Citations de Ito Ogawa (1342)
-Je vais te confier quelque chose qui va t’aider, Poppo.
-Comment ça ? ai-je demandé.
-C’est la formule secrète du bonheur, que j’ai appliquée toute ma vie, a-t-elle dit en riant.
-Apprenez-la-moi !
-Eh bien, il faut se dire à l’intérieur : « Brille, brille. » Tu fermes les yeux et tu répètes « Brille, brille », c’est tout. Et alors, des étoiles se mettent à briller les unes après les autres dans les ténèbres qui t’habitent, et un beau ciel étoilé se déploie.
-Il suffit de répéter « Brille, brille » ?
-Oui, c’est simple, hein ? Et ça fonctionne n’importe où. Quand tu fais ça, les problèmes, les chagrins, tout s’efface sous un joli ciel plein d’étoiles. Vas-y, essaie. Puisqu’elle m’y invitait, j’ai continué à avancer lentement, appuyée sur son bras, les yeux fermés. Brille brille, brille brille, brille brille, ai-je répété en moi-même. Et en effet, dans le néant de ténèbres qui régnait en moi se sont invitées des étoiles ; à la fin, c’en était même éblouissant.
-C’est magique.
-N’est-ce pas ? Cette formule secrète est très efficace, alors sers-t’en. Je te la donne, a-t-elle murmuré. La tête dans les étoiles, je l’ai remerciée.
L’amour n’a pas besoin d’artifices, alors j’ai simplement ajouté une pincée de sel.
Quand on y pense, on ne se voit pas en entier. On voit sans peine ses mains ou ses orteils, mais pour regarder son dos ou ses fesses, on a besoin d’un miroir. Les autres nous voient beaucoup mieux. Du coup, on a beau se visualiser de telle ou telle façon, les autres ont peut-être une autre vision de nous.
Une belle écriture ne tient pas à une graphie régulière, mais à la chaleur, la lumière, la quiétude ou la sérénité qui en émanent. J'aimais ces écritures-là. (p. 168)
L'Aînée interdisait qu'on décachette une lettre à la main, en la déchirant. Moi aussi, désormais, quand j'ouvrais mon courrier, j'utilisais toujours un coupe-papier.
On a du mal à jeter, à peine lue, une lettre qui nous est adressée. Même la plus humble carte postale, du moment qu'elle est manuscrite, garde la trace vivace de l'esprit et du temps de celui qui l'a rédigée.
La peinture m'a appris le désir. Quand je peins, j'atteins l'extase. Parfois j'en oublierais presque de respirer. En peignant, j'ai découvert le moyen de parvenir à l'oubli de moi-même.
Pendant que les haricots azuki cuisaient dans une marmite en terre, j’ai blanchi l’armoise sur l’autre feu. L’eau se teintait d’un vert profond à vue d’œil. Un parfum frais enflait, comme un concentré de printemps. J’avais l’impression d’être en forêt.
J'étais heureuse.
Heureuse à en avoir le souffle coupé, comme si j'allais mourir étouffée par le bonheur.
Si tu cuisines en étant triste ou énervée, le goût ou la présentation en pâtissent forcément. Quand tu prépares à manger, pense toujours à quelque chose d'agréable, il faut cuisiner dans la joie et la sérénité.
La vie ne se passait pas toujours comme prévu. C'était ce que m'avaient appris ces trente et quelques années passées sur terre. Mais c'était précisément parce que la vie était imprévisible que l'on pouvait savourer la joie de surmonter les obstacles.
Plutôt que de chercher ce qu'on a perdu, mieux vaut prendre soin de ce qui nous reste.
Quoique nous fassions, rien ne peut abolir le sentiment d'impuissance qui nous assaille quand la personne que nous aimons a décidé de partir.
Dans la vie courante, les occasions d'écrire à la main sont de moins en moins fréquentes. L'Aînée voyait cela d'un mauvais œil.
Les lumières de la ville défilaient derrière la vitre.
Adieu !
Dans mon cœur, j'ai agité la main.
J'ai fermé les yeux et tout ce qui m'était arrivé depuis ce jour-là s'est bousculé dans ma tête, comme des feuilles mortes balayées par le vent d'hiver.
Elle s'est levée.
Elle était sublime. Elle était l'incarnation personnifiée de cette vieille expression qui dit qu'une femme debout a la grâce de la pivoine de Chine, celle de la pivoine arbustive quand elle est assise, et celle du lis quand elle se met en mouvement.
Cependant, si tout à un début, tout a aussi une fin.
Il s'est passé quelque chose que les habitants de Berlin, à l'Est comme à l'Ouest, n'avaient pas imaginé. Le 9 novembre 1989, le mur est tombé. Sans que les habitants de Berlin-Est essuient la moindre balle, sans faire une seule victime.
Au même moment, au creux de ma main, un autre miracle se produisait. Ruban naissait.
Pge 286-287
Le sourire toujours plaqué sur mes lèvres, je me suis lavé les mains. Car elle m’avait aussi appris que se laver les mains, lorsqu’on ressentait de la peur ou du dégoût, était un excellent moyen pour changer d’humeur.
...on dit que si on se coupe les ongles après les avoir trempés dans l’eau des sept herbes sauvages, on passera toute l’année en bonne santé.
— C’est vrai ?
— Oui.
Pour tout avouer, l’an passé, je ne l’ai pas fait car cela me semblait inutile. Et je n’ai pas tardé à attraper un rhume. Je sais bien qu’il n’y a pas de lien direct. C’est une superstition, rien de plus. Mais se plier à cette tradition permet, par la force de l’esprit, de se convaincre qu’on ne s’enrhumera pas, et peut-être qu’alors le corps bloque les microbes.
Vivre, c'est être la lumière de quelqu'un d'autre.