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Citations de Jean-Baptiste Del Amo (322)


"L'an passé, il a vu dans la friche, près du terrain de football, sur la liane dépouillée d'un bouquet de ronces, un papillon se débattre pour se libérer de sa chrysalide. Sous les ailes encore atrophiées, l'abdomen englué était parcouru de spasmes tandis que l'insecte tentait de s'extirper de l'enveloppe fragile.
Son cœur ne pourrait-il pas déchirer maintenant sa poitrine et jaillir dzns le calme lumineux de la cuisine, laissant derrière lui son corps inutile et déserté ?"
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Il porte le filtre à ses lèvres, incline la tête vers son épaule gauche et abrite d’une main la flamme d’un briquet en plastique translucide jaune dans lequel oscille une infime mer de butane.
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L’horizon est lourd de brume, la montagne alentour détrempée par l’humidité de la nuit. Les pierres sont noires, luisantes, elles affleurent à la surface comme la carapace de quelque bête enfouie dans un profond sommeil, ou comme si la montagne tout entière n’était elle-même qu’une immense créature assoupie, sur le dos de laquelle l’enfant cheminerait.
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Ce chant est quelque chose d'avant le chant, d'avant même la voix, une plainte gutturale, modulée, faite de vibratos et d'ondulations dissonantes, d'expirations profondes et graves dont le corps du vieillard est tout entier la caisse de résonance. Il semble par instants qu'il provienne non pas du vieillard, mais d'hors de lui, des secrets de la nuit profonde, de la plaine invisible, du lit noir de la rivière et du cœur des pierres.
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Il y a des choses qu'il est préférable de ne pas réveiller, des souvenirs et des hommes qui doivent rester ensevelis. Car ils n'attendent en réalité que cela, que l'on vienne les tirer de leur profonde torpeur pour ressurgir et répéter sans cesse les mêmes hantises, les mêmes désastres.
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Cela évoque inévitablement la monstruosité des camps durant la Seconde Guerre mondiale. On se demande comment une chose pareille a été possible, tout en la perpétrant chaque jour sur des millions d’êtres vivants, au seul prétexte qu’ils sont différents de nous. Ce que m’a appris l’abattoir, c’est que n’importe lequel d’entre nous peut participer à un tel système d’extermination. J‘ai senti ce glissement, cette habituation à la violence.
[…]
On parle ainsi « d’alimentation assistée » plutôt que de gavage dans la filière foie gras. […] « L’équilibrage des nids » est une aimable métaphore de l’élevage cunicole pour désigner une pratique qui consiste à éliminer les lapereaux en surnombre en leur fracassant le crâne contre une surface solide. Les « soins aux porcelets » regroupent la castration à vif, la coupe des queues et le meulage des dents. […] on parle par exemple « d’étourdissement en atmosphère modifiée » ou « d’endormissement » pour le gazage au dioxyde de carbone, à l’azote ou à l’argon.
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"[...] C'est la guerre!"
Puis ce sont les cloches de l'église qui retentissent et les figent, écrasant la bruissement de la campagne, le réduisant à une forme de silence, car pendant les longues minutes où retentit le tocsin, tout se dissout dans les orbes métalliques répandus en vagues dans le ciel vide d'oiseaux, et qui traversent tout, se répercutent en tout : les vallons, les rocs, les murs des fermes, les bois, les bêtes et le cœur des hommes.

p 126 (Edition Gallimard)
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Même les enfants semblent ne rester des enfants que l'espace d'un battement de paupières. Ils viennent au monde comme le petit bétail, le temps de gratter un peu la poussière à la recherche d'une maigre pitance, puis de crever dans une triste solitude. Ils dansent au son du crincrin pour oublier qu'ils sont déjà morts avant même de naître, et l'alcool, la musique et la sarabande les plongent dans une douce transe, l'impression de la vie.
p123 (Édition Gallimard)
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La Bête est éveillé, énervé par la proximité des truies en chaleur dont lui parvient l’odeur depuis le bâtiment consacré à la conception, à travers les cloisons poreuses. De son groin, il pousse la porte de l’enclos. Le verrou est légèrement dévissé et cliquète, branle et se soulève à chacun des coups qu’il assène aux barres de métal. Il cogne, prend un barreau dans la gueule, pousse la porte, la tire à lui, pousse de nouveau, et les vis sont peu à peu délogée de leur pas. Après des heures de patiente manœuvre, la targette et le verrou tombent sur le béton nu de l’allée et la porte du box s’ouvre lentement sur le verrat qui en jaillit, prêt à affronter l’obstacle du corps des hommes dressés devant lui. Il longe les enclos, humant les quatre autres reproducteurs qui s’éveillent à son passage, puis, quelque part au-delà des murs, l’odeur des cochettes nerveuses, des truies gravides et des porcelets. Sa masse énorme se meut en silence dans l’obscurité.
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Comme toi, j'apprends des choses en voyant faire les plus grands. Chaque jour est une découverte !
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Mis à part ceux qui gardent le souvenir de 70, la guerre est une abstraction… et ils agitent leur main pour saluer la sœur, la mère, l’amante qui pleure sur la place de Puy-Larroque.
... Alors, les femmes :
Elles apprennent à aiguiser la lame des faux, elles empruntent le chemin des champs, le manche des outils sur l’épaule, vêtues de leurs robes grises…
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Aucun d’eux ne peut traverser la vie sans sacrifier un membre, un œil, un fils ou une épouse, un morceau de chair…
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Les porcs pissent et chient tout le jour dans l’exiguïté des enclos qui leur permet tout juste de se mouvoir, les contraint de faire sous eux, de piétiner leurs déjections, de s’y étendre, de s’y vautrer, jusqu’à ce que l’urine bruyamment giclée des vulves et des fourreaux liquéfie les selles agglutinées, les étrons qu’ils expulsent, formant une boue dans laquelle ils pataugent et enfoncent par réflexe leurs groins hagards et inutiles. Cette diarrhée dégorge, débonde par le plus petit interstice, la moindre faille, coule sur la plus faible inclinaison de sol, stagne en flaques épaisses et noires dans les creux et les aplats.
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Ils ont modelé les porcs selon leur bon vouloir, Ils ont usiné des bêtes débiles, à la croissance extraordinaire, aux carcasses monstrueuses, ne produisant presque plus de graisse mais du muscle. Ils ont fabriqué des êtres énormes mais fragiles à la fois, et qui n'ont même pas de vie sinon les cent quatre-vint-deux jours passés à végéter dans la pénombre de la porcherie, un coeur et des poumons dans le seul but de battre et d'oxygener leur sang afin de produire toujours plus de viande maigre propre à la consommation.
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La peur, la douleur et la honte ont saccagé le désir. La vision des corps ouverts sur le champ de bataille. Comment les vouloir encore en sachant ce qu’ils renferment ? Partout, il ne voit que des sacs ambulants de peau, de tripes fumantes, bleues, jaunes, vertes, d’excrétions, de boues et de jus organiques.
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Aucun d’eux ne peut traverser la vie sans y sacrifier un membre, un œil, un fils ou une épouse, un morceau de chair, et Eléonore sent la peau épaisse et grise des cals à ses genoux, ses coudes, frotter le tissu de sa robe et de son chemisier. Même les enfants semblent ne rester des enfants que le temps d’un battement de paupières. Ils viennent au monde comme le petit bétail, le temps de gratter un peu la poussière à la recherche d’une maigre pitance, puis de crever dans une triste solitude. Ils dansent au son du crincrin pour oublier qu’ils sont déjà morts avant même de naître, et l’alcool, la musique et la sarabande les plongent dans une douce transe, l’impression de la vie.
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Cette impassibilité, cette indifférence durement acquise à l'égard des bêtes, n'est cependant jamais parvenue à estomper chez Joël le sentiment d'une aversion confuse, face à laquelle les mots se dérobent, l'impression - la certitude, à mesure qu'il grandissait - d'une anomalie : celle de l'élevage au coeur même d'un dérèglement bien plus vaste et qui échappe à son entendement, quelque chose d'un mécanisme grippé, fou, par essence incontrôlable, et dont le roulement désaxé les broie, débordant sur leurs vies et au-delà de leurs frontières : la porcherie comme berceau de leur barbarie et de celle du monde.
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Il estime que les choses doivent rester telles qu’il les a connues, le plus longtemps possible, telles que d’autres avant lui ont estimé bon qu’elles soient, ou telles que l’usage en a fait ce qu’elles sont.
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Regarde-le bien c'est à cause de toi s'il souffre. Ne leur a-t-il pas cependant donné tout ce qui était nécessaire à l'honneur et à la survie d'un homme : le courage, la force de caractère, la ténacité, la discipline ? Bien sûr, il n'a pas toujours été juste, mais quel parent l'est, quel père, quelle mère, quel adulte saurait incarner la justice aux yeux d'un enfant et ne jamais faillir ?
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Le désir geint et lancine dans mon ventre, nourri par la pourriture de la chambre, l’odeur de sexe crasseux, de bois piqué, de fruit talé, d’urine rance, de sueur tropicale. J’éprouve le besoin de me vautrer dans cette souillure, d’en jouir impunément. Je ferai alors de moi un homme libre et dévasté.
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