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Critiques de Javier Cercas (529)
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Le château de Barbe Bleue

Après les deux premiers tomes de la trilogie « Terra Alta », dans le dernier, Melchor Marin s’est retiré de la police dans une petite bourgade comme bibliothécaire à la mort de sa femme assassinée. Les livres, Melchor les aime depuis sa lecture des Misérables. Sa fille, Cosette qui a maintenant dix-sept ans en 2035 s’embarque pour quelques jours avec une amie pour les Baléares. Mais l’amie revient sans elle, Cosette révèle à son père au téléphone qu’elle connait toute la vérité sur la tragique disparition de sa mère dans laquelle il a sa part et qu’elle va rester plus longtemps à Majorque pour réfléchir à comment composer avec ce qu’elle considère comme une trahison. Or bientôt plus rien d’elle. Melchor, fou d’inquiétude, se dépêche vers l’île où il découvre qu’un milliardaire suédois se livre à des trafics sexuels avec des jeunes femmes qu’il séquestre dans sa propriété huppée. Le lien avec le silence de sa fille est vite établi. La puissance de l’argent qui permet toutes les perversités, Melchor les affronte avec les réflexes de flic vite retrouvés lorsque sa fille est en danger. Avec l’aide de ses anciens compagnons de la police, il va mettre du chambard dans la jet-set dépravée. Même si l’auteur se défend dans les interviews d’utiliser le terme de polar pour sa trilogie, les codes du genre y sont bien là. Mais bien plus que suivre ces codes utilisés au pas de course, le thriller rend compte des dérèglements de notre monde et des injustices qui l’écrasent.
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Le château de Barbe Bleue

C’est une fable.

Une fable sur le Bien, et le Mal, les puissants et les faibles, la Vengeance et la Justice.



L’histoire a déjà été contée.

Si vous êtes flic, et que votre propre fille se retrouve séquestrée par de drôles de types, des hommes sans scrupules soupçonnés d’être d’horribles prédateurs sexuels : alors vous ne pouvez faire qu’une seule chose : reprendre vos réflexes de flics et récupérer votre fille coûte que coûte.



Et même si celle-ci vous ait rendue – Cosette, que l’on connaît depuis « Terra Alta » et « L’indépendance » ne sera pas retrouvée morte comme bon nombre d’autres jeunes femmes qui n’auront pas la même chance – vous comprendrez vite qu’elle a vécu un tel traumatisme que vous réclamerez Justice.



Seulement voilà.



Avec ce type d’homme ultra-riche, la corruption est monnaie courante, et si celui-ci a corrompu la totalité de la justice locale et même au-delà, il ne vous restera qu’une alternative :

- Soit ne rien faire, et tenter de ramener Cosette à une vie normale

- Soit vous lancer dans un plan ultra dangereux destiné à éliminer ce Weinstein espagnol pour l’empêcher de nuire encore.





J’ai eu la chance d’entendre Javier Cercas en personne dans une rencontre littéraire parler de ce livre-ci.



« Ecrire un livre », dit-il, « c’est comme jouer à un jeu dont on découvre les règles au fur et à mesure, comme le lecteur découvre les règles au fur et à mesure qu’il les lit. »



« Les romanciers sont des charognards », a-t-il dit encore. « Ils se repaissent des crises, des guerres ou des catastrophes. »



Javier Cercas préfère parler de tryptique plutôt que de trilogie. Il assure que « le Château de Barbe Bleue » est le plus lumineux des trois. L’histoire se passe ans après « Terra Alta » et l’histoire du meurtre horrible des parents de Rosa, avec qui Melchor vit désormais.



Melchor est un « mauvais bon flic » selon l’expression de son auteur.

Javier Cercas cite aussi les deux vertus extraordinaires et nécessaires pour ces héros : le courage et le charisme. En précisant bien qu’il ne s’agit pas du charisme des politiciens, qui ont détourné cette qualité, mais le charisme initial qui fait que tout le monde vous suit même si vos plans sont très dangereux.



Ecrire un roman, c’est aussi pour lui une formuler une question complexe et ne pas y répondre.



La question essentielle de ce roman, disait-il aussi, est la suivante : « Est-ce que c’est légitime de rendre la justice par soi-même quand la justice humaine n’est pas au rendez-vous ? »



La littérature, selon lui, c’est interroger nos certitudes.

Et aussi s’attacher à des personnages qui ont un côté monstrueux (citant Richard III de Shakespeare, Crime et Châtiment de Dostoïevski ou le Parrain de Scorcèse).



Ce n’est pas difficile de s’attacher à Melchor. On est de son côté, bien sûr, et on est bien contents à la fin que le prédateur sexuel, un magnat ultra riche, se fasse pincer à la fin.



Comme plus globalement, on peut être en colère contre ces 1% qui pillent la planète à coup de vols en jet privés ou de bilan carbone faramineux. Les ultra-riches ne devraient-ils pas payer, au sens propre et figuré du terme ? Mais je m’éloigne, je m’égare un peu du roman de Javier Cercas, même si je suis persuadée qu’il y a quelque chose de réel dans ce sentiment de libération que l’on éprouve à la fin.



Un dernier mot de Javier Cercas qui racontait, lors de cette rencontre littéraire, qu’il devait participer à une conférence et résumer notre siècle actuel à une caractéristique. Et une demi-heure avant le début il ne savait pas ce qu’il allait dire. Mais il a eu une intuition.



Son intuition c’est que le drame de notre XXème et début du XXIème c’est que la moitié de l’humanité (en l’occurrence les hommes) aient assujetti l’autre moitié (donc le femmes) comme l’esclavage à une certaine époque. Et le scandale pour lui ce sont tous ces féminicides qui devraient devenir anachroniques et qu’on devrait punir le plus sévèrement possible. Les hommes doivent suivre ce courant féministe, très décrié par certains, et rétablir une véritable égalité entre les femmes et les hommes et mettre fin à cet assujettissement.



« Le Château de Barbe Bleue » est le meilleur de la trilogie. Pas la meilleure intrigue – c’est « Terra Alta » qui l’emporte pour son enquête policière très bien ficelée – mais le plus libérateur.



Cette fable fait du bien, parce que le bien faible triomphe du mal obscène, et c’est comme un pansement qui se pose sur toutes les plaies féminines qui existent encore trop souvent sur notre planète.

Il ne nous reste plus qu’à espérer que la fable ou le conte de fée de Javier Cercas devienne enfin réalité.

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Anatomie d'un instant

Une description et une analyse subjectives mais précises de la tentative de coup d'état du 23 février 1981 en Espagne. Cercas identifie tous les protagonistes et les ressitue dans le contexte immédiat et plus ancien de l'Espagne (post-)franquiste. Une enquête fouillée et nourrie qui fait la part belle à Suárez, plus discutable à mon sens.
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Le monarque des ombres

Entre recherche historique sur la vie d'un jeune soldat pendant la guerre civile, et recherche sur son héritage familial, Javier Cercas nous donne à voir les vérités derrière les récits maintes fois répétés, et surtout derrière les silences. En interrogeant toutes les personnes qui ont pu croiser la route ou entendre parler de son grand oncle mort au combat, l'auteur nous transmet des témoignages d'une époque presque trop lointaine pour être visualisée et pourtant tellement présente dans les souvenirs des vieillards, les pierres des villages et les paysages espagnols.



Javier Cercas réveille les fantômes du passé phalangiste de sa famille, et nous interroge à nous, les descendants d'exilés espagnols, sur notre propre héritage. Sa famille n'a rien d'exceptionnel, ça pourrait être la mienne ou la vôtre, mais son travail de fouille minutieuse de "l'âpre vérité", lui, est exceptionnel et infiniment précieux.



Si les détails sur les batailles et les déplacements de la brigade de son oncle peuvent être rébarbatifs (j'ai sauté des passages), je vois cet ouvrage comme un hommage à tous ces morts de la guerre, à tous les survivants qui ont partagé leurs souvenirs, et aux descendants qui ne peuvent pas remonter le temps comme Cercas l'a fait. L'écriture de ce livre part d'un désir presque égoïste de faire la paix avec son passé familial, mais son positionnement d'historien se voulant neutre permet d'élargir ses questionnements et d'embarquer le lecteur dans ce basculement propre aux guerres civiles, de gens simples pendant la paix à acteurs du cauchemar pendant la guerre.



J'ai une pensée émue pour l'un de mes arrières grand oncle mort au combat à Guadalajara, lui était du côté républicain mais peu importe, Cercas nous rappelle que tous ces soldats étaient du côté des perdants, cependant ils vivent encore grâce à son talent d'auteur, et grace à leurs descendants. Nous sommes avec Cercas dans "le présent éternel".



"Nos ancêtres vivent en nous (...) nous héritons de ce qu'ils furent, que cela nous plaise ou non."
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Le château de Barbe Bleue

J'avais lu le premier tome 'Terra Alta' et j'avais rencontré Melchor. Je l'ai retrouvé avec plaisir dans cette histoire dure puisqu'elle traite de la disparition d'une jeune adolescente - Cosette sa fille. Une histoire rythmée où l'on ne s'ennuie pas une seconde. A mon avis, l n'est pas forcément nécessaire de lire les deux premiers tomes avant la lecture de ce tome. Les histoires sont assez différentes. Un bon roman où des gens ordinaires tentent de faire tomber un puissant.
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Le château de Barbe Bleue

Avec Le Château de Barbe-Bleue – El Castillo de Barbazul, en espagnol, j’adore ! – Javier Cercas clôt sa trilogie par un récit encore plus fort que les précédents, déjà excellents : Terra Alta et Indépendance.

Retrouver Melchor Marín, son héros pas épargné par la vie me plaît beaucoup, même s’il n’est plus dans la police mais… bibliothécaire ! Cette reconversion est assez logique, finalement, pour cet homme sauvé de la délinquance grâce à la lecture des Misérables de Victor Hugo. Après ses exploits face aux islamistes, il avait réalisé ensuite des prouesses en Terra Alta puis épousé la bibliothécaire de Gandesa, hélas assassinée, et c’est leur fille, Cosette, qui est au centre de ce troisième volet censé se dérouler en 2035.

Entre les deux, Melchor avait dû se dépatouiller avec une histoire de chantage à la sextape mettant en péril la maire de Barcelone, ce qui avait pu l’orienter vers les odieux assassins de sa mère qui se prostituait dans cette même ville.

Bien sûr, Javier Cercas rappelle, fait allusion aux événements précédents et continue dans l’autodérision en faisant parler plusieurs personnages de ces deux livres précédents que Melchor n’a toujours pas lus…

Côté sentimental, Melchor a une liaison avec Rosa Adell qui dirige les cartonneries du même nom. Si vous avez lu Terra Alta, ce nom vous dit sûrement quelque chose. Cet amour qui se construit avec cette femme qui a quinze ans de plus, est fort précieux pour lui car, avec Cosette, le courant ne passe plus. En effet, à l’adolescence, elle a changé. Quand elle apprend que son père ne lui a pas dit la vérité sur la mort de sa mère, elle est furieuse. Juste avant de partir pour les Baléares avec son amie Elisa, Cosette (17 ans) et Melchor se sont disputés.

Qu’importe, Melchor, toujours amateur de romans du XIXe siècle et, en particulier, de l’auteur russe Tourgueniev, attend sa fille à l’arrêt du bus de Gandesa. Surprise. Si Elisa arrive bien, pas de Cosette restée à Majorque d’après son amie. Traumatisé, Melchor tente d’appeler sa fille sans succès, rentre chez Rosa tel un somnambule. Débute alors une recherche palpitante menée encore une fois avec tout le brio dont est capable Javier Cercas.

Structuré en quatre grandes parties plus un épilogue, Le Château de Barbe-Bleue est parfaitement maîtrisé par l’auteur. La première et la troisième parties se déroulent principalement en Terra Alta alors que les deux autres s’intitulent Pollença, cette ville touristique des Baléares où l’auteur m’entraîne sur les pas de Melchor. Chacune de ces quatre parties débute par un texte très dense, en italiques, dans lequel Cosette se confie, donne son point de vue, fait appel à ses souvenirs et permet de comprendre ce qu’elle vit.

S’il ne faut pas en dire plus, il est quand même important de parler de ce Barbe-Bleue comme est surnommé localement Rafael Mattson, multimillionnaire américain d’origine suédoise qui n’hésite pas à se divertir sexuellement en violant de très jeunes filles ou femmes, cela en compagnie de personnalités de tous bords.

J’ajoute enfin que Melchor retrouve de vieux compères comme Blai, Vàsquez, Salom plus une certaine Paca Poch qui ne manque pas d’allant et Damian Carrasco, relais primordial pour l’action entreprise.

Passionnant, émouvant, palpitant, fouillé sur le plan psychologique, ne négligeant rien pour suivre les déplacements de Melchor, Le Château de Barbe-Bleue (Barbazul) est un formidable thriller que Javier Cercas sait conclure avec un épilogue complet et détaillé, essentiel pour le lecteur attentif que je suis, un peu triste de refermer un tel bouquin et d’abandonner un personnage aussi attachant que Melchor.


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Indépendance

Que de perplexité à la lecture de cette suite à Terra Alta, livre qui m'avait conquise sans beaucoup de bémols!

Je me faisais une joie de retrouver Melchor et cette terre espagnole bardée de tragique autant que de magnificence.

Sur le fond, rien à dire. On est dans l'air du temps, et Javier Cercas s'immisce dans l'atmosphère viciée des élites et édiles en imaginant un chantage à la sextape pour déboulonner la maire de Barcelone.

(Dans la ville où je vis, ce type de fiction a des relents de vécu parfaitement nauséabonds et confirme que ce petit monde est définitivement intouchable...)

Le scénario tient donc la route, et la connaissance profonde de l'auteur de l'histoire catalane reste un bonheur d'érudition.

C'est du côté de la forme que j'ai peiné...

Que de répétitions et de redondances.

Beaucoup trop de pages reprennent en quasi mot à mot des éléments du tome précédent. Que diable, Javier, vos lecteurs ne sont pas totalement amnésiques et il était sans doute possible de re-contextualiser les histoires intimes de Melchor et de ses acolytes sans ces redites pointilleuses.

Il est décidément très difficile de chroniquer une déception, et ce d'autant plus quand l'auteur est incontestablement un grand de la littérature. Mais, pour le coup, il me faut reconnaître que le style de cet opus m'a souvent sidérée par son insignifiance. J'avoue avoir soupçonner une sous-traitance scripturale...

Dernier bémol et non des moindres pour un roman qui dénonce ouvertement la corruption de cette infime poignée d'individus détenant pouvoirs administratif, politique et financier. Retrouver l'occurence "WhatsApp " presque 30 fois dans 350 pages est un camouflet au titre de l'ouvrage. Je veux croire qu'il s'agit d'une bévue de traduction, mais cela reste aussi indigeste que les trop nombreuses pommes qui émaillent les séries d'une célèbre plateforme.

Un constat très mitigé au final. Je lirai le troisième volet de la trilogie avec l'espoir d'une rédemption !
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Indépendance

Ce roman se place dans la continuité des aventures de Melchor Marin débutées dans "Terra Alta", mais il m'a semblé que le charme agit moins. Le contexte politique de la Catalogne y est central, on peut mal le connaître, mais la narration fournit les éléments nécessaires à la compréhension.

Des éléments très contemporains poussent à vivre l'histoire (application WhatsApp, cryptomonnaies et autres crises économiques contemporaines).

Je n'ai par contre pas compris (peut-être un teasing pour un tome suivant de la série?) l'apparition récurrente et nommée du roman "Terra Alta" et de l'auteur lui-même Javier Cercas ... une mise en abyme plus perturbante qu'autre chose puisqu'elle ne conduit nulle part, à part des "clins d'oeil" répétés.

J'ai bien aimé l'univers de ce policier, mais la construction du roman m'a semblée peu naturelle, avec des procédés d'écriture sans doute étonnants et originaux mais trop plaqués à mon avis : l'interview avec un interlocuteur-mystère (bien mieux réalisée dans "les lois de la frontière" du même auteur), un chapitre où différentes scènes sont manifestement entrelacées (pour accélérer la conclusion ?), et ce miroir tendu vers le tome précédent "Terra Alta" ...
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Le château de Barbe Bleue

Melchor Marin, flic angoissé par l’assassint de sa mère (qu’il a résolu en Indépendance, le deuxième volet) et l’assassinat de sa femme (dont il se sent responsable), abandonne la police et devient bibliothecaire pour pouvoir dedier plus de temps à sa fille Cosette. Mais voilà que dans un voyage à Majorque Cosette disparaît. Une probable fugue parce que celle-ci venait de découvrir la responsabilité de son père dans la mort de sa mère. Avec l’aide de tous ses anciens copains, Melchor reprend son rôle de flic et part à la recherche de Cosette.

Si vous voulez connaître la fin de l’histoire, attendez le prochain livre d’un auteur peu connu - Cercas - qui raconte ( invente ?) toutes les aventures de Melchor.

Ce troisième volet ne nous déçoit pas : le même style fluide, le même sens du suspense, les mêmes critiques sur la Barcelone d'aujourd'hui.

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Les lois de la frontière

Voici un roman épais (400 pages au format poche) comme j'en ai peu lus, par sa construction, sa cohérence et l'excellence de son style.

Il s'agit, comme on peut le lire sur la 4ème de couverture, d'un roman autour de la délinquance (juvénile ou non) et de la réinsertion (ou rédemption) et des différentes formes de liberté.

Le roman prend la forme d'entretiens, entre une personne indéterminée (enquêteur ? journaliste ?) apparemment présente à tous les entretiens, et différents protagonistes d'une histoire commune, chacun parlant en "je", à la première personne du singulier, charge à nous, lecteurs, au fur et à mesure, de reconstruire le puzzle dont les pièces nous sont présentées une par une. Et ce procédé du "je" face à un interlocuteur invisible nous pousse à l'identification à chaque narrateur ... une plongée exploratoire à chaque fois, même si on reconnaît les environnements au fil des pages.

L'histoire est complexe, douloureuse, harcèlement, fuite familiale, délinquance, violence, drogue, chaos amoureux, à travers deux époques. Les faits se nouent l'été 1978, et reprennent plus de 20 ans plus tard, les protagonistes adolescents de la première période ayant avancé dans leur vie, chacun sur sa trajectoire, mais qui se croisent à nouveau.

De lourdes questions sont posées : un enfant issu d'un milieu pauvre et baignant dans la délinquance avait-il une chance de vivre une autre vie que celle des membres de sa famille ? Comment se détacher d'une image publique une fois que les média ont parlé de vous ? Qu'est-ce que la liberté, est-elle réellement liée à l'enfermement ? Peut-on être réellement désintéressé dans nos actions envers les autres ? Comment s'assurer que notre soutien ne soit pas contre-productif pour la cause souhaitée ?

Ce sont les questions qui me sont apparues, mais c'est lié à ma propre lecture de ce roman. Les questions autour du nationalisme catalan et de la transition démocratique espagnole apparaissent aussi, mais me sont plus distantes.

Nous baignons dans chacun des époques décrites, le style de Javier Cercas est une fois de plus magnifiquement servi par la traduction d'Elisabeth Beyer et Aleksander Grujicic.
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Indépendance

Traduit de l'espagnol par Alexandar Grujicic et Karine Louesdon



Ce deuxième tome de la vie de Melchor m'a moins passionnée que le précédent.

En effet, la vie politique, économique y est décortiquée, analysée, critiquée. Et je ne connais rien de cette vie là. Mis à part, bien sûr, celle des enfants des petits bourges qui se croient au-dessus des lois. Car je crois que cela est universel. L'argent, c'est le pouvoir et le pouvoir, et bien, souvent, ça pourrit tout.

Par contre, je suis toujours très attachée à Melchor que je trouve très humain, dans le bon sens du terme.

Bonne lecture.

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Le château de Barbe Bleue

3 ème tome de la trilogie Terra Alta, située en Catalogne.



Après avoir dénoncé les compromissions autour de l’indépendance de la région, Javier Cercas dénonce les abus sexuels d’hommes d’argent et de pouvoir, médiatiques, « charismatiques », et de services de police corrompus, aux Baléares.



L’histoire débute poussivement, 150 pages quand même, durant lesquelles il ne se passe pas grand chose. Melchor Marin attend sa fille, Cosette, à l’arrivée du car, mais seule son amie Elisa est là. Cosette a prolongé son séjour pour réfléchir. Elle a découvert depuis peu que sa mère n’était pas morte accidentellement et elle en veut terriblement à son père de lui avoir menti et d’avoir une part de responsabilité dans cette mort.



Très inquiet, Melchor se persuade très vite qu’il est arrivé quelque chose à sa fille. S’ensuivent de nombreuses pages vides durant lesquelles l’auteur nous rappelle tous les événements et les personnages des livres précédents, entrecoupés de descriptions creuses et inutiles, de détails futiles sur les indications du GPS, sur le nombre de coca et de sandwichs au thon avalés… franchement pénible ! Autant Javier Cercas est passionnant et efficace dans le récit d’action, autant la psychologie des jeunes filles ou autres personnages, particulièrement des femmes !, bourrée de lieux communs, n’est pas son fort.



Bref, ce n’est que dans la 3 ème partie que le récit devient captivant. Après un séjour à Pollença, Melchor se lance dans une chasse au millionnaire, prédateur sexuel, qui bénéficie de nombreux soutiens. Grâce à un ancien policier de l’île, Carrasco, sera mis en place un plan d’action compliqué afin de se procurer les preuves nécessaires pour le faire tomber. Melchor fait alors appel à ses amis, anciens et nouveaux, là encore les femmes, sauf une policière, jouent un rôle assez lamentable.

Tout à coup le récit se précipite, surtout sur la fin, la réalisation de l’action se passant sur des passages relativement courts, compte tenu des 350 pages du livre.

Après s’être ennuyé, on est absorbé par le récit…mais globalement il reste une déception. J’ai l’impression que l’auteur s’est lui aussi ennuyé et a fait du remplissage pour tenir les délais. Et l’éditeur ne s’est pas foulé non plus. Je parie que ça donnera une énième série télévisée…Dommage, car Javier Cercas a un vrai talent ! Espérons le retrouver en meilleure forme prochainement !
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À petites foulées

Nous avons ici un bref roman, observation entomologique d'une semaine particulière d'un universitaire italien, Mario Rota, installé aux Etats-Unis. Il s'agit clairement d'un roman à tiroirs, mais qui se laisse apprécier même sans en avoir les clés.

Il y a l'histoire principale, autour de Mario Rota, ses habitudes de jogging, son quotidien routinier, ses relations professionnelles et sociales prévisibles. Javier Cercas nous fait faire connaissance de ce personnage un peu auto-centré et vaniteux peut-être, d'une façon très agréable. Et soudain, cela dérape, à l'occasion d'une entorse faite durant une séance d'entraînement. Cela a dérapé pour la cheville du héros, mais le reste de sa vie semble entraîné dans une glissade sans fin, un collègue plus brillant que lui dans sa spécialité est recruté, il perd sa petite amie, il perd la plupart de ses heures de cours (et la rémunération correspondante), il est affecté à un bureau-placard avec d'autres enseignants en fin de course, tout s'effondre ... Les travers universitaires (placés ici aux Etats-Unis, mais transposables ailleurs sans difficulté) sont détaillés et critiqués avec gourmandise.

L'auteur nous entraîne dans cette spirale délirante avec talent, nous donnant quelques clés au passage pour qui sait les voir, dans ce voyage entre persécution réelle et imaginée.
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Terra Alta

Un roman policier qui serpente entre différentes histoires, ambiances et époques avec une grande virtuosité. Même si on ne comprend pas, par moments au fil du roman, où l'auteur nous emmène, on y va de confiance, accompagné par des personnages hors du commun et attachants.

Un petit délinquant décide, suite au choc de la mort de sa mère, comme en manière de rédemption, de devenir policier afin de punir les coupables, guidé par sa lecture toute personnelle du roman "Les Misérables" découvert en prison. Il serait trop réducteur de chercher à résumer cette intrigue, ses méandres, ramifications et détours, dans un voyage en lecture que je n'ai pas pu interrompre.

J'ai trouvé par endroits des naïvetés ou des maladresses de style (je ne mets pas en doute la qualité de la traduction, puissante), mais qui sont en réalité des indices à l'intention du lecteur attentif, on le comprend plus tard ...

Un beau voyage, que j'ai envie de reprendre avec la lecture des tomes suivants de cette série !
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Le château de Barbe Bleue

Il est bon de voir des auteurs qui refusent de refaire toujours les mêmes livres ou de raconter les mêmes histoires. Javier Cercas est de ceux-là. S'être mis au polar/suspense en démarrant avec une trilogie, ça vaut une bien belle salutation.

Après Terra Alta et Indépendance, il clôt la série avec Le château de Barbe Bleue.

Ce sera encore une fois, Melchor Marin qui sera au coeur même de l'intrigue, frappé de plein fouet émotionnellement et physiquement par ce nouveau revers de la vie. Sa fille, Cosette, en vacances quelques jours à Majorque ne revient pas à la maison. Elle a décidé d'y prolonger son séjour et disparaît. Bien sûr, Melchor est fou d'inquiétude et remuera mer et monde pour retrouver sa fille.

Et voilà où je suis restée sur ma faim ici comme avec les deux autres tomes. L'émotion.

J'ai eu du mal à y croire, Cercas n'a pas su trouver les mots pour me toucher, pour m'y faire croire. Ho je ne discute pas ici de l'intrigue, (quoique dès la disparition de Cosette, on devine tout), de la narration ou de la langue mais plutôt de ce qui vient me chercher. J'ai eu beaucoup de difficulté à croire en Melchor. Je sais bien que c'est ainsi que l'on veut le personnage: meurtri, froid, hanté par un passé plutôt glauque, par un amour inachevé, par la désillusion mais voilà, personnellement je n'ai pas été convaincue par les mots, les gestes, les attitudes de Melchor.

Toutefois, le sujet des violences acceptées et faites aux femmes, des abus de pouvoir et de la corruption, ces vilénies dénoncées par Cercas m'interpellent et prouvent encore une fois (de trop) l'iniquité et l'injustice de ce monde.

Alors voilà, trois étoiles sur cinq pour cette trilogie, une par tome.

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Le monarque des ombres

Ce livre est une enquête familiale et historique et la genèse de cette enquête, dans laquelle Cercas rédige ce qu'il a pris longtemps à oser aborder et nous explique pourquoi. C'est l'histoire d'un jeune à peine sorti de l'adolescence mort pour une cause qui n'était pas la sienne, de l'absurdité de la guerre et de l'héroïsme. C'est la référence à Achille. C'est un livre à la rédaction entraînante qui emmène le lecteur dans plusieurs niveaux de réflexion, en partant d'éléments clés ayant marqué l'ADN des familles espagnoles pour de nombreuses générations pour arriver dans un final de haut vol à de passionnantes réflexions philosophiques qui transcendent l'exemple choisi.
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Le château de Barbe Bleue

J'ai lu ce livre car j'avais lu les deux premiers de la série et voulais savoir ce qui arrivait aux personnages. Quelle déception ! Ok, c'est un livre qu'on ne quitté pas pour savoir comment tout ça va finir mais tout pourrait être dit en quelques pages. Le reste c'est du remplissage, ils suivent leurs GPS, l'auteur nous explique par le menu ce que les personnages boivent, mangent. L'action elle-même tient en quelques lignes. Ce qui ne relève pas du quotidien, ça on ne saura pas comment ça s'est passé. De plus les personnages sont caricaturaux. Bref, un auteur que j'abandonne sans regrets
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Terra Alta

Le lecteur sort de ce livre avec un sentiment étrange d’âpreté, de rudesse et d’infinie tristesse. Il lit les critiques, souvent dithyrambiques mais ne s’y reconnait pas…Il n’aime pas ce flic, Melchor, ne crois pas à sa rédemption.



Melchor, fils de pute et de mille pères, étaient un psychopathe à l’intelligence aigrie. Et puis Melchor a trouvé en prison l’évangile selon Saint Javier : Les Misérables. Formidable tuteur de résilience, ce livre déterminera son destin. Melchor sera Javert, vrai gentil et faux méchant. Même si l’identification floutée à Jean Valjean fera de lui un héros de l’anti-terrorisme.





Le lecteur retrouve Melchor, marié et père de famille ( sa fille s’appelle Cosette, comme il se doit), intégré à la police de Terra Alta, une région brumeuse et viticole, au sud-ouest de la Catalogne . Il est désigné pour participer à l’enquête concernant le meurtre atroce d’un couple de nonagénaires richissimes. Melchor/Valjean/Javert/Cercas n’est pas au bout de ses peines. Tout comme le lecteur qui suit une trame narrative convenue.



Mais Melchor peut compter sur son avocat ( qui est peut-être son père biologique ?) pour se sortir d’affaire et naviguer entre 2 enquêtes ( il reprend celle concernant la mort de sa mère)



Le lecteur comprend assez vite que les vielles vengeances liées à la guerre civile n’en finissent pas de tarauder les auteurs hispaniques.



Bon, je vous dis cela dans le style d’un Javier Cercas, ici particulièrement sombre et opératoire. C’est un grand écrivain et je lirai la suite de cette trilogie un peu plus tard, c’est certain .

Et puis il faut que je poste ce billet avant que ce livre devienne translucide et que je perde une nouvelle fois le réseau.
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Le château de Barbe Bleue

Dans « Le Château de Barbe-Bleue », l'écrivain espagnol poursuit un cycle entamé avec « Terra Alta » et « Indépendance ». Trois livres puissants, dans lesquels il se joue des codes du roman policier en orchestrant les aventures de Melchor Marin. En alternant ombre et lumière.
Lien : https://www.lesechos.fr/week..
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Les soldats de Salamine

Je viens de finir ce livre qui m’a été offert par quelque un qui connaît mon amour de l’Espagne et de son histoire douloureuse. Très difficile de rentrer dedans et je me suis perdu mais accroché. La fin du livre est sublime et ça valait le coup. De la vraie littérature qui nous fait passer par tous les stades de la réflexion sur l’humanité et ce qui compte vraiment. En ces temps troublés on espère qu’il y a encore des Miralles pour nous sauver.Peut-être du côté de l’Ukraine?
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