Citations de Ito Ogawa (1343)
Son dernier cadeau a été le journal de croissance de Ruban, où elle avait noté tous ses progrès. Je ne l'ai pas reçu directement d'elle, c'est ma mère qui me l'a remis.
- Le mariage, tu sais, je crois que c'est un peu comme former un duo de détectives du bonheur. On s'arrache parfois les cheveux, on lutte contre des ennemis puissants, mais malgré tout on continue à avancer, à la poursuite du bonheur.
Les souvenirs les plus chers, je les range bien à l’abri dans mon coeur, et je ferme la porte à clé. Pour que personne ne me les vole. Pour les empêcher de se faner à la lumière du soleil. Pour éviter que les intempéries les abiment.
Quand il était encore petit, pour le jour de l'An, sa grand-mère partait en traineau distribuer les cartes de vœux.
Compte tenu des particularités de la plume de verre, j’ai choisi du papier lisse. Les fibres apparentes, et encore plus les textures proches du papier japonais ne se prêtent pas à la calligraphie à la plume de verre. Avec sa pointe dure, elle accroche les fibres.
J’ai opté pour du vergé crème fabriqué en Belgique, un type de papier utilisé depuis longtemps par les familles royales et nobles d’Europe. Les vergeures — les marques laissées par les fils du tamis utilisé pour fabriquer le papier, qui lui donnent son nom — forment des aspérités ténues, pareilles à des rides, qui projettent de subtiles ombres sur la feuille blanche. Au toucher, ce papier a la chaleur du fait main, il en émane bienveillance et douceur.
"_Vous ne regretterez pas votre lettre ? Vous en êtes sûre ?
Parce que les mots restent. Une fois que l'autre aura lu sa lettre, plus aucun retour en arrière ne serait possible."
La très recherchée Madame Barbara, invitée à nombre de rendez-vous galants, était fort occupée.
Au bout d'un moment, son téléphone a sonné. Rien que son "allo" était sexy, c'était renversant. Sans doute est-ce ainsi qu'elle ensorcelait l'autre sans le vouloir. Moi qui l'entendais, à ses côtés, je commençais à me sentir toute chose, comme si j'étais amoureuse.
Si plus personne n’écrit, un jour, il n’y en aura peut-être plus, de la même façon qu’avec la diffusion du portable, les cabines téléphoniques ont progressivement disparu.
Plutôt que de rechercher ce qu’on a perdu, mieux vaut prendre soin de ce qui nous reste.
Mange amer au printemps, vinaigre l'été, piquant l'automne et gras l'hiver.
L"adresse est le visage d'une lettre, répétait -elle. C'est pourquoi il faut y apporter un soin particulier, la tracer d'une belle main claire.
Les cerisiers n'allaient pas tarder à fleurir. Le ciel avait un sourire rose tendre.
Le timbre devait être humecté avec des larmes de chagrin pour une lettre triste, et avec des larmes de joie pour une lettre gaie. C'est ce que m'avait appris l'Aînée, je m'en souvenais. Mais je n'y arrivais pas encore. Je recourais aux quelques gouttes d'eau suspendues au bec du robinet.
Elle habite au dessus du café. Moi aussi j'habite à la papeterie Tsubaki, et c'est le cas pour beaucoup d'autres commerces de Kamakura où la boutique occupe une partie de la maison : on travaille là où l'on vit. C'est peut-être pour ça que la vie est douce ici.
Malgré le nombre de commandes qu'elle avait honorées en tant qu'écrivain public, l'Ainée ne s'était jamais perdue de vue. Jusqu'à sa mort, elle avait été elle-même. Et maintenant que son corps avait disparu, elle continuait à vivre dans les calligraphies qu'elle avait laissées. Son âme les habitait. C'était ça, l'essence de l'écriture.
Sous nos yeux la nuit s’installait, imposante. Comme pour nourrir l’être vivant qu’était la nuit tout juste tombée, des enfants s’amusaient à allumer des feux d’artifice sur la plage. Les vagues avec la douceur fredonnée, caressaient langoureusement le sable. Un chien nageait vers le large.
Je me suis laissée aller à contempler la mer enveloppée de nuit.
Rien ne nous oblige à fréquenter quelqu’un si on n’en a pas envie, n’est-ce pas ? Les hommes tergiversent, pèsent le pour et le contre, mais les femmes sont libres. Elles peuvent choisir elles-mêmes leurs amies. Se forcer à fréquenter quelqu’un qu’on déteste, c’est une source de tension et ça fatigue les deux parties. Voilà ce que je veux éviter. Parce que je suis adulte.
Participer au bonheur des gens, c’est une fierté pour un écrivain public. Je me demandais s’il était bien nécessaire d’écrire une lettre blessante pour son destinataire.
Mais le travail, c’est le travail.
Le repas pouvait être divin, si les toilettes étaient sales, cela fichait tout en l'air.
p62 (Picquier poche)
Quoi que nous fassions, rien ne peut abolir le sentiment d'impuissance qui nous assaille quand la personne que nous aimons à décidé de partir.
Avec ses joues rebondies on aurait dit un petit gâteau fourré à la pâte de haricots rouges, un manjû tout frais.