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Citations de Jacqueline Kelen (297)


A vivre seul, au moins quelques années, on apprend à passer du besoin qui ligote au désir et au rêve qui ouvrent grand l'espace en soi et autour de soi. A vivre seul, on apprend à choisir ses relations au lieu de les supporter, de s'en accommoder. Sauvage et sociable tout à la fois, l'individu solitaire ne se croit pas obligé d'aller à des repas de famille, de participer à des fêtes dont les convives l'ennuient. Et de cela il ne se sent nullement culpabilisé parce qu'il est en accord avec ce qu'il fait. Se tenir en solitude,c'est chérir une situation propice à inattendu, à l'incroyable dont les tableaux de Van Eyck et de Brueghel esquissent l'apparition. C'est se vouloir disponible, absolument; et non disponible pour quelque chose, en attente de quelqu'un. Se tenir dans la fraicheur du commencement. C'est donc un état émerveillé.
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Les épousailles avec soi, dans le secret d'une solitude fertile, permettent une alliance avec l'autre qui ne portera pas atteinte à l'intégrité de chacun. Mais tant que l'individu cherche à l'extérieur celui qui le complètera, qui répondra à ses manques, il ne pourra que nouer des relation intéressés ou précaires, il fera un mariage bancal. Lorsqu'il s'est mis au monde, lorsqu'il se sait entier, il envisage avec les autres des liens sous le signe de la liberté et de la gratuité. On ne veut posséder l'autre que si soi-même on se sent incomplet. D'une façon féroce, René Daumal a analysé la situation dans La Grande Beuverie, par l'intermédiaire de "la grande voix derrière les fagots". Voici ce qu'elle dit, la voix: "Quand il est seul, le microbe (j'allais dire "l'homme") réclame une âme sœur, comme il pleurniche, pour lui tenir compagnie. Si l'âme sœur arrive, ils ne peuvent plus supporter d'être deux, et chacun commence à se frénétiser pour devenir un avec l'objet de ses tiraillements intestins. N'a pas de bon sens: un, veut être deux; deux, veut être un."

Le geste naturel au sentiment amoureux est de toucher, de prendre, bientôt d'accaparer. Beaucoup s'imaginent que l'amour va mettre fin à leur solitude alors que c'est la solitude qui permet l'éclosion et la durée de l'amour.
Les uns vivent en couple dés qu'ils quittent leurs parents, les autres se précipitent dans les aventures toujours décevantes, d'autres sortent sans arrêt pour rencontrer quelqu'un, en fait pour ne pas se retrouver seuls: tous, à leur manière, croient briser ou conjurer leurs solitudes, mais ce besoin des autres, ce besoin d'être à deux va aggraver plus encore leur sentiment d'isolement. Bien sur, tout l'environnement social, les joyeuses familles et les couples satisfaits sont là pour asséner à l'individu qu'être seul c'est vivre mal, c'est vivre à moitié. Peu rétorquent qu'à vivre toujours ensemble on devient l'ombre de soi-même et que d'un autre point de vue "deux est la moitié d'un".
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Souffrir de la solitude, mauvais signe; je n'ai jamais souffert que de la multitude. (Nietzsche)
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La vie solitaire d'un penseur, d'un artiste, d'un ermite est un engagement, jamais une solution.L'expérience de solitude s'avère indispensable à tout être qui veut conquérir ou sauvegarder sa liberté; en ces heures privilégiées, l'individu n'est plus cet homme moyen, mécanique ou "neuronal", cible facile des sondages, de la mode et des médias; il s'éprouve être unique, oiseau rare. Il se distingue. De là on qualifiera de pensée aristocratique toute célébration de la solitude alors que celle-ci est bien moins dédaigneuse qu'exigeante, dénotant une vigilance rebelle. Résister à la facilité comme à la résignation, demeurer discret sinon secret, ce sont là de beaux titres de noblesse. Il faut un courage constant, une passion tenue, comme on dit d'une note ou d'un pari, pour oser être soi, pour ne pas renier ses valeurs ni ses rêves.

Le besoin de reconnaissance apparait bien comme le talon d'Achille de tout individu. Il explique que, pour se sentir compris ou acceptés, la plupart des hommes préfèrent renoncer à leur liberté, à leur singularité. Le véritable solitaire ne cherche ni à plaire ni à être réconforté. Sa grande force vient de ce qu'il n'est point troublé par les agissements et les opinions du monde: quand on vit seul, on ne donne pas prise, on ne se situe plus par rapport au général mais par rapport à l'absolu.
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c'est la femme qui par besoin de sécurité coupe les ailes de l'homme nomade
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Hadewijch est une des premières à dégager le spirituel du religieux, la vie intérieure des croyances imposées, au risque d'évacuer bientôt le rôle du clergé et les prérogatives de l'Eglise. Toute religion s'appuie sur une assemblée humaine, elle est d'ordre collectif et encourage le nombre, tandis que l'aventure spirituelle est d'ordre privé, éminemment singulière et nécessairement solitaire.
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Le chemin intérieur est toujours solitaire et ensoleillé.
Il requiert une vigilance de chaque instant.
Pour voir et entendre les signes qu'offrent le ciel et la vie.
Pour accepter ou saisir les invitations, les cadeaux, les mains tendues.
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L'amitié n'est ni une compensation ni une consolation aux amours malheureuses. Il ne s'agit pas non plus de choisir entre elle et la passion amoureuse : l'amitié a cette caractéristique de n'être point exclusive et d'élargir lêtre plutôt que de le confiner ou le restreindre. (p.12)
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Beaucoup s'imaginent que l'amour va mettre fin à leur solitude alors que c'est la solitude qui permet l'éclosion et la durée de l'amour.
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Faut-il le répéter ? La liberté de pensée ne se trouve ni à droite ni à gauche ni même dans l'anarchisme. Elle ne loge dans aucune religion, dans aucun système politique ou philosophique, pas plus dans l'athéisme que dans la laïcité. Tout cela représente des robes, des voiles et des attaches et Pensée va toute nue, tel le jeune François d'Assise abandonnant entre les mains de l’évêque les vêtements par lesquels le prélat voulait le retenir afin de le remettre dans le chemin balisé de la droite raison. Or la liberté n'a pas raison mais elle va son allure, impertinente, juvénile, elle déjoue la barbarie comme l'esprit de productivité, l'imposture intellectuelle comme la facilité. Elle est dans ce refus de tout conditionnement et de toute appartenance, elle se trouve dans la ville et dans le désert, elle passe tel un vent dans la forêt, une tempête sur la demeure provisoire. Elle n'a pas de dévots, elle n'a pas de suiveurs mais seulement des relais. On ne voit guère ses progrès dans la conduite des hommes mais elle avance, seule. Elle n'a pas de famille, de clan ni de parti, elle ne regarde jamais son visage et les années glissent sur ses épaules de jeune fille. Elle ne veut rien prendre mais tout dénouer. Elle avance mais on ne la remarque pas; elle est si nue, tandis que les passants sont engoncés dans leurs croyances, dans leurs principes. Elle est nue, elle va son chemin, elle ne requiert nulle acclamation.
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Diverses attitudes masculines montrent un profond rejet du Féminin qui est, au fond, la véritable blessure de l'homme. Plus l'homme abaisse et renie la femme - en ses divers visages de mère, de soeur, d'amante, d'épouse -, et plus il aggrave sa propre blessure, son manque essentiel.
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Aimer quelqu'un, c'est honorer sa solitude et s'en émerveiller. En fait, il s'agit de choisir entre devenir un et demeurer unique.
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«Chaque individu perd en intensité ce qu'il acquiert en sécurité.»
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Le guerrier n'est pas une figure violente mais un exemple de fougue et de courage. Il ne tremble pas devant le danger, il ne cherche pas à rester indemne. Il affronte, et il paie de sa personne. Rien de commun avec le personnage du soldat qui est un instrument, n'a pas de responsabilité propre et en principe a pour tâche de tuer. Ce qui caractérise le guerrier à travers toutes les civilisations traditionnelles - des Grecs antiques aux samourais, en passant par les Vikings et les chevaliers aztèques -, c'est non la soif de verser le sang et de détruire mais le désir de mesurer ses forces, d'accomplir des exploits, de défier la mort. Ainsi, à leur première rencontre, Gilgamesh et Enkidu s'affrontent à mains nues. Ayant chacun expérimenté la vaillance de l'autre et sa vigueur physique, ils arrêtent la lutte et scellent leur amitié. De la même façon, au chant VII de L'Illiade, les champions ennemis Hector et Ajax se livrent un combat singulier qui dure des heures jusqu'à l'arrivée de la nuit. Les adversaires font preuve de qualités égales dans le maniement des armes, l'audace et l'ardeur. Le soir tombe, incitant à la trêve. Hector et Ajax se saluent, ils échangent des cadeaux précieux puis retournent joyeux dans leurs camps respectifs. "Tous deux se sont battus pour la querelle qui dévore les coeurs et se sont séparés après avoir formé un amical accord." En observant le comportment des samourais, on remarque qu'ils sont entièrement dévoués à leur seigneur mais n'ont aucun goût pour le massacre. S'ils tuent, c'est par devoir, non par plaisir. Beaucoup de samourais deviennent ensuite moines bouddhistes et dans leur retraite ils prient pour l'expiation des morts qu'ils ont causées... Enfin, dernier exemple puisé chez les nordiques guerriers de la mer, qui ne doivent pas s'acharner sur le vaincu. Ainsi énonce le code Viking, d'après La Saga de Frithjof du Suédois Tegnér : "Le vaisseau d'un autre Viking est en vue. Lutte et bataille ! Il fait chaud sous les boucliers. Si tu recules d'un pas, tu es chassé loin de nous. C'est la loi. Es-tu vainqueur, c'est assez ! Celui qui demande la paix n'a point de glaive ; il n'est ton ennemi. La prière est la fille de Walhalla. Ecoutez la pâle prière. Il est lâche celui qui dit non."

On le voit, chez le guerrier le combat est toujours loyal. Le soldat, le fanatique, le tueur ne sont pas des figures dévoyées du guerrier mais des figures opposées : ils représentent la force brutale, la violence aveugle, la domination par les armes là où le guerrier incarne la maîtrise de soi et la force d'âme.
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Elle est très rare parce que exigeante, et périlleuse autant qu'exaltante. Je vois en elle un triple défi. D'abord, une amitié spirituelle entre un homme et une femme n'a rien de conventionnel, elle s'élève bien au-dessus des relations de camaraderie joyeuse, d'agréable collaboration ou de séduction qui existent ordinairement entre eux. Ensuite, ce lien tendre et intense qui n'est ni amoureux, ni conjugal, ni familial doit se confronter au paradoxe qu'il représente : vivre l'intimité des âmes sans vivre l'intimité des corps. Enfin, il requiert entre les deux amis une égalité parfaite et reconnue par chacun sur le plan de la connaissance spirituelle : il n'y a pas un maître à penser et une disciple ignorante ou obéissante...
Ce triple défi ne peut être relevé qu'en s'arrimant en Dieu ou en faisant passer avant toute autre considération terrestre le désir d'absolu, l'amour du Beau et du Bien. Autant dire que l'amitié spirituelle entre homme et femme exige des êtres libres, entiers et non en manque, et des êtres d'exception. Il faut une grande force intérieure jointe à une limpidité d'âme pour traverser et surmonter les différents obstacles sur le chemin : le jugement des autres, la suspicion et la calomnie devant une relation peu banale (Jérôme, Pierre de Bérulle, Fénelon, entre autres, en ont lourdement pâti) ; l'irruption de la passion, le désir d'un rapprochement plus étroit entre les deux personnes qui partagent l'essentiel, l'appel à une union amoureuse (Teilhard de Chardin en est un très bon exemple, à son corps défendant) ; la tentation, pour l'un ou pour l'autre, d'avoir raison, de diriger l'autre, d'instaurer un rapport de force là où la confiance mutuelle s'était établie (Madame Acarie, Anne-Catheriene Emmerich, malmennées ou rabrouées par celui qui se disait leur ami).
Certes, les deux amis peuvent d'emblée dresser leurs propres barrières pour éviter de tomber dans un des pièges : ils peuvent vivre éloignés l'un de l'autre et se voir rarement, invoquer un statut de prêtre ou de femme mariée (ce qui n'a jamais protégé de la passion amoureuse), jouer avec une grande différence d'âge susceptible d'instaurer un lien filial, ou encore par volonté et ascèse réprimer tout désir, toute sensibilité au charme de l'autre, retenir tout élan du coeur qui risquerait d'entraîner trop loin... les deux amis spirituels sont reliés par le haut - un Haut invisible et impalpable -, mais ce sont des êtres humains, de chair et de sang, non de purs esprits. Et des individus au contact du monde, même s'ils sont moine ou nonne.
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Dès qu'on a le gout de l'intelligence, la passion de l'étude, on se retrouve immanquablement seul. Dès que l'on a soif de nouveau, d'originalité, on s'éloigne de la collectivité humaine, des gros remous et des menus plaisirs du monde. On se tourne vers soi, vers le silence et vers les livres. Vers tous ceux qui, avant nous, ont pensé. Plus tard, on rencontrera d'autres esprits profonds, on conversera avec des amis sans essayer de les convaincre, sans vouloir réduire la diversité des points de vue. La solitude apprend à affermir sa propre pensée et à s'ouvrir à celle des autres.
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La solitude est un détachement qui mène à un débordement. Si elle ne fructifie pas, elle n'est qu'isolement.
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Une véritable intelligence rassemble l'intellect (penser, comprendre), la sensibilité (éprouver, être touché), et l'intuition (accueillir, fulgurer).
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Parvenu à l'âge adulte, aucun n'oserait se moquer de ces histoires pourtant bien étranges, à moins d'avoir abdiqué ses rêves, à moins d'avoir renié son âme. Car il est bien mort, celui qui ne souhaite entendre conter merveilles, celui qui n'a pas soif d'amour et de beauté, celui qui ne sait plus frissonner de joie.
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Gardons-nous à gauche et gardons-nous à droite si nous voulons maintenir l'orientation de notre vie inimitable et si nous préférons chercher plutôt que détenir la vérité.
sur le château de mon âme, nul ne peut régner.
Nul ne peut juger ni décider à ma place.
Ces affirmations sont le départ de toute éducation à la liberté.
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