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Critiques de Javier Cercas (530)
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Anatomie d'un instant

Une description et une analyse subjectives mais précises de la tentative de coup d'état du 23 février 1981 en Espagne. Cercas identifie tous les protagonistes et les ressitue dans le contexte immédiat et plus ancien de l'Espagne (post-)franquiste. Une enquête fouillée et nourrie qui fait la part belle à Suárez, plus discutable à mon sens.
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Anatomie d'un instant

Le thème : le 23 février 1981 un groupe de militaires dirigé par un lieutenant-colonel de la Garde Civile a investi le Parlement espagnol au moment où tous les députés étaient présents, et leur ont donné l'ordre de se coucher par terre. Cette tentative de coup d'État a avorté dans la nuit. Javier Cercas voulait écrire un roman historique sur cet événement, et il a fini par penser que le plus passionnant, c'est la réalité. Il avait raison. le livre raconte son enquête (Javier Cercas s'est appuyé sur de nombreux écrits, et il a aussi interviewé de nombreux acteurs, il expose ses analyses). (Un roman de 430 pages, mais ça se déguste)



J'ai apprécié : Ça se lit comme un thriller. L'enquête est fouillée : quelles sont les racines de cette tentative de coup d'État : la situation politique des dernières années, les suites du franquisme, les ambitions, les réactions, les sentiments et les manoeuvres des hommes et femmes politiques, des ministres, du Roi, des services secrets. le livre a une parenté avec La Grande Arche de Laurence Cossé : c'est un livre qui traite d'un événement important, l'auteur ou l'autrice a fait une solide enquête, et c'est un livre passionnant, plein de suspense bien que dès la première ligne on sait quelle est la fin. Merci à Christophe de m'avoir conseillé ce roman et donné l'occasion de le lire.



J'ai moins apprécié : aucune déception.

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Anatomie d'un instant

Dans Anatomie d’un instant, paru en 2009, l’écrivain Javier Cercas avait à l’époque été terriblement choqué par ces images, le premier coup d’état à être entièrement retransmis, et revient aujourd’hui sur ces événements en analysant cette crise avec une minutie rare, nous livrant ainsi une véritable anatomie d’un instant durant lequel tout aurait pu changer du tout au tout. ...

...

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Anatomie d'un instant

quelques heures qui pouvaient trâiner l'Espagne dans un franquisme "mou" ! La structure du roman est très intéressante car elle suit trois personnages clés de la démocratie espagnole, chacun est bien traité et puis un formidable hommage au père de l'auteur. Roman, il me semble, incontournable !
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Anatomie d'un instant

J’entre dans ce livre sur la pointe des pieds et je suis happée par la montée en puissance du texte, me laissant emporter puis subjuguée par la fin et jusqu'à la dernière ligne.

Il se fomente un coup d’état qui se propage dans l’hémicycle du congrès Espagnol ce 23 février 1981.

"Tout le monde à terre !" ; "A terre !" ; "Ne bougez pas !" ; crient les gardes civils.

Les balles fusent et pourtant trois hommes restent debout. Ils se dressent pour désobéir à l’injonction des militaires qui leur est intimée tandis que disparaissent sous leurs sièges les quelques 400 députés. Qui sont ces trois hommes ? De quelle éthique relève ce geste de résistance ? Existe-t-il une suprématie de l’éthique en politique ? Le numéro un se nomme Adolfo Suárez, phalangiste, franquiste, puis assurant la Transition démocratique, le deuxième, c’est le général Gutiérrez Mellado, franquiste, ancien putschiste de 1936 et enfin le troisième, Santiago Carrillo le secrétaire général du parti communiste. Ce sont des héros. Ils sont prêts à mourir pour l’honneur et à force de conviction, ils n’ont plus rien à perdre. Mais n’ayons crainte, si c’est l’Anatomie d’un instant, chaque homme nous sera présenté ainsi que son parcours, militaire, politique, de vie, dans la plus grande lucidité mais surtout dans une recherche de vérité. La progression du récit est irréprochable et l’auteur veille à notre accessibilité quant à la compréhension du récit, des hommes et pour la concordance des événements. L’écriture est belle et forte puisqu'elle met en présence ces trois hommes en particulier qui sont à la fois si différents et si proches, quand bien même ils auront traversé l’histoire de façon tout à fait opposée et c’est finalement cette multitude de portraits qui crée la richesse de ce livre en lui donnant une portée et une lecture universelle.
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Anatomie d'un instant

Cercas analyse ici, à partir de la tentative de coup d'état de 1981, le passage de l'Espagne à la démocratie...Une analyse fouillée et passionnante.
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Anatomie d'un instant

Dans un de mes ( nombreux) petits carnets, j'avais copié des mots de Javier Cercas lors d'un entretien :

"Ecrire ne sert à rien, le langage ne sert à rien, mais il me faut continuer. Ecrire, c'est peut être la seule façon de trouver une illusion aux choses de la vie. Vous avez lu l'éloge funèbre de David Grossman à son fils de 20 ans mort au Liban? Il a écrit un chef d'oeuvre. Je ne veux pas avoir à écrire ce genre de chef d'oeuvre. Plus je vieillis, plus je ne crois qu'en l'honnêteté personnelle. C'est peu."

Et bien, c'est déjà beaucoup?



J'avais beaucoup aimé Les soldats de Salamine, et surtout A la vitesse de la lumière, une réflexion très intelligente et sensible sur l’écriture .

Là, je dois bien dire que j'ai eu plus de mal pour cette description du coup d'état manqué du 23 février 1981, dont à dire vrai, je n'avais jamais entendu parler.. il fallait que ce soit Cercas, parce que sinon.. j'ai failli lâcher prise!

En fait, l’histoire de l’Espagne m’est presque tout à fait étrangère et cela me semble une évidence que cette lecture doit être plus facile pour ceux qui en savent un peu plus...

Mais j’aime Javier Cercas, son écriture, son honnêteté intellectuelle qui le pousse à s’interroger constamment sur les motivations des personnages qu’il étudie. Et les siennes propres. Son art de passer du général au particulier. Et inversement.



Le titre est particulièrement bien choisi. Tel un anatomiste minutieux, obsédé par une image, Cercas va disséquer , observer, noter, parcourir des centaines de documents, établir des relations, comparer , réfléchir , revenir en arrière, expliquer, recommencer.Pour tenter de rester au plus près de la vérité des faits. De leur contexte et de leurs conséquences historiques. Et de pouvoir se glisser dans la peau des personnages qu’il décrit, à partir de l’instant où il les décrit, un instant plein de violence dont on voit quelques images dans une vidéo que j'ai retrouvée.



Trois hommes ne se sont pas couchés pour éviter les balles donc une mort probable, ce sont eux bien sûr qui vont intéresser Cercas. Et en particulier Adolfo Suarez, le chef du gouvernement sortant , pour lequel Cercas n’éprouvait aucune sympathie .

Dans son prologue, il écrit:

"Je l'avais toujours pris pour un arriviste du franquisme qui avait prospéré en courbant l'échine à force de révérences, un homme politique opportuniste, réactionnaire, bigot, superficiel et roué, qui incarnait tout ce que je détestais le plus dans mon pays et que j'identifiais, je le crains, avec mon père, suariste obstiné."



Première allusion à sa propre histoire , que l’on retrouvera très brièvement aussi mais de très émouvante façon, à la toute fin du livre, dévoilant la logique de cet ouvrage.



Si c’est bien sûr possible d’étudier la genèse d’un coup d’état, de le décrire, d’en suivre les conséquences dans le temps, est-il vraiment possible de comprendre pourquoi certains n’ont pas le même instinct, la même logique de survie que les autres? C’est là peut être qu’intervient le romancier,et ces pages à la fois complexes et désarmantes, mais aussi magnifiques de sincérité( en spoiler, je trouve cet extrait très beau, mais c'est long..)







C’est long? Oui.. Le livre est très long à lire, très dense, touffu, il y a de nombreux moments où je me suis sentie dépassée et perdue. Mais j'aime les écrivains qui s'interrogent encore et encore..Et , de ce fouillis de points de vue, de faits réels, de suppositions , finit par émerger un récit que l’on lit comme un roman, brillant, et finalement assez passionnant et qui parle de bien d'autres choses que cet évènement historique.








Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Anatomie d'un instant

Du golpe de 1981 j'en garde un souvenir assez net. Je suis encore à l'école primaire, CM2 je rentre un midi manger à la maison et je vois mon père et ma mère devant la télé regardant les images de ces députés espagnols couchés sous leurs sièges, ou les mains sur la tête et ce militaire se balladant une arme à la main. Mes parents m'expliquent en quelques mots et bien que je perçois une situation grave qui si elle s'installe vraiment aura des répercussions sur notre famille directement et indirectement, je comprends bien que mes parents sont plus surpris et complètement stupéfaits que réellement inquiets. Et ils ont raison, le golpe tourne court. Quelques années plus tard j'en reparle avec eux et leur livre la façon dont je les ai vus à ce moment. Et de m'expliquer qu'effectivement ils étaient vraiment surpris et stupéfaits mais pas angoissés ni anxieux car l'Espagne était portée par quelque chose sur laquelle elle ne pouvait plus faire demi-tour car elle se serait vraiment mise mal alors que le Portugal avait mené sa Révolution des Œillets et que la Grèce se dégageait progressivement des colonels. Et en avait-elle vraiment les moyens et la captation de l'attention d'une partie de la population comme en 1936? Pas si sûre.



Et puis l'histoire du golpe me concernant s'arrêta à ce niveau.

Et puis, j'ai découvert Javier Cercas et son anatomie d'un instant. Et là j'ai repris l'histoire du golpe et le golpe dans l'Histoire. Et bien que peu au fait finalement de cet évènement, je ne me suis jamais sentie perdue à la lecture du livre de J.Cercas. Au contraire, c'est une vraie chronique de l'Espagne entre 1975 et 1981 qui nous est livrée, chronique qui prend ses racines dans l'histoire de la guerre civile et qui se prolonge au-delà. Cercas donne des clés, une grille de lecture avec tous les personnages : Suarez, quelque peu opportuniste et qui tire son épingle du jeu, Tejero le militaire qui se ballade dans le Parlement espagnol avec son arme à la main, les comploteurs, vieux compagnons de Franco, Juan-Carlos, jeune roi, les Espagnol.es qui attendent de voir comment Juan Carlos va gérer cette crise, l'Europe qui regarde l'Espagne avec inquiétude mais sans plus etc..etc...



C'est un livre dense, avec beaucoup d'informations mais dont la construction et l'exposition des faits sont bien menées et bien expliquées aux lecteurs.trices. Il y a un véritable travail d'enquête, de pédagogie teinté de réflexions personnelles, avec lesquelles on peut être d'accord ou non mais ce n'est jamais sentencieux. De même, nous ne sommes pas dans un discours "moi je sais toi tu lecteur tu ne sais pas". Jamais. C'est un très, très bon livre pour aborder cet évènement, qu'on paraît avoir oublié. La Movida a bien fait son travail -_-.
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Anatomie d'un instant

Nom de code 23-F, aujourd'hui il suffit de le googliser pour atterrir sur youtube et y voir comment a été restituée en différé aux espagnols l'irruption filmée du commando putschiste, lors de ce fameux coup d'état du 23 février 1981 au Congrès madrilène. C'est ce film, plus précisément le geste du président Suarez, qui fournira le point d'entrée des investigations de l'auteur, soucieux de nous préciser en prologue ses hésitations à aborder le monstre hybride de la bonne façon. Dans un premier temps il l'a romancé, avant d'y renoncer : «... en fait, rien de ce que j'aurais pu imaginer sur le 23 février ne me touchait ni ne m'exaltait autant et ne pouvait se montrer plus complexe et plus éloquent que la réalité pure du 23 février». Alors il s'est plongé dans le labyrinthe de la vérité historique. Rien de plus qu'une habitude, pour ne pas dire une obsession chez Javier Cercas. Ici encore son récit développe le ton singulier du romancier historien soucieux de démêler l'imbroglio des fils relationnels entre les différents protagonistes, de plonger aussi dans leur passé, d'analyser l'écheveau sans fin des faits, des paroles et des gestes, mais aussi de dérouler la pelote de l'imagination quand la vérité se défile. Car tout n'est pas figé, tout n'est pas avoué, tout n'est pas révélé. Le passé n'existe pas on le sait, ça n'est qu'une représentation au présent de choses révolues. Quant au présent, il avance inéluctablement.

Et autant prévenir le lecteur, démêler l'histoire du 23-F est une entreprise ardue, j'imagine même pas le travail de l'auteur au vu des efforts de concentration qu'il m'a fallu pour simplement le lire. On s'y perd forcément un peu entre les différentes parties, communistes et fachistes, socialistes et royalistes, militaires, renseignements généraux, coup d'état et contre-coup d'état, trahisons, collusions ou ententes improbables. On est en pleine Transition démocratique post-franquiste, Adolfo Suarez ne fait plus vraiment l'affaire après son démantèlement express du système franquiste, le coup d'état est imminent, il gronde en sourdine, il semble inéluctable dans ce pays à la tradition putschiste. Et il aura lieu, la démission surprise de Suarez précipite les choses du côté des militaires restés pour la plupart fidèles aux idéaux franquistes. Un coup d'état qui se voulait mou pour mettre en place un gouvernement de coalition avec un militaire à sa tête, mais le crépitement sec des balles dans l'hémicycle annonce encore l'écho du dérapage et son avortement à venir par l'entremise royale.

Une enquête difficile à démêler, une vérité difficile à figer, pour un livre au travail de fourmi difficile à restituer. J'aurais pu entrer dans un résumé des personnages et vous parler du lieutenant-colonel Tejero, d'Armada ou de Milans les conspirateurs principaux du putsch, du général Mellado, de Carillo le communiste et de Suarez les traîtres du gouvernement de Transition, du rôle ambigu de Cortina des services de renseignements de l'AOME, pour forcément en oublier et me perdre dans la confusion de l'incomplet. Peut-être que l'anatomie d'un instant ne se plie tout simplement pas aux règles convenues d'un compte-rendu, peut-être que l'histoire sous l'angle du vrai est trop complexe à démêler et résumer, mais peut-être suffit-il de dire que la passion folle de l'auteur envers la vérité a de grandes chances de déteindre sur le lecteur. Pour peu qu'il ait l'envie, ou le courage de s'y plonger.
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Anatomie d'un instant

Décortiquer le moment clé de la transition démocratique en Espagne, en une œuvre littéraire éblouissante.



Le 23 février 1981, alors que les parlementaires espagnols doivent entériner le choix du successeur d’Adolfo Suárez à la présidence du gouvernement, des putschistes font irruption dans le bâtiment du Congrès, emmenés par le lieutenant-colonel Antonio Tejero, sous l’œil des caméras de télévision qui filment cette tentative de coup d’état.

Des coups de feu sont tirés dans l’hémicycle, les parlementaires s’aplatissent sous leurs sièges et à terre, à l’exception de trois hommes : Adolfo Suárez, président du gouvernement démissionnaire fin janvier, et artisan du démontage du franquisme et de la transition de l’Espagne vers la démocratie depuis 1976, reste assis sur son siège. Le général Gutiérrez Mellado, vice-président du gouvernement en fonction, se tient debout, défiant les gardes civils qui criblent de balles l’hémicycle du Congrès. Le troisième homme, Santiago Carrillo, secrétaire général du Parti Communiste, reste lui aussi assis en haut de l’hémicycle et fume, impassible.



«Aucun personnage réel ne devient fiction parce qu’il est apparu à la télévision, mais il est fort probable que la télévision contamine d’irréalité tout ce qu’elle touche, et qu’un événement historique change d’une certaine façon de nature s’il est retransmis par la télévision, parce qu’elle dénature la manière dont nous le percevons (pour ne pas dire qu’elle le trivialise ou le corrompt). Le coup d’Etat du 23 février présente cette anomalie : à ma connaissance, c’est le seul coup d’Etat de l’Histoire enregistré par la télévision, et le fait qu’il a été filmé constitue sa garantie à la fois de réalité et d’irréalité.»



La suite sur mon blog ici :
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Anatomie d'un instant

Dans une longue contemplation sur le coup d'état raté du 23 février 1981, Cercas interroge cet épisode à la fois mystérieux et grandiose de l'histoire récente espagnole. Sans négliger un travail d'enquête minutieux qui permet au lecteur (même absolument ignorant, comme moi) de se faire une idée précise du "petit Madrid du pouvoir" de l'époque et du déroulement précis du coup d'état, Cercas interroge surtout le geste de courage de trois députés qui, contrairement à leurs collègues, ne se couchent pas derrière leurs sièges comme le leur ordonnent les soldats en tirant au plafond. Trois autres hommes commandent ou commanditent les soldats entrés dans l'Assemblée, et ces six hommes représentent six visions de l'Espagne, six relations au pouvoir qui s'affrontent dans ce moment décisif. A travers cette fresque - d'où ressort principalement la figure mystérieuse et spectrale du président Suarez, héros tardif de la transition espagnole, Cercas propose sans l'épuiser une très belle réflexion sur l'éthique politique dans les démocraties contemporaines. Un livre indispensable pour qui s'intéresse à l'Espagne, mais aussi à la chose politique.
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Anatomie d'un instant

Ce livre évoque un journée particulière de l'histoire récente de l'Espagne, qui vient de découvrir la démocratie à la mort de Franco. Comme le suggère le titre, Javier CERCAS dissèque réellement cette journée au cours de laquelle un coup d'Etat aurait pu mettre à néant cette démocratie balbutiante. Il nous explique comment cette journée s'est construite, et comment trois personnages clés ont, chacun à leur façon, résisté à ce coup d'Etat. Il n'est pas besoin de maîtriser parfaitement l'histoire espagnole pour saisir et être intéressé par ce que raconte l'auteur, car au- delà de cette épisode de l'histoire espagnole, Javier CERCAS démontre combien la démocratie est fragile et peut vaciller, et combien le pacte démocratique tient à la volonté de quelques uns.
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Anatomie d'un instant

N°568 – Avril 2012.

ANATOMIE D'UN INSTANT – Javier Cercas – ACTES SUD.

Traduit de l'espagnol par Élisabeth Beyer et Alexandra Grujieie.



L’Espagne est un pays qui ne peut nous laisser indifférents. Il a toujours fait partie de notre culture, de notre histoire, soit à l'occasion de conflits, soit parce que, au nom de la démocratie, de la défense de la liberté, nous avons, nous Français, pris partie pour sa sauvegarde, même si, la politique s'en mêlant, le résultat n'était pas forcément à la hauteur des espérances tressées. Ce pays qui reste celui du soleil, du farniente, des vacances, de l’exubérance mais aussi de la culture a inspiré de nombreux créateurs et nombreux sont les Espagnols qui ont trouvé refuge en France, s'y sont établis, ont choisi de combattre pour lui, l'ont enrichi... Il resurgit régulièrement dans l'actualité pour nous rappeler qu'il n'est pas seulement un pays voisin, limitrophe de la France mais surtout un peuple ami avec qui nous partageons plus que d'anecdotiques événements.

La Guerre d'Espagne, ses suites parfois malheureuses, l'établissement durable du fascisme ont nourri fantasmes et soutiens de tous ordres en faveur de ceux qui avaient une légitime aspiration à la liberté, et le retour à la démocratie a été salué par tous comme la fermeture d'une parenthèse douloureuse de quarante années de franquisme. Las, dans toutes les démocraties, surtout si elles sont jeunes, il y a toujours des nostalgiques du passé, des idéologies perdues, de l'arbitraire, de l'injustice, des privilèges qu'ils ont perdus. Franco a laissé une trace prégnante dans ce pays. Malgré l'ouverture à la liberté, le pays a été secoué par des attentats, des soulèvements populaires. Nous sommes en Février 1981, Adolfo Suàres, Président du gouvernement est un homme affaibli qui vient de démissionner de sa charge et le parlement s'est réuni ce 23 février pour élire son successeur, Calvo Sotelo. Les débats promettent d'être houleux et passionnés mais ce n'est que le jeu normal de la démocratie quand surgissent des militaires en armes qui intiment l'ordre impératif à tous de se mettre à terre en le soulignant de coups de feu. A leur tête, le lieutenant-colonel Tejero de la Garde Civile, unité emblématique du franquisme. Nous avons tous en mémoire cette scène où la liberté bascule, le coup d’État qui est une pratique traditionnelle en Espagne recommence, le franquisme menace la jeune démocratie, créant un vide que des militaires putschistes ne vont pas tarder à combler, et ce en direct. Les membres de la représentation nationale se couchent tous, à l'exception de trois personnes, Adolfo Suàres, le vieux général Guitiérrez Mellado et Santiago Carrillo, qui, pour des raisons différentes tentent de résister, à leur manière à cet officier menaçant. Ce geste peut passer pour du courage, de la révolte, une manifestation de liberté face à la violence mais il peut parfaitement être analysé différemment. L'auteur se demande avec pertinence s'il n'était tout simplement pas dicté, pour chez chacun d'eux, par le besoin de racheter une faute personnelle.

Adolfo Suàres est un homme politique controversé, ancien membre de la phalange, arriviste ambitieux et opportuniste dénué de scrupules. Il fut choisi par le roi Juan Carlos pour organiser la transition démocratique, c'est à dire de liquider le franquisme et légaliser le parti communiste. Il s’acquitta de cette tâche, mena les réformes nécessaires mais c'est un homme épuisé, abandonné de tous et surtout du roi, au bord de la retraite qui vient de donner sa démission de chef du gouvernement et que le monde politique souhaite voir se retirer. L'ambiance autour de lui est à la conspiration et tout, à l'intérieur comme à l'extérieur, semblait avoir pour but l'éviction de Suàres. L'auteur se demande s'il ne cherche à mourir en martyr dans un ultime geste spectaculaire et ce même s'il n'était pas au courant, comme beaucoup d'autres initiés, de l'intrusion de Tejero dans l'hémicycle.

Guitiérrez Mellado est un officier de carrière fondamentalement franquiste, maintenant haï des militaires, qui a combattu dans les rangs nationalistes pendant la Guerre civile et devint, à cette période, membre de la 5° colonne c'est à dire qu'il infiltra les rangs républicains. Promu général, il s'engagea en politique et devint ministre de la défense dans le gouvernement d'Adolfo Suàres dont il était l'ami personnel. Puis, à la suite de son opposition spectaculaire à Tejero, épuisé, il se retira de la politique.

Santiago Carrillo fut un dirigeant historique du parti communiste espagnol, il a combattu dans les rangs de l'armée républicaine pendant la Guerre civile. Compromis pendant ce conflit, il joua un rôle déterminant dans le processus de transition démocratique. Au moment du putsch il est un homme politique sur le déclin. Le jeu politique fit que Carrillo le communiste et Suàres l'ancien phalangiste, pourtant ennemis inconciliables se retrouvèrent côte à côte dans le rétablissement de la démocratie et que, lorsqu'ils furent l'un et l'autre évincés de la vie politique, ils entretinrent de solides liens d'amitiés.

Vient ensuite l'évocation des putschistes, les généraux Armada, Milans et le lieutenant-colonel Tejero, tous militaires ambitieux, monarchistes, franquistes et opposés à la démocratie telle que l'entendait Suàres et donc contre lui, mais surtout tous fondamentalement différents dans leurs motivations, ce qui mena le putsch à l'échec.



Même si l'auteur présente ces hommes, qu'il qualifie de traîtres à leur idéal comme des personnages de fiction, les événement du 23 février s'étant déroulés dans une lumière blafarde et quelque peu irréelle, ce récit n'est pas un roman, c'est plutôt une non-fiction écrite avec faconde parce que la réalité dépasse l'imaginaire. Avec une précision d'archiviste, Javier Cercas démonte tout ce qui a conduit à ce coup d’État, certes avorté, mais ô combien prévisible dans la classe politique et ce qui en motiva l'échec, le putsch manqué n'étant que la partie visible de conspirations multiples et secrètes dans un contexte d'attentats de l'ETA et d’assassinats de gardes civils, de peur et de situation catastrophique de l’État et de la couronne. Ainsi montre-t-il que, ce qui a été ressenti dans l'opinion comme une atteinte à la démocratie n'était en réalité que l'aboutissement, certes mort-né, d'une atmosphère politique délétère. L'intervention télévisée du roi revêtu de son uniforme militaire se rangeant aux côtés de la constitution a été déterminante pour sauver la jeune démocratie espagnole. Armada et Milans, en prônant un gouvernement d'union nationale que refusait Tejero abandonnèrent ce dernier qui refusa la fuite et l'exil. Puis vint le procès et les condamnations mais il reste que ce coup d’État manqué, cette séquestration humiliante pour les politiques durant 17h30 dans l'hémicycle a renforcé la démocratie et la couronne et mis une fin définitive à la Guerre civile.



S'il fallait trouver une « morale » à ce livre remarquablement documenté, à ces faits, c'est sans doute Jorge Luis Borges que la fournit et l'auteur qui la cite opportunément : «  Tout destin, si long et compliqué soit-il, se résume au fond à un seul moment : le moment où l'homme apprend une fois pour toutes qui il est ».







©Hervé GAUTIER – Avril 2012.http://hervegautier.e-monsite.com




















































































































































































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Anatomie d'un instant

Cercas voulait faire un roman sur le coup d'Etat de 1981 en Espagne ; la réalité étant plus forte que la fiction, il a écrit un livre sur les faits. Les témoignages étant parfois contradictoires, il donne les différentes versions et son interprétation, ce qui offre un résultat parfois étrange, parfois confus et pas toujours facile à lire.



Le contexte historique est rappelé par petit bouts, au fur et à mesure des évènements et de l'intervention des différents acteurs. Pour mémoire, Franco a causé la guerre d'Espagne en 1936 à la suite d'un coup d'Etat et a mis en place un dictature en 39 qui durait encore à sa mort en 1975. Il a choisi Juan-Carlos de Bourbon pour lui succéder, mais celui-ci a fait de choix de la démocratie dès son arrivée au pouvoir, s'appuyant sur Adolfo Suares, un apparatchik franquiste. Cercas présente d'abord Suares comme un "foutriquet servile" mais, au final, reconnait son efficacité dans la mise en place de la démocratie et son courage lors du coup d'Etat.



Suares devient le leader du centre droit, limite les prérogatives de l'armée, légalise le parti Communiste, met en œuvre la Constitution et gagne les élections de 1978. En 1981, la transition démocratique est achevée, Suares est empêtré dans la crise économique et a du mal à partager le pouvoir. En position difficile et lâché par tous, l'armée, son parti, l'industrie, le roi, Suares démissionne et un nouveau président doit être élu le 23 février 1981. Cercas insiste beaucoup sur cet environnement qu'il appelle "le placenta du coup d'Etat" : tout est en place pour un changement radical et plusieurs scénarios de crise sont possibles, tous passant pas l'éviction de Suares.



Le 23 février 1981 vers 18 h, le vote du Congrès des députés pour l'élection du nouveau Président du gouvernement est interrompu par l'irruption de gardes civils dirigés par le lieutenant colonel Tejero. Quelques rafales de mitraillettes ponctuent l'ordre de se coucher à terre mais trois hommes restent à leur place : Adolfo Suares, président démissionnaire ; le général Guttierez Mellado, membre du gouvernement, et le député Santiago Carillo, leader communiste. Ces trois là sont sans doute les hommes les plus détestés de l'armée et Cercas revient longuement sur leurs motivations et leurs carrières.



Le coup d'Etat ne devait pas être violent et devait être l'occasion de créer un gouvernement d'Union nationale pour renforcer la royauté et redonner plus de pouvoir à l'armée. Il est coordonné par 3 hommes qui ont chacun leur vision, pas forcément incompatibles : Tejero, responsable opérationnel de l'opération, tête brûlée qui veut que l'armée prenne le pouvoir ; le Général Milans, gouverneur militaire de Valence, qui veut renforcer la royauté et le Général Armada, le politique de la bande, ancien secrétaire du roi qui veut le pouvoir. Armada joue en permanence sur les deux tableaux, c'est la vraie tête pensante du putsch, et il cherche toujours à faire croire à l'autre camp qu'il aide le roi.



Pendant que Tejero prend les députés en otage, Milans, déclare l'état d'urgence dans sa région et Armada doit contacter le roi pour le persuader de lui confier la responsabilité du gouvernement. Dès le début, le roi et son entourage se positionnent contre le coup d'Etat qui tourne court et transforme les acteurs en Pieds nickelés. Armada essaye vainement de convaincre Tejero de laisser les députés l'élire et le coup d'Etat est définitivement raté à 1h du matin quand Juan-Carlos fait une allocution télévisée pour défendre la Constitution et ordonner aux militaires de rentrer dans le rang. Tejero résiste encore un peu et surtout négocie avant de libérer les députés en fin de matinée. Ce coup d'Etat raté a quand même atteint un de ses buts : garantir la royauté, et son corollaire est la victoire de la démocratie.



Ce livre est la fresque d'une époque, il est assez inclassable, car il va au delà de la relation des évènements, c'est presque un roman avec Adolfo Suares comme personnage principal. Visiblement, Cercas déteste ce que représente Suares, mais je sens quand même de sa part une certaine admiration pour le bonhomme.
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Anatomie d'un instant

Il s'agit plus d'une bio sur A.Suarez et sur la décrépitude d'un pouvoir Espagnol vieillissant que l'analyse d'un complot dont les acteurs majeurs (armée) ont fait tout qu'ils pouvaient pour échouer lamentablement. Pire conspirateurs cela doit être difficile à trouver.

Le livre est passionnant, très érudit, études phycologiques très fouillées, la mise en perspective de la société Espagnole rend le livre très attachant, c'est une très minutieuse étude sur le d-day de la démocratie Espagnole. A lire.
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Anatomie d'un instant

Madrid, 23 février 1981 : tentative de coup d'Etat des militaires qui envahissent le parlement.

Alors que les balles criblent le plafond, les députés se couchent à terre, tous, sauf un homme restant impavide à son siège : Adolfo Suarez.

Pourquoi lui ?
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Anatomie d'un instant

Voilà un instant qui dure...500 pages, et 500 pages denses, touffues, presque sans paragraphe, 500 pages d'enquêtes quasi journalistiques, d'investigations poussées et d'interrogations impitoyables de toutes les données du sujet.



Et quel sujet ! 500 pages sur le coup d'état manqué du 23 février 1981 où un "quarteron de généraux" franquistes a failli, quelques années seulement après la mort de Franco et au tout début de la Transition , renvoyer l'Espagne à ses vieux démons dictatoriaux, à ses nostalgies mal éteintes d'une junte au pouvoir , sa prétendue fidélité à la monarchie cachant mal son désir de reprendre en mains, avec l'aide des forces les plus réactionnaires du pays-Opus Dei etc ..- une Espagne qui s'orientait doucement vers la démocratie et s'ouvrait enfin vers le reste de l'Europe ...



Le 23-F- comme disent les Espagnols se trouve donc décortiqué sous le scalpel aigu de Javier Cercas, anatomiste sans concession.



Mais, me direz-vous, où est l’œuvre romanesque, derrière cette enquête pleine d'exigence de vérité et cette analyse factuelle exhaustive d'une seule journée? Où sont les personnages, où va se fixer notre nécessaire identification? où notre rejet? où notre inquiétude et notre goût des péripéties? où ,même, notre réflexion si on s'en tient aux faits et rien qu'aux faits? où enfin notre goût immodéré pour le style, la structure, si c'est l'Histoire et elle seule qui a force de loi?



C'est là que Cercas, une fois de plus, m'épate et me sidère: ce roman VRAI est aussi un VRAI roman!



La structure n’est pas –et heureusement- une plate chronologie de la fameuse journée : elle part d’un document photographique –et même télévisuel, car toute la prise d’otages des membres du Congrès siégeant en séance a été filmée par la télévision espagnole – et épouse trois gestes, ceux de trois personnages emblématiques : ceux des trois seuls hommes qui ont refusé de se jeter à terre à l’arrivée des militaires, tirant à tout va dans l’hémicycle : Santiago Carillo, député communiste, leader du PCE, le général Gutierrez Mellado, ancien franquiste, vice-président et ministre du gouvernement Suarez, et enfin le président Adolfo Suarez lui-même, venu assister à sa dernière séance du Congrès, où il devait donner sa démission officielle avant de procéder à l’élection d’ un nouveau président.



Suarez reste assis à son banc de président malgré la fusillade qui crépite autour de lui, Mellado se met en écran entre son président et les putschistes armés , et Carillo, à l’extrême gauche de l’hémicycle affectée aux les communistes, fraîchement réintégrés à la vie politique espagnole après en avoir été bannis, va s’asseoir bien en face de Suarez, qui a été l’artisan de cette réintégration et est devenu son ami, et fume ostensiblement sous la mitraille…



Cercas se livre à une analyse fine, empathique et toujours pertinente de ces trois hommes, de ces trois héros qui ont en commun , outre leur fermeté et leur courage, d’être des hommes politiquement finis, critiqués violemment par leur propre camp et qui recouvrent le 23 février, en l’espace de 24 longues heures, une sorte de grandeur et de panache qui efface leurs erreurs passées et fait disparaître les hommes derrière l’aura de la fonction, inaugurant ainsi la naissance véridique de la démocratie espagnole.



Le style participe de cette mise en scène des trois gestes : il tâtonne, se répète, se cherche, s’élabore en lentes volutes, comme on affine un diamant, comme on patine une sculpture, comme on accorde des instruments avant de faire jouer l’orchestre…ainsi le lecteur retrouve les mêmes phrases, les mêmes mots mais agencés d’autre façon, dans une trame de plus en plus serrée, dans une perspective de plus en plus signifiante - comme s’affirme progressivement la vérité, comme montent dans le bain du révélateur les traits d’abord flous de la photo avant de se fixer , bien nets, en noir et blanc, sur le papier .



Cette dissection patiente n’a pas mis en pièces les personnages, non, elle les a constitués, elle les révèle comme dans le film de Rossellini, Le Général della Rovere, le misérable fasciste infiltré au sein des partisans par les Allemands sous l’identité glorieuse du Général résistant, finit par se sentir l’âme d’un héros et d’un vrai partisan : la fonction a créé le héros…



Pour nous, l’Anatomie d’un Instant a créé les corps et les âmes de personnages héroïques, historiques et éminemment romanesques. De cette anatomie des trois gestes, presque identiques, nous percevons, enfin, les différences et comment l’un –Suarez- se dégage des deux autres.



Et là on touche à l’émotion, à l’émotion pure. Je ne peux résister au plaisir de citer Cercas :

« Le geste de Suarez est presque identique au leur, mais en même temps nous sentons qu’il est différent et plus complexe, ou du moins c’est ainsi que je le sens, sans doute parce que je sens aussi que son sens complet m’échappe.IL est vrai que c’est un geste de courage et un geste de grâce et un geste de rébellion, un geste souverain de liberté et un geste de comédien, le geste d’un homme fini qui conçoit la politique comme une aventure, et qui essaie tel un agonisant de se légitimer, et qui pour un moment , semble incarner pleinement la démocratie, un geste d’autorité et un geste de rédemption individuelle, et peut-être collective, le dernier geste purement politique d’un pur homme politique, et pour cette raison éminemment violent ; tout cela est vrai, mais il est aussi vrai que, pour une raison ou pour une autre, cet inventaire de définitions ne satisfait ni le sentiment, ni l’instinct, ni l’intelligence, comme si le geste de Suarez était un geste inépuisable ou inexplicable ou absurde, ou comme s’il contenait un nombre infini de gestes. »



Qui peut dire qu’il ne s’agit pas là d’un style, au sens où il est une écriture exactement au moule du sujet ?



Qui , après la lecture de ce « pavé » et malgré certaines longueurs ou reprises un peu lassantes, ne se trouve pas emporté, bouleversé par le personnage de Suarez, ce Della Rovere espagnol ? Qui ne clôt pas ce livre en étant tragiquement conscient de la fragilité nécessaire et de la grandeur admirable de toute démocratie ?





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Anatomie d'un instant

Cet instant, c'est celui de la nuit du 23 février 1981 à Madrid, lors du coup d'état manqué dans le parlement espagnol, les députés pris en otage et la ville de Valence envahie par l'armée.

Je me souviens de cet épisode qui fut aussi relaté à la télévision française de l'époque.

L'auteur relate cet évènement des prémices à la suite, c'est-à-dire au procès des militaires putschistes. Il analyse en profondeur l'évolution politique et le caractère des différents protagonistes, en particulier s'agissant d'Adolfo Suarez, chef du gouvernement démissionnaire.

Ce livre est extrêmement documenté et fouillé, il m'a passionnée, malgré la difficulté du sujet traité. Seules les parenthèses (ou...ou) m'ont un peu gênée.

J'ajoute que ce livre est finalement un bel hommage au père de Javier Cercas.
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Indépendance

Je suis un fervent admirateur de Javier Cercas et j’avais été particulièrement dérouté par Terra Alta ne retrouvant pas dans ce roman le style très particulier de l’auteur. Pour Indépendance j’avoue que l’histoire m’a fortement intéressé et j’ai lu très rapidement ce livre . On retrouve l’inspecteur Melchor chargé d’une enquête sur un chantage dont est victime la Maire de Barcelone.

J’ai retrouvé les tournures de phrases si particulières de Cercas et ses longues réflexions sur la situation politique de l’Espagne mises en scène à travers les conversations des divers personnages du roman. Il prend le parti pris, marqué, d’un policier justicier, pourquoi pas puisqu’il s’agit d’un roman. Au terme du livre on suit une conversation qui est en fait un condensé de plusieurs conversations simultanées, une recette de Mario Vargas Llosa que Cercas admire. Cependant que restera-t-il dans ma mémoire de ce roman qui reste un petit scénario policier à côté des Soldats de Salamine par exemple ? Pas grand chose à mon avis. D’autre part je ne comprend toujours pas pourquoi cet auteur éprouve le besoin de citer à plusieurs reprises la marque Coca Cola dans les deux romans et la messagerie WhatsApp plus de dix huit fois dans Indépendance et d’autres marques dans un soucis maniaque de précision . Il va même jusqu’à se citer lui même, plusieurs fois, en mettant en scène la publication de Terra Alta pendant l’enquête menée dans Independance .
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Indépendance

Indépendance est le deuxième tome de la trilogie Terra Alta.

Melchor Marin mène de nouveau l’enquête mais pour une affaire qui le fait quitter la Terra Alta, région chère à Olga, son épouse aimée mais assassinée dans le livre précédent.

Il revient à Barcelone, sa terre d’enfance, pour enquêter sur une affaire mêlant politique, jeux de pouvoir et d’influence. Le tout baigné dans une atmosphère de perversion. De beaux ingrédients, certes, mais ça, c’est ce que l’auteur avait sans doute l’intention de faire. Sauf que le tout forme une brouet très indigeste. Les composantes sont là, posés sur la table, inertes et sans vie.

Javier Cercas a complètement oublié de nous raconter une histoire. Il s’est contenté de coucher sur papier ses propres fantasmes et ses propres critiques de la Catalogne et de Barcelone en particulier. Le tout n’est pas maîtrisé du tout. L’histoire demeure palotte, sans relief et complètement incapable de nous emporter. Fade en un mot.

Que nous a fait Javier Cercas avec l’écriture de ce bouquin? Je m’interroge car le talent de Cercas est très grand. S’est-il trop vite engagé à écrire une trilogie vis à vis de je ne sais qui? J’espère juste vis à vis de lui-même et qu’il s’agit d’un acte manqué sans qu’elle ait été inspirée par des personnes mues par l’appât du gain...

Le livre est constellé de dialogues sans intérêt (et selon moi, un excès de dialogues dans un roman est une preuve de l’absence d’inspiration d’un auteur), de descriptions de la vie politique autour de la ville de Barcelone auxquels je n’ai rien compris ou si peu. Je me demande même si l’auteur comprendrait en se relisant. N’est pas James Ellroy qui veut... Aucun personnage ne sort du lot, tout est plat et invraisemblable. Même Melchor Marin, l’énigmatique héros magnifiquement sombre et original du premier livre de cette trilogie, est devenu insipide. L’auteur aurait pu le préserver et sauver ainsi son roman de façon infime, mais cela aussi il a omis de le faire.

Il y avait, dans les premières pages, une enquête policière parallèle prometteuse mettant en scène une affaire de séquestration d’une épouse d’un parrain de la drogue local... Cercas ne la développe pas du tout, alors qu’elle aurait pu donner du relief à ce bouquin. Il parque cette enquête dans le bac à sable comme un bolide en panne d’essence. Idem pour le personnage de l’inspecteur Sanchez dont l’auteur ne fait rien non plus. Une suite de pétards mouillés.

Je n’ose imaginer ce que sera le troisième tome de Terra Alta. Je ne le saurai jamais. Désolé, Javier.

Inutile de vous dire que je vous déconseille Indépendance, même si mon attirance pour cet auteur reste intacte. J’en ai heureusement d’autres sur mon étagère.
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