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Citations de Jean Anglade (301)


Pendant quatre ans, des hommes avaient souffert et espéré entre ces murs, percés, amputés, émasculés, la figure ravagée par les lance-flammes, les poumons brûlés par l'ypérite. Cela me rappelait mon séjour à Dinan. Un brouillard dont j'avais mis longtemps à émerger. L'immense salle commune, puante de chloroforme et d'éther, pleine de gémissements, de délires, de râles, de fureurs. Les vieux médecins barbus et hautement galonnés, indifférents et sourds. Mais je n'ai que vingt ans ! Comment avez-vous pu me couper la jambe pour une simple rotule qui manquait ? L'urgence mon ami, l'urgence. Tu es vivant, pour toi la guerre est finie, de quoi te plains-tu, biquet ? On te fera cadeau d'une médaille en bronze. Et aussi d'une superbe prothèse toute neuve, en bois de châtaignier, celui qui résiste le mieux aux vermoulures, avec rondelle en caoutchouc et changement de vitesse. Comme tu seras admiré, quand tu circuleras dans les rues de Clermont, exhibant cette preuve de ton héroïsme !
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Jean Anglade
Le livre est le meilleur remède contre l'ignorance, la bêtise, le racisme, l'ennui, la solitude, le chagrin ...
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Si l'amour, selon St-Exupéry, consiste à regarder dans la même direction, l'amitié interraciale consiste à marcher l'un vers l'autre.
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Le livre est le meilleur remède
contre l'ignorance, la bêtise, le racisme,
l'ennui, la solitude, le chagrin.
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Attendre, c'est pourtant le premier geste de l'amour.
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Les gens sont drôles : ils aiment les nombres ronds, vingt ans, cinquante ans, cent ans... Moi, j'aime autant les nombres tordus.
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Il est fort dommage qu'on ne puisse torturer un mort !
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C'est ce qu'il ya de terrible avec la guerre. Qu'elle t'apprenne à tuer, passe encore; mais elle étoufe en toi tout sentiment humain. Même celui de la peur.De la peur animale qui devrait te retenir, par exemple, au moment de sauter la tranchée, t'empêcher de courir à la rencontre des balles. Eh bien non ! Tu es tellement abruti que tu sautes quand même.
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Je constatais en moi-même que ce tu est un étrange mot, puisqu'il peut exprimer alternativement l'affection, la haine, le mépris. Tu...: étape délicieuse dans l'escalade de l'amour ; moment où l'on passe du faux pluriel au singulier irremplaçable, charmantes bévues où les pronoms se font des crocs-en-jambe, dénonciations au public qui soupçonnait, mais ne savait pas encore. Tu... : pronom de la police envers le malfaiteur possible, plus lourd que les menottes. Terme de canaille complicité entre la prostituée et son chaland : mot de passe. Pronom colonialiste à l'usage de tous ceux qui ont la peau plus foncée que vous. Et en bas, tout au fond de l'échelle, le tu automobiliste, comble du dédain : "Pas possible ! T'as trouvé ton permis dans une pochette-surprise !"
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Chez les plantes, il y a un temps pour la graine, un temps pour la fleur, un temps pour le fruit, et si un pêcher voit ses fleurs s’épanouir trop tôt, avant les dernières gelées, tu peux être sûr qu'il ne produira quasiment aucun fruit. Il ne faut pas traiter les enfants comme des hommes, ni les hommes comme des enfants.
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-Tu sais, lui avait expliqué Thierry, les Engliches ont chez eux un climat humide et froid qui les retient d’ouvrir la bouche. Ils s'expriment les dents serrées. En fait, ils ne parlent pas : ils couinent, ils miaulent, ils nasillent, ils avalent les consonnes, réduisent les voyelles à presque rien. On se demande même comment ils arrivent à se comprendre entre eux.
Page 163
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L'Allier s'élargit, embrasse l'Île d'Amour où se blottissent les amoureux, atteint Langeac ; « De toutes les villes en ac, la plus célèbre c'est Langeac » chanta jadis un poète local qui n'en connaissait pas d'autre.
Page 111
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- Bon a rien que tu es ! Je ne sais ce qui me retient de te casser quelque chose sur la tête !
- C'est la peur qui te retient. Le bon Dieu a bien fait les choses : il a donné la méchanceté à la femme et la force à l'homme.
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Vu de là-haut, l'Auvergne était d'une beauté incomparable, avec tous ces volcans alignés comme une caravane de dromadaires. Et le sommets lointains que le barbu connaissait par leur nom et leur prénom, ainsi que de vieux amis : le Pariou, c'est-à-dire le Pareil ; le Louchardière, c'est-à-dire le Fauteuil ; le Chaudron, alias le Sarcoui, c'est-à-dire le Cercueil, parce que les anciens habitants fabriquaient des sarcophages avec sa substance ; plus près, le Nid de la poule, el Grand Suchet, le Petit Suchet. Il en avait plein la tête.
Le spectacle était si magnifique qu'ils se laissèrent surprendre par le crépuscule. Car il faisait encore jour sur le sommet alors que ses pieds trempaient déjà dans les ténèbres.
Ils redescendirent par le même chemin dont la faible blancheur les guidait. Jean Gabin cita un autre proverbe auvergnat : "Celui qui monte a tous les diables qui le retiennent. Celui qui descend a tous les saints qui le poussent au derrière."
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N'empêche que le Vendredi matin, je me sens terriblement ému. Ma première classe! j'ai quarante-huit élèves, vingt-six garçons et vingt-deux filles, y compris trois réfugiés venant des régions envahies.
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page 78 [...] "M. Pamaret, dit le Zig [...] a un défaut de prononciation. Des anecdotes courent sur son compte. On raconte qu'un jour il a interrogé une jeune candidate au concours d'entrée à l'Ecole normale ; sa question portait sur la baleine. Il demande à la demoiselle à quoi servent les fanons. Elle, intimidée, ne sait que répondre. Il essaye de la guider :
- T'est-ce te vous avez dans votre torset ?
Elle croit avoir mal entendu, le prie de répéter.
- Dans votre torset, t'est-ce te vous avez ?
Comme il a promené ses mains sur son propre buste par raison démonstrative, cette fois elle est bien obligée de comprendre. En cas temps-là, les jeunes filles, même avant d'être en âge, s'efforçaient de suivre la mode vulgarisée par les cartes postales. Ce que j'appelle la mode-sablier : volumineuses par le haut et par le bas, étranglées par le milieu. Quand elles manquaient un peu de subsistance, elles y remédiaient au moyen de rembourrages. Voici donc la jeune candidate qui rougit jusqu'aux cheveux, et avoue en baissant les paupières :
- Du coton.
Lui, au lieu de rire du quiproquo, comme aurait fait tout homme d'une taille et d'une importance ordinaires, s'en irrite :
- Du toton ! Du toton ! Je ne vous parle pas du tontenu mais du tontenant !
La malheureuse ne savait pas qu'à cet endroit-là elle avait des fanons de baleine."
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Les seules chansons que M. Chevalerias nous enseignait étaient des chants patriotiques : le Chœur des girondins, le Chant du départ, la Marseillaise. Sans oublier un seul couplet. Celui des enfants me remplissait d'orgueil : il avait de toute évidence été composé pour le fils d'un carrier, rare privilège, puisque l'auteur n'avait rien prévu pour les autres corporations.

Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus.
Nous y trouverons leur poussière,
et la trace de leur vertu...

Cette trace de leur "vertu" me laissait perplexe. S'il m'arrivait, le Dimanche après -midi de rendre visite à la carrière au repos, j'y trouvais certes, une poussière abondante; mais la trace de leur vertu ne m'apparaissait pas clairement.
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.... Cette terre que Dieu t'a donnée
comme la pomme dans le paradis
pour que tu la prennes entre tes doigts,
c'est cela qui est ton père
et ta mère .
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En vérité, il n’y avait, semble-t-il, pas tout à fait deux mille mètres. Il se pourrait même que le puy de Dôme n’atteigne pas les quinze cents. Néanmoins, combien il mériterait davantage si l’on songe à son passé de gloire ! Tentatès, d’abord. Ensuite, le dieu Mercure, son remplaçant. Puis saint Barnabé dans sa chapelle, où Florin Périer vint faire la fameuse expérience du baromètre, sur les instructions de son beau-frère Pascal. (Toujours lui!) Ensuite, la Constituante donnant au département le nom de ce volcan éteint. Cela ne se fit pas sans discussions, si j’en crois le Traité. Il avait été question de l’appeler « département du Mont d’Or », avec la particule. Cela sonnait bien. Alors, on vit se lever un brave député auvergnat, rouge de colère :
« Y pensez-vous ? S’écria-t-il. Département du Mont d’Or ? Pas question, chers collègues ! Avec un titre pareil, tout le monde s’imaginera que nous avons chez nous de l’argent caché ! Des montagnes d’or ! Je propose : département du Puy-de-Dôme. En souvenir du baromètre. Ainsi, l’on saura qu’il est plus facile en Auvergne de peser l’air que de peser les écus ! »
Les Constituants éclatèrent de rire, et sa proposition fut adoptée.
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Un seul [moulin à papier] subsistait, appartenant à Auguste Favier, qui ne savait ni lire ni écrire. Cet analphabète fabriquait les plus belles feuilles du monde, blanches, grenues, destinées aux notaires, aux ventes immobilières, à la rigueur aux imprimeurs. Autrefois, La Fontaine, Florian, Jacques Delille n'en voulaient pas d'autres. Dans les années 1790, Paris en fit une consommation énorme. Elles servaient à fabriquer une monnaie nouvelle, dite la monnaie carrée : les assignats.
Les papeteries ambertoises auraient dû prospérer ; en fait, elles furent ruinées, car elles aussi on les payait en papier volatil. Quand les assignats furent supprimés, il ne restait plus qu'à faire de ces billets sans valeur des feux de chagrin.
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