AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean-Baptiste Del Amo (322)


L’amour est une maladie, un virus inoculé dans le cœur des hommes, ce cœur, déjà, malade, déjà pourrissant, déjà perverti, rongé de tous temps par la gangrène, et dont il serait vain de vouloir sonder le fond.

Est-ce qu’il y a d’autres terre comme la nôtre ? demande le fils. J’espère que non, répond le père après s’être tu longuement. J’espère qu’il n’y a rien. Que de la pierre, du silence, de la glace et du feu.
Commenter  J’apprécie          50
- Je te le dis aujourd'hui pour celui que tu deviendras plus tard: garde-toi bien d'aimer, tu n'en tireras rien de bon.
Car les hommes, plus qu'aucune autre bête peuplant cette foutue terre, naissent avec ce vide en eux, ce vide vertigineux qu'ils n'ont de cesse de vouloir désespérément combler, le temps que durera leur bref, leur insignifiant, leur pathétique passage en ce monde, tétanisés qu'ils sont par leur propre fugacité, leur propre absurdité, leur propre vanité, et quelque chose semble leur avoir fourré dans le crâne l'idée saugrenue qu'ils pourraient trouver dans l'un de leurs semblables de quoi remplir ce vide, ce manque qui préexiste en eux.
Commenter  J’apprécie          50
La mélopée charrie un torrent d'images, de sensations dont tous éprouvent dans leur chair la profonde mélancolie, celles de leur errance sur la terre, sans but et dénuée de sens, du cycle des saisons toujours renouvelées, des morts qui continuent de cheminer à leurs côtés et se rappellent à eux dans la coulisse de la nuit par une ombre furtive ou le cri d'un loup. Et lorsque le vieux se tait, que le chant s'éteint au-dedans de lui, ils retiennent leur souffle; quelque chose vient d'être dit de leur insignifiance et de leur majesté.
Commenter  J’apprécie          50
Le fils ignore qu’aucun autre regard humain ne s’est posé sur la fresque depuis les temps immémoriaux où elle a été tracée à l’oxyde de fer et à la craie. Il reste fasciné par ce surgissement dans le faisceau de la lampe ; il lui semble entendre le piétinement des sabots sur le sol dur et le souffle court des hommes, sentir la peur de la proie et l’excitation des chasseurs.
Commenter  J’apprécie          50
Petit garçon je marche au pied des mogotes, le long des champs de tabac, un chien jaune à mes côtés, attentif à me suivre. Des bœufs paissent au bord d’un fossé. Un bâton à la main je frappe sur mon passage les pousses vertes de tabac. J’ai trouvé là, au pied d’un palmier, dans un bosquet d’herbes grasses, une jeune jutía égarée que ma main peut contenir et qui repose maintenant contre mon ventre, dans un repli de mon tee-shirt. Je sens frémir sur mon nombril ses moustaches et son museau, ses pattes griffent ma peau quand elle se love.
Commenter  J’apprécie          50
L’enfant hésite encore, mais la sensation du bois du lance-pierre contre sa fesse et de l’élastique battant l’arrière de sa cuisse à chacun de ses pas le rassure. Gonflé de l’orgueil des hommes qui portent une arme, il s’éloigne d’un pas franc.
Commenter  J’apprécie          50
Un frisson lui parcourt l'échine lorsqu'il inspire, comme s'il avait absorbé par sa paume quelque chose de cette existence végétale, que le petit tapis de mousse lui ait communiqué son essence et que celle-ci ait parcouru en un éclair les muscles, les tendons et les fibres nerveuses complexes de son bras pour venir se loger à la base de son cou et y rayonner,
Commenter  J’apprécie          50
Comme les marins, les paysans sont superstitieux et vont aux églises par politesse.
Commenter  J’apprécie          50
Tout dans le monde clos et puant de la porcherie, n'est qu'une immense infection patiemment contenue et contrôlée par les hommes, jusqu'aux carcasses que l'abattoir régurgite dans les supermarchés....
Commenter  J’apprécie          50
L'horizon se sépare de la terre enneigée, comme si l'un enfantait brusquement son contraire, délaissant sa teinte de boue, puis se gonfle d'une attente qui bombe le ciel d'un halo pourpre, d'une voûte en ogive où scintillent encore les astres.
Commenter  J’apprécie          50
Des premiers soirs du printemps aux dernières veillées de l’automne, il s’assied sur le petit banc de bois clouté et vermoulu, à l’assise ployée, sous la fenêtre dont le cadre détache dans la nuit et sur la façade de pierre un petit théâtre d’ombres. À l’intérieur, sur la table en chêne massif, une lampe à huile halète et l’éternel feu de cheminée projette sur les murs couverts de salpêtre la silhouette affairée de l’épouse, l’élance brusquement vers les solives ou la brise sur un angle, et cette lumière jaune, hésitante, gonfle la grande pièce puis crève l’obscurité de la cour, laissant le père contourné, immobile et sombre dans un semblant de contre-jour. Quelle que soit la saison, il attend la nuit sur le banc de bois, ce même banc de bois sur lequel il a vu son père prendre place avant lui, et dont les pieds moussus et rompus par les ans sont à présent affaissés. Lorsqu’il y est assis, ses genoux remontent au quart de son ventre et il peine à s’en relever, mais il n’a pourtant jamais envisagé de le remplacer, quand bien même n’en subsisterait qu’une planche sur le sol. Il estime que les choses doivent rester telles qu’il les a connues, le plus longtemps possible, telles que d’autres avant lui ont estimé bon qu’elles soient, ou telles que l’usage en a fait ce qu’elles sont.
Commenter  J’apprécie          50
Elena apprend à ignorer le goût de rouille des doigts que les hommes enfoncent dans sa bouche. Elle lèche leurs ongles noirs de graisse automobile tandis qu'ils sucent ses seins. Elle nettoie son sexe du sable et de la terre qu'ils y abandonnent et elle apprend à masquer les marques de morsures et les hématomes au creux de ses cuisses et de son cou. (...) Qu'un client mette ou non une capote l'indiffère, l'éventualité de sa mort également. Lorsqu'elle sent le sexe de l'homme convulser, elle se retire et termine le client à la main, par crainte de tomber enceinte. Le sida est une probabilité moins redoutable, elle n'aurait plus qu'à se tuer, alors qu'un gosse... Un gosse, ça s'entretient. (...) Tard dans la nuit, Elena longe la route. On la voit surgir par instants dans la lumière jaune des phares. Elle n'est qu'une ombre parmi d'autres, esquissée et minuscule sous les anacardiers et la silhouette des pins.
Commenter  J’apprécie          51
C'est comme ça, les adultes ont des paroles, des gestes qui hantent le vie des enfants et ils n'en savent rien
Commenter  J’apprécie          50
Albin songea que l’histoire de leur famille, commune et si particulière, pouvait être, en définitive, l’histoire de tous.
Commenter  J’apprécie          50
Il se remémorait pourtant, à la cadence de ses pas, la ferme et l’odeur âcre du feu de bois, la suie sur le mur avalant la lumière des flammes ; la forme de la mère tricotant de ses mains tortueuses dans un coin de pièce, sous une couverture de laine. Ses cheveux tombaient en un rideau grisâtre, s’emmêlaient devant son visage tavelé.
Puis la froide stature du père. Étrangement, les traits de la mère étaient présents à l’esprit de Gaspard, mais ceux du père s’étaient fondus en une masse brouillonne. À l’évocation du mot, seule apparaissait la silhouette, découpée dans le contre-jour sale et terne d'un encadrement de porte.
Commenter  J’apprécie          40
Oui, la présence, la vue de l'agent était pour le vieux une insulte, la manifestation d'un système corrompu, inéquitable, et il le mettait en garde de pousser dans ses derniers retranchements un homme qui déjà avait tout perdu, un homme que la vie avait essoré, conduit aux confins du désespoir, en lui arrachant une épouse qu'il avait aimée et vue agoniser pendant deux ans, vous vous rendez compte, deux années d'une lente, insoutenable et pathétique agonie, une épouse dont la mort l'avait à ce point terrassé qu'il n'était plus certain d'être lui-même toujours en vie, se réveillant chaque matin avec ce sentiment de stupéfaction d'être toujours là, d'accablement de devoir affronter un jour nouveau, ce dont il n'était pas sûr d'être capable, même pour son propre fils, car à dire vrai il n'avait même plus la conviction que la vie de son enfant soit une raison suffisante pour seulement sortir de son lit.
Commenter  J’apprécie          40
De ces instants, il gardera le souvenir d'une épiphanie, la conviction d'avoir été frappé par la véritable nature des choses, qu'aucune langue aucun mot ne saurait dire; il n'en subsistera pourtant rien de plus que l'impression d'un rêve, le sentiment de quelque chose qui lui aurait été donné puis aussitôt repris.
Commenter  J’apprécie          40
Il prend conscience de l'odeur de la montagne, un parfum violent pétri de pourrissement végétal, d'écorces, de polypores et de mousses gorgées d'eau, de choses invertébrées rampant en secret de vieilles souches et de roches friables dans le lit des ruisseaux.
Ce parfum, le garçon l'inspire à chaque pas, il en est étourdi, pénétré, et il lui faut faire un effort considérable pour se concentrer sur la cadence du père dont les semelles foulent impitoyablement la terre caillouteuse, pour ne pas perde le rythme de la marche malgré le vertige qui l'étreint.
Commenter  J’apprécie          40
L'adolescent marche jusqu'à la chevrette, se tient près d'elle, son ombre étendue sur le poitrail et le flanc que soulève un souffle rapide. Il respire l'odeur suave du gibier, celle, ferreuse, du sang qui empoisse son pelage. Il devine la contraction fébrile du coeur sous l'arc apparent des côtes. L'oeil à la pupille ovale et à l'iris brun reflète une vue distordue du monde, la silhouette du jeune chasseur, les lignes convexes des pins au tronc cuivré, le ciel bombé par-delà leur cime. Un liquide translucide s'en écoule, englue les cils et fonce le poil ras de la joue. Un pas se fait entendre dans le feuillage. Le jeune chasseur tourne la tête et aperçoit la silhouette du père qui s'avance parmi les arbres.
Commenter  J’apprécie          40
L’enfant entrevoit sur le bas-côté une croix de chemin supportant le corps blême d’un christ à la peau de métal, parcourue de plaques de lichen ou de rouille. Les derniers lambeaux de brume se dissipent brusquement et le contour distinct du massif surgit. La nuit porte maintenant en elle l’attente de l’aube, cette infime variation qui détache les contours du monde sans qu’ils soient encore intelligibles, laissant seulement paraître des degrés d’obscurité. Un voile jusqu’alors invisible se déchire ; tout ce qui se tenait retranché dans la coulisse de la nuit est soudain baigné par une lueur bleuâtre qui ne semble pas provenir de l’extérieur des choses mais plutôt émaner d’elles, une phosphorescence livide qui suinterait des pierres, du bitume, du tronc des pins et de la frondaison des arbres.
Commenter  J’apprécie          40



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Baptiste Del Amo (2418)Voir plus

Quiz Voir plus

Tout sur one piece (difficile)

quel est le 1er homme de l équipage de Gold Roger ?

baggy le clown
shanks le roux
silver rayleigh
crocus

30 questions
3588 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}