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Citations de Honoré de Balzac (6962)


Le succès vient tout d'un coup en 1829 grâce à un essai satirique, La Physiologie du mariage, suivi, en 1830, de La Peau de chagrin, à la fois essai politique, exposé doctrinal et roman philosophique. Pendant les deux années qui suivent, il exploite ce succès initial en écrivant un grand nombre de contes et de nouvelles dans des revues élégantes. Cette abondante production se répartit en deux séries qui annoncent un projet plus vaste, les Contes philosophiques et les Scènes de la vie privée. Les Contes philosophiques développent et systématisent la thèse proposée dans La peau de chagrin : les passions, les désirs excessifs, les pensées obsédantes, les idées auxquelles on s'attache de toutes ses forces, enfin l'abus de l'énergie vitale par tout excès cérébral, sont pour l'homme des causes d'usure prématurée et même de mort. LesScènes de la vie privée, d'ambition plus modeste, décrivent des drames de la vie privée, généralement insoupçonnés du public, qui sont provoqués à l'intérieur des familles par la situation fausse dans laquelle les jeunes filles ou les jeunes femmes se trouvent placées par des mariages de convenance.

Commentaires par Maurice Bardèche
L'originalité de l'oeuvre
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Les avares ne croient pas à une vie à venir, le présent est tout pour eux. Cette réflexion jette une horrible clarté sur l'époque actuelle, où, plus qu'en aucun autre temps, l'argent domine les lois, la politique et les mœurs.
...
Arriver "per fas et nefas" au paradis terrestre du luxe et des jouissances vaniteuses, pétrifier son cœur et se macérer le corps en vue de possessions passagères, comme on souffrait jadis le martyre de la vie en vue de biens éternels, est la pensée générale!
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Il se trouve dans certaines provinces des maisons dont la vue inspire une mélancolie égale à celle que provoquent les cloîtres les plus sombres, les landes les plus ternes ou les ruines les plus tristes. Peut-être y a-t-il à la fois dans ces maisons et le silence du cloître et l'aridité des landes et les ossements des ruines. La vie et le mouvement y sont si tranquilles qu'un étranger les croirait inhabitées, s'il ne rencontrait tout à coup le regard pâle et froid d'une personne immobile dont la figure à demi monastique dépasse l'appui de la croisée, au bruit d'un pas inconnu.
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La bourgeoisie de la rue Saint-Denis s’étalait majestueusement en se montrant dans toute la plénitude de ses droits de spirituelle sottise. C’était bien cette bourgeoisie qui habille ses enfants en lancier ou en garde national, qui achète Victoires et Conquêtes, le Soldat laboureur, admire le Convoi du pauvre, se réjouit le jour de garde, va le dimanche dans une maison de campagne à soi, s’inquiète d’avoir l’air distingué, rêve aux honneurs municipaux ; cette bourgeoisie jalouse de tout, et néanmoins bonne ! serviable, dévouée, sensible, compatissante, souscrivant pour les enfants du général Foy, pour les Grecs dont elle ignore les pirateries, pour le Champ-d’Asile au moment où il n’existe plus, dupe de ses vertus et bafouée pour ses défauts par une société qui ne la vaut pas, car elle a du cœur précisément parce qu’elle ignore les convenances.
(p. 126-127, Chapitre 1, “César à son apogée”).
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Cette double biographie est le résumé de l'histoire générale et particulière, sauf les variantes, de toutes les familles qui ont émigré, qui avaient des dettes et des biens, des douairières et de l'entregent.
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Monsieur Hulot fils était bien le jeune homme tel que l'a fabriqué la Révolution de 1830 : l'esprit infatué de politique, respectueux envers ses espérances, les contenant sous une fausse gravité, très envieux des réputations faites, lâchant des phrases au lieu de ces mots incisifs, les aimants de la conversation française, mais plein de tenue et prenant la morgue pour la dignité. Ces gens sont des cercueils ambulants qui contiennent un Français d'autrefois; le Français s'agite par moment et donne des coups contre son enveloppe anglaise; mais l'ambition le retient et ils consent à y étouffer. Ce cercueil est toujours vêtu de drap noir.
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Je ne me sens pas le moindre respect pour quelque homme que ce soit, fût-ce un roi. Je trouve que nous valons mieux que tous les hommes, même les plus illustres. Oh ! comme j’aurais dominé Napoléon ! comme je lui aurais fait sentir, s’il m’eût aimée, qu’il était à ma discrétion !
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Plus sa vie est infâme, plus l'homme y tient ;
elle est alors une protestation,
une vengeance de tous les instants. 
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Honoré de Balzac
J'appartiens à ce parti d'opposition qui s'appelle la vie.

(Cité dans Perles de vie - René de Obaldia)
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À l'instant où l'argent se glisse dans la poche d'un étudiant , il se dresse en lui-même une colonne fantastique sur laquelle il s'appuie. Il marche mieux qu'auparavant, il se sent en point d'appui pour son levier, il a le regard plein, direct, il a les mouvements agiles; la veille, humble et timide, il aurait reçu des coups; le lendemain, il en donnerait à un premier ministre.
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Quoique la vicomtesse de Beauséant passe pour descendre de la maison de Bourgogne, vous comprenez que nous ne pouvions pas admettre ici une femme séparée de son mari. C'est de vieilles idées auxquelles nous avons encore la bêtise de tenir.

[…]

Le sourire de cette femme annonçait une haute conscience de sa valeur. N'étant ni mère ni épouse, repoussée par le monde, privée du seul coeur qui pût faire battre le sien sans honte, ne tirant d'aucun sentiment les secours nécessaires à son âme chancelante, elle devait prendre sa force sur elle-même, vivre de sa propre vie, et n'avoir d'autre espérance que celle de la femme abandonnée : attendre la mort, en hâter la lenteur malgré les beaux jours qui lui restaient encore. Se sentir destinée au bonheur, et périr sans le recevoir, sans le donner ? Une femme ! Quelles douleurs !

[…]

Elle fut si spirituelle, si gracieuse, elle fut si bien elle-même avec un jeune homme qui ne réveillait point sa défiance, en croyant ne plus le revoir, que Gaston s'écria naïvement à un mot délicieux dit par elle-même :
— Eh ! Madame, comment un homme a-t-il pu vous abandonner ?
La vicomtesse resta muette. Gaston rougit, il pensait l'avoir offensée. Mais cette femme était surprise par le premier plaisir profond et vrai qu'elle ressentait depuis le jour de son malheur. Le roué le plus habile n'eût pas fait à force d'art le progrès que monsieur de Nueil dut à ce cri parti du coeur. Ce jugement arraché à la candeur d'un homme jeune la rendait innocente à ses yeux, condamnait le monde, accusait celui qui l'avait quittée, et justifiait la solitude où elle était venue languir. L'absolution mondaine, les touchantes sympathies, l'estime sociale, tant souhaitées, si cruellement refusées, enfin ses plus secrets désirs étaient accomplis par cette exclamation qu'embellissaient encore les plus douces flatteries du coeur et cette admiration toujours avidement savourée par les femmes. Elle était donc entendue et comprise, monsieur de Nueil lui donnait tout naturellement l'occasion de se grandir de sa chute.

[…]

— Ne me dites pas cela, reprit-elle gravement. Dans toute autre position je vous recevrais avec plaisir. Je vais vous parler sans détour, vous comprendrez pourquoi je ne veux pas, pourquoi je ne dois pas vous revoir. Je vous crois l'âme trop grande pour ne pas sentir que si j'étais seulement soupçonnée d'une seconde faute, je deviendrais, pour tout le monde, une femme méprisable et vulgaire, je ressemblerais aux autres femmes. Une vie pure et sans tache donnera donc du relief à mon caractère. Je suis trop fière pour ne pas essayer de demeurer au milieu de la Société comme un être à part, victime des lois par mon mariage, victime des hommes par mon amour. Si je ne restais pas fidèle à ma position, je mériterais tout le blâme qui m'accable, et perdrais ma propre estime. Je n'ai pas eu la haute vertu sociale d'appartenir à un homme que je n'aimais pas. J'ai brisé, malgré les lois, les liens du mariage : c'était un tort, un crime, ce sera tout ce que vous voudrez ; mais pour moi cet état équivalait à la mort. J'ai voulu vivre. Si j'eusse été mère, peut-être aurais-je trouvé des forces pour supporter le supplice d'un mariage, imposé par les convenances. A dix-huit ans, nous ne savons guère, pauvres jeunes filles, ce que l'on nous fait faire. J'ai violé les lois du monde, le monde m'a punie ; nous étions justes l'un et l'autre. J'ai cherché le bonheur. N'est-ce pas une loi de notre nature que d'être heureuses ? J'étais jeune, j'étais belle... J'ai cru rencontrer un être aussi aimant qu'il paraissait passionné. J'ai été bien aimée pendant un moment !
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– Au contraire, répondit-il sèchement. Les filles élevées comme vous l'avez été, dans la contrainte et les pratiques religieuses, ont soif de la liberté, désirent le bonheur, et le bonheur dont elles jouissent n'est jamais aussi grand ni aussi beau que celui qu'elles ont rêvé. De pareilles filles font de mauvaises femmes.
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L'Esprit est protecteur comme la Divinité, le Désenchantement est perspicace comme un chirurgien, l'Expérience est prévoyante comme une mère. Ces trois sentiments sont les vertus théologales du mariage.

[…]

L'histoire des bons ménages est comme celle des peuples heureux, elle s'écrit en deux lignes et n'a rien de littéraire.
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— On vivote avec son mari, ma chère, on ne vit qu'avec son amant, lui disait sa belle-sœur, la marquise de Vandenesse.
– Le mariage, mon enfant, est notre purgatoire ; l'amour est le paradis, disait lady Dudley.
– – Ne la croyez pas, s'écriait la duchesse de Grandlieu, c'est l'enfer.
– – Mais c'est un enfer où l'on aime, faisait observer la marquise de Rochefide. On a souvent plus de plaisir dans la souffrance que dans le bonheur, voyez les martyrs.
– – Avec un mari, petite niaise, nous vivons pour ainsi dire de notre vie ; mais aimer, c'est vivre de la vie d'un autre, lui disait la marquise d'Espard.
– – Un amant, c'est le fruit défendu, mot qui pour moi résume tout, disait en riant la jolie Moïna de Saint-Hérem.

[…]

On lui parlait de compléter sa vie, un mot à la mode dans ce temps-là ; d'être comprise, autre mot auquel les femmes donnent d'étranges significations. Elle revenait chez elle inquiète, émue, curieuse, pensive. Elle trouvait je ne sais quoi de moins dans sa vie, mais elle n'allait pas jusqu'à la voir déserte.
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Elle se rappela tout à coup la physionomie d'un promeneur que, curieuse, elle avait souvent remarqué, en croyant que c'était un nouveau voisin.
- Vous voyez ce que l'amour m'a inspiré, dit l'artiste à l'oreille de la timide créature, qui resta toute épouvantée de ces paroles.
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Et celui d'un personnage bien moins sympathique, quoique de physique plus agréable, qu'on retrouvera dans "Les Chouans", Corentin :


[...] ... L'autre, dont le costume était dans le même goût, mais élégant et très-élégamment porté, soigné dans les moindres détails, qui faisait, en marchant, crier des bottes à la Souwaroff mises par dessus un pantalon collant, avait sur son habit un spencer, mode aristocratique adoptée par les Clichiens, par la jeunesse dorée, et qui survivait aux Clichiens et à la jeunesse dorée. Dans ce temps-là, il y eut des modes qui durèrent plus longtemps que des partis, symptôme d'anarchie que 1830 nous a présenté déjà. Ce parfait muscadin paraissait âgé de trente ans. Ses manières sentaient la bonne compagnie, il portait des bijoux de prix. Le col de sa chemise venait à la hauteur de ses oreilles. Son air fat et presque impertinent accusait une sorte de supériorité cachée. Sa figure blafarde semblait ne pas avoir une goutte de sang, son nez camus et fin avait la tournure sardonique du nez d'une tête de mort, et ses yeux verts étaient impénétrables ; leur regard était aussi discret que devait l'être sa bouche mince et serrée. Le premier [= La Peyrade, homme de la Police de Fouché] semblait être un bon enfant comparé à ce jeune homme sec et maigre qui fouettait l'air avec un jonc dont la pomme d'or brillait au soleil. Le premier pouvait couper lui-même une tête, mais le second était capable d'entortiller, dans les filets de la calomnie et de l'intrigue, l'innocence, la beauté, la vertu, de les noyer ou de les empoisonner froidement. L'homme rubicond aurait consolé sa victime par des lazzis, l'autre n'aurait pas même souri. Le premier avait quarante-cinq ans, il devait aimer la bonne chère et les femmes. Ces sortes d'hommes ont tous des passions qui les rendent esclaves de leur métier. Mais le jeune homme était sans passions et sans vices. S'il était espion, il appartenait à la diplomatie, et travaillait pour l'art pur. Il concevait, l'autre exécutait ; il était l'idée, l'autre était la forme. ... [...]
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Le père Goriot est sublime !
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Il ne suffit pas pour être un grand poète de savoir à fond la syntaxe et de ne pas faire de fautes de langues.

Cette phrase résume en quelques mots les principales préoccupations artistiques que Balzac met en avant dans ce livre. Comment exprimer la nature sans la copier? Comment donner vie à une toile en plus de savoir les règles de peinture? Voici les questions primordiales pour les trois peintres que l'auteur met en scène. C'est ainsi que Frenhofer désespère de parfaire ses toiles, que Porbus ne sait saisir pour un connaisseur que de pâles esquisses et que Poussin cherche un maître pour le guider dans ses premiers pas d'artiste.
Ces interrogations profondes sur l'art sont une partie essentielle du Chef d'oeuvre inconnu et sont présentes dans toute la nouvelle.
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-Esther ne voudra jamais...
-Ca me regarde.
-Elle en mourra.
-Ca regarde les Pompes Funèbres.
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J' ai vu des femmes donnant à l' enfant d' un premier lit des goûts qui
devaient amenaient sa mort, afin d' enrichir l' enfant de l' amour . Je ne puis
vous dire tout ce que j' ai vu, car j' ai vu des crimes contre lesquels la justice
est impuissante. Enfin, toutes les horreurs que les romanciers croient
inventés sont toujours au-dessous de la vérité. Vous allez connaître ces jolies
choses-là, moi, je vais vivre à la campagne avec ma femme, Paris me fait
horreur.
-J' en ai déjà bien vu chez Desroches" , répondit Godeschal .
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