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Citations de Jean Amila (210)


C'est plus dur qu'on croit si on veut rester près du vrai, parce que souvent le vrai c'est rien, pfft, ça passe, c'est passé, c'est filé, loin comme la lampisterie de la station nocturne, à cent à l'heure. Il faut se méfier du passé c'est une règle générale.
Dès qu'on fait jouer la mémoire ou l'imagination on a tendance à tout simplifier, à tout fausser.
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L'attaque à saturation ! Les armes ennemies détectées dans le secteur Fox pouvaient abattre cinquante hommes minute ? Eh bien, on en débarquait cent. Absolument irréfutable !... il suffisait d'amener sur Omaha Beach plus d'hommes que l'ennemi n'en pouvait tuer. Plan grandiose dans sa simplicité !
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Les vrais faibles se font plaindre et réussissent en tout; on appelle ça du charme. Il n'y a que les dures et grandes âmes pour trouver la fin du monde en crevant d'un coup. Ça doit se défendre.
P. 286
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Se doper l'enthousiasme, s'exciter, c'était bien tout ça les meetings, ces fêtes foraines de la politique. On s'y faisait la gorge et les poumons et un petit moral des familles. C'était l'intermède, la belle détente. C'était même la soupape, pour tout dire. On lâchait de la vapeur, et puis c'est tout.
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Il se sentait la fatigue du matin dans les jambes. Il faisait le tour de sa santé, à chercher le pourquoi de sa débilité, de ses cafards, de son manque d'appétit. Il était anémié, c'était certain. C'était la grande loi des travailleurs assis, il n'y avait rien à faire à ça. Il y avait un cycle, une figure rituelle, une nécessité : anémie, hémorroïdes et prostatite. Il n' y avait guère d'autre chemin pour atteindre la retraite, il le savait d'avance, mal résigné.
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Vonette devait me secouer depuis un moment, lorsque j’émergeai. C’était la sortie d’une plongée au plus profond du sommeil. Le sang me battait les tempes, j’étais hébété, douloureux.

Elle me souffla :

— Un flic !

Et je vis l’autre, debout au pied du lit, en civil, chemise claire et cravate tricotée.

— Grimont, Henri Jacques, c’est toi ?

C’était moi. Je ne pouvais qu’écarter les mains, fataliste. Devant les bourriques, j’avais déjà appris à me taire.

— Une simple conversation. Habille-toi ; on sort.

— Vous l’avez crevé ! dit bravement Vonette. Vous n’allez pas recommencer ?

L’autre lui fit un sourire, quasi paternel.

— Vous êtes des mômes ! Allons, Grimont, pas d’histoire. On ne te veut pas de mal.

J’avais la gueule ravagée, je le savais, sparadrap au front, compresse sur la tempe. La piaule puait le salycilate, et au moindre mouvement je ressentais à nouveau les douleurs dans les côtes et dans les parties. Impression d’avoir entre les jambes des testicules de taureau… En fait, j’avais été arrangé par les vaches ! Lèvres tuméfiées, narines bouchées par des caillots de sang, je n’avais pas envie de parler.

Vonette continuait à s’interposer.

— Laissez-le tranquille. Vous voyez bien qu’il ne tient pas debout !

— Si ! dit l’homme.

— Je ne le laisserai pas embarquer, dit Vonette. Je vais faire du foin ! D’abord, je suis chez moi. C’est mon domicile particulier ! Vous n’avez pas le droit !

L’autre sourit, à nouveau. Il avait passé la quarantaine, un rien chef de bureau, pas forcément obtus.

— Ma petite infirmière, on ne lui veut pas de mal, à votre protégé.

Il n’avait dit ni salope, ni ordure, ni mêle-toi de tes fesses… Ça créait comme un porte-à-faux et Vonette en restait bouche ouverte.

— Qu’est-ce que vous me voulez ?

J’avais réellement du mal à articuler, avec un goût de sang dans la bouche.
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Il y avait un moment déjà qu’Eugène Long était angoissé ; et pourtant, l’homme à côté de lui n’était pas menaçant.

Long l’avait pris à bord à la sortie de La Charité ; peut-être orienté par ce nom de vertu majeure ; en tout cas, favorablement impressionné par cet homme sans bagages, en autocoat élégant, coiffé d’un béret-casquette de velours côtelé, qui levait l’avant-bras d’un air ennuyé, « stoppeur » dans le crépuscule.

Il s’était montré décemment reconnaissant, homme de bonne compagnie… Ayant sa voiture accidentée et prise en charge par un garagiste de La Charité, il devait néanmoins gagner Montargis au plus vite…

Long était seul dans sa Dauphine. Durant près de deux heures, l’homme n’arrêta pratiquement pas de parler ; mais de ce flot de paroles, il ne restait rien… La bonne éducation, sans doute ?

Long vit les lumières de Montargis avec soulagement. Au panneau de l’horaire des messes qui marquait l’entrée des faubourgs, il attendit, sans savoir pourquoi, une réflexion qui ne vint pas. Il sentit néanmoins son passager esquisser un sourire, cent mètres plus loin, devant une réclame de restaurant… « Montargis, la Venise du Gâtinais »…

— Vous voici dans vos murs, dit Long… Au fait, comment se nomment les habitants de Montargis ?

Flottement imperceptible, puis le passager répondit, enjoué :

— Les Vénitiens du Gâtinais, bien sûr !

On entrait en ville. Le passager porta la main à sa poche…

— Je vous offrirais bien un pot, mais je crains de vous retarder, dit-il. Laissez-moi participer…

Long vit qu’il glissait un billet dans la boîte à gants, il repoussa de la main.

— Laissez donc !… Où est-ce que je vous dépose ?

Il devait être un peu moins de sept heures du soir. Des boutiques illuminaient une rue centrale, très animée. Un feu passa au rouge, deux voitures devant eux.
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Ah ! oui, que l'oiseau brise sa coquille, que le serpent et l'insecte changent de peau pour devenir adultes ; il n'y a que l'homme qui soit à la traîne !
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Pour ne pas rester un minus, faut jouer sa peau, mettre le paquet ! Les mirabelles sur la balance, et malheur aux vaincus !
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Pas un sentiment : un besoin animal, besoin d'un homme, besoin d'un mâle d'autant plus empressé qu'il voudrait plus se faire pardonner... C'est peut-être en écrivant cette lettre gentille et amoureuse qu'elle avait constaté qu'elle n'éprouvait plus de jalousie et, simplement, qu'elle ne l'aimait plus.
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Je ne sais pas ce qu’on vous apprend à l’école, maintenant, mais dans mon livre de classe il y avait une histoire dans ce genre :
« — Soldat, tu vas monter sur le rempart.
— Oui, mon capitaine.
— Tu trouveras une sentinelle.
— Oui, mon capitaine !
— Tu la tueras.
— Oui, mon capitaine !
Et le soldat monte sur le rempart, trouve la sentinelle, la tue, et les Français entrent dans la ville. » Ça vient peut-être de ça, peut-être d’autre chose, mais de toute façon les éducateurs sont de sombres fumiers… « Oui, mon capitaine !»
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Ah! la petite gazette du bureau ! Les petites phrases pour remplir le puits du temps qui passe! jour après jour, les petites quotidienneté sans fond, les petites banalités polies, entre collègues ! ...C'est vraiment trop terne, la vie. Vraiment trop vide! Il se demandait s'il ne devenait pas neurasthénique. Si ça n'était pas symptomatique, tous ces dégoûts qui venaient l'assaillir. Il se posait la question primordiale de savoir s'il devenait lucide ou malade..(p.119)
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Je m'en fous. Voudrais-tu comprendre, Tourillon, que les révoltés sont infiniment moins dangereux que les crétins. Nous venons d'avoir ici un crime crétin dans toute son horreur et nous allons être obligés de le masquer, de l'absorber parce que les crétins sont les rois. (p.92)
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L'avers du vallon au fond duquel gîtait le village était déjà perdu dans la ouate impalpable du crachin. Temps de marée,temps normand.
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Ils arrivent, les uns après les autres, quêtent des renseignements tandis que les photographes opèrent. Ils connaissent et aiment leur métier. Humainement, un à un, ils sont révoltés et indignés. Professionnellement, ils se frottent les mains. La conjonction Triple meurtre + Fillette achevée à coups de crosse + Illustre savant + Assassin en fuite = Boum ! Les renseignements sont difficiles à obtenir. L'affaire est toute neuve. On ne sait même pas très bien comment s'écrivent les noms propres.
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Il menait ses enquêtes dans la forme policière, c'est-à-dire, d'une manière plus ou moins comminatoire, disant le pire pour savoir l'exact et prenant l'air du monsieur qui en sait beaucoup plus qu'il ne veut en dire. Mais ni l'air menaçant, ni les questions au bluff ne lui permirent de découvrir une piste.

Règlement de comptes, p. 94
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Il semblait bien, en effet, d’après les précédents interrogatoires, qu’Irma n’avait pas d’autre ami que ce « Dédé » et qu’elle ne se livrait pas à la prostitution. On se trouvait chez des petits prolétaires qui voisinaient le sordide, pas chez des gens du milieu, il y avait une nuance. Lentraille n’insista donc pas.

La première enquête de l’inspecteur Lentraille, p. 61-62
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Émille Lentraille était un jeune ; il n'avait guère plus de vingt-cinq ans. Tout ce qu'on avait de lui jusqu'à présent, à la Préfecture, c'est qu'il voulait qu'on prononce son nom « Lentrèle » et non pas « Lentraye ». À part cela, il avait un physique assez insignifiant, ressemblant à n'importe qui, à un calicot, à un petit scribouillard quelconque mais nullement à un inspecteur du cadre de la Police judiciaire.
Et ce matin-là, tout seul en face de la morte, il se demandait bien pourquoi il avait pris ce métier-là où, de toute évidence, il détonait et où il ne jouerait jamais que de petites utilités.

La première enquête de l’inspecteur Lentraille, p. 58
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Allons, ma chère, ne soyez pas stupide ! Pourquoi nous donnerions-nous tant de mal pour vous faire du mal, alors que nous pouvons vous faire bien plus de mal sans nous donner du mal ?
P.157
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Beloeil était un jeune. Il avait deux ans de maison. Il était garçon. Il connaissait tous les dancings du département. Parfois, en plein travail, il entrait en transe, à se trémousser sur le sommet des fesses : « Peu peu… palapapa… » Il chantonnait faux, rythmé. Il essayait aussi des claquettes, furieusement, comme une comédie de la jeunesse, avec un plantureux mépris pour les vieilles cloches.
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