AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jack Kerouac (550)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Anges de la désolation

Anges de la Désolation ne figure sur aucune liste de livres qu’on doit avoir absolument lus. C’est pourtant un livre fort intéressant. Kerouac s’y livre plus librement que dans ses autres romans et sa prose est magnifique.



La première partie se passe sur Desolation peak où il passe deux mois comme garde forestier à surveiller les incendies. Comme il n’a pas grand-chose à faire, ça ressemble un peu à une retraite de méditation. En parfaite communion avec les éléments, Kerouac s’extasie devant les «créatures de Dieu». Ce moment sur Desolation peak a déjà fait l’objet d’un récit à la fin du livre Les clochards célestes et aussi d’une nouvelle dans Le vagabond solitaire. Alors ce n’est pas le passage le plus captivant du livre. C’est même un peu lassant. Et ça dure un peu plus de cent pages (sur cinq cent-vingt)… Mais ce passage est essentiel pour comprendre la nature contemplative de Kerouac et son besoin de solitude.



Le livre démarre vraiment lorsqu’il part de Desolation peak et arrive à Seattle, puis à San Francisco où il est plongé dans l’effervescence beat. Avec Ginsberg (Irwin dans le livre), Cassady (Cody) et une poignée d’autres, il passe un moment à vivre de façon éclatée : boîte de jazz, alcool, poésie déjantée… Il se rend ensuite au Mexique rejoindre un de ses potes junkie. Kerouac vit dans une chambre sur le toit d’une maison et passe ses journées à écrire. De temps en temps, il va chercher de la came pour son ami toxicomane qui est aussi un érudit en histoire. Loin de la scène beat, Kerouac retrouve la quiétude dont il a besoin pour s’émerveiller et écrire. Mais cette tranquillité est bientôt rompue par Ginsberg qui arrive avec les autres. L’énergie extravertie de Ginsberg est peu compatible avec le tempérament zen de Kerouac qui a besoin de calme et surtout de distance pour arriver à laisser sa conscience s’imprégner de l’instant. Sous la pression de Ginsberg, il quitte le Mexique avec les autres et fait le trajet en voiture jusqu’à New York où il retombe dans la scène beat. De fêtes en beuveries, Kerouac finit par rencontrer une amie de Ginsberg, une juive ayant des prétentions littéraires. Il aménage chez elle mais cette vie routinière lui pèse et il s’embarque sur un cargo qui part pour l’Afrique. Un des moments intéressants est sa rencontre à Tanger avec Burroughs (Hubbard dans le livre). Pour une fois, Burroughs est en forme. Kerouac se laisse entièrement absorber par ce qu’il appelle «l’instant», les odeurs et la nuit Africaine, jusqu’à ce que Ginsberg et sa bande le rejoignent à nouveau. Le party reprend mais au milieu des festivités, Kerouac semble avoir perdu ses illusions. Il laisse ses amis et, après une courte traversée de la France et un séjour à Londres où il va quémander de l’argent à son éditeur, il retourne en Amérique et entreprend la traversée du continent en autobus avec «mémère» (sa mère). Ils arrivent en Californie mais sitôt arrivée, elle s’ennuie et souhaite retourner vivre en Floride chez sa fille.



Au-delà de l’aventure et des voyages qui servent de prétexte à l’écriture, il y a la voix de Kerouac. Plus on avance dans le livre, plus on a l’impression d’être avec lui. Il nous parle de son besoin de solitude, de sa quête existentielle et de sa désillusion envers le milieu beat. Kerouac s’avère profondément humain et exprime ouvertement les doutes qui assaillent le jeune écrivain. Il n’a pas de réponse à nous donner mais pose beaucoup de questions. Et c’est un humain vulnérable et à fleur de peau qui laisse couler ses émotions sur la page. Au fond Kerouac pose la question suivante : Qu’est-ce qu’un écrivain? Tout au long du livre, ce sous-thème refait surface. Et l’on finit par comprendre que sa façon étrange de vivre, de ne jamais s’attacher nul part ni à quiconque et de vivre dans l’instant présent… sont pour lui les aspects les plus importants de l’écrivain. Vivre au présent et dans les éléments —quitte à recevoir des coups sur la gueule— pour que la prose sente le vécu.



Anges de la Désolation est un livre moins spectaculaire que ses romans plus connus mais il est plus révélateur de l’intériorité de Kerouac. Ce n’est pas un must mais c’est un livre fascinant pour quiconque veut comprendre celui qui fut la tête d’affiche de la génération beat.
Lien : https://alaincliche.wordpres..
Commenter  J’apprécie          80
Anges de la désolation

Lorsqu'un un roman ou même un essai ou tout autre ouvrage vous a impressionné, séduit, il est périlleux d'en faire un commentaire sans négliger toutes les idées, les impressions de l'auteur. Déjà le titre « Anges de la Désolation » interroge et nécessite une définition de la scène de crime.

Jack Duluoz, le double de Kerouac se définit et définit ses amis comme des Anges de la Désolation. Il a 34 ans. Il se trouve dans le parc national de mont Baker, plus précisément sur le mont Hozomeen dans la vallée du Skagit dans le nord-ouest de l'Etat de Washington pour surveiller et alerter en cas d'incendie. Dans ce paysage grandiose il fait le vide dans un temps qui s'étire vers l'éternité. Dans ce lieu de contemplation, on s'y retrouve comme dans une église faite de montagnes, de vallées, d'arbres centenaires, d'oiseaux multicolores et d'une lune à la triste figure. Il est bon de s'y ennuyer. On se fond dans l'humanité dans une existence ignorante à côté d'une inexistence éclairée. La solitude permet de se souvenir ; du jour de sa naissance, une nuit d'orage pendant l'été 1922, des champs de courses, de ses études à Columbia inachevées. Deux mois d'introspection, presque semblable à ces ermites du désert, à la recherche de Dieu, à la recherche de ses présages, à la recherche de la source de la mort.

Puis, c'est le retour à la vie urbaine, dans cet enfer bétonné et bruyant, accouché d'hallucinations. Il y a des gens poursuivant le rêve américain. Il y a des gens qui crient en plein coeur de l'Amérique industrialisée. Il y retrouve ses amis, l'empreinte des filles, la circulation infernale, la musique aussi, surtout. Comme Jack, je ne peux pas me passer d'une journée sans musique. Sa couleur riche, ses rythmes. Un mélomane sommeille en nous. Des amis, artistes, qui expérimentent l'alcool, les drogues, le sexe sans inhibition. D'argent aussi. D'une certaine façon, la société, cette agitation mondaine, se construit sur l'exploitation humaine, sur l'exploitation de la nature. Toujours plus d'argent.

« Mais je n'ai jamais rêvé, et même en dépit de ma grande détermination, de mon expérience dans les arts de la solitude et de ma liberté dans la pauvreté – je n'ai jamais rêvé que je serais aussi embarqué dans l'action du monde » Ces propos, Jack Duluoz les tient lors de son escapade au Mexique. Cet intermède, il en profite pour écrire et délirer avec son ami Bull Gaines.

Dans le dernier tiers, nous découvrons enfin le Jack Duluoz, après sa mue et la révélation de son expérience du monde entre Tanger, la France et Londres.

Ce voyage en compagnie de Duluoz m'a laissé entrevoir un homme complexe, angoissé et talentueux. Même si nous sommes fauchés, la vie peut-être intense et riche, bien que j'en doute cinquante ans plus tard. C'est un roman solaire qui résonne en moi comme une invitation à explorer le monde mais aussi à lire et à écrire tranquillement dans l'intimité de ma chambre.

Commenter  J’apprécie          30
Avant la route

J'ai découvert Kerouac à vingt ans dans une sorte d'émerveillement sacré et je le relis pieusement plus de vingt ans plus tard dans la même transe éblouie.

Ti-Jean mélancolique à l'âme hurlante, la sainteté de ta prose touche le coeur avec une acuité et une persistance incomparables. Tout ton génie déjà dans ton premier livre, "The Town and the City", si vivant et en même temps si inquiet, hanté par la mort, la solitude du génie jeté comme l'ange Lucifer sur la terre, une terre si belle et en même temps si âpre, si tragique, le grand théâtre du monde plein de bruit, de fureur, d'amour et de désolation qu'il s'agit de célébrer juste avant d'en périr.
Commenter  J’apprécie          20
Beat Generation

Dans un élan mystique, avec le timbre rauque rendu par les opiacées, Jack Kerouac disloque l'Amérique du rêve américain. Ses personnages - Milo et Buck en tête, sont le monde des laissés pour compte. Grâce à des propos tue-mouche, l'auteur met à l'épreuve la langue.

Des amis fauchés se rendent aux champs de courses pour dépenser leur maigre fortune. Comme tous les joueurs addictifs, Milo a une astuce pour gagner. Une combine qu'il ne respecte pas.

Avec une ironie jouisseuse, Jack Kerouac exhibe la réalité désolante d'une société contemporaine globale. Même la religion ne semble pas avoir de réponse.
Commenter  J’apprécie          20
Beat Generation

La génération perdue d'avant guerre engendra la génération béate. Les Beats marchent en contemplant les étoiles. Des anges non pas déchus mais seulement tombés du ciel, un peu trop vite, d'un peu trop haut.. Ils savent qu'ils doivent rejoindre le ciel mais ne se souviennent plus du chemin. Alors ensemble, en amitié il lisent une carte qu'ils décryptent en utilisant certains philtres : alcool, sexe et drogue, certaines clés : musique, poésie, l'art dans tout ses états

Les états unis des années 50 étaient " vendus" comme un rêve, mais en réalité ce monde "celluloïd" était épouvantable. L'enfer n'est pas une demeure, on ne peut que vouloir s'en échapper. Les personnages de cette pièce sont ceux qu'ils sont, vivent comme ils sont. Et c'est de cette façon que Kerouac a décidé de faire tourner sa plume autour d'eux. On aimera ou pas. Et cela n'a pas d'importance. puisqu'avec ou... sans nous : "Ils sont".

Astrid SHRIQUI GARAIN
Commenter  J’apprécie          130
Beat Generation

Je termine la lecture de cette pièce de théâtre un peu perplexe. Certes j'ai acheté ce livre quand je suis allée voir l'exposition sur la "Beat génération" à Beaubourg, motivée par un texte homonyme inédit de Jack Kerouac.

Nous sommes aux États-Unis en 1955 et Kerouac fait le portrait d'hommes plus ou moins à la dérive, portés sur l'alcool, liés par l'amitié et l'envie d'être riches. Ils sont un peu philosophes malgré eux. Ils se retrouvent pour jouer aux échecs ou aux courses. Milo, le cheminot, fait un plan sur la comète en proposant à ses copains un réseau de turf pour gagner de l'argent, avoir un capital, mais aussi aider ceux qui en ont besoin.

Il y a sans doute du vécu dans cette histoire où la religion est présente avec le passage d'un prêcheur de la nouvelle église araméenne (je ne sais même pas si elle existe).

J'avoue que je n'y ai pas été très sensible d'autant plus que les femmes n'ont pas le beau rôle. Elles sont serveuses, poules ou bigotes et manquent de considération.

Cela reste un texte qui a un intérêt historique car il témoigne de l'émergence de ce mouvement littéraire et artistique, la "Beat génération", qui scandalisa l'Amérique puritaine et préfigura la libération culturelle, sexuelle et le mode de vie de la jeunesse des années 1960.

D'abord perçus par la culture dominante comme des rebelles subversifs, les beats apparaissent aujourd'hui comme les acteurs d'un mouvement culturel parmi les plus importants du 20ème siècle.





Commenter  J’apprécie          40
Beat Generation





The beat goes on



1

Dans l’une des tours du mur d’ Hadrien

aux confins de l’ancien empire romain

là où maintenant lads et lasses djeordie

viennent écouter Corso et Ferlinghetti

dirent leurs poèmes avec Gary Snyder

soutenus par le beat de Charlie Parker.



2

Après des pintes de Newcastle brown ale

et la lecture des vers des poètes anonymes

sur les murs gris et sales couverts de rimes

de la gare centrale où arrivait Vachel

tout droit venu de la chaleur méridionale

jusqu’à ces frontières septentrionales.



3

Le concert ce jour là de Duke Ellington,

aux saxos Paul Gonçalvès et Johnny Hodges,

et après l’entracte, de retour des loges

les géants Cootie Williams et Cat Anderson,

avec une fille trouvée au hasard d’un verre,

séduite par la jovialité des compères,

propulsée sur la scène en ce soir d’hiver,

elle qui pensait à une party du vendredi

O ! surprise, elle avait trois mille spectateurs…

les musiciens, habitués aux facéties

souriaient et alors sourirent de même

de cette malice la fille et les auditeurs.



4

Dans un pub enfumé jouaient de la musique

des jeunes gens aux guitares très électriques,

une fille dans des fumées interdites

tendait la main et les yeux pour un amour

de passion anonyme jusqu’ au petit jour,

jamais les paroles de l’amour ne furent dites,

dans cette nuit à aucun moment platonique.



© Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          60
Big Sur

Ivresse éthylique et sensibilité artistique.



Où nous retrouvons notre écorché Jack qui tente de s'échapper du tourbillon d'un monde urbain qu'il ne comprend décidément pas et faisant suite à sa renommée nouvellement acquise. Il vient trouver refuge dans une cabane à Big Sur sur la côte californienne engoncée dans une nature époustouflante. Mais ses mauvais démons le retrouvent et de délires fiévreux à des réflexions philosophico-déprimantes, notre angoissé dépressif va finalement retrouver ses amis de beuverie... Les virées orgiaques reprennent et Jack est de nouveau aspiré dans une spirale désordonnée pour soulager son hypersensibilité artistique.

Un ouvrage poignant sur un être en souffrance, recherchant des réponses improbables sur le sens d'une vie frôlant l'absurde.
Commenter  J’apprécie          153
Big Sur

Ce n'est pas le livre le plus réputé du fameux beatnik réactionnaire Jack Kerouac cela ne l'empêche pas d'être tout de même très bien. L'ami Ti Jean est déjà assez étiolé, mais il est surtout très enquiquiné par tout ce qu'il avait inventé à l'insu de son plein gré : les beatniks, les hippies, la contre-culture ce genre de trucs et machins dépeignés qui le fatiguent bien plus qu'autre chose. Le voilà donc réfugié loin du brouhaha beat à Big Sur sur les bords du Pacifique. Plus panthéiste, bouddhiste et vieux catholique en loucedé qu'autre chose il se noie dans la nature, habite dans une cahute qui ressemble à une grotte augiérasienne, parle aux étoiles et bois un plus que de raison… Évidemment, tout cela ne dure pas, l'ennui, le mal-être, la solitude lui pèsent sur les omoplates avec une lourdeur tout ontologique. Même la nature semble lui en vouloir et le voilà bientôt de retour dans la ville brumeuse si mal célébrée par Scott McKenzie et Maxime Le Forestier. En somme, la boucle est bouclée, et la boucle est pour le moins méphistophélique.

Puisque j'ai encore la langue un peu levée, je profite de mon bref passage en ces lieux pour vous signaler que l'ami Kerouac, et notamment l'ami Kerouac terminal, était un type très bien. Un type libre de se tuer dans l’alcool. Libre de se gâcher et de ne rien donner à ce consortium problématique que forme la société. Libre de ne pas être concerné par un monde offrant toute une gamme de pesanteurs mordorées. Libre de ne pas être politique au sens merdeux. Nouveau Redneck, il se réfugie dans les jupes de sa génitrice entre deux delirium tremens … On le trouve puant de conformisme, alors que lui n’est que désolation, entre son frère mort, ses problèmes d’identités mal assumés, une vraie féerie morose. Tout ça finira mal dans un genre de glauque divertimento franco-canadien au milieu des reptiles et de la fièvre. Ensuite, le silence, la mort… Les écrits restent.
Commenter  J’apprécie          30
Big Sur

La route a changé, l'heure n'est plus aux douces rêveries pour Duluoz.

Dans sa longue descente aux enfers, Kerouac constate, Jack doute et Ti Jean tombe. La folie guette... Triste sort, l'étau se resserre, la soirée apocalyptique approche...
Commenter  J’apprécie          90
Big Sur

Je viens de finir la lecture de Big Sur et je l'ai rangé avec ce même sentiment qui vous assaille après avoir passé un moment avec un ami, perdu de vue depuis longtemps, qu'on a revu avec grand plaisir, mais qu'on a retrouvé triste, malheureux et qu'on a quitté dans cet état, avec dans le coeur, une mélancolie à l'idée de ne pas pouvoir l'aider. Du début jusqu'à la fin de ce récit, celui des quelques semaines passées entre San Francisco et une cabane isolée à Big Sur, Kerouac souffre, il est triste, a des hallucinations, des crises de paranoïa, avec de temps en temps des moments d'apaisement, mais qui ne durent pas longtemps. Alors Kerouac s'encourage, ne veut pas se laisser aller, puis il s'abandonne à ce qu'il a fui au début: l'alcool, et les folles virées. Puis il a des remords, prend la décision de tout changer, tient quelques heures, reboit, et rebelote...le tout avec une générosité sans faille,générosité du coeur et du portefeuille. Les passages où il retrouve Cody (Dean Moriarty), où il repense aux moments passés ensemble sur la route, à leurs discussions et confidences, et où il sent que le temps est passé par là, et que c'est perdu à tout jamais, sont doux-amers. Et la mort, partout, réelle (son chat, une loutre, une souris dans sa cabane), ou imaginée, hallucinée, avec ses acolytes: angoisse, terreur et colère. Et c'est peut être ça le problème: quand on met de côté le très facile:"tout ça c'est à cause de l'alcool", on se dit que cette incroyable acuité, cette formidable conscience de la fatuité de la vie, malgré sa beauté, tout cet éphémère, que ressent Kerouac durant sa jeunesse, et qui ont fait de lui cet écrivain merveilleux, sont justement portés à la jubilation par la force de la jeunesse,encore vierge des sales coups de la vie et des déceptions inévitables, grandes ou insignifiantes. Mais quand on a quarante ans,et qu'en plus on a été happé par un monde de consommation, qui travesti votre oeuvre en marque déposée, et qui vous harcèle, cette prise de conscience de la réalité de la vie devient uniquement douleur. Elle est stérile et ne peut plus vous aider à aller de l'avant, à prendre le monde et les hommes à bras le corps. Fatigué en somme. Mais heureusement, les amis sont là, fidèles, patients, sincères, conscients des problèmes de Kerouac, physiques et métaphysiques. Kerouac est tellement "présent" dans ce livre, presque physiquement qu'on se demande si c'est encore de la littérature, de l'écriture...mais au fond, on s'en fiche: c'est sincère, jusqu'au bout, et c'est beau.
Commenter  J’apprécie          161
Big Sur

.. il faut être allé à Big Sur, pour saisir la dramaturgie du site, et par conséquent la teneur déjantée du livre... un régal de freakout...!!!!!
Commenter  J’apprécie          00
Big Sur

Not sure

Ce texte est un clin d'oeil à l'oeuvre de Kerouac, je n'ai pas su l'apprécier à sa juste valeur. À mon humble avis, si vous ne connaissez pas ses oeuvres, celui-ci ne vous enchantera pas. Je vais lire sur la route qui est un succès et qui devrait mieux représenter ce pourquoi on a aimé Kerouac.

Sa plume est rythmée et sans prétention; la dynamique est intéressant mais sans plus.
Commenter  J’apprécie          01
Big Sur

C'est ici un Kerouac bien différent que celui de "On the road" que l'on retrouve...Fini les grands espaces et l'envie de bouger sans se soucier du lendemain, bonjour la panique et les crises d'angoisses! Il est toujours pourtant bien présent, notre héros, avide de rencontres humaines et de nouveaux paysages! Mais il se sent un peu vieilli, la boisson lui joue des mauvais tours et on sent tout au long de l'histoire que la mort le hante, c'est d'ailleurs un nouveau sujet dont il ne parlait pas dans les autres romans! Le paysage et l'amitié restent très importants! Très différent de ses romans prédédents mais tout aussi beau, Kerouac reste le grand écrivain de la "Beat Generation" et j'ai beaucoup aimé ce livre!
Commenter  J’apprécie          20
Big Sur

Troisième roman (autobiographique) de Jack Kerouac, le représentant de la Beat Generation. Autant annoncer tout de suite que ce fut une amère déception. Sur la route m’avait déplu, Les clochards célestes m’avait réconcilié avec l’auteur, Big Sur m’a à nouveau brouillé avec lui. Pourtant, le début était prometteur. Jack Duluoz (le double de l’auteur) vit difficilement sa célébrité nouvelle. Un ami lui propose de se retirer un certain temps à l’écart, dans la nature, et il accepte, question de retrouver la communion avec lui-même et son environnement. Cet aspect mystique de l’auteur me plait. Il se rend donc à l’endroit en question : Big Sur, sur la côte californienne. L’évocation de la nature m’a impressionnée. J’y suis moi-même allé il y a quelques années, le lire était comme y retourner en pensée. C’était tellement ça : l’océan, le brouillard, les paysages impressionnants et majestueux.



La suite, même si elle est un peu sombre (insomnie, folie, cauchemars, alcool et dépression), m’a tout de même intrigué. Ce n’est pas quelque chose qui me rebute (Huysmans, sors de ce corps !) sauf si de tels passages s’étirent, s’étirent et s’étirent et deviennent un cercle infernal lourd et difficile à supporter. Et malheureusement c’est un peu ce qui se passe ici. Du moins, mon désenchantement m’a empêcher de voir ce qu’il y avait d’intéressant et dont je suis certainement passé à côté.



Où est passé l’émerveillement devant la nature ? Devant la beauté humaine, sa poésie, sa jeunesse, sa vigueur ? Je comprends un peu les désillusions de Jack Duluoz (et, à travers lui, Jack Kerouac lui-même) mais il passe son temps à dénigrer ses contemporains comme Monsanto ou bien Cody devenu un père de famille respectable, il fait des folies avec ses « amis » même s’il sait qu’il les regrettera quelques jours plus tard. Les grandes beuveries, je suis passé à autre chose il y a longtemps.



Kerouac aurait dû être aussi critique de lui-même. Après des aventures désastreuses sur la côte ouest, il répète son exploit de « Sur la route » et commet un énième bouquin où il ne se passe rien de spécial. Pourquoi l’écrire dans un livre alors ? Pour vendre ? Se faire de l’argent ? Ça me semble assez hypocriteinusité et difficile à croire puisqu’il reprochait à plusieurs leur matérialisme. C’est surtout incroyablement triste. Ceci dit, au final, je ne retire de Big Sur que ce qui m’a plu, interpelé : les évocations des lieux visités lors de mon voyage en Californie, Monterrey, San Francisco, l’océan Pacifique toujours présent, qui nous envoie ses vagues et son air marin…
Commenter  J’apprécie          370
Big Sur

Kerouac, l'anticonformiste, le poète, le "roi des beatniks", fait le point sur sa vie cinq ans après "La route". Cinq ans de vie sous perfusion éthylique. Un jour, il décide de trouver un peu de quiétude et de fuir la ville de San Francisco et ses nombreuses sollicitations - tout le monde veut voir la grande célébrité et boire un coup - pour se réfugier dans la cabane d'un ami à Big Sur. le repos du guerrier se résume à un retour à la nature mais la solitude l'étreint au bout de deux semaines. Alors il va faire venir ses amis à Big Sur pour recommencer ce qu'il faisait à San Francisco... Ce roman autobiographique m'a paru au premier abord gentillet. Pourtant, après réflexion, il représente ce courant contraire, à la marge, choquant pour l'époque mais si important, qui a traversé les années 60 aux Etats-Unis puis ailleurs.
Commenter  J’apprécie          300
Big Sur

Deuxième lecture 20 ans plus tard et aucune déception. Je retrouve intact mes impressions du récit pathétique (au sens littéraire) d'un homme hypersensible, dépassé par sa notoriété, ne se reconnaissant plus dans le personnage qui l'a rendu célèbre.

La retraite de Jack Duluoz à Big Sur, sur les côtés escarpées californiennes qui dominent le fracas de l'océan Pacifique, commence pourtant bien. Il est seul dans sa cabane, une rivière court gentiment à quelques mètres, la nature l'entoure. Jack Duluoz a vieilli, s'est mis au zen et respecte la moindre vie rencontrée. Mais, au creux de ces vagues violentes qui s'écrasent sur la côte se blottit un pressentiment de folie, celle qui va gagner Jack petit-à-petit.

Alcoolique, instable, angoissé, Jack recommence après quelques semaines cette vie frénétique de rencontres et beuveries, les allers-retours parfois stériles d'un ami à un autre, les soirées pleines d'adrénaline avec Cody alias Dean Moriarty dans Sur la Route alias Neil Cassady dans la vraie vie qui, lui, est casé, apaisé depuis sa sortie de prison et que j'ai retrouvé avec plaisir dans ce roman.

On est loin de la liberté éprouvée dans Sur la Route, ce que reproche certains lecteurs de ce livre, mais pour l'auteur, même si le succès de ce roman est récent, cette partie de sa vie fait partie d'une jeunesse maintenant passée. Ici on aborde la déchéance de l'auteur qu'il décrit avec une réelle sincérité, et on lit le roman comme si on était tout près de lui à vivre ses tourments en direct.

Sans doute une lecture qui ne touchera pas tout le monde, mais pour les fans de Kerouac, une retrouvaille bouleversante.







Commenter  J’apprécie          224
Big Sur

« Après l’ivresse, la gueule de bois » pourrait être une très bonne façon de résumer Big Sur. Après moult abus en tous genres, notamment en lien avec le succès rencontré au fil des publications, ayant fini par mener Ti Jean, alter ego romanesque de Jack Kerouac, à la limite de la folie, celui-ci décide de s’exiler à Big Sur, dans une cabane à l’écart prêtée par un ami de San Francisco, pour se retrouver, et plus encore retrouver un souffle qui va lui permettre de repartir d’un meilleur pied, autour professionnellement que personnellement. Ou pas… Car cette escapade en pleine nature ne va pas avoir les effets escomptés, bien au contraire : la gueule de bois ne va en être que plus cauchemardesque…



Après avoir été déçue par Les clochards célestes que je trouvais foncièrement trop académique, et une incursion romanesque plus classique, mais amplement justifiée, avec The Town And The City, je retrouve enfin dans ce roman la patte de Kerouac qui m’avait manquée. En résumé, c’est autant le bordel sur sa plume que dans sa tête, chose parfaitement bien retranscrite par cette incursion à Frisco et ses alentours, incursion qui prend d’ailleurs une tournure de plus en plus tragique et pathétique à la vue du délitement de notre narrateur s’enfonçant de plus en plus profondément dans les affres de l’alcoolisme et de ses malheureuses conséquences – delirium tremens, difficultés sociales et psychologiques que les abus d’alcool entraînent… Mais malgré tout, la plume, bien que fragile, n’en reste pas moins vivace et percutante, capable de montrer le meilleur comme le pire de tout ce qui nous entoure, lieu, chose, personne, et plus encore de celui qui la tient.



Un grand Kerouac en somme, que j’ai apprécié lire pour débuter l’année.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
Commenter  J’apprécie          171
Big Sur

« Je me considère comme le plus grand misérable, le plus sale individu de la terre ; mes cheveux emmêlés par le vent se sont rabattus sur ma face stupide d’idiot profond, la gueule de bois a fait pénétrer la paranoïa en moi, jusque dans les moindres fibres de mon être. »



Il faut avouer qu’en matière de gueule de bois Jack Kerouac était spécialiste. Au-delà même de ce qu’il est possible à un organisme humain d’endurer… Ce roman me paraît être un récit, à peine transposé, d’une période difficile de sa vie, pendant l’été 1960. Un ami lui prête une maisonnette perdue dans la nature désolée de la côte sauvage de Big Sur.



La côte est très découpée, mais la plage est accessible et Jack Duluoz, le narrateur, y passera ses nuits à écrire de la poésie en écoutant le ressac. Il avait prévu d’y passer plusieurs semaines absolument seul, pour se ressourcer.

Il tiendra trois semaines avant de retourner à San Francisco, où ses nombreux amis l’attendent et où des beuveries sans fin et des liaisons amoureuses compliquées le pousseront à bout.



Les premiers jours de retraite semblaient pourtant idylliques mais rapidement Jack sent monter en lui de la dépression et de l’angoisse. Il n’y a pas vraiment de suspense car Jack révèle qu’il a connu là-bas, à son retour dans cet ermitage finalement très peuplé, un épisode effrayant de paranoïa et de delirium tremens.



Je me suis plongé dans ce roman de Jack Kerouac car ce site de Big Sur était aussi le cadre du premier roman de Richard Brautigan, « Le général sudiste de Big Sur ». Mais là où la poésie douce-amère de Brautigan fait merveille, je dois avouer que ce roman trop sombre et répétitif est une déception. Il n’est vraiment pas « aimable ».



Il me reste encore un roman à découvrir dans mon périple « Big Sur » : celui d’Henry Miller, « Jérôme Bosch et les oranges de Big Sur », que je lirai prochainement.

Commenter  J’apprécie          282
Big Sur

« Je suis Breton ! » m'écrié-je et les ténèbres répondent : « Les poissons de la mer parlent breton. »



Jack, las de son quotidien chaotique, part se retirer sur la côte Ouest. Apaisé puis peu à peu tétanisé par le sublime primitif des lieux, notre héros beatnik se retrouve balloté entre détente et détresse, entre pastorale enchanteresse et descente aux enfers. Baigné dans cette atmosphère qui tour à tour le berce et l’oppresse, il « apprend à redevenir poisson », captif de ce bouleversant paradis perdu virgilien qui le rappelle à sa condition de simple et ridicule mortel – poussière dans ce décor millénaire.



Jack est tiraillé entre son besoin de solitude, de vrai, et son penchant pour le sensible, le brûlant, l’échange. La sobriété, ses ténèbres et ses poissons mythologiques d'un côté... l’aquarium et ses très addictifs – et très rassurants – artifices, de l'autre.



Les passages sur l’alcoolisme (fléau qui décime, par chez nous) sont très beaux et m’ont particulièrement touchée. Kerouac met des mots sur ce désespoir, donne une voix à ces yeux vitreux, à ceux qui se sentent trahir chaque jour un peu plus ceux qui les ont mis au monde. Roman de la mélancolie et de la résignation, de ceux qui sombrent, dénigrés, en silence – rien de glorieux, juste une envie de comprendre et d’appartenir et une incapacité viscérale (douloureuse) à y parvenir.



Je m’intéresse de plus en plus à ces récits de voyages intérieurs, réminiscences romancées, et je dois dire que comparé à celle de Proust (dont il s’inspire, dans la démarche), sa « Recherche » me plait beaucoup plus. Il ne cherche pas à se mettre en valeur ou à briller, ni à sublimer son ridicule et ses regrets. Au contraire, c’est une étude généreuse, travaillée, structurée (et le voilà, le sublime), qui s’organise en petits tableaux : chaque moment son portrait et son décor, chaque portrait – fragment-clé de l’énigme – son sens au sein de la fresque.



Je ne pensais pas apprécier autant cette lecture que j’imaginais être une autobio nombriliste comme tant d’autres, c’est tout sauf le cas. J'y ai vu un peu de Fante, de Balzac, de Daudet, et je compte bien poursuivre mon exploration de cette épopée kerouach’ienne.
Commenter  J’apprécie          71




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jack Kerouac Voir plus

Quiz Voir plus

Jack Kerouac et ses avatars

Sous quel nom Jack Kerouac apparaît-il dans "Big Sur" ?

Jack Duluoz
Jack Sandoz
Jack Dulac
Japhy Rider

10 questions
129 lecteurs ont répondu
Thème : Jack KerouacCréer un quiz sur cet auteur

{* *}