grande tendresse, certes équivoque, une partenaire plus très jeune mais d’une grande âme devenue pure à force d’être gratitude.

Puis ce sera Monique, l’unique, au sourire venu de très loin qui lui suffit pour dire bonjour, qui ne parle pas beaucoup, une vertu si rare chez les femmes pense Jean. Jean qui a connu la haine et qui découvre l’amour songe alors que si la haine est un combat, l’amour est un pacte tout en ayant les apparences d’un combat. Il la connaît à peine cette inconnue et bénit le hasard qui la lui a donnée mais qui peut la lui reprendre. Il se demande comment il se fait qu’il tienne si fort à cette étrangère et constate avec bonheur qu’au pied de leur intimité, il n’y a pas cette épaisseur de vieille vie, ces détritus d’histoire commune, ce terreau des familles qui rend vivaces les plus belles comme les plus atroces végétations de sentiments. Monique lui offre ses petites manies, ses péchés véniels, ses quarts de silence, son déshabillage éclair et son petit sein dur… Ils s’entendent bien, ils s’aiment. Certes les hommes sont jaloux du passé alors que les femmes le sont du présent : un homme préfère être le premier amour d’une femme tandis qu’une femme préfère être le dernier amour d’un homme. Monique était sans passé. Tout va bien.

Mariage de Jean et de Monique, deuil de Jacques Rezeau et l’ultime querelle à quatre pour l’héritage : Folcoche, Marcel le préféré de sa mère et le secret de sa filiation, Fred et Jean vont s’affronter une dernière fois : les derniers chapitres sont hallucinants de haine et la magnifique exécration que Jean a de tout temps voué à sa mère touche à son paroxysme. Les dernières salves échangées entre Jean et sa mère atteignent des sommets de détestation.

Et Jean de conclure quand sa mère s’en va : « Ô ma jeunesse, je ne t’invoquerai plus. Tu ne t’effaces pas, tu t’estompes comme cette femme qui n’est plus qu’un point noir au bout de la rue, qui lutte contre une rafale et qui semble emporter l’hiver avec elle. »

Un chef d’œuvre au style acide mais sublime, une analyse d’une cruauté rare. Un réquisitoire contre l’oppression familiale.



Commenter  J’apprécie          40
La Mort du petit cheval

La suite de "Vipère au poing". Jean, nommé Brasse-Bouillon, a grandit. Il a vingt ans maintenant et va faire sa vie loin de sa vie parentale, morose, où la haine sévissait. Sa méchante mère est toujours dans ses pensées mais il fera sa vie comme il le désirera , sans la tyrannie de celle-ci. Le petit cheval n'est plus, il est devenu adulte, il fait ce qui lui plait, il ne faut plus le commander.
Commenter  J’apprécie          130
La Mort du petit cheval

Suite de Vipère au poing, ces romans sont devenus de très grands classiques de la littérature du 20ème siècle, au point qu'ils ont fait l'objet de téléfilms très souvent diffusés. Ce type de livre ne peut se démoder, car il décortique les relations qui se tissent entre parents et enfants, et quoi qu'on puisse en penser l'amour maternel n'est pas inné. Lorsque l'auteur écrivait sur ce thème du désamour, pis encore de la détestation, le sujet était tabou... Il ne fallait pas toucher à la famille qui représentait une valeur sûre, avec les fameux liens du sang. Le roman a pu ouvrir les yeux, faire évoluer les mentalités... Je l'ai lu et relu, et je ne le referme jamais sans un gout amer. Un sujet difficile, très bien abordé, bien écrit, mais qui provoque quand même un malaise. Un livre incontournable, tout comme Vipère au poing.
Commenter  J’apprécie          272
La Mort du petit cheval

La suite des aventures de brasse-bouillon.

Toujours bien écrite, mais bien moins intéressante à mon goût et souvenir.

Bazin n'atteint pas la complexité et la profondeur de Jules Vallès ou la sobriété de Jules Renard.
Commenter  J’apprécie          70




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Hervé Bazin Voir plus

Quiz Voir plus

Hervé Bazin

Né à Angers en ...

1901
1911
1921
1931

12 questions
56 lecteurs ont répondu
Thème : Hervé BazinCréer un quiz sur cet auteur

{* *}